Cannabis : les effets visibles sur le cerveau
Publié le 03 avril 2016 à 08:40Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°64
Souvent associée à une diminution de la matière grise, la consommation de cannabis modifie aussi le câblage des neurones. Reste à savoir si cet effet n’est que transitoire.
S’il est établi depuis longtemps que la consommation de cannabis perturbe le fonctionnement des neurones et multiplie le risque de souffrir de troubles mentaux, rien ne prouvait jusqu’alors qu’il puisse réellement détériorer notre cerveau. C’est désormais chose faite. Deux études viennent, coup sur coup, d’apporter un nouvel éclairage à ce processus controversé. En novembre dernier, une équipe américaine de l’Université de Dallas a en effet comparé, par des techniques d’imagerie cérébrale, les cerveaux de gros fumeurs de cannabis et ceux de non-fumeurs. Chez les premiers, les scientifiques ont constaté une diminution du volume de matière grise (celle qui rassemble le corps cellulaire des neurones) et des modifications de la matière blanche (qui regroupe les axones* et reflète le câblage des cellules nerveuses).
Câblage renforcé :
A Dallas, Francesca Filbey et ses collaborateurs ont étudié le volume de matière grise d’une centaine de personnes, en combinant plusieurs techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Chez les fumeurs de cannabis, il est apparu que le volume de matière grise dans le cortex orbitofrontal, une région du cerveau impliquée dans la motivation et la prise de décision, se trouvait diminué. Et ce d’autant plus fortement que la consommation de cannabis était ancienne. Mais dans le même temps, le câblage des neurones, étudié par IRM fonctionnel, s’est au contraire révélé plus costaud chez les fumeurs.
Cette connectivité renforcée, que les chercheurs américains attribuent à l’épaississement de la gaine de myéline entourant les axones, semble pourtant faiblir quand la consommation de cannabis devient chronique. D’où l’hypothèse des scientifiques : suite à la détérioration d’une partie de ses neurones, le cerveau des fumeurs de cannabis commencerait par compenser en renforçant leur câblage, un mécanisme d’adaptation qui finirait par s’épuiser. Résultat : un cerveau du fumeur qui se dégrade. Ces conclusions méritent naturellement d’être appuyées par d’autre recherches.
Rétractation :
Celles, récentes, d’une équipe franco-américaine pilotée par Zsolt Lenkel, du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) apportent de l’eau au moulin des chercheurs de Dallas. D’après cette dernière étude, la substance active du cannabis, le THC, en se fixant sur certains récepteurs des cellules, déclenche un processus qui façonne à la fois la morphologie et la croissance des cellules nerveuses. On sait depuis peu qu’il existe dans notre cerveau des substances dite endocannabinoïdes qui se fixent aux mêmes récepteurs que le THC du cannabis.
Les chercheurs ont voulu en savoir plus sur les mécanismes qu’elles déclenchent au niveau cellulaire. Ils les ont donc testés sur des neurones mis en culture. Et leur analyse montre que, de manière générale, les cannabinoïdes poussent les neurones à rétracter leurs prolongements, qu’il s’agisse des dendrites** ou de l’axone. Dans le cerveau, les scientifiques soulignent que le processus est probablement moins prononcé qu’en culture cellulaire. Surtout avec les endocannabinoïdes, présents en très petite quantité. Il n’empêche : ce résultat tend à prouver que le cannabis peut bien agir en perturbant la connectivité des neurones.
Article d’Anne Lefèvre-Balleydier Le Figaro du 18/12/15
Lu par F. Vignon
*axone : prolongement constant, unique de la cellule nerveuse (retour au texte)
**dendrite : prolongement filamenteux du neurone servant à recevoir et conduire l’influx nerveux (retour au texte)
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Bonjour prevost,
Pourriez vous être plus précis sur votre épisode avec le lamaline ?
Quels sont les symptômes disparues ou atténués ?
La posologie exacte prise ? (Type de médicaments, durée et dose de la prise…)
Au bout de combien de temps, les symptômes sont revenus ? (Tremblement, salivation etc …)
Aviez vous un régime en place ?
Pourquoi ne pas avoir investigé ? L’ostéopathe de mon père lui a parlé de l’huile CBD qui est un opiacé naturel. Si l’opiacé confirme être un produit efficace dans la maladie de parkinson, je pense qu’une étude plus précise est à mener.
Des passerelles avec la nicotine sont-ils à prendre en compte ?
P.
Commentaire by Philippe — 7 août 2017 #
Philippe , en effet, a mon avis » rien d’étonnant car l’opiacé produit des effets positifs sur la zone de la production dopaminergique et ces même terminaisons, ceci expliquerai cela . J’ai vécu l ‘équivalent en étant sous « Lamaline » a 10 % d’opium par cause déplacement du sacrum et un pincement sciatique (canal lombaire) qui subsiste encore aujourd’hui ne pouvant plus marcher + de 10 mn alors que la marche est la moitié de mon traitement pour contrer la Parkinson en moyenne 7 km jour, et je n’ai rien remarqué de retour aux effets secondaires , comme ci celle ci n’avait jamais existé, donc je suis comme vous je me pose cette question ?
Est ce pour une raison d’éthique ou autre que cette solution est passée sous silence ?
Bien cordialement.
Commentaire by prevost — 6 août 2017 #
Découverte.
Opiacé et Parkinson ?
Je viens vous relater l’aventure arrivée à mon père récemment.
Je souhaite avoir vos avis et commentaires.
Mon père est diagnostiqué de la MP depuis 4 ans. Il a 74 ans.
Il prend du modopar à dose réduite et sifrol. Il tremble de la main gauche, a quelques problèmes de salivation et de fatigue (après le repas). Mais rien d’handicapant à son gout. Il conduit toujours, est très actif et a un très bon moral.
Voila ce qui nous amène.
Je précise qu’il a stoppé le gluten depuis 6 semaines.
Il y a 4 semaines, il a eu un lumbago suite à des travaux dans le jardin et a donc du prendre un traitement pour ce souci de dos préconisé par le médecin.
Le traitement est le suivant :
Doliprane 1gr : 1 comprimé toutes les 6 heures si douleurs
Tramadol LP 100mg : 1 comprimé matin et soir
Tramadol 50mg : 1 comprimé toutes les 6h si douleurs persistantes
Biprofenid LP 100mg : 1 comprimé matin et soir pendant une semaine
Inexium 20mg : 1 comprimé le soir pendant une semaine
Versatis patch : 1 patch pour le dos toutes les 12 heures
Lumirelax : 1 à 2 comprimés 3 fois par jour pendant 5 à 7 jours
Au bout de 5 jours, une chose très étonnante s’est produite :
Tous les symptômes de sa maladie se sont arrêtés.
— Il ne tremblait plus le matin avec une légère reprise en milieu de journée mais quasiment nulle.
— Plus d’hyper salivation
— Plus de fatigue (Aucun besoin de faire une petite sieste après le repas)
— Sommeil plus long le matin
— Plus de problèmes de voix
Aucun effet secondaire noté lié au traitement du lumbago.
Il a arrêté le traitement du lumbago et progressivement le tremblement est revenu. Cependant, 3 semaines après l’arrêt, le tremblement est 50% inférieur, les problèmes de salivation sont faibles (vs ceux avant) et la fatigue n’est pas tout à fait réapparue.
Je puis vous assurer que la surprise est totale car l’arrêt du tremblement est très impressionnant surtout pour le malade.
Pourquoi parler de cela dans cette rubrique ?
Je m’interroge sur le médicament tramadol qui est un opiacé.
A ce stade, nous ne pouvons pas déterminer quel médicament a eu un tel impact parmi ceux ingérés mais la détection doit être possible.
(Ne pas oublier l’arrêt du gluten aussi).
Quelqu’un a ‑t-il déjà vécu cela ? Le tramadol a t‑il un impact ?
Je précise que le neurologue en charge de mon père n’a pas encore répondu (en vacances) à son courrier relatant les faits.
Cordialement.
P
Commentaire by Philippe — 4 août 2017 #