Ne pas être qu'un "patient" ...

Avez-​vous dit fatigué ?

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°33 – juin 2008

Avez-​vous dit fatigué ?
Extrait du PARKINSON MAGAZINE de Décembre 2007
Publi­ca­tion de l’Association Parkin­son Belge
Trans­mis par Pierre LEMAY

Déjà défi­nir le symp­tôme de la fatigue dans la mala­die de Parkin­son est diffi­cile. Ce symp­tôme non moteur est même diffi­ci­le­ment décrit par le patient lui-​même. Le patient rapporte très souvent l’exis­tence d’une absence d’un manque d’éner­gie et une diffi­culté à initier et à main­te­nir une acti­vité motrice quelle qu’elle soit. Souvent cette absence d’éner­gie, cette fatigue est décrite de façon très intense par diffé­rentes formules comme « se sent vidé ou mes piles sont à plat ».

Le stress semble jouer un rôle aggra­vant. On se pose la ques­tion d’une rela­tion entre la fatigue et d’autres symp­tômes non moteurs. La litté­ra­ture semble appor­ter des éléments pour dire que la fatigue que l’on rencontre dans la mala­die de Parkin­son n’est pas liée au degré de tendance à l’en­dor­mis­se­ment diurne ou au degré des problèmes de sommeil. La fatigue semble égale­ment être indé­pen­dante de la dépres­sion. Cepen­dant, on rapporte une rela­tion poten­tielle entre l’exis­tence de troubles cogni­tifs et l’im­por­tance de la fatigue.

Ce qu’il est impor­tant de souli­gner est la haute préva­lence de ce symp­tôme chez les patients atteints de mala­die de Parkin­son : elle oscille entre 33 et 58%. Envi­ron 1 patient sur 3 consi­dère que la fatigue est son symp­tôme le plus pertur­bant dans l’ac­ti­vité de tous les jours. Souli­gnons égale­ment que 2 patients sur 3 lors­qu’ils décrivent leur fatigue vont rappor­ter qu’elle est diffé­rente de celle qu’ils ressen­taient avant le début de leur maladie.

Alors que ce symp­tôme est prati­que­ment présent chez un patient sur deux, il est cepen­dant clai­re­ment sous-​reconnu. En effet, la litté­ra­ture rapporte clai­re­ment que les méde­cins recon­naissent très mal ce symp­tôme chez leurs patients. Un travail a montré que la concor­dance entre l’im­pres­sion du clini­cien et du patient sur ce point précis qu’est la fatigue était faible (25%). En fait ce symp­tôme dans la mala­die de Parkin­son est seule­ment de recon­nais­sance récente, ce qui est démon­tré par son absence dans l’échelle UPDRS.

Les méca­nismes physio­pa­tho­lo­giques pouvant expli­quer l’exis­tence fréquente de ce symp­tôme dans la mala­die de Parkin­son sont encore incon­nus. On peut penser qu’il existe une inter­ac­tion impor­tante entre fatigue, douleur, dépres­sion, inac­ti­vité et décon­di­tion­ne­ment. Il a été observé une dimi­nu­tion de perfu­sion des lobes fron­taux. On suspecte une défi­cience en testo­sté­rone. Certaines équipes ont rapporté que la stimu­la­tion élec­trique profonde du noyau sous­-​thalamique pouvait entraî­ner une situa­tion de perte de moti­va­tion avec fatigue chez le patient parkin­so­nien. Il a égale­ment été observé que la fatigue muscu­laire durant l’ac­ti­vité physique était augmen­tée chez les patients avec mala­die de Parkin­son. Il semble­rait qu’il exis­te­rait plutôt une exci­ta­bi­lité des neurones moteurs corti­caux qu’une fatigue des fibres muscu­laires. Il a été montré égale­ment que le niveau de fatigue pouvait bais­ser si une acti­vité physique était prati­quée. Ce dernier fait encou­rage l’ac­ti­vité physique chez les patients atteints de mala­die de Parkin­son. Certains suspectent égale­ment une possi­bi­lité d’une acti­va­tion du système immunitaire.

Si la fatigue semble être un symp­tôme fréquent, il appa­raît aussi qu’elle peut être le premier symp­tôme dans la mala­die de Parkin­son. On n’ob­serve pas de corré­la­tion entre fatigue et problème moteur. Malheu­reu­se­ment, il n’existe pas de bons outils pour la quan­ti­fier. De plus, si certains travaux montrent l’in­dé­pen­dance entre fatigue et tendance à l’en­dor­mis­se­ment et dépres­sion, une confu­sion entre ces symp­tômes non moteurs est bien entendu possible. L’his­toire natu­relle de la fatigue dans la mala­die de Parkin­son est carac­té­ri­sée par sa plus grande fréquence au fur et à mesure de la mala­die et sa persis­tance dans plus d’un patient sur deux. Certains auteurs rapportent une rela­tion entre la fatigue et la sévé­rité de la mala­die de Parkin­son, la dépres­sion présente et la somno­lence, et ce de façon contra­dic­toire par rapport à d’autres études.

En cas de présence d’une fatigue recon­nue chez le patient parkin­so­nien, qu’elles sont les possi­bi­li­tés théra­peu­tiques ? Diffé­rentes moda­li­tés existent, l’ap­proche psycho­thé­ra­peu­tique est certai­ne­ment inté­res­sante, mais l’exer­cice physique codi­fié semble une autre bonne solu­tion, quant aux anti­dé­pres­seurs et stimu­lants ils sont à l’étude et peuvent être utili­sés en fonc­tion de l’ap­pré­cia­tion du clini­cien en charge.

Avez-​vous dit fati­gué ? Oui docteur, j’ai dit fati­gué, je me sens même très fati­gué… C’est là une affir­ma­tion qui mérite une plus grande écoute du monde médi­cal et certai­ne­ment plus de recherche par la commu­nauté scientifique.

Prof. Chris­tian Raftopoulos
Neuro­chi­rur­gie Cliniques Univer­si­taires St-​Luc, UCL

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