Recherche sur des thérapies restauratrices
Publié le 01 septembre 2010 à 12:29Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010
La maladie de Parkinson est une affection neurologique caractérisée par une perte lente et progressive d’une sous population de neurones centraux, les neurones dopaminergiques. La dégénérescence des neurones dopaminergiques de la substance noire provoque un déficit en dopamine, une molécule indispensable à une bonne coordination motrice. L’administration de lévodopa permet de compenser temporairement ce déficit et améliore les tremblements, la rigidité des membres ou la difficulté à amorcer les mouvements. Cependant, après quelques années de thérapie, la plupart des patients développent des mouvements anormaux, appelés dyskinésie. De ce fait, l’implantation d’électrodes dans des régions du cerveau comme le noyau subthalamique, est apparue comme une très bonne alternative. En effet, la stimulation cérébrale profonde (SCP) est très efficace sur les symptômes moteurs et permet une bonne coordination motrice. Malheureusement, seul un nombre restreint de patients peut bénéficier de la SCP. De plus, l’ensemble de ces stratégies thérapeutiques ne traite que les symptômes de la maladie de Parkinson, sans laisser espérer une récupération complète et définitive des populations neuronales affectées. D’où la nécessité de poursuivre les travaux de recherche en transplantation intracérébrale.
Les essais cliniques réalisés sur un panel de plus de 500 patients à travers le monde ont souligné l’intérêt de greffer des neurones fœtaux en cas de maladie de Parkinson. L’approche demande à être optimisée mais le développement de cette stratégie restauratrice est grandement limité par la disponibilité et les considérations éthiques liées à l’utilisation de tissu fœtal d’origine humaine. La transplantation de cellules d’origine animale, notamment de neurones porcins, permettrait d’avoir à disposition une grande quantité de cellules transplantables d’excellente qualité biologique et sanitaire, si l’on parvenait à contrôler localement la réaction immunitaire responsable du rejet de xénogreffes intracérébrales. En effet, des neurones porcins implantés dans un cerveau de rat adulte immunocompétent sont systématiquement rejetés deux mois après la greffe. Nos travaux réalisés au sein de l’unité INSERM 643 ont révélé qu’une co-greffe de neurones porcins avec des cellules souches mésenchymateuses (CSM) issues de la moelle osseuse pouvait prolonger la survie des greffons jusqu’à 4 mois. L’utilisation d’un modèle de neurodégénérescence dopaminergique chez le rat (lésion par la 6‑OH-dopamine) nous a permis de corréler cette survie à une récupération motrice. Ainsi, la co-transplantation de neurones porcins et de CSM chez des rats lésés leur a permis de retrouver partiellement l’usage de leurs deux pattes antérieures, 90 et 105 jours après l’opération. Le mécanisme à la base de l’immunorégulation exercée par les MSC est actuellement à l’étude afin de développer des stratégies d’immunosuppression locale adaptée aux greffes dans le cerveau. Une telle stratégie permettrait d’assurer la survie à long terme de xénogreffe intracérébrale, en limitant les effets secondaires liés à l’administration de fortes doses d’immunosuppresseurs, et ouvrirait de nouvelles perspectives pour les thérapies restauratrices en cas de maladie neurodégénératives comme la maladie de Parkinson.
Ce travail qui a constitué l’essentiel de mon travail de thèse, a été réalisé avec le soutien de l’association CECAP et c’est de tout cœur que je remercie l’ensemble de ses membres.
Xavier LEVEQUE
Note de la rédaction : Xavier Lévêque a soutenu sa thèse le 21 Juin à la Faculté de Médecine de Nantes. Il a reçu son titre de docteur es-sciences avec les félicitations du Jury suivant :
- Mr François VALLETTE, Docteur, Nantes
- Mme Afsaneh GAILLARD, Professeur, Poitiers
- Mr Philippe HANTRAYE, Professeur, Paris
- Mr Julien ROSSIGNOL, Docteur, Mount Pleasant, MI, USA
- Mr Philippe NAVEILHAN, Docteur, Nantes
- Mme Isabelle NEVEU, Docteur, Nantes
Pour une fois notre subventionné ne s’expatriera pas !!! Il a obtenu un poste au laboratoire INSERM 43 à Nantes. Il fera 50% d’enseignement à la fac et le reste en recherche sur la même thématique. C’est une bonne nouvelle ; il est, en effet, dommage de voir nos jeunes qualifiés être obligés de s’expatrier, notamment en Amérique, pour avoir un poste rémunéré.
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