Syndrome des jambes sans repos (SJSR)
Publié le 03 avril 2014 à 16:03Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°56
Petit rappel d’un article de Jean-Pierre Lagadec, paru dans le numéro 50 du Parkinsonien Indépendant et complément sur les recherches en cours.
Intervention du Dr Imad GHORAYEB (Bordeaux) le 6/04/2013 :
Le syndrome des jambes sans repos (maladie de Willis Ekbom) est une affection sensori-motrice qui se caractérise par des dysesthésies extrêmement désagréables, touchant préférentiellement les membres inférieurs et s’accompagnant d’un besoin irrépressible de bouger. Les symptômes nettement plus sévères en fin de journée, sont aggravés par l’immobilité prolongée et sont partiellement soulagés par le mouvement. Le SJSR apparaît ainsi comme l’une des plus fréquentes pathologies neurologiques, il n’en reste pas moins une des plus sous diagnostiquées et mal prises en charge.
La physiopathologie du SJSR reste mal connue.
Deux hypothèses, celle d’un dysfonctionnement du système dopaminergique et celle d’un trouble du métabolisme du fer, semblent cependant se complémenter pour rendre compte des mécanismes du SJSR. Dans l’état actuel des connaissances, aucune de ces hypothèses n’a pu être vérifiée de manière consensuelle et ne peut clairement expliquer les manifestations cliniques de ce syndrome.
L’efficacité du traitement dopaminergique, l’aggravation par les neuroleptiques et la fréquence élevée de survenue du SJSR dans la maladie de Parkinson sont à l’origine de l’hypothèse selon laquelle la physiopathologie du SJSR serait liée à un possible « déficit dopaminergique ». Actuellement, aucune donnée scientifique ne permet de confirmer cette hypothèse. Les études par imagerie cérébrale n’ont pas réussi à démontrer des modifications cohérentes en faveur d’un déficit dopaminergique, aucune perte de neurones dopaminergiques n’a été retrouvée dans les études anatomopathologiques et la recherche de marqueurs biologiques du métabolisme dopaminergique dans le liquide céphalo-rachidien a, de manière inattendue, montré une augmentation de la 3‑O-méthyldopa et de l’acide homovanillique en faveur plutôt d’une augmentation de l’activité dopaminergique.
L’hypothèse du fer est beaucoup plus convaincante dans le SJSR. Contrairement à « l’hypothèse dopaminergique », l’ensemble des études, qu’elles soient basées sur la recherche de paramètres biologiques, sur les données de l’imagerie cérébrale ou encore sur les résultats anatomopathologiques, confirment le lien entre carence en fer et SJSR.
Chez le petit animal carencé en fer, de fortes interactions ont été démontrées entre le métabolisme du fer et le système dopaminergique.
Les résultats préliminaires obtenus chez le primate non-humain (PNH) montrent une relation inverse entre la carence induite en fer et, d’une part, la production de dopamine in vivo et, d’autre part, l’augmentation de l’activité locomotrice globale de l’animal.
Basé sur des données de la littérature et sur les résultats de recherche fondamentale menée au sein de l’Institut des Maladies Neurodégénératives (Université Bordeaux 2 CNRS UMR 5293) une mise en place d’un projet est envisagée concernant la recherche clinique visant à confirmer, pour la première fois chez l’homme, les corrélations inverses entre métabolisme du fer et métabolisme dopaminergique à la fois sur le plan biologique et sur le plan de l’imagerie cérébrale. Les résultats devraient confirmer l’hypothèse d’une hyperactivation du système dopaminergique dans le SJSR dans un contexte de carence biologique en fer rendant compte ainsi du caractère circadien des symptômes du SJSR.
Les retombées de ce travail parfaitement translationnel sont évidentes tant du point de vue de la compréhension de la physiopathologie du SJSR que du point de vue de l’amélioration de la prise en charge thérapeutique des patients qui en sont affectés à travers des projets de recherche clinique futurs en rapport avec les résultats de ce projet.
Communication du Dr Christelle MONACA (Lille) le 12/04/2013 :
En ce qui concerne les traitements, il faut insister sur le fait qu’il est indispensable de traiter tout patient ayant une forme sévère à très sévère d’autant que certaines études récentes pourraient laisser supposer que le SJSR serait un facteur de risque cardio vasculaire et particulièrement hyper tension artérielle.
Le choix du traitement entre les trois agonistes dopaminergiques (Adartrel, Sifrol et Neupro) doit être fait (par le neurologue) en fonction de la durée des symptômes chez chaque patient car chaque molécule a une demie-vie (durée pendant laquelle elle agit) différente.
Il est important de ne pas dépasser les doses maximales autorisées du fait du risque de syndrome d’augmentation (apparition des symptômes dans d‘autres parties du corps et/ou plus tôt dans la journée).
Il faut noter également le fait qu’il ne faut pas traiter les cas de SJSR légers et modérés en particulier si ceux-ci ne surviennent que très ponctuellement.
Au niveau de la physiopathologie, des études génétiques ont permis de montrer l’implication de 4 loci (emplacement physique précis et invariable sur un chromosome).
Le fer et la dopamine gardent une place importante dans la physiopathologie du SJSR.
Une étude clinique en cours sur Strasbourg et Lille teste un produit naturel qui pourrait venir au moins en complément des traitements habituels pour permettre un meilleur soulagement. Ce produit, à base de fer pourrait ensuite, si les résultats de cette étude sont concluants, être testé à plus grande échelle avec un nombre de patients importants qui seraient alors suivis dans plusieurs centres (étude multicentrique).
Info transmises par Renée Dufant
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Bonjour, je prends du Sifrol depuis 7 ans. SJSR agravé lors de ma grossesse (ma mère en souffre également). J’ai d’abord pris 1 comprimé de Sifrol, depuis 2 ans je m’en sors avec seulement 1/2 mais ça reste indispensable. Je teste depuis une semaine une alternative. 1 cuiller à café d’EPS de Mucuna Pruriens, de la dopamine naturelle si j’ai bien compris. Associé à 1 càc d’EPS d’Escholzia. Traitement cher et non remboursé. J’essaye car je souhaite être à nouveau enceinte et le Sifrol n’est pas recommandé. Les premiers jours sont difficiles à vivre (et que dire des nuits !) Qu’en pensez-vous ? Par ailleurs, est-ce qu’il y a un risque de transmission si je tombe enceinte ? (j’ai 45 ans). Merci
Commentaire by Laurence — 11 janvier 2018 #
Je suis médecin mais aussi.. patient !
J’ai souffert du SJSR depuis plusieurs années. Il se manifestait au coucher et jusqu’à l’endormissement.
Je souffrais aussi d’une transit intestinal parfois difficile, en raison d’une bride résultant d’une séquelle d’appendicectomie.
A l’occasion d’une « tourista » violente au retour d’un voyage en extrème orient, est survenue une occlusion intestinale. L’opération m’a permis de recouvrer un transit normal et.…la disparition presque totale de mon SJSR.
C’est ce qui m’a suggéré l’hypothèse qu’une difficulté de l’onde péristatique pourrait être à l’origine d’une réflexe plus ou moins complexe, aboutissant à la nécessité de secouer le bassin et/ou les jambes.
Qu’en penser ?
Commentaire by Auriol — 11 novembre 2014 #
Bonsoir,
A la lecture du document ci-dessus, je me permets d’informer sur un traitement homéopatique pour le syndrome des jambes sans repos.
J’en ai souffert pendant de nombreuses années, jusqu’à la recommandation d’un médecin homéopathe, qui m’a prescrit des granules de zincum métallicum en 9 ch. L’effet pour moi a été immédiat.
Si cela peut aider quelques personnes !
Commentaire by Kraemer christiane — 12 juillet 2014 #