Ne pas être qu'un "patient" ...

Éxercices à réaliser à domicile

Éxer­cices à réali­ser à domi­cile pour les personnes atteintes de la mala­die de parkinson
Conseils donnés par Madame Emma­nuelle Rousseau- kiné­si­thé­ra­peute — lors de la confé­rence du 27 janvier 2007

Au début de la maladie
Vous êtes couché sur le dos, un bâton dans les mains et élevez les bras en fléchis­sant un genou sur la poitrine. L’exercice est réalisé sur le temps inspi­ra­toire, la fin de l’amplitude est complé­tée par une personne exté­rieure éventuellement.
Cet exer­cice permet de conser­ver des mouve­ments souples et amples

Vous trans­va­sez de l’eau ou du sable contenu dans un verre ou gobe­let dans un autre, cela vous incite à réali­ser le geste avec flui­dité, cela néces­site votre concentration.
Cet exer­cice tente de lutter contre les tremblements

Vous êtes couché sur le dos et réali­sez des mouve­ments en sens opposé de rota­tion des cein­tures scapu­laires (ligne passant par les épaules) et pelviennes (ligne du bassin). Les jambes sont pliées, pieds au sol et s’inclinent sur un côté tandis que les bras tendus devant vous s’inclinent de l’autre
Cet exer­cice vise à amélio­rer l’organisation de gestes complexes, asymétriques

Vous bougez votre poignet et vos doigts d’une main avec l’autre, en vous concen­trant à lais­ser molle la main qui est bougée. Ensuite, vous vous obli­gez à sentir votre bras « lourd »pour bien le relâcher.
Cet exer­cice vise à amélio­rer l’écriture

et ensuite…

Vous êtes couché sur le dos, les jambes tendues et les bras en croix. Vous faites passer une balle alter­na­ti­ve­ment sous une jambe puis sous l’autre. En glis­sant bien les bras sur le sol et en les repla­çant bien dans la posi­tion de départ. Les jambes se soulèvent en entier pour lais­ser passer la balle et se rallongent après chaque mouvement.
Vous faites cela à vitesse constante et soute­nue, aidez-​vous en comp­tant tout haut vos mouve­ments ou utili­sez un métronome.
Cet exer­cice permet de lutter contre le ralen­tis­se­ment des mouvements

A chaque mouve­ment ou geste que vous voulez réali­ser, forcer vous à le visua­li­ser avant et verba­li­sez le départ par un mot ou décompte.
Cet exer­cice permet d’éviter la diffi­culté à démar­rer le mouvement

Vous deman­dez à votre conjoint de vous tenir les mains et de les « ballo­ter » en tirant comme s’il voulait allon­ger vos bras. Faire ensuite la même chose avec les pieds.
Cet exer­cice est à réali­ser lors des périodes « off », il en dimi­nue l’inconfort

Vous vous entraî­nez à enjam­ber un obstacle pour redé­mar­rer la marche .ou vous tendez les bras devant vous en marchant
Cet exer­cice vise à éviter l’hésitation du début de marche ou le blocage de celle-ci

Vous êtes assis sur un tabou­ret, devant une glace, vous avez une balle. Vous allez faire passer la balle sous un genou puis l’autre, faire tour­ner la balle autour de vous derrière votre dos, et passer la balle derrière votre cou. Vous pouvez comp­ter pendant l’exercice
Cet exer­cice stimule l’organisation de gestes complexes avec un support visuel

Vous êtes couché sur le dos et levez le bras droit en même temps que la jambe gauche, puis vous repo­sez. Ensuite vous levez l’autre bras avec la jambe opposée.
Cela peut se faire en rythme verbal plus ou moins rapide
Cet exer­cice vous aide à main­te­nir un mouve­ment prolongé.

Vous êtes assis, devant une glace. Vous pronon­cez des voyelles en exagé­rant la pronon­cia­tion. Vous insis­tez avec les mouve­ments de la bouche, des joues.
Cet exer­cice entre­tient la motri­cité de la face et des muscles inter­ve­nant lors de l’alimentation

Vous êtes debout, pieds écar­tés, les mains jointes. Vous allez venir placer vos mains vers le haut, entre vos jambes, vers la droite et vers la gauche, un mouve­ment après l’autre. Vous pouvez verba­li­ser le mouve­ment à voix haute, en disant « en haut », « en bas », « à droite », « à gauche »
Cet exer­cice stimule votre force musculaire

Vous êtes assis sur un tabou­ret et avez un rouleau de « sopa­lin » vide, seule­ment le carton. Vous placez le rouleau devant un œil, comme une longue-​vue et regar­dez dans le rouleau vers le haut, le bas, à droite, puis à gauche. En verba­li­sant vos mouve­ments. L’autre œil est fermé.
Vous pouvez égale­ment à partir de votre œil, écrire votre prénom et nom devant vous dans l’espace. C’est l’œil qui doit vous guider et entraî­ner des mouve­ments du cou.
Cet exer­cice améliore votre souplesse cervicale.

Si vous avez des déséqui­libres vers l’arrière. Vous êtes debout, adossé à un mur, les pieds un peu en avant. Vous allez décol­ler votre dos du mur puis reve­nir douce­ment contre le mur. Ceci plusieurs fois.
Cet exer­cice vous renforce vers des posi­tions en avant et évite les déséqui­libres vers l’arrière.

Vous êtes à genoux sur un cous­sin devant le dossier d’une chaise. Si cela est trop diffi­cile vous pouvez être assis, bien au fond d’une chaise, avec les pieds au sol. Vous placez vos bras tendus sur le dossier de la chaise qui est devant vous et, en souf­flant, vous appro­chez votre front de vos mains.
Cet exer­cice doit vous étirer les épaules vers l’arrière et le dos. Il peut néces­si­ter une expli­ca­tion complé­men­taire par votre kiné pour être optimisé.

Vous ne devez pas hési­ter à fric­tion­ner les muscles qui tirent, si vous le pouvez, sinon trou­vez une âme généreuse.
Cela permet de dimi­nuer les douleurs de tension musculaire

Vous devez savoir que l’immobilité favo­rise la consti­pa­tion. Il faut donc faire des exer­cices ou mouve­ments régulièrement
Cela va aider votre transit.

Vous pouvez abuser de chaleur, compresses, bouillottes, aux moments de détente, du coucher
Ceci tend à dimi­nuer les douleurs muscu­laires matinales

Vous devez conti­nuer les exer­cices réali­sés en début de mala­die, tant que vous le pouvez

Une journée bien ordinaire …

Le rôle de l’ai­dant proche est souvent méconnu. Nos amis de la Manche se
sont préoc­cu­pés de ce problème . Nous sommes heureux de vous communiquer
le résul­tat de leur travail — Nul doute que ce docu­ment rendra service
à beaucoup .

Une jour­née bien ordinaire

L’aide à l’aidant de la personne atteinte de la maladie de Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDEPENDANT N°27 – décembre 2006
Note : le webmestre du GP29 a commis une erreur, qui a résulté dans le retard pour la publi­ca­tion de cet article. Nous nous excusons.

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Cahier spécial : numéro 0
Prix au numéro : 1€25 Abon­ne­ment à l’année 4€
Asso­cia­tion des Parkin­so­niens de la Manche
Président : Daniel LE BEURIER
37, rue des Dunes
50230 AGON-COUTAINVILLE
tél : 02 33 46 87 75
E‑mail : asso.parkinsoniens.manche@wanadoo.fr

Suite à l’appel à témoi­gnage lancé sur Média­park et le Parkin­so­nien Indépendant
Analyse des résul­tats de l’enquête annon­cée dans notre numéro 25

Ce travail très sérieu­se­ment mené à son terme par nos amis Emile et Pierre, a le mérite de mettre le doigt sur des réali­tés que trop souvent l’on veut « oublier » pour ne se fixer que sur les condi­tions de vie du malade, de ses besoins en matière médi­cale, éven­tuel­le­ment dans ses diffi­cul­tés quotidiennes.

Rare­ment nous nous préoc­cu­pons de son « accom­pa­gnant » ; et pour­tant sans l’apport « gratuit » de ses proches, et plus parti­cu­liè­re­ment de son conjoint, les coûts socié­taux en seraient beau­coup plus élevés. A ce propos, nous repro­dui­sons ci-​après trois articles dans ce sens et tout parti­cu­liè­re­ment l’un deux sur ce thème des coûts induits mais non quantifiés.

Avec beau­coup de sensi­bi­lité et même parfois de « douleur », nos enquê­teurs nous parlent de la réalité quoti­dienne que les témoi­gnages ont pu révéler.

Plusieurs chapitres permettent de défi­nir ce que l’on entend par « l’aide », la « rela­tion d’aide », ses limites et ses consé­quences. Il est ensuite ques­tion du rôle du conjoint : parte­naire ou soignant ? Ceci va débou­cher sur les diffi­cul­tés rencon­trées par celui-​ci et les pièges qu’il va lui falloir affron­ter. « Le capi­tal « patience » du conjoint s’use peu à peu et vivre la lenteur du malade devient chaque jour plus difficile »…

Autre piège : « Le conjoint refuse tout répit (culpa­bi­lité, crainte de paraître égoïste). Il refoule ses envies et néglige sa santé… Il refuse l’aide des enfants ou des parents (souci de les protéger)… »

Un chapitre est alors consa­cré à l’aide psycho­lo­gique tant du malade que de l’aidant : « gérer les déprimes passa­gères de fin de dose » en expli­quant ce qu’est ce phéno­mène parti­cu­lier au Parkin­so­nien et quoi faire pour s’en sortir. « Aider la personne malade à gérer son anxiété,… à gérer son stress, …à gérer sa dépression… »

Mais ce n’est pas suffi­sant, il faut aussi aider maté­riel­le­ment la personne dans les tâches de la vie quoti­dienne, les plani­fier et apprendre à les faire. Ainsi en est-​il, par exemple, d’un homme, occupé large­ment par ses acti­vi­tés exté­rieures, qui n’avait jusques là que très rare­ment eu l’occasion de prendre en charge les tâches ména­gères dévo­lues, avant la mala­die, à son épouse et qui ne peut plus les assu­mer ou du moins beau­coup moins. Ceci, bien évidem­ment, peut égale­ment provo­quer les remarques acerbes de l’épouse qui appré­cie moyen­ne­ment le travail effec­tué : à la fois parce que diffé­rem­ment réalisé mais aussi, et surtout, par senti­ment d’échec et de perte d’autonomie. « Je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit ! »

Et puis la partie médi­cale des choses : la gestion des médi­ca­ments, leur « opti­mi­sa­tion », le plan­ning des rendez-​vous chez les divers prati­ciens en fonc­tion de la « dispo­ni­bi­lité » du malade. Il faut égale­ment se préoc­cu­per des condi­tions d’utilisation du loge­ment, l’adapter aux diffi­cul­tés nouvelles de dépla­ce­ment. Et aussi vivre avec les diffi­cul­tés de sommeil sans pour autant le « perdre » pour soi car on aura besoin de toutes ses forces le lende­main matin ! Penser aux loisirs que l’on ne s’accorde que parci­mo­nieu­se­ment comme si l’on « volait » du temps à son conjoint. Certains d’ailleurs peuvent avoir des réac­tions de « jalou­sie » : « toi tu peux avoir une vie sociale alors que moi je ne suis plus qu’un poids mort… ! »

L’enquête se penche alors sur les diffi­cul­tés propres à l’aidant, sa santé mentale et physique, et les solu­tions que l’aide des parte­naires peut – et devrait – appor­ter. Un tableau en résume les prin­ci­paux points en fonc­tion de l’évolution de la mala­die depuis l’indifférence, en passant par l’apprentissage, la gestion, la maîtrise et allant jusqu’à la résignation.

Voici un « avant-​goût » de ce que ce travail, modeste dans sa forme, a voulu présen­ter à tout un chacun afin de dire : « Ne restez pas cloî­tré dans vos préoc­cu­pa­tions ; vous n’êtes pas seuls à vivre ces diffi­cul­tés ; vos réac­tions sont normales et ne doivent pas entraî­ner des culpa­bi­li­tés indues… ». C’est l’objectif de ce supplé­ment : vous donner la parole et vous propo­ser des solu­tions et des échanges d’expériences qui pour­ront vous aider à vivre ces trop longues jour­nées de « travail gratuit d’aidant », comme on l’écrit ci-après.

Vous pouvez obte­nir la tota­lité des résul­tats sous forme d’un diapo­rama en vous adres­sant à l’Association des Parkin­so­niens de la Manche.37 rue des Dunes 50230 AGON-​COUTAINVILLE ou : apmanche@wanadoo.fr

Résumé par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr


Témoi­gnage d’un enfant de Parkinsonien
« Lettre à Monsieur Parkinson »
Monsieur, très cher Monsieur Parkinson,
Je suis polie car je ne vous connais pas bien, pas aussi bien que mon père qui vous côtoie chaque seconde de chaque jour — je vous respecte aussi, par la force des choses, comme on peut le faire avec un de ses plus vieux enne­mis… mais… je vous hais, d’une haine froide et sans appel. Je vous hais pour le coupe­ret que vous avez fait tomber un jour sur toute ma famille : mon père, bien entendu, qui à cause de vous, a du entre autres arrê­ter d’en­sei­gner, ne pouvant plus écrire au tableau ni corri­ger ses élèves, mon père encore, que j’ai déjà vu trem­bler, tout seul, recro­que­villé, sur le quai d’une gare bretonne où je le lais­sais, mon père toujours, qui lutte chaque jour contre votre emprise pour conser­ver quelques espaces de liberté — et puis ma mère, qui se bat fidè­le­ment à ses côtés pour assu­rer le quoti­dien, ma mère encore, qui doit se priver d’une retraite paisible et tant méri­tée, ma mère toujours, qui des fois sourit, le visage plein de mélan­co­lie — et enfin, nous les enfants, qui ne pouvons pas profi­ter de notre papa, souvent fati­gué par vos assauts, nous encore, qui devons souvent faire bonne figure alors que la tris­tesse nous enva­hit et que l’en­vie de pleu­rer parfois surgit, nous toujours, qui souvent n’ar­ri­vons pas à en parler.…
Du courage, certes, vous avez su nous insuf­fler mais dieu que le fardeau est parfois dur à porter et que d’in­no­cence vous avez su nous enlever ! 

Monsieur Parkin­son, dieu seul sait où vous vous logez, mais je suis sûre qu’un jour, nous allons vous trou­ver et vous.… tuer. En atten­dant ce jour…je vous hais, je vous hais, je vous hais…
Salu­ta­tions
Corinne


1‑Les aidants natu­rels oubliés
Bernard Viau, le 29 décembre 2003
Coor­don­na­teur dans un centre de soins de longue durée : la maison Aloïs des Lauren­tides à Saint-Jérôme.
(Il écrit régu­liè­re­ment dans la presse du Québec)

La tendance au vieillis­se­ment de nos socié­tés oblige depuis peu les gouver­ne­ments de tous les pays riches à exami­ner atten­ti­ve­ment les besoins et les coûts de leurs systèmes de santé. On prévoit pour 2025 une popu­la­tion de 1.2 milliards de vieux, deux fois plus qu’en 2000. Pour­tant, dans la comp­ta­bi­li­sa­tion du système de santé, un apport de millions de
soignants demeure toujours ignoré. Ces mécon­nus du système de la santé s’ap­pellent les aidants natu­rels, ceux qui prennent soin d’un malade, parent ou conjoint à la maison.

Physi­que­ment leur travail est de s’oc­cu­per des besoins primaires comme l’ha­bille­ment, les repas et l’hy­giène person­nelle. Psycho­lo­gi­que­ment leur travail consiste à combattre la dépres­sion, la violence, le décou­ra­ge­ment et le suicide. Dans le cas de la seule mala­die d’Alz­hei­mer, par exemple, des enquêtes ont démon­tré que 75 % des malades sont soignés à la maison.

Étant donné qu’aux États-​Unis, on estime actuel­le­ment à quatre millions le nombre de malades d’Alz­hei­mer, trois millions de soignants ne sont même pas comp­ta­bi­li­sés dans le système de santé. Toujours dans le cas de l’Alz­hei­mer, on sait main­te­nant que la mala­die affecte deux personnes, le malade et son aidant natu­rel plongé rapi­de­ment dans une dépression
profonde car submergé par la charge émotion­nelle et physique de cette mala­die dans ses premiers stades. [1]

L’ai­dant natu­rel est la deuxième victime de l’Alz­hei­mer, ce fléau du XXI siècle comme titrait le Time Maga­zine en mars 2003. En effet, 80% des coûts de cette mala­die sont indi­rects et donc, suppor­tés par les familles [2]. On dit, pudi­que­ment, qu’ils vivent quoti­dien­ne­ment des défis, mais il serait plus juste de dire qu’ils vivent quoti­dien­ne­ment un enfer, car ils s’épuisent chaque jour un peu plus, de colère et de décou­ra­ge­ment ; frus­tra­tion, colère, parfois rage de se sentir impuis­sant, incom­pris et ignoré, d’être seul et sans ressources, de voir l’être cher mourir à petit feu à chaque jour.

Les aidants ont un besoin d’aide. Lorsque l’ai­dant natu­rel n’en peut plus et craque, le système doit s’oc­cu­per en plus de son malade, d’où un double coût finan­cier. Le gouver­ne­ment devrait mettre en place un programme natio­nal d’aide aux aidants et ce, le plus tôt possible pour aider à frei­ner la hausse des coûts du système de santé actuel.

Avant toute chose, recen­ser les aidants natu­rels en utili­sant les infor­ma­tions du réseau de la santé. Ensuite, les prendre en charge en leur assu­rant quatre choses essen­tielles : une forma­tion d’ap­point, un suivi profes­sion­nel et psycho­lo­gique adéquat, une aide finan­cière plus substan­tielle qu’un crédit d’im­pôt et des services de répit pour éviter le « burnout ».

« Quoi, ils travaillent ? »

Oui, la vérité choquante est que les aidants natu­rels sont des travailleurs au noir du système de la santé, ils sont mécon­nus ou plutôt oubliés ; ils ne sont pas proté­gés ; ils sont mal payés et exploi­tés psycho­lo­gi­que­ment, à chaque jour ! Leur apport finan­cier au système de santé est pour­tant très faci­le­ment mesu­rable : ils retardent l’en­trée dans les centres de soins de longue durée pour des malades chro­niques ce qui permet au système d’éco­no­mi­ser des millions de dollars en soins institutionnels.

Les aidants natu­rels travaillent 365 jours par an et, selon une enquête conser­va­trice, en moyenne 74 heures par semaines. Ce travail repré­sente $37,000 par patient au salaire mini­mum des prépo­sés du système de santé. Quel ministre de la santé, quel ministre des finances oserait contes­ter leur valeur écono­mique dans la société ?

Pour faire une évalua­tion correcte de l’au­to­no­mie des personnes âgées à domi­cile, il est essen­tiel de déduire l’ap­port des aidants natu­rels car, seule­ment ainsi, leur apport au système pourra être reconnu.

Il est pour­tant courant, dans le réseau de la santé, de retar­der l’ad­mis­sion d’un vieux dans un centre de soins de longue durée en prétex­tant qu’il a quel­qu’un à la maison pour s’oc­cu­per de lui. Si l’ap­port de l’ai­dant n’est pas comp­ta­bi­lisé dans l’éva­lua­tion de l’au­to­no­mie, il pourra être reconnu et appré­cié en fonc­tion du travail accom­pli, c’est d’ailleurs l’ap­proche adop­tée par l’Al­le­magne [3].

Le gouver­ne­ment devrait égale­ment mettre sur pied un programme d’aide aux orga­nismes à buts non lucra­tifs qui supportent les aidants natu­rels, aident les malades à domi­cile ou hébergent des personnes en perte d’au­to­no­mie car, issus du milieu, ces orga­nismes répondent souvent mieux aux condi­tions des malades.

Être un aidant natu­rel comporte des coûts multiples tant sur la santé géné­rale, par l’ef­fet du stress et de la dépres­sion, que sur la situa­tion finan­cière, par une baisse de produc­ti­vité au travail si ce n’est un aban­don pur
et simple du travail.

Les gouver­ne­ments actuel­le­ment ne font presque rien pour les aidants natu­rels car ceux-​ci consti­tuent une main d’ouvre gratuite et de surcroît silencieuse.
Les deux prochaines décen­nies risquent de coûter très cher car le sens du devoir et du respect des aînés est une valeur morale en voie d’ex­tinc­tion dans nos socié­tés : il est à prévoir que les aidants de demain seront moins nombreux et plus dispen­dieux pour une popu­la­tion vieillissante.

En 2020, de nombreux experts indé­pen­dants prévoient une faillite des systèmes de santé natio­naux à cause de la seule mala­die d’Alzheimer.[4] Si les gouver­ne­ments actuels ne réagissent pas main­te­nant dans le dossier des aidants natu­rels, la seule solu­tion pour éviter la faillite dans 15 ans sera une déva­lua­tion moné­taire dégui­sée en inflation.

[1] End-​of-​life
Care and the Effects of Berea­ve­ment on Family Care­gi­vers of Persons with Dementia
New England Jour­nal of Mede­cine, novem­ber 2003
et De Volks­krant, Amster­dam, 31 mars 2003

[2] Les coûts indi­rects de la mala­die d’Alzheimer.
A.D. Castro, J.L. Alemany,
Juin 2002, Revue Econo­mia Salud.

[3] Evers, A.
1998 The long-​term care insu­rance program in Germany.
Jour­nal of Aging & Social Policy, 10, 1 – 22.

[4] La mala­die d’Alz­hei­mer menace le système de santé américain.
Jour­nal de Montréal,
4 avril 2001. 


2 — Aider les aidants
Source : UNAF, le 25 janvier 2006

« Aider les aidants : 16 asso­cia­tions pour la recon­nais­sance des aidants familiaux »

Défi­ni­tion de l‘aidant : « personne qui vient en aide à titre non profes­sion­nel, pour partie ou tota­le­ment, à une personne dépen­dante de son entourage,
pour les acti­vi­tés de la vie quoti­dienne. Cette aide régu­lière peut être prodi­guée de façon perma­nente ou non
. »

Quelques chiffres :
En France, au mini­mum, deux millions de personnes, en majo­rité des femmes, aident une personne proche ayant besoin d’aide.

  • 185.000 enfants handi­ca­pés (135.000 familles béné­fi­ciaires de l’AES –allo­ca­tion d’éducation spéciale-) 
  • 185.000 aidants
  • 2 millions d’adultes handi­ca­pés avec un taux d’invalidité reconnu (760.000 sont aidés en raison de leur état de santé). 
    • 1.3 millions apportent une aide exclusive
    • 0.5 millions conjoin­te­ment avec des professionnels
  • 1.3 millions de personnes âgées ont besoin d’une aide à la vie quoti­dienne (860.00 béné­fi­ciaires de l’APA ‑aide person­na­li­sée d’autonomie-)
    • 650.000 aidants Alzheimer
    • 100.000 ( ?) aidants Parkinson

    Nature de l’aide appor­tée : Les aidants restent prin­ci­pa­le­ment des membres de la famille (conjoint, ascen­dants, ou descendants..).
    Les aides appor­tées à la personne, quel que soit son âge, varient selon la situa­tion du handi­cap, Il s’agit par exemple :

    • de donner des soins person­nels (toilette, habillage, repas…),
    • d’intervenir pour l’accès aux soins médi­caux et la conti­nuité de ces soins,
    • de créer les condi­tions pour permettre les dépla­ce­ments dans et en dehors du logement,
    • d’assurer la gestion du budget et des démarches administratives,
    • d’apporter un soutien moral et affec­tif à la personne aidée,
    • d’intervenir pour l’accès à une vie sociale (loisirs, travail …),
    • d’apporter une présence, de la compa­gnie, et d’être vigilant,
    • de créer les condi­tions pour permettre la commu­ni­ca­tion (voir, entendre, parler, s’exprimer …),

    L’épuisement physique et la dépres­sion sont les prin­ci­paux risques encou­rus par les d’aidant (Cf. ci-​dessous : les risques asso­ciés au rôle d’aidant).

    Le para­doxe de l’aide aux aidants.
    Habi­tués à appor­ter une aide à un membre de leur entou­rage en situa­tion diffi­cile, les aidants fami­liaux pensent rare­ment à deman­der de l’aide pour eux-​mêmes. Beau­coup mettent même en péril leur état de santé, compro­met­tant ainsi la qualité de l’aide appor­tée et leur capa­cité à aider sur la durée.

    Ils doivent être soute­nus dans leur lourde tâche afin de pouvoir la mener au mieux.

    Les attentes des aidants
    Les aidants proches attendent une recon­nais­sance de leur place et de leur rôle pour être en mesure d’apporter leur aide dans les meilleures condi­tions possibles. Les aidants non-​professionnels exigent des mesures adap­tées pour :

    • conser­ver une vie personnelle
    • main­te­nir, s’ils le souhaitent, une acti­vité professionnelle
    • préser­ver leur santé morale et physique.

    Les besoins des aidants et les réponses à apporter
    Inté­grer un volet « d’évaluation des besoins des aidants » au bilan d’évaluation des besoins de la personne dans le cadre du plan d’aide (plan d’évaluation
    ou plan APA) et des mesures d’aides pour les aidants dans le plan de compen­sa­tion indi­vi­duelle ou plan d’aide de l’Allocation Personnalisée.

    Comprendre et être compris
    a) Besoin de soutien psychologique
    La lour­deur de la charge de l’aidant entraîne parfois la néces­sité d’un soutien psycho­lo­gique pris en charge finan­ciè­re­ment dans les plans d’aide. L’aidant doit avoir le libre choix du mode de soutien.
    b) Besoin d’information
    Tout aidant doit pouvoir iden­ti­fier des sources d’information (pouvoirs publics et asso­cia­tions) et y avoir accès (Maison Dépar­te­men­tale des Personnes
    Handi­ca­pées, CLIC, CCAS.…)
    c) Besoin de formation
    Les aidants fami­liaux doivent pouvoir expri­mer leurs besoins indi­vi­dua­li­sés en forma­tion et béné­fi­cier d’une forma­tion adap­tée sur tous les aspects de l’accompagnement.
    Cette forma­tion doit être prise en charge finan­ciè­re­ment et évoluer en fonc­tion de la patho­lo­gie et des modi­fi­ca­tions de l’état de la personne aidée.

    Etre remplacé :
    L’aidant doit pouvoir être remplacé de trois façons :
    a) suppléance au quoti­dien : pour préser­ver sa vie person­nelle et/​ou fami­liale (temps pour les autres enfants, période de formation …)
    b) besoin de répit : béné­fi­cier de temps de pause (accueil tempo­raire, rempla­ce­ment au domi­cile, séjours en famille dans des centres adap­tés, séjour-​vacances de la personne aidée, familles d’accueil…)
    c) renfort ponc­tuel : pour appor­ter des réponses aux situa­tions de crise ou d’urgence (acci­dent, mala­die, hospi­ta­li­sa­tion, deuil, événe­ment inopiné …)

    Inser­tion, protec­tion sociale et professionnelle
    La recon­nais­sance des aidants passe par un certain nombre de droits et par une protec­tion sociale adaptée :
    Protec­tion sociale pour l’aidant

    • affi­lia­tion person­nelle et gratuite de l’aidant au régime de sécu­rité sociale (assu­rance mala­die) et bilan de santé annuel, 
    • droit à une complé­men­taire santé
    • retraite : affi­lia­tion gratuite à l’assurance vieillesse du régime géné­ral sans tenir compte des reve­nus du conjoint.

    Inser­tion et protec­tion professionnelle

    • Vali­da­tion des acquis de l’expérience pour l’aidant qui souhaite se recon­ver­tir dans la vie professionnelle, 
    • Aména­ge­ment de la vie profes­sion­nelle (congés supplé­men­taires, horaires adap­tés, temps pour enfant malade, temps pour l’accompagnement de fin de vie …).

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    L’aide aux aidants : une propo­si­tion de l’Association des Parkin­so­niens de la Manche

    Dans le cadre des travaux du Conseil géné­ral de la manche rela­tif au schéma dépar­te­men­tal en faveur des personnes âgées, l’Association des Parkin­so­niens de la Manche, consta­tant que les demandes des asso­cia­tions étaient en grande partie simi­laires, a proposé de créer un collec­tif ayant a priori plus de poids.

    L’idée a été accueillie favo­ra­ble­ment par les autres asso­cia­tions (Alzhei­mer, APF…). Une première réunion va bien­tôt avoir lieu pour monter ce collec­tif. La plupart des ques­tions avaient trait à l’aide aux aidants. AP Manche, déjà sensi­bi­lisé sur le sujet se propo­sait d’orienter ses actions 2007 dans ce sens.

    Parmi une docu­men­ta­tion abon­dante trois textes ont retenu notre atten­tion car ils résument bien la problématique.

    Partant du constat que les asso­cia­tions de malades intègrent de plus en plus les aidants : beau­coup d’entre elles sont passées peu à peu de l’aide au malade à l’aide à la famille, elles ont évolué et consi­dèrent main­te­nant que les problèmes posés au conjoint ne sont pas iden­tiques à ceux posés à un enfant ou un frère.

    Nous propo­sons, à titre expé­ri­men­tal pour un an, un nouveau dépar­te­ment inté­gré à CECAP : 

    LES AIDANTS
    Objec­tifs : aider les aidants en infor­mant et en formant

    Les moyens :

    • Un site Web : « ParkAi­dants » pour :
    • Infor­mer sur ce qui se passe à l’étranger, en Europe voire dans le dépar­te­ment voisin…
    • Former aux mystères de la mala­die (symp­tômes, trai­te­ments, opti­mi­sa­tion…) et à la psychologie 
    • Témoi­gner
    • Reven­di­quer et agir
  • Un jour­nal auto­nome : « ParkAi­dants » (4 pages) parais­sant 4 fois par an
  • Une struc­ture en réseau où chaque membre a le même poids : consti­tué d’un corres­pon­dant dans chaque asso­cia­tion dépar­te­men­tale compo­sant le CECAP.
  • L’informatisation serait un plus pour faci­li­ter les échanges. La compo­si­tion du réseau devra tenir compte du fait que 80% des aidants sont des femmes
  • Les ressources :

    • Abon­ne­ment au jour­nal « Park Aidants » : 4 euros annuels (1 euro 25 le numéro y compris les frais d’envoi) proposé au même titre que l’abonnement au « Parkin­so­nien Indé­pen­dant » lors du renou­vel­le­ment annuel des adhésions.

    Pierre LEMAY
    Secré­taire de l’Association des Parkin­so­niens de la Manche

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