Ne pas être qu'un "patient" ...

Syndrome des jambes sans repos (SJSR)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56
Petit rappel d’un article de Jean-​Pierre Laga­dec, paru dans le numéro 50 du Parkin­so­nien Indé­pen­dant et complé­ment sur les recherches en cours.

Inter­ven­tion du Dr Imad GHORAYEB (Bordeaux) le 6/​04/​2013 :
Le syndrome des jambes sans repos (mala­die de Willis Ekbom) est une affec­tion sensori-​motrice qui se carac­té­rise par des dyses­thé­sies extrê­me­ment désa­gréables, touchant préfé­ren­tiel­le­ment les membres infé­rieurs et s’accompagnant d’un besoin irré­pres­sible de bouger. Les symp­tômes nette­ment plus sévères en fin de jour­née, sont aggra­vés par l’immobilité prolon­gée et sont partiel­le­ment soula­gés par le mouve­ment. Le SJSR appa­raît ainsi comme l’une des plus fréquentes patho­lo­gies neuro­lo­giques, il n’en reste pas moins une des plus sous diag­nos­ti­quées et mal prises en charge.

La physio­pa­tho­lo­gie du SJSR reste mal connue.

Deux hypo­thèses, celle d’un dysfonc­tion­ne­ment du système dopa­mi­ner­gique et celle d’un trouble du méta­bo­lisme du fer, semblent cepen­dant se complé­men­ter pour rendre compte des méca­nismes du SJSR. Dans l’état actuel des connais­sances, aucune de ces hypo­thèses n’a pu être véri­fiée de manière consen­suelle et ne peut clai­re­ment expli­quer les mani­fes­ta­tions cliniques de ce syndrome.

L’efficacité du trai­te­ment dopa­mi­ner­gique, l’aggravation par les neuro­lep­tiques et la fréquence élevée de surve­nue du SJSR dans la mala­die de Parkin­son sont à l’origine de l’hypothèse selon laquelle la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR serait liée à un possible « défi­cit dopa­mi­ner­gique ». Actuel­le­ment, aucune donnée scien­ti­fique ne permet de confir­mer cette hypo­thèse. Les études par image­rie céré­brale n’ont pas réussi à démon­trer des modi­fi­ca­tions cohé­rentes en faveur d’un défi­cit dopa­mi­ner­gique, aucune perte de neurones dopa­mi­ner­giques n’a été retrou­vée dans les études anato­mo­pa­tho­lo­giques et la recherche de marqueurs biolo­giques du méta­bo­lisme dopa­mi­ner­gique dans le liquide céphalo-​rachidien a, de manière inat­ten­due, montré une augmen­ta­tion de la 3‑O-​méthyldopa et de l’acide homo­va­nillique en faveur plutôt d’une augmen­ta­tion de l’activité dopaminergique.

L’hypothèse du fer est beau­coup plus convain­cante dans le SJSR. Contrai­re­ment à « l’hypothèse dopa­mi­ner­gique », l’ensemble des études, qu’elles soient basées sur la recherche de para­mètres biolo­giques, sur les données de l’imagerie céré­brale ou encore sur les résul­tats anato­mo­pa­tho­lo­giques, confirment le lien entre carence en fer et SJSR. 

Chez le petit animal carencé en fer, de fortes inter­ac­tions ont été démon­trées entre le méta­bo­lisme du fer et le système dopaminergique.

Les résul­tats préli­mi­naires obte­nus chez le primate non-​humain (PNH) montrent une rela­tion inverse entre la carence induite en fer et, d’une part, la produc­tion de dopa­mine in vivo et, d’autre part, l’augmentation de l’activité loco­mo­trice globale de l’animal.

Basé sur des données de la litté­ra­ture et sur les résul­tats de recherche fonda­men­tale menée au sein de l’Institut des Mala­dies Neuro­dé­gé­né­ra­tives (Univer­sité Bordeaux 2 CNRS UMR 5293) une mise en place d’un projet est envi­sa­gée concer­nant la recherche clinique visant à confir­mer, pour la première fois chez l’homme, les corré­la­tions inverses entre méta­bo­lisme du fer et méta­bo­lisme dopa­mi­ner­gique à la fois sur le plan biolo­gique et sur le plan de l’imagerie céré­brale. Les résul­tats devraient confir­mer l’hypothèse d’une hyper­ac­ti­va­tion du système dopa­mi­ner­gique dans le SJSR dans un contexte de carence biolo­gique en fer rendant compte ainsi du carac­tère circa­dien des symp­tômes du SJSR.

Les retom­bées de ce travail parfai­te­ment trans­la­tion­nel sont évidentes tant du point de vue de la compré­hen­sion de la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR que du point de vue de l’amélioration de la prise en charge théra­peu­tique des patients qui en sont affec­tés à travers des projets de recherche clinique futurs en rapport avec les résul­tats de ce projet.

Commu­ni­ca­tion du Dr Chris­telle MONACA (Lille) le 12/​04/​2013 :
En ce qui concerne les trai­te­ments, il faut insis­ter sur le fait qu’il est indis­pen­sable de trai­ter tout patient ayant une forme sévère à très sévère d’autant que certaines études récentes pour­raient lais­ser suppo­ser que le SJSR serait un facteur de risque cardio vascu­laire et parti­cu­liè­re­ment hyper tension artérielle.

Le choix du trai­te­ment entre les trois agonistes dopa­mi­ner­giques (Adar­trel, Sifrol et Neupro) doit être fait (par le neuro­logue) en fonc­tion de la durée des symp­tômes chez chaque patient car chaque molé­cule a une demie-​vie (durée pendant laquelle elle agit) différente.

Il est impor­tant de ne pas dépas­ser les doses maxi­males auto­ri­sées du fait du risque de syndrome d’augmentation (appa­ri­tion des symp­tômes dans d‘autres parties du corps et/​ou plus tôt dans la journée).

Il faut noter égale­ment le fait qu’il ne faut pas trai­ter les cas de SJSR légers et modé­rés en parti­cu­lier si ceux-​ci ne surviennent que très ponctuellement.

Au niveau de la physio­pa­tho­lo­gie, des études géné­tiques ont permis de montrer l’implication de 4 loci (empla­ce­ment physique précis et inva­riable sur un chromosome).

Le fer et la dopa­mine gardent une place impor­tante dans la physio­pa­tho­lo­gie du SJSR.

Une étude clinique en cours sur Stras­bourg et Lille teste un produit natu­rel qui pour­rait venir au moins en complé­ment des trai­te­ments habi­tuels pour permettre un meilleur soula­ge­ment. Ce produit, à base de fer pour­rait ensuite, si les résul­tats de cette étude sont concluants, être testé à plus grande échelle avec un nombre de patients impor­tants qui seraient alors suivis dans plusieurs centres (étude multicentrique).

Info trans­mises par Renée Dufant

3 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonjour, je prends du Sifrol depuis 7 ans. SJSR agravé lors de ma gros­sesse (ma mère en souffre égale­ment). J’ai d’abord pris 1 comprimé de Sifrol, depuis 2 ans je m’en sors avec seule­ment 1/​2 mais ça reste indis­pen­sable. Je teste depuis une semaine une alter­na­tive. 1 cuiller à café d’EPS de Mucuna Pruriens, de la dopa­mine natu­relle si j’ai bien compris. Asso­cié à 1 càc d’EPS d’Es­chol­zia. Trai­te­ment cher et non remboursé. J’es­saye car je souhaite être à nouveau enceinte et le Sifrol n’est pas recom­mandé. Les premiers jours sont diffi­ciles à vivre (et que dire des nuits !) Qu’en pensez-​vous ? Par ailleurs, est-​ce qu’il y a un risque de trans­mis­sion si je tombe enceinte ? (j’ai 45 ans). Merci

    Commentaire by Laurence — 11 janvier 2018 #

  2. Je suis méde­cin mais aussi.. patient !

    J’ai souf­fert du SJSR depuis plusieurs années. Il se mani­fes­tait au coucher et jusqu’à l’endormissement.

    Je souf­frais aussi d’une tran­sit intes­ti­nal parfois diffi­cile, en raison d’une bride résul­tant d’une séquelle d’appendicectomie.

    A l’oc­ca­sion d’une « tourista » violente au retour d’un voyage en extrème orient, est surve­nue une occlu­sion intes­ti­nale. L’opé­ra­tion m’a permis de recou­vrer un tran­sit normal et.…la dispa­ri­tion presque totale de mon SJSR.

    C’est ce qui m’a suggéré l’hy­po­thèse qu’une diffi­culté de l’onde péris­ta­tique pour­rait être à l’ori­gine d’une réflexe plus ou moins complexe, abou­tis­sant à la néces­sité de secouer le bassin et/​ou les jambes.

    Qu’en penser ?

    Commentaire by Auriol — 11 novembre 2014 #

  3. Bonsoir,

    A la lecture du docu­ment ci-​dessus, je me permets d’in­for­mer sur un trai­te­ment homéo­pa­tique pour le syndrome des jambes sans repos.

    J’en ai souf­fert pendant de nombreuses années, jusqu’à la recom­man­da­tion d’un méde­cin homéo­pathe, qui m’a pres­crit des granules de zincum métal­li­cum en 9 ch. L’ef­fet pour moi a été immédiat.

    Si cela peut aider quelques personnes !

    Commentaire by Kraemer christiane — 12 juillet 2014 #

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