Maîtriser les cellules souches
Publié le 30 juin 2010 à 08:10Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010
Yves Christen dans le Figaro Magazine du 26/02/2010
Leur aptitude naturelle à faciliter la régénération fait des cellules souches de merveilleux auxiliaires de la médecine. Car, non encore différenciées, elles peuvent avoir des destinées diverses et permettre ainsi la régénération. On sait désormais qu’il en existe aussi dans le cerveau humain adulte. On peut espérer les stimuler, mais aussi envisager d’en transplanter. Mais comment se les procurer ? Dans l’Amérique de Bush, cette question a fait polémique. Car les cellules souches les plus fonctionnelles, les cellules dites ES (pour embryonic stem cells), sont celles qui proviennent de l’embryon. Et leur utilisation s’est longtemps heurtée aux positions de certains groupes religieux.
Mais il existe désormais une autre voie d’obtention des cellules souches, à côté des ES, celle des cellules souches induites, ou iPS. La révolution dans ce domaine remonte à 2007. On la doit à l’un des rares hommes à peu près certain d’obtenir le prix Nobel à brève échéance : le japonais Shinya Yamanaka. Ce géant de la biologie cellulaire a commencé sa carrière comme chirurgien orthopédique, jusqu’à ce qu’il réalise, selon ses propres mots, qu’il « n’avait aucun talent pour la chirurgie et que, de toute façon, la chirurgie ne pouvait vraiment guérir aucune maladie ». Après avoir transféré des gènes à des souris, il prit conscience de l’efficacité de ces manipulations : « Aucun médicament ne permettait d’accomplir de tels miracles ».
Après un premier séjour à San Francisco, son projet pris forme : reprogrammer les cellules. L’idée n’était pas nouvelle. On la trouve au cœur des techniques de clonage qui ont, par exemple, permis la naissance de la brebis Dolly. Il s’agit de faire en sorte que des cellules adultes veuillent bien accepter de redevenir totipotentes. Ce qui veut dire qu’il faut se contenter d’une réussite au hasard et d’un succès sur des centaines d’essais. Difficilement jouable chez l’homme ! Yamanaka a attaqué le problème au niveau moléculaire. Il a sélectionné 24 gènes candidats susceptibles de permettre la reprogrammation. Modeste, il déclare aujourd’hui : « C’était comme acheter un billet de loterie ; j’ai eu de la chance en récupérant le bon billet ! » Au bout de son marathon scientifique, Yamanaka a sorti quatre gènes gagnant : Oct‑3/4, Sox, Klf4 et c‑Myc, qui codent pour des facteurs de transcription, c’est-à-dire des molécules susceptibles d’activer les gènes. En intégrant ces gènes dans des cellules adultes, Yamanaka les a fait retourner à l’état de cellules souches. Il a créé des iPS.
Cette extraordinaire découverte dope toute la biologie, y compris l’étude du cerveau. Des chercheurs de New York et de Boston sont parvenus à induire la formation d’iPS à partir de cellules de la peau d’une femme âgée de 82 ans, victime d’une grave maladie neurologique : la sclérose latérale amyotrophique. A partir de là, ils ont engendré de nouveaux neurones responsables de la motricité, ceux qui sont précisément détruits dans cette affection. Comme il s’agit des propres cellules du patient, il n’y a pas lieu de craindre que leur greffe soit rejetée. L’espoir est donc immense. Mais des craintes subsistent, ainsi que le rappelle le docteur Robert Brown, un spécialiste de Boston : « Avec ces techniques utilisant des rétrovirus pour reprogrammer les cellules, on doit se demander s’il n’y a pas un risque de développement de tumeur. »
Lu par Henri MINARET
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