Ne pas être qu'un "patient" ...

Une plante africaine contre les maladies d’Alzheimer et de Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°58

Le Point.fr le 10 août 2014
Par Sophie Bartczak 

Au large du Gabon, dans le golfe de Guinée, l’ar­chi­pel de Sao Tomé-​et-​Principe est un des plus petits d’Afrique ‑moins de 200 000 habitants‑, consti­tué de deux îles prin­ci­pales. Cette ancienne colo­nie portu­gaise isolée du conti­nent afri­cain abrite une biodi­ver­sité unique, au niveau tant de la faune que de la flore. Une richesse qui inté­resse de près les scien­ti­fiques et qui pour­rait s’avé­rer un formi­dable espoir pour les patients atteints de troubles neuro­dé­gé­né­ra­tifs tels que la mala­die d’Alz­hei­mer ou de Parkinson.

Depuis des siècles, les guéris­seurs locaux pres­crivent des feuilles et de l’écorce d’un arbuste local, le Voacanga afri­cana, pour dimi­nuer l’in­flam­ma­tion et soula­ger les troubles mentaux. Le pouvoir de ces plantes pour­rait bien dépas­ser les croyances locales. En effet, les scien­ti­fiques du Salk Insti­tute for Biolo­gi­cal Studies, un centre de recherche améri­cain, ont décou­vert qu’un de ses compo­sés semble proté­ger les cellules des alté­ra­tions liées à la mala­die d’Alz­hei­mer, de Parkin­son et à la dégé­né­res­cence consé­cu­tive aux AVC. Les résul­tats viennent d’être publiés cette semaine dans le Jour­nal of Ethno­phar­ma­co­logy.

Neuro­pro­tec­teur et anti-inflammatoire : 
En colla­bo­ra­tion avec les guéris­seurs tradi­tion­nels locaux, les scien­ti­fiques ont étudié trois espèces de plantes de la petite île afri­caine qui auraient, d’après les prati­ciens, des effets sur le système nerveux. L’équipe a testé chaque échan­tillon avec des cellules humaines et des cellules de souris pour évaluer leur impact sur la neuro­dé­gé­né­res­cence. Les cher­cheurs ont notam­ment testé la capa­cité des extraits végé­taux à proté­ger les cellules du stress oxyda­tif, un proces­sus en cause dans les dommages sur l’ADN et la neuro­dé­gé­né­res­cence liée à l’âge. Ils ont égale­ment évalué les proprié­tés anti-​inflammatoires des compo­sés et mesuré la capa­cité des végé­taux à bloquer l’ac­cu­mu­la­tion de peptides bêta-​amyloïdes dans les neurones, un phéno­mène lié à la mala­die d’Alzheimer.

Les cher­cheurs avouent avoir été très surpris par la puis­sance de ces premiers essais. Une plante a en parti­cu­lier attiré leur atten­tion : le Voacanga afri­cana, un arbuste local dont les premiers résul­tats se sont avérés parti­cu­liè­re­ment promet­teurs, même à de faibles doses. L’ef­fet anti-​inflammatoire et neuro­pro­tec­teur de cette plante est essen­tiel­le­ment lié à une molé­cule, la voaca­mine, un alca­loïde puis­sant. Ce composé spéci­fique laisse présa­ger un poten­tiel phar­ma­co­lo­gique pour trai­ter la mala­die d’Alz­hei­mer, de Parkin­son ou les suites d’AVC.

Eldo­rado végétal : 
Le Voacanga afri­cana est un petit arbre d’Afrique qui peut atteindre six mètres et dont les diffé­rentes parties (écorce, graines, feuilles) sont la base d’un grand nombre de remèdes tradi­tion­nels dans plusieurs pays d’Afrique. Il est notam­ment utilisé contre l’hy­per­ten­sion, les œdèmes, et appré­cié pour ses vertus calmantes, aphro­di­siaques, voire pour les expé­riences vision­naires de certains sorciers afri­cains ! Ses diffé­rents compo­sés actifs inté­ressent de près les scien­ti­fiques et ont déjà été étudiés par l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique, notam­ment pour certaines patho­lo­gies cardiaques. Est-​ce que l’ar­buste de Sao Tomé-​et-​Principe offrira plus que ses congé­nères d’autres régions ? L’étude ne le dit pas, mais les scien­ti­fiques vont pour­suivre leurs inves­ti­ga­tions et espèrent décou­vrir d’autres trésors dans cet eldo­rado végé­tal reconnu dans le monde entier pour sa pharmacopée.

Plus de 100 espèces de plantes sont en effet exclu­sives à ce pays. Alors que les savoirs des guéris­seurs tradi­tion­nels mena­çaient de s’éteindre faute de trans­mis­sion orale aux jeunes géné­ra­tions, une ethno­bo­ta­niste portu­gaise, Maria do Céu Madu­reira, a rassem­blé durant vingt ans ces connais­sances, qui ont été publiées dans un recueil rassem­blant des infor­ma­tions sur 325 plantes et plus de 1 000 recettes médi­ci­nales issues d’une quaran­taine de guéris­seurs, sages-​femmes et grands-​mères « respec­tées ». Ces connais­sances empi­riques sont véri­fiées aujourd’­hui en labo­ra­toire. Certaines plantes s’an­noncent ainsi promet­teuses contre le palu­disme ou des cham­pi­gnons comme le Candida albi­cans, ou encore contre des bacté­ries, voire des tumeurs ; d’autres semblent avoir des proprié­tés anti­his­ta­mi­niques, anti diar­rhéiques, anal­gé­siques ou séda­tives… Ce travail sert aujourd’­hui de base aux scien­ti­fiques pour déve­lop­per leurs recherches sur les médi­ca­ments de demain.

Le poten­tiel théra­peu­tique des plantes à travers le monde est tel (plusieurs centaines de milliers restent à étudier) que la meilleure approche consiste à partir des connais­sances tradi­tion­nelles, recon­naissent les cher­cheurs. Sans piller les ressources locales, ils mettent en garde certains…

Trans­mis par Jean Le Corre

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