Ne pas être qu'un "patient" ...

Cannabis : les effets visibles sur le cerveau

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°64

Souvent asso­ciée à une dimi­nu­tion de la matière grise, la consom­ma­tion de canna­bis modi­fie aussi le câblage des neurones. Reste à savoir si cet effet n’est que transitoire.

S’il est établi depuis long­temps que la consom­ma­tion de canna­bis perturbe le fonc­tion­ne­ment des neurones et multi­plie le risque de souf­frir de troubles mentaux, rien ne prou­vait jusqu’a­lors qu’il puisse réel­le­ment dété­rio­rer notre cerveau. C’est désor­mais chose faite. Deux études viennent, coup sur coup, d’ap­por­ter un nouvel éclai­rage à ce proces­sus contro­versé. En novembre dernier, une équipe améri­caine de l’Université de Dallas a en effet comparé, par des tech­niques d’ima­ge­rie céré­brale, les cerveaux de gros fumeurs de canna­bis et ceux de non-​fumeurs. Chez les premiers, les scien­ti­fiques ont constaté une dimi­nu­tion du volume de matière grise (celle qui rassemble le corps cellu­laire des neurones) et des modi­fi­ca­tions de la matière blanche (qui regroupe les axones* et reflète le câblage des cellules nerveuses).

Câblage renforcé :
A Dallas, Fran­cesca Filbey et ses colla­bo­ra­teurs ont étudié le volume de matière grise d’une centaine de personnes, en combi­nant plusieurs tech­niques d’ima­ge­rie par réso­nance magné­tique (IRM). Chez les fumeurs de canna­bis, il est apparu que le volume de matière grise dans le cortex orbi­to­fron­tal, une région du cerveau impli­quée dans la moti­va­tion et la prise de déci­sion, se trou­vait dimi­nué. Et ce d’au­tant plus forte­ment que la consom­ma­tion de canna­bis était ancienne. Mais dans le même temps, le câblage des neurones, étudié par IRM fonc­tion­nel, s’est au contraire révélé plus costaud chez les fumeurs.

Cette connec­ti­vité renfor­cée, que les cher­cheurs améri­cains attri­buent à l’épais­sis­se­ment de la gaine de myéline entou­rant les axones, semble pour­tant faiblir quand la consom­ma­tion de canna­bis devient chro­nique. D’où l’hy­po­thèse des scien­ti­fiques : suite à la dété­rio­ra­tion d’une partie de ses neurones, le cerveau des fumeurs de canna­bis commen­ce­rait par compen­ser en renfor­çant leur câblage, un méca­nisme d’adap­ta­tion qui fini­rait par s’épuiser. Résul­tat : un cerveau du fumeur qui se dégrade. Ces conclu­sions méritent natu­rel­le­ment d’être appuyées par d’autre recherches.

Rétrac­ta­tion :
Celles, récentes, d’une équipe franco-​américaine pilo­tée par Zsolt Lenkel, du CNRS (Centre natio­nal de la recherche scien­ti­fique) apportent de l’eau au moulin des cher­cheurs de Dallas. D’après cette dernière étude, la substance active du canna­bis, le THC, en se fixant sur certains récep­teurs des cellules, déclenche un proces­sus qui façonne à la fois la morpho­lo­gie et la crois­sance des cellules nerveuses. On sait depuis peu qu’il existe dans notre cerveau des substances dite endo­can­na­bi­noïdes qui se fixent aux mêmes récep­teurs que le THC du cannabis.

Les cher­cheurs ont voulu en savoir plus sur les méca­nismes qu’elles déclenchent au niveau cellu­laire. Ils les ont donc testés sur des neurones mis en culture. Et leur analyse montre que, de manière géné­rale, les canna­bi­noïdes poussent les neurones à rétrac­ter leurs prolon­ge­ments, qu’il s’agisse des dendrites** ou de l’axone. Dans le cerveau, les scien­ti­fiques soulignent que le proces­sus est proba­ble­ment moins prononcé qu’en culture cellu­laire. Surtout avec les endo­can­na­bi­noïdes, présents en très petite quan­tité. Il n’empêche : ce résul­tat tend à prou­ver que le canna­bis peut bien agir en pertur­bant la connec­ti­vité des neurones.

Article d’Anne Lefèvre-​Balleydier Le Figaro du 18/​12/​15
Lu par F. Vignon

*axone : prolon­ge­ment constant, unique de la cellule nerveuse (retour au texte)
**dendrite : prolon­ge­ment fila­men­teux du neurone servant à rece­voir et conduire l’in­flux nerveux (retour au texte)

3 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonjour prevost,

    Pour­riez vous être plus précis sur votre épisode avec le lamaline ?
    Quels sont les symp­tômes dispa­rues ou atténués ?
    La poso­lo­gie exacte prise ? (Type de médi­ca­ments, durée et dose de la prise…)
    Au bout de combien de temps, les symp­tômes sont reve­nus ? (Trem­ble­ment, sali­va­tion etc …)
    Aviez vous un régime en place ?

    Pour­quoi ne pas avoir inves­tigé ? L’os­téo­pathe de mon père lui a parlé de l’huile CBD qui est un opiacé natu­rel. Si l’opiacé confirme être un produit effi­cace dans la mala­die de parkin­son, je pense qu’une étude plus précise est à mener.

    Des passe­relles avec la nico­tine sont-​ils à prendre en compte ?

    P.

    Commentaire by Philippe — 7 août 2017 #

  2. Philippe , en effet, a mon avis  » rien d’étonnant car l’opiacé produit des effets posi­tifs sur la zone de la produc­tion dopa­mi­ner­gique et ces même termi­nai­sons, ceci expli­que­rai cela . J’ai vécu l ‘équi­valent en étant sous « Lama­line  » a 10 % d’opium par cause dépla­ce­ment du sacrum et un pince­ment scia­tique (canal lombaire) qui subsiste encore aujourd’­hui ne pouvant plus marcher + de 10 mn alors que la marche est la moitié de mon trai­te­ment pour contrer la Parkin­son en moyenne 7 km jour, et je n’ai rien remar­qué de retour aux effets secon­daires , comme ci celle ci n’avait jamais existé, donc je suis comme vous je me pose cette question ?
    Est ce pour une raison d’éthique ou autre que cette solu­tion est passée sous silence ?
    Bien cordialement.

    Commentaire by prevost — 6 août 2017 #

  3. Décou­verte.

    Opiacé et Parkinson ?

    Je viens vous rela­ter l’aven­ture arri­vée à mon père récemment.
    Je souhaite avoir vos avis et commentaires.

    Mon père est diag­nos­ti­qué de la MP depuis 4 ans. Il a 74 ans.
    Il prend du modo­par à dose réduite et sifrol. Il tremble de la main gauche, a quelques problèmes de sali­va­tion et de fatigue (après le repas). Mais rien d’han­di­ca­pant à son gout. Il conduit toujours, est très actif et a un très bon moral.

    Voila ce qui nous amène.
    Je précise qu’il a stoppé le gluten depuis 6 semaines.

    Il y a 4 semaines, il a eu un lumbago suite à des travaux dans le jardin et a donc du prendre un trai­te­ment pour ce souci de dos préco­nisé par le médecin.

    Le trai­te­ment est le suivant :

    Doli­prane 1gr : 1 comprimé toutes les 6 heures si douleurs
    Trama­dol LP 100mg : 1 comprimé matin et soir
    Trama­dol 50mg : 1 comprimé toutes les 6h si douleurs persistantes
    Bipro­fe­nid LP 100mg : 1 comprimé matin et soir pendant une semaine
    Inexium 20mg : 1 comprimé le soir pendant une semaine
    Versa­tis patch : 1 patch pour le dos toutes les 12 heures
    Lumi­re­lax : 1 à 2 compri­més 3 fois par jour pendant 5 à 7 jours

    Au bout de 5 jours, une chose très éton­nante s’est produite :

    Tous les symp­tômes de sa mala­die se sont arrêtés.
     — Il ne trem­blait plus le matin avec une légère reprise en milieu de jour­née mais quasi­ment nulle.
     — Plus d’hy­per salivation
     — Plus de fatigue (Aucun besoin de faire une petite sieste après le repas)
     — Sommeil plus long le matin
     — Plus de problèmes de voix

    Aucun effet secon­daire noté lié au trai­te­ment du lumbago.

    Il a arrêté le trai­te­ment du lumbago et progres­si­ve­ment le trem­ble­ment est revenu. Cepen­dant, 3 semaines après l’ar­rêt, le trem­ble­ment est 50% infé­rieur, les problèmes de sali­va­tion sont faibles (vs ceux avant) et la fatigue n’est pas tout à fait réapparue.

    Je puis vous assu­rer que la surprise est totale car l’ar­rêt du trem­ble­ment est très impres­sion­nant surtout pour le malade. 

    Pour­quoi parler de cela dans cette rubrique ?
    Je m’in­ter­roge sur le médi­ca­ment trama­dol qui est un opiacé.
    A ce stade, nous ne pouvons pas déter­mi­ner quel médi­ca­ment a eu un tel impact parmi ceux ingé­rés mais la détec­tion doit être possible.
    (Ne pas oublier l’ar­rêt du gluten aussi).

    Quel­qu’un a ‑t-​il déjà vécu cela ? Le trama­dol a t‑il un impact ?
    Je précise que le neuro­logue en charge de mon père n’a pas encore répondu (en vacances) à son cour­rier rela­tant les faits.

    Cordia­le­ment.
    P

    Commentaire by Philippe — 4 août 2017 #

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