Ne pas être qu'un "patient" ...

Nicotinothérapie : aidez-nous !

Un député, Mr Thierry Benoît, a inter­pelé, le 29 octobre 2013, la ministre des affaires sociales et de la santé sur la perti­nence du rembour­se­ment par la sécu­rité sociale du proto­cole de la nico­ti­no­thé­ra­pie, mis au point afin de lutter contre les effets de la mala­die de Parkinson. 

À ce jour, pas de réponse (voir ici)

Il est peut-​être possible de faire avan­cer les choses. Écrire au Minis­tère, ou même l’ap­pe­ler, en lui expli­quant que l’ur­gence est là, par exemple. La ques­tion écrite porte le numéro 41198.

Minis­tère des Affaires sociales et de la Santé
14, avenue Duquesne
75350 PARIS 07 SP
Stan­dard : 01 40 56 60 00

Main­te­nant, peut-​être qu’il faudrait aussi que d’autres dépu­tés se penchant sur la ques­tion. Pour trou­ver l’adresse de VOTRE député : c’est ici.

[vu sur le net] Pesticides : 1200 médecins lancent l’alerte

Article trouvé sur le site pour­quoi­doc­teur

Les études et les rapports sur les dangers des pesti­cides pour la santé se multi­plient, mais pour 1200 méde­cins, ce n’est mani­fes­te­ment pas suffi­sant. Ces derniers viennent de lancer un appel pour aler­ter sur la dange­ro­sité des pesticides.

autre article analogue, sur le site du Pari­sien

Pour lire l’ar­ticle dans son inté­gra­lité, suivez ce lien…

Infos régionales : association de parkinsoniens de Finistère

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Nous avons nos quatre points rencontre qui fonc­tionnent très bien à Brest, Quim­per, Quim­perlé et Morlaix ainsi que nos quatre points-​gymnastique adap­tés pour les Parkin­so­niens et enca­drés par des kiné­si­thé­ra­peutes moti­vés sur Brest, Plou­da­niel, Plou­guer­neau, Quim­per. Nous envi­sa­geons la créa­tion d’un cinquième point-​gym à Morlaix en 2014.

Une porte ouverte est program­mée à Plou­guer­neau le 30 novembre pour promou­voir la nouvelle salle de sport. Notre asso­cia­tion parti­ci­pera avec la tenue d’un stand. (Diapo­rama, distri­bu­tions de docu­ments, échanges avec le public).

Nous prépa­rons Noël, pensons à nos adhé­rents qui ne peuvent plus se dépla­cer. Comme chaque année nous leur appor­te­rons une boite de choco­lat, des douceurs pour oublier un temps la mala­die et parta­ger un moment de convivialité. 

2014 sera l’Anniversaire de notre Asso­cia­tion, trente ans au service des malades de Parkin­son, du public, des aidants, des profes­sion­nels de santé.

Après la Manche, que nous remer­cions pour leur accueil chaleu­reux et la réus­site de l’A.G. CECAP, c’est à notre tour de nous y atte­ler. Nous nous prépa­rons acti­ve­ment à rece­voir nos amis du CECAP. Les dates ont été défi­nies pour la semaine de vacances CECAP : ce sera du dimanche 5 octobre au samedi 11 octobre 2014. Les assem­blées géné­rales du CECAP et AGP se feront à Kerbeuz dans un centre de vacances « CAP France ». Vous ne serez aucu­ne­ment déçu de notre choix, il y aura à la fois la mer, la campagne, la forêt, la rivière, la montagne, une grande piscine couverte (28°c), jacuzzi, sauna, Fitness (à volonté !), Repas gastro­no­miques (écrivez-​nous au sujet de l’inscription et le programme des festi­vi­tés); nous espé­rons vous voir nombreux en vacances dans le Finistère.

Nous conti­nuons les infor­ma­tions auprès de la forma­tion profes­sion­nelle des futurs travailleurs sociaux, AFPA de Brest, Maison Fami­liale rurale de Plouvenez-​Lochrist et l’Association junior senior sur Quim­perlé grâce à des équipes enthou­siastes. Merci à tous ceux qui œuvrent pour la bonne marche de notre Association.

J’ai parti­cipé à la demande de la direc­trice de l’INSERM à la relec­ture de proto­coles de recherche sur Parkin­son. Pour le moment j’ai corrigé deux proto­coles : Purpan Toulouse et La Salpê­trière Paris. La relec­ture consiste à traduire le langage scien­ti­fique en langage commun, Le but étant de simpli­fier la lecture de proto­cole, qu’il soit lisible pour tout public. Nous sommes actuel­le­ment en France 70 relec­teurs toutes asso­cia­tions confon­dues inscrits à INSERM-ASSOCIATIONS.

Nous avons orga­nisé le 12 octobre 2013 une confé­rence animée par le Profes­seur Pascal Derkin­de­ren et le cher­cheur Thomas Clai­ram­bault. Envi­ron 160 personnes se sont dépla­cées pour écou­ter les expli­ca­tions de la recherche sur les intes­tins. Le public a pu échan­ger avec les cher­cheurs et poser leurs ques­tions. L’après midi s’est terminé autour d’un café. Merci à eux pour leur dispo­ni­bi­lité et leur gentillesse.

Au nom de tous les Finis­té­riens, nous vous souhai­tons de joyeuses fêtes de fin d’année,

Vivons d’espoir ! Prenez soin de vous !
Domi­nique Bonne Président de l’Association Parkin­so­niens du Finistère 

La douleur d’un deuil profond mais apaisé par G. S.

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Jamais, elle ne se serait mise en avant. Mais, aujourd’hui, je me permets de retra­cer ses douze années avec la mala­die et son combat au quoti­dien pour conser­ver au mieux sa dignité.

Nous étions ensemble depuis 10 ans lorsque peu à peu tu t‘es sentie moins bien, tu es deve­nue plus fati­gable et sujet à la dépres­sion. Tu as fini par consul­ter. Le diag­nos­tic est tombé : « Parkin­son ». Quelques mois plus tard, en raison de fortes hallu­ci­na­tions, une scin­ti­gra­phie venait confir­mer les soup­çons de Mala­die du Corps de Lewy. Nous étions en 2002 mais la mala­die était déjà présente depuis plusieurs années.

Avec méthode, tu t’es rensei­gnée sur cette mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive ; mais c’était diffi­cile d’obtenir des infor­ma­tions précises, cette patho­lo­gie attei­gnant en géné­ral des sujets plus âgés. Très rapi­de­ment, tu as pris contact avec l’association de Parkin­so­niens. Dans un souci d’honnêteté et de clarté, tu as tenu à infor­mer toi-​même ton entou­rage car tu savais que tes fonc­tions cogni­tives allaient s’altérer progres­si­ve­ment. Plus tard, tu expri­me­ras le désir d’adhérer à l’ADMD (asso­cia­tion pour le droit à mourir dans la dignité).

Nous avons été amenés à revoir nos projets à la baisse : moins de randon­nées, rempla­cer le petit camion par un camping-​car plus confor­table. Les jour­nées étaient ryth­mées par la prise de médi­ca­ments : « tes petites graines » comme on disait.

Malgré tout, en 2005, nous avons fait un super voyage en Guyane avec ton fils Ronan.

En 2006, nous devions aller dans les Alpes, nous n’avons pas été plus loin que la Bour­gogne : c’étaient nos dernières grandes vacances…

En 2007, tout s’est préci­pité, tout est devenu soudain compli­qué. Tu étais deve­nue inco­hé­rente, tu te mettais en danger : le matin, je partais au travail en veillant à bien fermer l’arrivée du gaz. Il a fallu élabo­rer un plan d’aide dans l’urgence.

En 2008, les neuro­lep­tiques (LEPONEX) ont permis de retrou­ver un peu d’apaisement mais j’ai quand même quitté mon travail pour pouvoir être dispo­nible auprès de toi.

Depuis, on pour­rait presque dire que ta vie se dérou­lait au rythme de tes chutes. Pour reprendre l’expression du neuro­logue, « tu avais la tension dans les chaus­settes », ce qui entraî­nait des malaises, des petites syncopes. La maison garde des traces de tes nombreuses chutes : lampes rafis­to­lées, rideaux déchi­rés, poignée du Frigo arra­chée… deux cuvettes de WC explo­sées inon­dant à chaque fois la maison. Mais aussi, bien avant, deux voitures trans­for­mées en épaves : deux acci­dents auxquels tu as eu la chance de t’en sortir indemne.

Mais tu n’as pas échappé aux séjours à l’hôpital : mai 2010 frac­ture à la cheville, septembre 2011 col du fémur. La mala­die n’a jamais cessé de progres­ser, avec parfois des paliers qui donnaient l’impression de répit. Le passage par les stades de GIR 3, GIR 2, GIR 1, venait confir­mer ta perte d’autonomie.

Jamais tu ne t’es expri­mée sur ton ressenti.

A plusieurs reprises, tu as fait des tenta­tives mais à chaque fois tu buttais, tu disais que tu ne trou­vais pas les mots justes pour expri­mer ce que tu vivais.

En août 2010, j’ai écrit quelques mots, des « bouts de phrases pour essayer de te rejoindre », pour t’inciter à en dire plus. Bien sûr, cela n’a pas eu l’effet escompté mais je sais que tu as relu à plusieurs reprises le petit cahier d’écolier. Peut-​être y as-​tu trouvé un peu de réconfort ?

Voici quelques unes de ces réflexions.

Elles donnent un éclai­rage sur ta mala­die, sur ton quotidien… 

Devant ton silence, je m’interroge :
Impres­sion d’être condamné
A trou­ver tout seul les réponses
Quitte à me trom­per totalement. 

Parce que les mots ne sont plus tes alliés
Tu les as remisés
Comme les outils d’un autre temps

Reste ton regard : il faut y plonger
Pour trou­ver des mondes incertains.
La nuit, dans tes rêves agités,
Tu libères le trop-​plein d’inquiétude
Tout le jour contenu. 

Ton silence tes silences sont lourds de sens
Ta douceur est déroutante,
Jamais tu ne te rebelles.
Soumis­sion, résignation
Ou profonde sagesse ?
De la patience, tu es la rude école.

Te bous­cu­ler ne sert à rien.
Une chose à la fois
Le temps pour chaque chose. 

Derrière ton silence, tu es une énigme.
Comment t’en vouloir ?
Personne n’est à l’abri d’une sale maladie.
A travers ton silence,
Tu es encore plus touchante.

Parfois on dirait que tu traînes ton corps
Comme un fardeau telle­ment lourd
Qu’il emporte ton esprit.

Obsé­dée du mot juste, tu n’arrives plus
A expri­mer ce que tu ressens. 

Peut-​être qu’il n’y a plus
De mots pour décrire ce que tu vis.

Dans tes yeux, je vois
Toute ta force, toute ta fragilité.
Rési­gnée à la dépendance,
Tu consacres toute ton énergie
Pour conser­ver ta dignité.

Que d’humilité requiert le handicap :
Accep­ter l’aide,
Lais­ser son corps au soin des autres
Toujours plus de simplicité. 

Autre­fois, nous vivions de voyages.
Désor­mais, nous nous contentons
De la qualité d’une présence

Que saurai-​je de tes angoisses ?
Ces réveils diffi­ciles où tu avoues
Pudi­que­ment avoir de mauvais rêves.
Mais bloquée derrière la barrière des mots,
Tu n’as d’autre recours qu’à un comprimé
Pour bais­ser la tension

Drapée de ton silence, tu as la noblesse
Des grandes dames.
Et moi, qui suis-​je ? Tantôt bouffon, 

Agité autour de sa reine.
Tantôt moine domestique
Consa­cré aux tâches répétitives

Mille façons de célé­brer l’amour toujours. 

Dans ton monde la tendresse n’a nul besoin
De s’extérioriser. Les mots, les caresses
Seraient un luxe pour bien-portants

Seule une lueur dans ton regard exprime
Ta recon­nais­sance, ta gentillesse. 

Alors, comment te rejoindre
Lorsque baisers et caresses
Sont mon mode d’expression ?

Depuis j’ai été amené à me poser la ques­tion suivante : Et si ton silence était ton dernier espace de liberté ? Alors, j’ai décidé de le respecter.

Il ne nous restait plus qu’un geste, un regard pour commu­ni­quer. De la tendresse, beau­coup de tendresse, des over­doses de tendresse… à tel point que je me suis demandé si la tendresse n’était pas une drogue. Cela nous a permis de tenir jusqu’au bout.

A la fin, tout était devenu compli­qué, surtout les repas. Tu dormais de plus en plus et les moments où tu étais présente se faisaient de plus en plus rares. La mala­die nous a appris à vivre au présent, à profi­ter de l’instant. Aux premiers beaux jours, nous avons fait le tour de l’étang de Gruel­lau. A Pâques, tu as été un peu mieux pendant quelques jours ce qui t’a permis de parti­ci­per à l’AG de l’association et de parta­ger le repas avec nos amis parkinsoniens.

A la pente­côte, une infec­tion pulmo­naire a failli t’emporter. Depuis, tu étais en soins pallia­tifs. Tu as pris ton temps pour partir ; tes amis, tes proches ont pu ainsi te dire au revoir.
Depuis, au fond d’un tiroir, j’ai trouvé un papier plié en quatre au dos duquel tu avais écrit ces quelques mots au crayon :

« Soyez atten­tifs à ce que vous vivez, à ce que vous ressen­tez. C’est comme cela que vous allez vous construire petit à petit, vous connaître, connaître les senti­ments qui sont en vous, les capa­ci­tés, et c’est à partir de cela que vous allez les enri­chir, les déve­lop­per, écar­tant les erreurs, les recon­nais­sant, allant toujours plus loin.

Respectez-​vous, écoutez-​vous, ne vous lais­sez pas aller dans quelque chose qui n’est pas vous, qui est contre votre « sens », votre route, votre nature. Chacun est diffé­rent, ne vous compa­rez pas, ne cher­chez pas à être comme… Pour plaire vous vous détrui­riez. Ne vous sentez ni moins ni plus, sentez-​vous vous-​mêmes. Chacun a sa propre valeur.

Si vous vous recon­nais­sez vous-​mêmes, vous accep­tez vous-​mêmes, vous serez recon­nus, accep­tés, vous serez heureux. Sinon vous serez toujours malheu­reux. Mais tout ceci n’est pas facile, sachez le. Cela néces­site un travail sur soi. Plus vous le ferez régu­liè­re­ment, mieux vous vivrez. »

C’était comme un dernier cadeau. Cette ligne de vie, tu te l’aies toujours appli­quée, veillant à être juste en toute circons­tance. Merci pour cette leçon de vie.

Parmi les nombreux mots de sympa­thie que j’ai reçus, je voudrais citer cette phrase de l’équipe de Vivre à Domi­cile, les aides soignant(e)s qui l’ont accom­pa­gnée pendant cinq ans et demi : « Nous garde­rons l’image de son huma­nité et la bien­veillance de son regard ».

Oui, c’est bien ce souve­nir que nous voulons garder d’elle.

Rédigé par G. S.

Comment le cerveau se nettoie pendant le sommeil

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Dormir permet au cerveau de se débar­ras­ser des toxines accu­mu­lées pendant la période de veille

On savait déjà que le sommeil permet de conso­li­der les données apprises dans la jour­née. Il semble­rait qu’il permet aussi au cerveau de se débar­ras­ser de ses toxines
Des cher­cheurs améri­cains pensent avoir compris pour­quoi l’homme est programmé pour dormir plusieurs heures chaque nuit, alors que le sommeil le laisse vulné­rable aux préda­teurs. Le repos permet­trait au cerveau de se débar­ras­ser des toxines produites pendant les phases d’éveil, explique l’équipe de l’Université de Roches­ter (Etat de New York) dans un article publié dans la revue Science.

« La nature récu­pé­ra­trice du sommeil résul­te­rait de l’éli­mi­na­tion des déchets produits par l’ac­ti­vité neuro­nale qui s ‘accu­mulent pendant la période d’éveil », explique le Dr Malken Neder­gaard, le prin­ci­pal auteur des travaux.
Le rôle essen­tiel du sommeil dans l’ap­pren­tis­sage et la mémoire était déjà connu, mais les cher­cheurs ont cette fois expli­qué l’in­té­rêt chimique d’al­ter­ner les phases d’éveil et de repos. « Cette recherche a permis de voir que le cerveau a deux états de fonc­tion­ne­ment distincts. Il est soit éveillé et alerte, soit dormant et en mode nettoyage. Comme il ne dispose que de ressources éner­gé­tiques limi­tées, il est contraint d’al­ter­ner entre l’un et l’autre ».
Dans le reste du corps, c’est le système lympha­tique qui élimine les déchets cellu­laires. Mais il n’in­clut pas le cerveau, qui reste en vase clos, protégé par un système complexe de portes d’ac­cès molé­cu­laires contrô­lant entrées et sorties. Le cerveau utilise lui un système unique appelé « glym­pha­tique » dix fois plus actif pendant le sommeil qu’en éveil, ont montré les chercheurs.

Les cher­cheurs ont pu obser­ver pour la première fois ce système de nettoyage céré­bral grâce à une nouvelle tech­no­lo­gie d’ima­ge­rie, utili­sée sur des souris dont le cerveau est simi­laire à celui des humains.

Le méca­nisme est inté­gré dans le système sanguin du cerveau. Il pompe le fluide cérébro-​spinal à travers les tissus et le renvoie puri­fié, les déchets étant trans­por­tés par le sang jusqu’au foie où ils sont élimi­nés. De plus, les cher­cheurs ont décou­vert que les cellules céré­brales rédui­saient leur taille de 60% quand on dort, permet­tant aux déchets d’être enle­vés plus efficacement. 

Tout cela permet notam­ment de nettoyer les toxines respon­sables de la mala­die d’Alz­hei­mer et d’autres patho­lo­gies neurologiques.

Article relevé dans le Figaro Santé du 18 Octobre 2013 par F. Vignon

La Levodopa Equivalent Dose (LED), ou comment déterminer la L‑dopa reçue par le malade

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Par Claire Smith 

Les trai­te­ments médi­ca­men­teux de la mala­die de Parkin­son Idio­pa­thique ont pour but de compen­ser le défi­cit dopa­mi­ner­gique au niveau du stria­tum, en administrant : 

  • soit un précur­seur de la dopamine
  • soit un agoniste dopaminergique
  • ou bien en inhi­bant les méta­bo­lismes de la dopa­mine MAO‑B et COMT. 

Dans un article paru dans Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant n°53 de Juin 2013, des conseils d’utilisation des diffé­rents médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens sont donnés aux patients. (Dossier réalisé par l’Agence Natio­nale de Sécu­rité du Médi­ca­ment et des Produits de Santé). 

Pour établir la pres­crip­tion, le neuro­logue va choi­sir parmi une pano­plie d’une quin­zaine de médi­ca­ments ceux qui corres­pondent le mieux au trai­te­ment des troubles du patient. Puis, il lui faudra doser chaque médi­ca­ment, et déter­mi­ner l’efficacité globale du trai­te­ment. Au final, l’ordonnance jour­na­lière se présente comme une liste de plusieurs médi­ca­ments (de 3 à 5 par exemple), très souvent à libé­ra­tion immé­diate, mais parfois à libé­ra­tion prolon­gée (LP) avec des dosages de plus en plus variés. Il devient alors peu évident de compa­rer l’efficacité de deux trai­te­ments ou de prévoir la substi­tu­tion d’un médi­ca­ment par un autre. C’est ici qu’intervient la notion de LED (Levo­dopa Equi­va­lent Dose). C’est le sujet de l’article qui suit, rédigé à partir de comptes rendus de travaux réali­sés à l’Université de Birmin­gham (UK) et publiés par Claire Smith. 

Défi­ni­tion de la LED : 
La LED d’un médi­ca­ment est défi­nie comme la quan­tité de ce médi­ca­ment qui a le même effet anti­par­kin­so­nien que 100 mg de Lévo­dopa à libé­ra­tion immé­diate. Dans cet article, le Sine­met 100 consti­tue la réfé­rence. L’effet anti­par­kin­so­nien est estimé par mesure de la motri­cité du patient (section III de l’UPDRS grille déter­mi­nant le degré de handicap).

Quelques exemples de Led :

  • Led du Sine­met 100 mg : 100 mg
  • Led du Sine­met LP 100 mg : 133 mg
  • Led du Requip : 5 mg
  • Led du Sifrol (sel) : 1 mg 

Suite à la réac­tion de certains lecteurs, il parait néces­saire de four­nir des expli­ca­tions complé­men­taires .Repre­nons donc la compa­rai­son entre le Sine­met à libé­ra­tion immé­diate et la forme à libé­ra­tion prolon­gée LP, moins effi­cace (25 % de perte, selon Claire Smith). Si l’on compare l’effet de 2 compri­més de Sine­met, l’effet anti­par­kin­so­nien du comprimé clas­sique est de 100, alors que celui du comprimé LP est de 75. Si on compare les Led de ces deux Sine­met, on notera qu’il faut une dose plus grande de Sine­met LP pour obte­nir le même effet qu’avec du Sine­met clas­sique (Led = 100 mg).
La Led du Sine­met LP 100 mg est donc plus grande, soit (100/​75) X 100 = 133 mg

Les travaux de l’Université de Birmingham : 
Il s’agit de travaux de collecte et de trai­te­ment de données sur l’ensemble des médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens sur le marché, jusqu’en 2009. La démarche suivie consiste tout d’abord, à collec­ter, à partir de mots clés « levo­dopa » et « equi­va­lency », toute infor­ma­tion de 1980 à 2009 sur l’efficacité des anti­par­kin­so­niens, et cela pour tous les types d’études publiées en anglais. Les données ont fait ensuite l’objet de trai­te­ments statis­tiques (mean et mode), pour abou­tir à l’obtention de Led pour tous les antiparkinsoniens. 

L’étude a fourni les résul­tats suivants en Led, expri­més en mg, pour une quin­zaine de médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens. Alors que les auteurs dési­gnent chaque médi­ca­ment, par le nom de sa molé­cule (Prami­pexole, Ropi­ni­role etc..), nous avons volon­tai­re­ment conservé les déno­mi­na­tions commer­ciales (Sifrol®, Requip® etc..) plus fami­lières aux lecteurs francophones : 

Médi­ca­ments à base de Levodopa : 

  • Sine­met 100 à libé­ra­tion immé­diate : 100 mg
  • Sine­met 100 à libé­ra­tion prolon­gée LP : 133 mg 
  • Modo­par 125 à libé­ra­tion immé­diate : 100 mg 
  • Stalevo : 77 mg
  • Duodopa : 90 mg

Agonistes dopa­mi­ner­giques :

  • Sifrol (sel) 1 mg
  • Requip 5 mg 
  • Neupro 3,3 mg
  • Trivas­tal 100 mg
  • Parlo­del 10 mg
  • Célance 1 mg
  • Doper­gine 1 mg

Inhi­bi­teurs :

  • Depre­nyl 10 mg
  • Otra­cel 1,25 mg
  • Azilect 1 mg
  • Manta­dix 100 mg

Les valeurs four­nies par Claire Smith sont commen­tées et parfois contes­tées dans la revue Neuro­Talk, par des blogueurs qui four­nissent par ailleurs quelques infor­ma­tions complé­men­taires. Signa­lons aussi que ces valeurs rete­nues sont corro­bo­rées par un tableau d’équivalence de dose fourni par Defebvre et Vérin, à la page 163, de leur livre « La mala­die de Parkinson ». 

Utili­sa­tion de la Led : 
Désor­mais, on connait la Led de chacun des médi­ca­ments compo­sant une ordon­nance jour­na­lière. On peut alors calcu­ler l’équivalent Levo­dopa pour chaque médi­ca­ment en appli­quant la formule : (Poso­lo­gie jour­na­lière /​ Led) X 100 en mg. Exemple : pour une pres­crip­tion de 2 compri­més de Requip 4 mg : 8/​5 X 100 = 160 mg. On peut ensuite calcu­ler la dose globale jour­na­lière, en addi­tion­nant les équi­va­lents Lévodopa. 

Soit une ordon­nance comprenant :
3 compri­més de Sine­met à 100 mg soit : 100/​100 X 300 = 300 mg
1 comprimé de Sine­met LP à 100 mg, soit : 100/​133 X 100 = 75 mg
1 comprimé de Azilect 1 mg soit : 1/​1 X 100 = 100 mg
1 comprimé de Requip à 8 mg soit : 8/​5 X 100 = 160 mg
Soit un total d’équivalent Levo­dopa par jour de : 635 mg
Il s’agit d’une dose jour­na­lière plutôt moyenne. Cette dose peut excé­der 1 000, voire 1 500. 

Biblio­gra­phie :
 — Levo­dopa Dose Equi­va­lency par Claire Smith du Clini­cal Trials Unit de l’Université de Birmin­gham (UK).
 — Levo­dopa Dose Equi­va­lency dans la revue NeuroTalk
Traduit et trans­mis par Jean Pierre Laga­dec jpmo5@orange.fr

[vu sur le net] Maladie de Parkinson : premiers résultats prometteurs pour une thérapie génique

Article vu sur le site du Monde

Déjà expé­ri­men­tée chez l’ani­mal, une théra­pie génique a fait l’ob­jet d’un essai chez quinze patients souf­frant depuis au moins cinq ans d’une mala­die de Parkin­son et présen­tant les compli­ca­tions motrices clas­si­que­ment obser­vées avec le trai­te­ment médicamenteux.

Pour lire cet article dans son inté­gra­lité, suivez ce lien…

Ça aussi, c’est bon pour les neurones !

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

« Quand le corps soigne l’es­prit » Relevé dans Ca m’in­té­resse de Décembre 2013

Relaxer son corps pour relan­cer son cerveau :
La relaxa­tion est la capa­cité du corps à relâ­cher ses muscles, ralen­tir le rythme cardiaque et la respi­ra­tion. Les méthodes sont multiples, partant du corps (relaxa­tion muscu­laire progres­sive, respi­ra­tion profonde) ou de l’es­prit (médi­ta­tion, visualisation).

Elle permet de s’op­po­ser aux effets du stress et de l’an­xiété, améliore le sommeil ainsi que les perfor­mances cogni­tives lors de tâches simples. Ses effets passe­raient par une modi­fi­ca­tion de l’ex­pres­sion de certains gènes. Une étude parue en 2013 montre ainsi que ceux qui pratiquent la relaxa­tion, même novices, expriment moins certains gènes impli­qués dans le stress et l’in­flam­ma­tion, et d’avan­tage d’autres gènes, enga­gés dans le méta­bo­lisme énergétique.

Mobi­li­ser les muscles du sourire pour se sentir joyeux : 
Une étude de juin 2012 de l’Uni­ver­sité du Kansas l’a confirmé : sourire déstresse et rend heureux. Ce simple mouve­ment d’en­vi­ron 17 muscles faciaux a suffi à déclen­cher dans le cerveau des parti­ci­pants, bien qu’ils soient plon­gés dans une acti­vité stres­sante, des modi­fi­ca­tions biochi­miques libé­rant les tensions. Il favo­ri­se­rait la produc­tion d’en­dor­phines. « Sourire envoie un message posi­tif à notre cerveau, qui nous trans­met en retour une sensa­tion de bien être », renché­rit le Dr Natha­lie Rapoport-​Hubschman. Ces vertus n’ont pas échappé aux maître yogis et taoïstes qui recom­mandent la pratique du « sourire inté­rieur ». Il suffit de visua­li­ser une situa­tion posi­tive, ce qui se solde par un mouve­ment vers le haut de la commis­sure de nos lèvres. 

Déstres­ser en se faisant masser : 
Circu­la­tion sanguine, oxygé­na­tion du cerveau… Les études du Touch Research Insti­tute de Miami prouvent qu’un massage de quinze minutes biheb­do­ma­daire chez les adultes, dimi­nuent le stress ressenti au travail. « Le taux de corti­sol, hormone du stress, chute tandis que l’ocy­to­cine (hormone de la confiance et du bien-​être, ndlr) augmente » précise Isabelle Bache­let, prati­cienne en massage tuina. L’in­te­rac­tion entre peau et cerveau s’ex­plique, selon le Pr Didier Anzieu car « tous deux proviennent d’un tissu unique, l’ec­to­derme, qui se forme au 21ième jour de l’embryon ».

S’hy­dra­ter pour irri­guer ses méninges :
On sait qu’il est néces­saire d’hy­dra­ter régu­liè­re­ment notre corps, composé à 60% d’eau. Notre cerveau, lui, en compte 80%. Certaines études concluent qu’une perte d’eau sévère (équi­va­lente à 5% ou d’avan­tage du poids corpo­rel) ou plus modéré (2%) mais rapide (qui s’ins­talle en quelques heures) alté­re­rait les fonc­tions cogni­tives, entraî­nant une confu­sion, des diffi­cul­tés à se concen­trer, des cépha­lées, une plus grande irri­ta­bi­lité. Ces effets seraient parti­cu­liè­re­ment percep­tibles chez les enfants et les personnes âgées. Des études ont montré que des enfants de 6 à 9 ans étaient moins perfor­mants pour effec­tuer des exer­cices faisant appel à la mémoire et l’at­ten­tion s’ils n’avaient pas assez bu.

par Soizic Vignon soize.vignon@orange.fr

Le Dipraglurant® Une arme contre les dyskinésies

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Depuis plusieurs années, la firme phar­ma­ceu­tique Suisse Addex Phar­ma­ceu­ti­cals (SIX:ADXN), spécia­li­sée en « modu­la­tion allos­té­rique », travaille sur l’étude et le déve­lop­pe­ment de molé­cules desti­nées à trai­ter les dysto­nies et les dyski­né­sies chez les patients Parkinsoniens.

C’est le cas du Dipra­glu­rant® pour des patients souf­frant de dyski­né­sie induite par la L‑dopa dans la mala­die de Parkin­son. La dyski­né­sie induite par la L‑dopa est un trouble moteur débi­li­tant engen­dré par l’ad­mi­nis­tra­tion à long terme de trai­te­ments conte­nant de la L‑dopa, théra­pie stan­dard de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

L’étude conduite en paral­lèle aux Etats-​Unis et en Europe est finan­cée en partie par une subven­tion de la Fonda­tion Michael J. Fox pour la Recherche contre la mala­die de Parkinson.

Les dyski­né­sies :
Le Dipra­glu­rant® ayant pour indi­ca­tion le trai­te­ment des dyski­né­sies Parkin­so­niennes, rappe­lons pour les nouveaux lecteurs, de quoi il s’agit. Les dyski­né­sies font partie des mouve­ments anor­maux (ou invo­lon­taires), dont peuvent être victimes les Parkin­so­niens. Elles peuvent être décrites comme des mouve­ments soudains, incon­trô­lables, souvent désor­don­nés. Elles affectent les membres, la tête, les lèvres, et la langue. Elles sont en géné­ral, dues à un surdo­sage de la L Dopa. Or, il n’y a pas de produit pouvant rempla­cer la L Dopa avec les mêmes avantages.
Cela a des consé­quences fâcheuses :

  • Le patient (souvent en présence de son entou­rage ou en public) subit des crises déva­lo­ri­santes et fatigantes.
  • A mesure que la mala­die s’aggrave, il est de plus en plus diffi­cile pour le neuro­logue d’ajuster la pres­crip­tion afin d’éviter périodes de blocage et périodes de dyski­né­sie, l’espace théra­peu­tique étant de plus en plus réduit. Cette diffi­culté a justi­fié la réali­sa­tion de logi­ciels d’optimisation des trai­te­ments, à partir de données phar­ma­co­ci­né­tiques (cf. article sur le Led ci-​dessus et feuille de calcul présen­tée dans le P. I. n°32).
  • Pendant de nombreuses années (après le consen­sus de Mars 2000), on a essayé dans certains cas bien défi­nis de diffé­rer le début de prise de la L‑dopa pour retar­der les surve­nues de dyskinésies.

Sait-​on trai­ter les dyski­né­sies ? On reparle actuel­le­ment d’un médi­ca­ment ancien, le Manta­dix. On parle aussi de chirur­gie à partir de la stimu­la­tion du globus palli­dum. Mais les solu­tions les plus sédui­santes seraient obte­nues par l’arrivée sur le marché de 3 nouvelles molé­cules. L’une d’elles est le Dipraglurant®.

Chan­ger la stra­té­gie thérapeutique :
Si les essais cliniques à venir confirment les résul­tats déjà obte­nus et après obten­tion de l’Autorisation de Mise sur le Marché (en 2014), le Dipra­glu­rant® pour­rait consti­tuer une arme effi­cace contre les dyski­né­sies, dont il pour­rait pallier, en tout ou partie, les incon­vé­nients que nous avons évoqués précé­dem­ment. Il serait alors plus facile d’utiliser la L‑Dopa, qui est le médi­ca­ment de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

Par ailleurs, l’arrivée sur le marché de produits contre les dyski­né­sies, comme le Dipra­glu­rant®, consti­tue un argu­ment en faveur du chan­ge­ment de la stra­té­gie théra­peu­tique qui avait été défi­nie dans le consen­sus 2000. On pourra en effet trai­ter à la L‑dopa, préco­ce­ment dans la phase initiale de la mala­die, si on a moins ou pas de risques de dyski­né­sies à long terme.

Rédigé par Jean Pierre Laga­dec jpmo5@orange.fr

Bilan des deux boursières soutenues par CECAP (2/​2)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°55

Bilan de Julie Meffre : Rôle du Noyau Subtha­la­mique dans la Prise de Décision 

A — PROJET DE RECHERCHE
1. Contexte de l’étude
Alors que la mala­die de Parkin­son a été long­temps abor­dée sur la base de ses symp­tômes moteurs, les troubles non moteurs qui lui sont asso­ciés font, depuis quelques années seule­ment, l’objet de recherches plus appro­fon­dies. La stimu­la­tion à haute fréquence (SHF) du noyau subtha­la­mique (NST), utili­sée avec succès pour trai­ter les troubles moteurs, peut cepen­dant être à l’origine d’effets secon­daires cogni­tifs comme un compor­te­ment impul­sif ou risqué (tendance au jeu patho­lo­gique) chez certains patients. Il a été mis en évidence que la SHF altère la capa­cité à « frei­ner » la prise de déci­sion face à une situa­tion conflic­tuelle, condui­sant les patients à prendre une déci­sion hâtive et impul­sive (Frank et al. 2007). Parmi les ganglions de la base, le NST semble être impli­qué dans le contrôle de l’impulsivité/inhibition compor­te­men­tale (Frank 2006 ; Eagle and Baunez 2010). La voie hyper­di­recte, reliant les aires corti­cales fron­tales au NST pour­rait être à l’origine de la régu­la­tion des proces­sus déci­sion­nels. Le NST semble agir en élevant le seuil de déci­sion dans le cas d’une situa­tion conflic­tuelle ou ambi­guë, condui­sant ainsi à diffé­rer la prise de déci­sion, jusqu’à ce que suffi­sam­ment d’indices aient été accumulés.

2. But de l’étude
Afin de pouvoir amélio­rer l’anticipation d’éventuels effets secon­daires de la stimu­la­tion à haute fréquence du NST sur la prise de déci­sion chez les patients parkin­so­niens, il est indis­pen­sable de bien comprendre le rôle de cette struc­ture dans les proces­sus déci­sion­nels. L’objectif de notre travail de recherche, soutenu par la CECAP, a été de déter­mi­ner chez le rat 

  1. comment le NST contri­bue à la prise de déci­sion grâce à une approche compor­te­men­tale réali­sée chez des rats intacts versus des rats ayant subit une lésion du NST (mimant l’effet de la SHF du NST utili­sée chez le patient parkinsonien)
  2. quelle est l’influence du système dopa­mi­ner­gique dans ce proces­sus, et 
  3. le poten­tiel théra­peu­tique d’un trai­te­ment visant le système séro­to­ni­ner­gique, système impli­qué dans l’inhibition comportementale.

3. Procé­dures expé­ri­men­tales utilisées
Animaux : 10 rats mâles Long Evans, main­te­nus dans un cycle 12h jour/​nuit, ont été utili­sés pour ces expé­riences. Ils ont été soumis à une restric­tion alimen­taire, avec un accès à 85% de leur ration quoti­dienne. L’eau était acces­sible ad libi­tum.

Expé­rience : Mesure de la prise de déci­sion impli­quant l’évaluation d’un risque (en terme de proba­bi­lité de gain)
Les animaux sont placés dans une boîte opérante compor­tant trois leviers. Au démar­rage de l’essai, seul le levier central est sorti, et les rats ont été entraî­nés à main­te­nir leur patte sur le levier central pendant une durée fixe de 1 seconde. 400 ms après le début de l’appui et pendant 600 ms, une combi­nai­son de deux lumières s’allume au-​dessus des leviers et indique quelle sera la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32% en cas de choix du levier corres­pon­dant à la récom­pense en grande quan­tité mais incer­taine. Au bout de 600 ms, un signal sonore reten­tit, indi­quant la possi­bi­lité d’aller appuyer sur le levier de gauche ou de droite, au choix, afin d’obtenir une récom­pense (0.05 ml de sucrose 32 % toujours déli­vré ou 0.1 ml sucrose 32 % déli­vré avec une proba­bi­lité variable et indi­cée, respectivement).
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Trois combi­nai­sons de deux lumières sont possibles, aléa­toi­re­ment. Il existe trois spots lumi­neux situés au-​dessus des leviers :

- Si la lumière de gauche et la lumière de droite s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 100 %.

- Si la lumière de gauche et la lumière centrale s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 50 %.

- Si la lumière de droite et la lumière centrale s’allument, la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32 % en choi­sis­sant le levier de droite est de 0 %.

A la fin de la seconde d’appui, le levier central se rétracte et les deux leviers laté­raux sortent.

- Si l’animal choi­sit le levier de droite, il appuie puis peut relâ­cher immé­dia­te­ment le levier et une dose de 0.05 ml de sucrose 32 % est déli­vrée dans la mangeoire dans 100 % des cas.

- Si l’animal choi­sit le levier de gauche, le résul­tat de cette action sera incer­tain, en fonc­tion de la proba­bi­lité d’obtenir 0.1 ml de sucrose 32%, indi­quée précé­dem­ment par la combi­nai­son de lumière. 

La condi­tion 100% et la condi­tion 0% permettent de véri­fier la bonne compré­hen­sion de la tâche par le rat. La condi­tion 50% permet d’évaluer le compor­te­ment à tendance risquée ou non de l’animal. Ainsi, si dans la condi­tion où la proba­bi­lité d’obtenir la grande récom­pense est de 50%, le rat choisi préfé­ren­tiel­le­ment le levier asso­cié à cette grande récom­pense, il sera consi­déré comme un indi­vidu au compor­te­ment risqué et joueur.
La moitié des animaux est condi­tion­née avec cette règle. Pour l’autre moitié, la petite récom­pense est déli­vrée lorsque l’animal choi­sit le levier droit.

Chirur­gie : Lésion du NST 
Lorsque les animaux ont atteint un niveau de perfor­mance stable durant au moins 5 sessions consé­cu­tives, ils ont été soumis au proto­cole chirur­gi­cal suivant :
Tous les animaux ont été anes­thé­siés avec de la kéta­mine (50 mg/​kg, i.m.) et de la médé­to­mi­dine (0.26 mg/​kg, i.m.) et posi­tion­nés dans un appa­reil de stéréotaxie.
Les rats reçoivent une injec­tion bila­té­rale d’acide iboté­nique (9.4 µg/​µl (53 mM); rats avec lésion du NST) ou de solu­tion contrôle (tampon phos­phate, 0.1 M ; rats intacts) aux coor­don­nées suivantes : anté­ro­pos­té­rieur, 3.8 mm (depuis le bregma); laté­ral, 2.4 mm ; dorso­ven­tral, 8.35 mm (depuis le crâne). Le volume d’injection était de 0.5 micro­litres par côté injecté pendant 3 minutes avec une seringue Hamil­ton fixée sur une micro­pompe. A la fin de l’injection, les injec­teurs ont été lais­sés en place pendant 3 min pour permettre la diffu­sion de l’acide iboténique.
Les animaux ont récu­péré des suites de l’opération pendant une semaine avant d’être à nouveau soumis au test (dans la même tâche que celle précé­dent la chirurgie)

B — RÉSULTATS PRÉLIMINAIRES
près appren­tis­sage de la tâche, les animaux ont été soumis au test de prise de déci­sion, et le pour­cen­tage de prise de déci­sion risquée (évaluée par le nombre d’appui sur le levier asso­cié à la grande récom­pense dans la condi­tion où la proba­bi­lité de l’obtenir est de 50%) a été mesuré. Nous avons ainsi mesuré le pour­cen­tage de prise de déci­sion risquée de base chez le rat, avant lésion du NST. Nous avons pu véri­fier que les perfor­mances moyennes des rats avant l’opération ne présen­taient pas de diffé­rences signi­fi­ca­tives, tous les indi­vi­dus choi­sis­sant de manière équi­va­lente la petite récom­pense certaine et la grande récom­pense risquée. 

Les animaux ont ensuite été soumis au proto­cole chirur­gi­cal. Après une période de récu­pé­ra­tion, ils ont été à nouveau soumis au même test que celui précé­dent la chirur­gie. Après lésion du NST, on observe une modi­fi­ca­tion profonde du compor­te­ment des rats, qui choi­sissent alors préfé­ren­tiel­le­ment la condi­tion risquée (dans 80% des cas envi­ron). Une alté­ra­tion du NST conduit donc à une alté­ra­tion de la prise de déci­sion, favo­ri­sant un compor­te­ment impul­sif et risqué. Ces résul­tats semblent donc indi­quer que les effets secon­daires cogni­tifs de type impul­si­vité et déve­lop­pe­ment du jeu patho­lo­gique chez les patients trai­tés par la SHF du NST pour­raient résul­ter de l’inactivation du NST. 

Afin d’évaluer l’influence du système dopa­mi­ner­gique, cible des trai­te­ments médi­ca­men­teux dans la mala­die de Parkin­son, dans ce proces­sus, nous avons procédé à une injec­tion intra­pé­ri­to­néale d’un inhi­bi­teur de recap­ture de dopa­mine, 20 minutes avant le début du test. De façon très inté­res­sante, nous avons pu obser­ver que ce trai­te­ment conduit, chez les rats intacts, à une très forte augmen­ta­tion du nombre de prise de déci­sion risquée, celui-​ci passant de 40% à 80% envi­ron après trai­te­ment phar­ma­co­lo­gique aigue avec un inhi­bi­teur de
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recap­ture de dopa­mine. Les rats intacts soumis à ce trai­te­ment dopa­mi­ner­gique présentent donc un compor­te­ment risqué simi­laire à celui des rats ayant subit une lésion totale du NST. Il semble­rait donc que le système dopa­mi­ner­gique et le noyau subtha­la­mique soient impli­qués dans ce proces­sus décisionnel.
Suite à ce trai­te­ment, les animaux ont été à nouveau soumis au test avec après avoir subit une injec­tion de solu­tion contrôle (sérum physio­lo­gique), afin de véri­fier un retour à la normale (niveau de base) de leur perfor­mance comportementale.
Il a été mis en évidence que la SHF du NST, de même que les trai­te­ments à la L‑DOPA, induisent une dimi­nu­tion du taux de séro­to­nine, système impli­qué dans l’inhibition compor­te­men­tale et dans la physio­pa­tho­lo­gie de diffé­rents troubles. Afin d’évaluer le poten­tiel théra­peu­tique d’un trai­te­ment visant ce système, nous avons suivi le même proto­cole en utili­sant cette fois un inhi­bi­teur sélec­tif de recap­ture de la séro­to­nine. Il s’agit de la fluoxé­tine, anti­dé­pres­seur couram­ment utilisé chez l’Homme. La fluoxé­tine a été admi­nis­trée par injec­tion aigue intra­pé­ri­to­néale, réali­sée 30 minutes avant le début du test. Nous avons pu obser­ver que ce trai­te­ment, condui­sant à une augmen­ta­tion du taux de séro­to­nine, a pour consé­quence de contre­car­rer l’effet délé­tère de la lésion du NST sur la prise de déci­sion : les animaux lésés présentent en effet un compor­te­ment semblable au compor­te­ment de base des animaux contrôles (c’est à dire un nombre d’appui envi­ron équi­valent entre le levier petite et grande récom­pense). La fluoxé­tine réduit donc les effets pro-​impulsifs induits par l’inactivation du NST. Le système séro­to­ni­ner­gique pour­rait donc égale­ment être impli­qué dans l’altération du proces­sus déci­sion­nel chez les patients parkin­so­niens. L’utilisation d’un inhi­bi­teur sélec­tif de séro­to­nine, déjà couram­ment utilisé pour traité la dépres­sion et d’autres troubles chez l’Homme, pour­rait donc poten­tiel­le­ment être une pers­pec­tive théra­peu­tique envisageable. 

C — JUSTIFICATION DE L’ÉTUDE ET PERSPECTIVES
Cette étude nous a déjà permis de clari­fier le rôle du NST dans les proces­sus déci­sion­nels chez le rat, puisque nous avons pu montrer que la pertur­ba­tion de l’activité du NST par lésion de la struc­ture, conduit à un compor­te­ment plus risqué. 

Afin d’approfondir d’avantage cette étude, nous souhai­te­rions égale­ment étudier l’effet d’un trai­te­ment à la L‑Dopa sur cette tâche chez le rat. Ce trai­te­ment sera réalisé seul, ou en combi­nai­son avec un anta­go­niste des récep­teurs dopa­mi­ner­giques, mimant la déplé­tion dopa­mi­ner­gique présente chez le patient parkinsonien.
Avec pour objec­tif de confir­mer et appro­fon­dir nos recherches, nous souhai­te­rions véri­fier la repro­duc­ti­bi­lité de ces résul­tats sur un nouveau groupe de rats, qui sont d’ores et déjà en cours d’apprentissage de la tâche permet­tant de mesu­rer la prise de décision. 

La pour­suite de ce projet nous permet­trait une meilleure compré­hen­sion de l’implication du NST et des diffé­rents systèmes de neuro­trans­mis­sion dans les proces­sus de prise de déci­sion alté­rés chez certains patients parkin­so­niens. Pouvoir anti­ci­per et appor­ter une solu­tion théra­peu­tique aux troubles cogni­tifs qui pour­raient résul­ter du trai­te­ment chirur­gi­cal et dopa­mi­ner­gique chez le patient atteint de la mala­die de Parkin­son repré­sente un enjeu majeur.

Lu par Jean Grave­leau graveleau.jean2@orange.fr

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