Malade de Parkinson, son traitement l’entraîne dans l’enfer du jeu
Publié le 21 octobre 2007 à 06:10Paru originellement dans Presse Océan du 18 octobre 2007, mais également repéré sur le site mondefrancoparkinson.com.
Didier espère que son histoire pourra faire avancer d’autres cas.
Lui attend maintenant ses indemnités pour offrir un nouveau départ à sa famille.
Un habitant de l’agglomération nantaise, atteint de la maladie de Parkinson, est devenu accro aux jeux d’argent à cause de son traitement. Le laboratoire médical et son ancien neurologue ont été reconnus responsables et vont devoir l’indemniser. Une première en France.
Maintenant les malades savent qu’un médicament peut avoir des effets secondaires et qu’il faut le signaler ». Le message est clair, le parcours exemplaire. En 2003, Didier J. a 43 ans. Il est cadre dans une grande entreprise et très impliqué dans la vie locale. « Plutôt sportif et en bonne santé », il ressent « du jour au lendemain » une grande fatigue musculaire.
Après examens, le premier neurologue qu’il consulte diagnostique la maladie de Parkinson. Des agonistes dopaminergiques lui sont prescrits. Ces médicaments viennent pallier le manque de dopamine qui caractérise la maladie de Parkinson.
Il vole ses proches, ses amis …
« Ce traitement me donnait une énergie folle, témoigne Didier. Je partais faire des footings à 5 h ». À l’été 2004, la frénésie sportive laisse place à « une irrépressible envie de jouer de l’argent ». Didier devient accro au PMU et aux sites de jeux sur internet. « J’ai vite misé 10 000 € par mois. Je jouais pour jouer, pas pour gagner », raconte Didier qui estime avoir perdu « 120 000 à 130 000 € en quatorze mois ».
Une fois les économies familiales dilapidées, Didier vole ses proches, amis et collègues. « J’ai même revendu des jouets de mes enfants ». Face à une addiction qu’il peine à expliquer, il se renferme. Il tente de se suicider plusieurs fois et sa famille ne sait comment l’aider. L’espoir renaît lorsque, sur internet, Didier découvre des témoignages analogues à ce qu’il vit. Lors d’une hospitalisation, il en parle à un second neurologue, le professeur Philippe Damier, chef du service neurologie au CHU de Nantes.
Ce dernier fait stopper le traitement. Les troubles comportementaux de Didier s’estompent progressivement.
« Un préjudice de 400 000 € »
Entre-temps, les numéros usurpés de cartes bancaires qu’il a utilisés sur internet font remonter la police jusqu’à lui. Il est placé en garde à vue, son domicile est perquisitionné. « Policiers, gendarmes et magistrats ont été compréhensifs, mon histoire a dû leur sembler crédible ». La justice déclare Didier irresponsable de ses actes au moment des faits.
Didier lance une procédure devant la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI) des accidents médicaux : « Les effets indésirables du traitement étaient connus dans le milieu médical. Mon neurologue et le laboratoire auraient dû être clairs à ce sujet ». En avril dernier, l’expertise menée par le CRCI lui donne raison, il sera indemnisé. Didier chiffre son préjudice financier et moral à 400 000 €, il touchera sûrement moins.
Toujours confronté à sa maladie, Didier a retrouvé sa dignité mais continue à être pointé du doigt par d’anciens amis et des habitants de son quartier : « Je suis pourtant victime dans cette histoire. C’est terrible de se sentir exclu alors que mon employeur et ma banque, eux, me refont confiance. Désormais, j’attends mon argent pour régler mes dettes et déménager pour offrir un nouveau départ à ma famille ».
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Le verdict approche …
http://tf1.lci.fr/infos/sciences/sante/0„3625656,00-quelles-indemnites-pour-etre-devenu-accro-aux-jeux-.html
Commentaire by GP29 — 20 novembre 2007 #