Ne pas être qu'un "patient" ...

Le « chaussage » pour Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDEPENDANT N°26 – septembre 2006

Mortain – 8 avril 06
Confé­rence animée par Olivier NICOLLE,
Podo-​orthésiste à Granville.

Quelques mots d’introduction
J’appareille un certain nombre de Parkin­so­niens dans la région Gran­vil­laise et beau­coup d’entre eux refusent d’adhérer à des asso­cia­tions comme la vôtre, deux causes prin­ci­pales motivent leur refus : la crainte du futur et l’isolement.
La crainte du futur n’est pas unique­ment le fait du malade, c’est parfois aussi celui du conjoint : l’une de mes patientes devait venir aujourd’hui et je ne l’ai pas aper­çue, son mari refuse de l’emmener aux réunions d’informations que vous orga­ni­sez par crainte de perce­voir l’état qu’elle serait suscep­tible d’avoir dans quelques années.
La mala­die de Parkin­son est une mala­die inva­li­dante physi­que­ment et socia­le­ment, je me déplace chez beau­coup de Parkin­so­niens qui ne sortent plus de chez eux soit parce qu’ils sont en fauteuil roulant et que les dépla­ce­ments posent trop de problèmes soit parce qu’ils ne supportent plus le regard des autres.

La conférence 
Le membre infé­rieur est l’objet prin­ci­pal de mon travail et je traite prin­ci­pa­le­ment deux problèmes : le « chaus­sage » et la déformation.
Il faut éviter d’amplifier les problèmes du Parkin­so­nien qui a du mal à initier le mouve­ment et dont les pieds connaissent des défor­ma­tions et traînent un peu, des chaus­sures mal adap­tées accroissent le risque de chutes.

Le chaussage 

  • Le chaus­sage homme 
    Deux critères sont impor­tants dans la chaus­sure homme : la largeur et la souplesse.
    Le déroulé est le devant de la chaus­sure, il est impor­tant d’avoir un bon déroulé afin d’éviter les chutes provo­quées par l’extrémité du pied qui accroche un obstacle.
    L’intérieur de la chaus­sure est égale­ment impor­tant car le cuir a tendance à durcir sous l’effet de la trans­pi­ra­tion exces­sive et un bloc chaus­sure rigide va accroître les diffi­cul­tés du Parkin­so­nien, il convient de noter égale­ment que cette rigi­dité risque de provo­quer des petites bles­sures parti­ci­pant aux diffi­cul­tés de la marche. 
  • Le chaus­sage femme 

  • La chaus­sure femme pose deux problèmes : la hauteur du talon et l’esthétique.
    Le pied fémi­nin est un pied cambré et l’adoption de chaus­sures plates risque d’entraîner des problèmes de dos. La hauteur du talon idéale se situe entre 2 et 4 centi­mètres. Les petites femmes ont tendance à choi­sir des talons plus hauts. Modi­fier la hauteur du talon chez une personne habi­tuée à cette hauteur pendant toute sa vie risque de poser de sérieux problèmes d’adaptation.
    Pour des raisons essen­tiel­le­ment esthé­tiques, beau­coup de femmes portent durant leur vie des chaus­sures un peu étroites et serrées, les pieds qui ont été ainsi malme­nés pendant long­temps ont plus de cors et de durillons qui ajoutent encore aux difficultés ; 

Pour avoir un bon déroulé, l’extrémité de la chaus­sure doit être plus rele­vée, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes d’esthétique.

Les déformations 
Le pied équin, en exten­sion et en rota­tion par rapport à la jambe, et la rétrac­tion des orteils sont les deux prin­ci­paux problèmes qui affectent les pieds du Parkinsonien.

  • Le pied équin 
    Il faut trou­ver le juste équi­libre entre la contrainte et le confort, il vaut mieux « conseiller aux pieds » ce que l’on aime­rait qu’ils fassent plutôt que leurs imposer.
    Le rele­veur est une pièce dispo­sée sous la chaus­sure qui a pour effet de main­te­nir la cheville à « angle droit » par rapport au pied pour lui éviter de tomber ou de tour­ner et par consé­quent d’accrocher au premier passage. Le rele­veur métal­lique est trop rigide et on peut lui préfé­rer des maté­riaux plus souples. 
  • La rétrac­tion des orteils 
    Pour ce qui concerne la rétrac­tion des orteils, on peut consi­dé­rer deux stades :
    • au début de la mala­die, lorsque cette rétrac­tion n’est pas trop impor­tante et qu’il y a encore une certaine souplesse, on peut dispo­ser un petit bour­re­let juste en arrière des arti­cu­la­tions (barre recto-​capitale) qui a pour effet d’étirer les orteils 
    • lorsque la mala­die est plus évoluée avec une rétrac­tion très impor­tante et une forte tension tendi­neuse qui ne permet plus un étire­ment total des orteils, on va travailler le confort en donnant plus de hauteur de chaus­sage et en utili­sant un maté­riau plus souple pour la semelle. 

Pour le pouce en erec­tus qui se relève à la moindre solli­ci­ta­tion, la hauteur est limi­tée dans l’habitacle da la chaus­sure ; en utili­sant des maté­riaux thermo-​formables on peut lui donner la place suffi­sante, la forme des chaus­sures sera peu ordi­naire mais elles seront confortables.
La recherche du confort passe égale­ment par la qualité de l’orthèse plan­taire (la semelle). Un pied repose sur envi­ron 1/​3 de sa surface, l’utilisation de matières thermo-​formables lui permet de repo­ser sur la surface entière, ce qui procure un réel confort.
Il faut évoquer égale­ment le Parkin­so­nien très évolué en fauteuil roulant. Du fait de son immo­bi­li­sa­tion et de la fonte muscu­laire, les malléoles vont faci­le­ment s’abimer sur les cale-​pieds et il est néces­saire d’appareiller ces patients pour proté­ger le pied.

Quelques mots sur ma profession : 
La profes­sion est rela­ti­ve­ment récente (1976) et nous ne sommes que 150 en France.
Sur les trois ans de forma­tion, moins de 10 minutes ont été consa­crées à Parkin­son, j’exerce depuis 8 ans et j’ai du recher­cher toutes les infor­ma­tions possibles pour mieux appa­reiller mes patients parkinsoniens.
Le dialogue avec les méde­cins pres­crip­teurs, assez pauvre il y a encore peu temps, a tendance à s’amplifier et je souhaite qu’il s’améliore encore.

Confé­rence du Docteur Olivier NICOLLE
Commu­ni­quée par l’association de La Manche 

11 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonjour, je remonte cet article pour parta­ger ma dernière décou­verte ‑géniale !- en matière de chaus­sures : les chaus­sures mini­ma­listes ou « chaus­sures à orteils ». Soufrant de crampes du pied (les orteils qui se recro­que­villent) qui pouvaient surgir n’im­porte quand, j’en avais fini par appré­hen­der d’al­ler marcher, sachant que si j’avais une crampe, il me faudrait m’as­seoir, par terre si rien d’autre, pas évident de se rele­ver etc. Je précise que j’avais aussi tendance à traî­ner les pieds, marcher à petits pas etc. et du mal à trou­ver chaus­sure à mon pied par rapport au souci des crampes, en plus de celui d’en­fi­ler la chaussure…

    J’ai essayé de marcher pieds nus quand c’était possible, sur le sable par ex. Je marchais plus vite et sans crampes ou alors la crampe était gérable : remettre les orteils en place est plus facile, mais ça n’est pas évident de marcher pieds nus… C’est là que j’ai pensé aux chaus­sures mini­ma­listes : ce sont des chaus­sures qui ressemblent à des gants à orteils, avec une semelle qui amor­tit les chocs. Elles sont surtout connues dans le milieu spor­tif de la course à pied, pour ceux qui veulent courir pieds nus tout en étant proté­gés. Je me suis dit que si les orteils étaient bien sépa­rés, cela dissua­de­rait peut-​être les crampes et que si crampe il y avait, elle serait plus facile à gérer qu’a­vec des chaus­sures fermées… On peut les échan­ger faci­le­ment, bref je ne risquais rien à essayer…

    On les trouve faci­le­ment sur inter­net (plus rares en boutique) et là j’ai vrai­ment été bluf­fée : j’ai les orteils qui sont plutôt serrés et biscor­nus mais ils ont tous faci­le­ment trouvé leur compar­ti­ment. Je pensais galé­rer pour enfi­ler ces chaus­sures, pas de diffi­culté si je suis bien instal­lée, et cela me prend beau­coup moins de temps que pour certaines chaus­sures fermées. J’ai même investi dans des chaus­settes à orteils, un peu moins faciles à enfi­ler mais appré­ciées avec le froid qui arrive. Avec l’ha­bi­tude on trouve vite le coup et les chaus­sures se « font » vite. La sensa­tion, c’est comme si on était en pantoufles mais pieds nus. À l’ex­té­rieur, dans la nature, les chocs sont bien amortis.

    Ce qui est génial, c’est que je marche plus vite (à la surprise de mon entou­rage), me tient beau­coup plus droite, supporte beau­coup mieux la station debout (incroyable quand je repense à avant.…) et le miracle c’est que je n’ai quasi plus de crampes !! Juste une ou deux fois en 2 mois après avoir marché long­temps en terrain escarpé en descente, mais mes orteils se sont faci­le­ment remis. Si je dois m’as­seoir par terre, je ne me sens pas entra­vée comme avec des chaus­sures fermées, je me relève plus faci­le­ment. Évidem­ment mon moral s’en est ressenti… Je suis deve­nue accro, j’ai acheté une paire plus fermée pour l’hi­ver. Ces chaus­sures ont un look sympa, elles font parler…

    Contre les crampes, j’ai aussi constaté que c’était aussi effi­cace avec chaus­settes à orteils/​bottes de pluie par ex. (le seul défaut des chaus­sures à orteils c’est qu’elles ne sont pas imper­méables) car les chaus­settes séparent déjà bien les orteils. En plus c’est bon à savoir pour ceux qui n’ont pas de problèmes de crampes, elles tiennent plus chaud aux pieds.

    Je me suis aper­çue après en faisant des recherches en anglais qu’il y avait déjà quelques témoi­gnages de malades de Parkin­son qui se trou­vaient mieux avec ces chaus­sures, une vidéo où le son n’est pas indis­pen­sable par ex ici : https://www.youtube.com/watch?v=a95c0qzjCmM.

    Elles sont de concep­tion assez récente (depuis 2005) et commer­cia­li­sées surtout aux USA mais elles commencent à être connues un peu partout. J’en ai fait un article sur mon blog où l’on peut en savoir plus sur ces chaus­sures, il y a eu quelques études sur leurs bien­faits sur la santé en géné­ral, rien encore en français.

    https://parkinsonailleurs.wordpress.com/2017/08/28/les-chaussures-minimalistes-ou-chaussures-a-orteils/

    Commentaire by Parkinette — 23 octobre 2017 #

  2. mon ami d’en­fance est parkin­so­nien depuis une ving­taine d’an­nées, depuis un an il a beau­coup maigri et multi­plié les chutes , nous habi­tons la même maison et je l’aide sans problèmes ‚un méde­cin a évoqué l’exis­tence de chaus­sures de marche adap­tées à l’af­fec­tion , pour­riez vous me dire où s’adres­ser pour essayer, nous sommes près de Marseille
    je vous remer­cie par avance , cordialement
    jean-claude

    Commentaire by BONNENFANT — 30 juillet 2016 #

  3. En maga­sins pour le sport il existe des lacets en drisse de caou­tchouc élas­tique, vous les réglez une bonne fois, et ensuite vous vous chaus­sez soit avec le chausse ou les deux mains comme pour enfi­ler un chaus­son fermé, plus de nœud a faire.

    Commentaire by PREVOST Jean Claude — 12 mars 2016 #

  4. Bonjour.

    Vous ne dites rien du fait de nouer les lacets, geste assez compliqué.
    Existe-​t- il des maga­sins spécialisés ?

    Commentaire by DESALMAND Paul — 6 mars 2016 #

  5. Bonjour, étant actuel­le­ment en 3ème année de pédi­cu­rie podo­lo­gie dans le cadre de mon mémoire je me suis inté­res­sée à la marche du parkin­so­nien. Celle ci peut être stabi­li­ser par le port d’or­these plan­taire ? J’ai­me­rai pouvoir vous ques­tion­ner concer­nant l’ appa­reillage que vous réali­sez pour ses patients et savoir si vous colla­bores avc des podo­logues pour une meilleure prise en charge. 

    Je sais que cet article date maintenant. 

    En espé­rant vous lire

    Merci

    Commentaire by Perle — 13 avril 2015 #

  6. bonjour — person­nel­le­ment je ne connais pas ce problème mais il me semble qu’une visite chez un podo­logue serait le meilleure solu­tion — bien amica­le­ment — E.Six

    Commentaire by gp29 — 5 juillet 2012 #

  7. ma soeur a la mala­die de parkin­son elle a le pied gauche qui rentre vrai­ment a l’in­ter­rieur faut il mettre des chaus­sures speciales ou voir un podologue
    merci de me repondre

    Commentaire by brodat — 18 juin 2012 #

  8. j’ai un parkin­son idiopathique..

    Commentaire by desveaux — 26 juin 2011 #

  9. j’ai 41ans j’ai cette mala­die depuis l’âge de 26ans .…voilà

    Commentaire by desveaux — 26 juin 2011 #

  10. sommes inté­resses par toutes les formes d’en­sei­gne­ments pour nos étudiants en podo­lo­gie , futurs soignants pour parkinsoniens
    merci

    Commentaire by DE PAUW — 6 mars 2007 #

  11. Bonjour,

    Ma maman souffre d’une forme de mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive (au début on la trai­tait pour un parkin­son, appa­re­ment pas à 100%). Ses pieds se mettent en posi­tion équin et elle rêve de marcher et impos­sible, pourriez-​vous me dire où on pour­rait trou­ver ce type de chaus­sure en Belgique et à quel prix … ?
    D’avance je vous remer­cie vous seriez d’un grand secours pour ma maman, elle n’a que 68 ans et elle ne restait jamais en place et 6 mois dans un lit, fauteuil, son moral en prendt un coup.

    Bien à vous

    Muriel

    Commentaire by Christiaens — 25 février 2007 #

Laisser un commentaire

XHTML: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Flux RSS des commentaires de cet article.

Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires. Valide XHTML et CSS.