Ne pas être qu'un "patient" ...

Recherche sur des thérapies restauratrices

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

La mala­die de Parkin­son est une affec­tion neuro­lo­gique carac­té­ri­sée par une perte lente et progres­sive d’une sous popu­la­tion de neurones centraux, les neurones dopa­mi­ner­giques. La dégé­né­res­cence des neurones dopa­mi­ner­giques de la substance noire provoque un défi­cit en dopa­mine, une molé­cule indis­pen­sable à une bonne coor­di­na­tion motrice. L’administration de lévo­dopa permet de compen­ser tempo­rai­re­ment ce défi­cit et améliore les trem­ble­ments, la rigi­dité des membres ou la diffi­culté à amor­cer les mouve­ments. Cepen­dant, après quelques années de théra­pie, la plupart des patients déve­loppent des mouve­ments anor­maux, appe­lés dyski­né­sie. De ce fait, l’implantation d’électrodes dans des régions du cerveau comme le noyau subtha­la­mique, est appa­rue comme une très bonne alter­na­tive. En effet, la stimu­la­tion céré­brale profonde (SCP) est très effi­cace sur les symp­tômes moteurs et permet une bonne coor­di­na­tion motrice. Malheu­reu­se­ment, seul un nombre restreint de patients peut béné­fi­cier de la SCP. De plus, l’ensemble de ces stra­té­gies théra­peu­tiques ne traite que les symp­tômes de la mala­die de Parkin­son, sans lais­ser espé­rer une récu­pé­ra­tion complète et défi­ni­tive des popu­la­tions neuro­nales affec­tées. D’où la néces­sité de pour­suivre les travaux de recherche en trans­plan­ta­tion intracérébrale. 

Les essais cliniques réali­sés sur un panel de plus de 500 patients à travers le monde ont souli­gné l’intérêt de gref­fer des neurones fœtaux en cas de mala­die de Parkin­son. L’approche demande à être opti­mi­sée mais le déve­lop­pe­ment de cette stra­té­gie restau­ra­trice est gran­de­ment limité par la dispo­ni­bi­lité et les consi­dé­ra­tions éthiques liées à l’utilisation de tissu fœtal d’origine humaine. La trans­plan­ta­tion de cellules d’origine animale, notam­ment de neurones porcins, permet­trait d’avoir à dispo­si­tion une grande quan­tité de cellules trans­plan­tables d’excellente qualité biolo­gique et sani­taire, si l’on parve­nait à contrô­ler loca­le­ment la réac­tion immu­ni­taire respon­sable du rejet de xéno­greffes intra­cé­ré­brales. En effet, des neurones porcins implan­tés dans un cerveau de rat adulte immu­no­com­pé­tent sont systé­ma­ti­que­ment reje­tés deux mois après la greffe. Nos travaux réali­sés au sein de l’unité INSERM 643 ont révélé qu’une co-​greffe de neurones porcins avec des cellules souches mésen­chy­ma­teuses (CSM) issues de la moelle osseuse pouvait prolon­ger la survie des gref­fons jusqu’à 4 mois. L’utilisation d’un modèle de neuro­dé­gé­né­res­cence dopa­mi­ner­gique chez le rat (lésion par la 6‑OH-​dopamine) nous a permis de corré­ler cette survie à une récu­pé­ra­tion motrice. Ainsi, la co-​transplantation de neurones porcins et de CSM chez des rats lésés leur a permis de retrou­ver partiel­le­ment l’usage de leurs deux pattes anté­rieures, 90 et 105 jours après l’opération. Le méca­nisme à la base de l’immunorégulation exer­cée par les MSC est actuel­le­ment à l’étude afin de déve­lop­per des stra­té­gies d’immunosuppression locale adap­tée aux greffes dans le cerveau. Une telle stra­té­gie permet­trait d’assurer la survie à long terme de xéno­greffe intra­cé­ré­brale, en limi­tant les effets secon­daires liés à l’administration de fortes doses d’immunosuppresseurs, et ouvri­rait de nouvelles pers­pec­tives pour les théra­pies restau­ra­trices en cas de mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tives comme la mala­die de Parkinson. 

Ce travail qui a consti­tué l’essentiel de mon travail de thèse, a été réalisé avec le soutien de l’association CECAP et c’est de tout cœur que je remer­cie l’ensemble de ses membres. 

Xavier LEVEQUE

Note de la rédac­tion : Xavier Lévêque a soutenu sa thèse le 21 Juin à la Faculté de Méde­cine de Nantes. Il a reçu son titre de docteur es-​sciences avec les féli­ci­ta­tions du Jury suivant : 

  • Mr Fran­çois VALLETTE, Docteur, Nantes
  • Mme Afsa­neh GAILLARD, Profes­seur, Poitiers
  • Mr Philippe HANTRAYE, Profes­seur, Paris
  • Mr Julien ROSSIGNOL, Docteur, Mount Plea­sant, MI, USA
  • Mr Philippe NAVEILHAN, Docteur, Nantes
  • Mme Isabelle NEVEU, Docteur, Nantes

Pour une fois notre subven­tionné ne s’ex­pa­triera pas !!! Il a obtenu un poste au labo­ra­toire INSERM 43 à Nantes. Il fera 50% d’en­sei­gne­ment à la fac et le reste en recherche sur la même théma­tique. C’est une bonne nouvelle ; il est, en effet, dommage de voir nos jeunes quali­fiés être obli­gés de s’expatrier, notam­ment en Amérique, pour avoir un poste rémunéré.

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