Ne pas être qu'un "patient" ...

La stimulation corticale : Interview du professeur N’GUYEN

Paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°28 — mars 2007

Le 26 décembre 2006

Le 5 décembre dernier, « CECAP Recherche » reçoit, de la part du Profes­seur N’GUYEN, une demande de soutien finan­cier pour l’acquisition d’un appa­reil de stimu­la­tion magné­tique trans­crâ­nienne répé­ti­tive (SMTr). Nous avons voulu en savoir plus sur cette tech­nique nova­trice et encore peu prati­quée qui repré­sente un espoir et une évolu­tion dans le trai­te­ment de la mala­die de Parkin­son. Le Profes­seur N’GUYEN nous reçoit alors le 26 décembre à l’hôpital LAËNNEC de Nantes.

Il avait décrit, dans sa lettre de demande, l’intérêt de la « stimu­la­tion corticale » :

« Cette procé­dure est parti­cu­liè­re­ment inté­res­sante chez les patients parkin­so­niens car de nombreuses publi­ca­tions ont montré que la stimu­la­tion du cortex moteur pouvait amélio­rer les symp­tômes de la mala­die de Parkin­son. La SMTr peut s’envisager dans le cadre de deux procédures :

1 – la première procé­dure consiste à consi­dé­rer que la SMTr est un test qui pour­rait prédire l’effet d’une stimu­la­tion corti­cale par élec­trode implan­tée chirur­gi­ca­le­ment. En effet, suite à une séance de SMTr (20 minutes), si un effet clair est obtenu dans la semaine qui suit la stimu­la­tion (effet tran­si­toire de 5 à 8 jours), cela laisse envi­sa­ger que la stimu­la­tion corti­cale chirur­gi­cale pourra permettre d’améliorer le patient de façon durable. L’intervention est clai­re­ment moins inva­sive (pas de trajet intra­cé­ré­bral) et moins pénible (réali­sée sous anes­thé­sie géné­rale) que la stimu­la­tion profonde. Elle pourra s’appliquer à des patients de plus de 70 ans. Elle a de plus donné des résul­tats sur des symp­tômes peu ou pas amélio­rés par la stimu­la­tion profonde, tel que les troubles de la parole et les phéno­mènes de « free­zing ». Son effet sur les symp­tômes clas­siques de la mala­die (trem­ble­ment, rigi­dité et akiné­sie) est clair (amélio­ra­tion moyenne de 40 à 50%. Bien que les résul­tats soient légè­re­ment infé­rieurs à ceux de la stimu­la­tion céré­brale profonde (amélio­ra­tion moyenne de l’intensité des symp­tômes variant de 50 à 70%), ils sont géné­ra­le­ment suffi­sants pour redon­ner une auto­no­mie aux patients.

2 – La deuxième procé­dure consiste à consi­dé­rer que la SMTr peut être, à elle seule, une moda­lité théra­peu­tique. On sait en effet que la répé­ti­tion de séance de SMTr – une séance de 20 minutes répé­tée 3 à 5 jours de suite – peut entraî­ner un effet clinique qui peut durer 1 ou 2 mois. Pour obte­nir un effet prolongé, il suffira de répé­ter les séances envi­ron tous les deux mois, ce qui peut s’envisager sur le long terme et éviter une intervention. »…

Jean GRAVELEAU : Profes­seur, tout d’abord merci de nous accueillir dans votre service et de bien vouloir répondre à nos ques­tions. En quoi consiste cette technique ?

J.P. N’GUYEN : Dans le cadre du trai­te­ment de la douleur à l’hôpital de Créteil, dès 1993, nous avons testé l’implantation d’une élec­trode sous la boîte crânienne sur la dure-​mère au niveau du cortex moteur (à peu près au sommet du crâne). Cette stimu­la­tion corti­cale par élec­trode implan­tée a donné d’excellents résul­tats sur les douleurs. En 1997, une équipe italienne a appli­quée cette inter­ven­tion chez des patients parkin­so­niens et a rapporté des amélio­ra­tions consta­tées sur 20 patients.

Toujours à Créteil, le docteur PALFI a procédé à une étude chez le singe. Un projet d’application à l’homme, comme en Italie, est en cours et les premiers résul­tats sont encourageants.

Cette tech­nique va pouvoir être utili­sée pour des patients exclus de la stimu­la­tion profonde ou même avant que celle-​ci ne soit program­mée. La SMTr peut prédire le résul­tat des inter­ven­tions de stimu­la­tion corti­cale par élec­trodes implan­tées. Les Docteurs FENELON et LEFAUCHEUR ont constaté sur 10 patients des amélio­ra­tions, pendant trois semaines, de l’akinésie (20 à 30% en stimu­la­tion externe !) avec une séance unique de 20 minutes 3 jours de suite. Il n’y a pas d’effet secon­daire puisqu’il s’agit d’une inter­ven­tion externe.

Jean GRAVELEAU : Quelles peuvent être les amélio­ra­tions de cette tech­nique et qu’est ce qui empêche son développement ?

J.P. N’GUEN : Cela peut encore être amélioré par la répé­ti­tion des séances. Pour ce faire, l’aide d’un logi­ciel de « navi­ga­tion » couplé avec un IRM devrait permettre d’affiner et de préci­ser le lieu d’intervention de l’électrode externe.

Il existe un proto­cole de recherche à Henri Mondor (CRETEIL); une deuxième équipe est déjà consti­tuée ici à Nantes avec le profes­seur DAMIER, Yann PEREON et moi-​même. Il nous manque le maté­riel et c’est l’objet de notre demande d’aide. Le C.H.U. s’engagerait sur l’acquisition du « navi­ga­teur » si nous trou­vons le finan­ce­ment de l’appareil de stimulation.

Cette tech­nique est extrê­me­ment promet­teuse tant pour la mala­die de Parkin­son mais aussi pour tous les phéno­mènes, mal connus, de douleurs et de dysto­nies doulou­reuses telles que peut en provo­quer la sclé­rose en plaque par exemple.

La simpli­cité de cette tech­nique ne demande pas un très long appren­tis­sage et un neuro­phy­sio­lo­giste formé peut l’utiliser faci­le­ment : il n’y a pas néces­sité d’une lourde équipe d’intervention.

En conclu­sion, une ques­tion nous vient à l’esprit :
Comment se fait-​il qu’une tech­nique effi­cace, qui semble rela­ti­ve­ment simple et surtout beau­coup moins inva­sive que la stimu­la­tion profonde, ne béné­fi­cie pas d’un déve­lop­pe­ment plus impor­tant ? Y aurait-​il des raisons finan­cières ? Y aurait-​il une hési­ta­tion à s’éloigner des trai­te­ments médicamenteux ?

Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonjour,
    Atteint par la Mala­die de Parkinson,depuis une dizaine d« années.
    Trai­te­ment : Pompe à Apokinon.
    Prin­ci­paux problèmes : Marche — Free­zing, Langage.
    Avoir plus de rensei­gne­ments sur cette technique
    qui s’avère prometteuse.

    Gilles Mathieu

    Commentaire by MATHIEU — 3 juin 2008 #

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