La stimulation corticale : Interview du professeur N’GUYEN
Publié le 19 octobre 2007 à 09:53Paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°28 — mars 2007
Le 26 décembre 2006
Le 5 décembre dernier, « CECAP Recherche » reçoit, de la part du Professeur N’GUYEN, une demande de soutien financier pour l’acquisition d’un appareil de stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr). Nous avons voulu en savoir plus sur cette technique novatrice et encore peu pratiquée qui représente un espoir et une évolution dans le traitement de la maladie de Parkinson. Le Professeur N’GUYEN nous reçoit alors le 26 décembre à l’hôpital LAËNNEC de Nantes.
Il avait décrit, dans sa lettre de demande, l’intérêt de la « stimulation corticale » :
« Cette procédure est particulièrement intéressante chez les patients parkinsoniens car de nombreuses publications ont montré que la stimulation du cortex moteur pouvait améliorer les symptômes de la maladie de Parkinson. La SMTr peut s’envisager dans le cadre de deux procédures :
1 – la première procédure consiste à considérer que la SMTr est un test qui pourrait prédire l’effet d’une stimulation corticale par électrode implantée chirurgicalement. En effet, suite à une séance de SMTr (20 minutes), si un effet clair est obtenu dans la semaine qui suit la stimulation (effet transitoire de 5 à 8 jours), cela laisse envisager que la stimulation corticale chirurgicale pourra permettre d’améliorer le patient de façon durable. L’intervention est clairement moins invasive (pas de trajet intracérébral) et moins pénible (réalisée sous anesthésie générale) que la stimulation profonde. Elle pourra s’appliquer à des patients de plus de 70 ans. Elle a de plus donné des résultats sur des symptômes peu ou pas améliorés par la stimulation profonde, tel que les troubles de la parole et les phénomènes de « freezing ». Son effet sur les symptômes classiques de la maladie (tremblement, rigidité et akinésie) est clair (amélioration moyenne de 40 à 50%. Bien que les résultats soient légèrement inférieurs à ceux de la stimulation cérébrale profonde (amélioration moyenne de l’intensité des symptômes variant de 50 à 70%), ils sont généralement suffisants pour redonner une autonomie aux patients.
2 – La deuxième procédure consiste à considérer que la SMTr peut être, à elle seule, une modalité thérapeutique. On sait en effet que la répétition de séance de SMTr – une séance de 20 minutes répétée 3 à 5 jours de suite – peut entraîner un effet clinique qui peut durer 1 ou 2 mois. Pour obtenir un effet prolongé, il suffira de répéter les séances environ tous les deux mois, ce qui peut s’envisager sur le long terme et éviter une intervention. »…
Jean GRAVELEAU : Professeur, tout d’abord merci de nous accueillir dans votre service et de bien vouloir répondre à nos questions. En quoi consiste cette technique ?
J.P. N’GUYEN : Dans le cadre du traitement de la douleur à l’hôpital de Créteil, dès 1993, nous avons testé l’implantation d’une électrode sous la boîte crânienne sur la dure-mère au niveau du cortex moteur (à peu près au sommet du crâne). Cette stimulation corticale par électrode implantée a donné d’excellents résultats sur les douleurs. En 1997, une équipe italienne a appliquée cette intervention chez des patients parkinsoniens et a rapporté des améliorations constatées sur 20 patients.
Toujours à Créteil, le docteur PALFI a procédé à une étude chez le singe. Un projet d’application à l’homme, comme en Italie, est en cours et les premiers résultats sont encourageants.
Cette technique va pouvoir être utilisée pour des patients exclus de la stimulation profonde ou même avant que celle-ci ne soit programmée. La SMTr peut prédire le résultat des interventions de stimulation corticale par électrodes implantées. Les Docteurs FENELON et LEFAUCHEUR ont constaté sur 10 patients des améliorations, pendant trois semaines, de l’akinésie (20 à 30% en stimulation externe !) avec une séance unique de 20 minutes 3 jours de suite. Il n’y a pas d’effet secondaire puisqu’il s’agit d’une intervention externe.
Jean GRAVELEAU : Quelles peuvent être les améliorations de cette technique et qu’est ce qui empêche son développement ?
J.P. N’GUEN : Cela peut encore être amélioré par la répétition des séances. Pour ce faire, l’aide d’un logiciel de « navigation » couplé avec un IRM devrait permettre d’affiner et de préciser le lieu d’intervention de l’électrode externe.
Il existe un protocole de recherche à Henri Mondor (CRETEIL); une deuxième équipe est déjà constituée ici à Nantes avec le professeur DAMIER, Yann PEREON et moi-même. Il nous manque le matériel et c’est l’objet de notre demande d’aide. Le C.H.U. s’engagerait sur l’acquisition du « navigateur » si nous trouvons le financement de l’appareil de stimulation.
Cette technique est extrêmement prometteuse tant pour la maladie de Parkinson mais aussi pour tous les phénomènes, mal connus, de douleurs et de dystonies douloureuses telles que peut en provoquer la sclérose en plaque par exemple.
La simplicité de cette technique ne demande pas un très long apprentissage et un neurophysiologiste formé peut l’utiliser facilement : il n’y a pas nécessité d’une lourde équipe d’intervention.
En conclusion, une question nous vient à l’esprit :
Comment se fait-il qu’une technique efficace, qui semble relativement simple et surtout beaucoup moins invasive que la stimulation profonde, ne bénéficie pas d’un développement plus important ? Y aurait-il des raisons financières ? Y aurait-il une hésitation à s’éloigner des traitements médicamenteux ?
Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr
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Bonjour,
Atteint par la Maladie de Parkinson,depuis une dizaine d« années.
Traitement : Pompe à Apokinon.
Principaux problèmes : Marche — Freezing, Langage.
Avoir plus de renseignements sur cette technique
qui s’avère prometteuse.
Gilles Mathieu
Commentaire by MATHIEU — 3 juin 2008 #