Ne pas être qu'un "patient" ...

La vie d’un aidant « naturel » d’une personne atteinte de la maladie de Parkinson

Paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°29 – juin 2007

Si l’annonce du diag­nos­tic est une grande souf­france pour celui qui en est atteint, elle l’est bien évidem­ment aussi pour l’entourage proche de cette personne.

Elle l’est à deux niveaux. D’une part pour la personne la plus proche du malade parce qu’elle perçoit combien le malade est ébranlé par cette nouvelle, et d’autre part parce qu’elle entre­voit l’impact que cette mala­die va avoir sur sa propre vie .

Elle prend conscience qu’elle va deve­nir l’aidant natu­rel de cette personne.

Cela est souvent un choc émotion­nel intense, mais ce ressenti est souvent relé­gué au second plan car la ques­tion du deve­nir du malade semble plus impor­tante et surtout poli­ti­que­ment plus correct et pour­tant la mala­die vient remettre en cause la place de chacun, elle vient redis­tri­buer des rôles qui jusqu’alors impli­ci­te­ment parti­ci­paient à l’équilibre du couple : en effet comment de ne plus être soutenu par son conjoint mais être sans cesse dans la situa­tion de le soute­nir ? Comment faire avec le senti­ment de ne plus vivre le plus souvent avec la personne aimée mais plus avec un parkin­so­nien ou une parkinsonienne ?

Quels vont être les risques pour la personne elle-​même et pour le couple ?

  • Quand jour après jour au fil des années il faut vivre avec l’objectif des gestes répé­ti­tifs qu’imposent la mala­die et qui vont ryth­mer la journée ?
  • Quand se rétré­cissent peu à peu les champs géogra­phiques et celui des rela­tions sociales ?
  • Quand imper­cep­ti­ble­ment l’aidant occulte de plus en plus ses propres désirs et ses propres projets ?

Que peut-​il nous dire sur son ressenti si toute­fois il s’autorise à le dire et même à le penser ?

En effet la solli­ci­tude et la compas­sion de l’environnement vont toujours en premier vers le malade qui est le plus à plaindre, qui est péna­lisé, qui est victime d’une injus­tice, d’une mala­die… autant de ques­tions qui traversent ou habitent chacun à des degrés divers avec plus ou moins de souf­france, de révolte ou de rési­gna­tion jusqu’à deve­nir pour certains un véri­table fardeau ; comment et où lorsque l’on a de forts liens affec­tifs avec une personne aidée expri­mer son senti­ment de révolte, de désespérance… ?

Quels sont surtout les risques autant sur le plan psychique que sur le plan physique encou­rus, si l’aidant reste dans son isole­ment, sa souffrance ?

Ne risquerait-​il pas d’épuiser toutes ses ressources internes ?

Ces souf­frances ne sont pas facile à expri­mer car inter­viennent là des valeurs d’ordre social, reli­gieux et éduca­tif qui cimentent notre société et ne prennent pas en compte la notion de fragi­lité indi­vi­duelle qui fait que chaque personne aura des capa­ci­tés diffé­rentes à gérer des situa­tions de stress comme celles qui consistent à s’adapter au handi­cap et à l’évolution de la mala­die. Dépen­dant de cette situa­tion il devra souvent renon­cer à certains de ses désirs et à ses projets d’avenir.

Etre toujours fort est un leurre qui risque d’amener l’aidant vers la mala­die psychique d’une part, telle la dépres­sion, et physique d’autre part car elle risque d’épuiser ses ressources.

Les lieux de paroles que nous avons mis en place aujourd’hui ont tout simple­ment pour but :

  • De permettre à chacun d’exprimer et de parta­ger son propre ressenti en toute confidentialité
  • De commen­cer à déga­ger des solu­tions que certains ont déjà mis en place afin de préve­nir son épuisement.

Chan­tal FLEURY psycho­logue clinicienne
Trans­mis par l’association de La Manche 

2 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonsoir Laurence,
    La dysar­thrie est égale­ment un des effets secon­daires de la neuro­sti­mu­la­tion, mon épouse, Parkin­so­nienne évoluée, en est affec­tée après cette inter­ven­tion (bien­tôt 8 ans main­te­nant). Je vous trou­ve­rai égale­ment des témoi­gnages au sein de l’as­so­cia­tion dépar­te­men­tale (Manche)que j’anime. Vous pouvez me joindre par mail pour voir la forme d’aide que vous souhaitez.
    Cordialement
    Pierre Lemay

    Commentaire by Pierre Lemay — 9 décembre 2007 #

  2. Bonjour,
    Etudiant infir­mière en 3ème année, je prépare actuel­le­ment un travail de fin d’étude sur le thème de l’ai­dant natu­rel auprès d’un patient atteient de mala­die de Parkin­son, et notam­ment lorsque celui ci souffre de dysarthrie.
    Auriez-​vous des infos concer­nant ce sujet, en ce qui concerne l’in­fluence de cet aidant au niveau de la prise en soin infir­mière et média­cel en milieu hospi­ta­lier, etc …
    Merci pour votre aide qui me serait précieuse … !

    Commentaire by laurence banes — 3 décembre 2007 #

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