En médecine, ils apprennent en jouant la comédie
Publié le 14 octobre 2016 à 19:18Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°66
Futurs neurologues ou généralistes, des étudiants s’entraînent à reconnaître des syndromes neurologiques en incarnant la maladie. Nous avons suivi ces exercices de « médecine réalité » inédits.
Amphithéâtre Charcot – hôpital de la Pitié Salpêtrière. Pour leur examen, des étudiants en médecine ont joué les patients, mimant des symptômes de maladie comme Parkinson ou Alzheimer. Chaque équipe a tiré au sort un trouble neurologique à incarner.
La femme titube, s’accroche aux personnes à proximité pour éviter de tomber. Elle a aussi des nausées. Pour le commun des mortels, il s’agit d’une femme qui a trop bu. Pour ces étudiants en troisième année de médecine, c’est la manifestation clinique d’un syndrome vestibulaire, que l’on retrouve notamment chez des patients qui souffrent d’une sclérose en plaques. Cette scène se déroulait mercredi dans l’amphithéâtre Charcot à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris XIII) à l’occasion d’un examen final plutôt cocasse, tranchant avec l’austérité de ce haut lieu de la neurologie.
Comédiens d’un jour
Des étudiants de la faculté de médecine Pierre-et-Marie Curie se sont en effet transformés en patients, et donc en comédiens d’un jour, pour mimer des symptômes de maladies touchant le cerveau, comme Parkinson ou Alzheimer. Plusieurs équipes de ces apprentis médecins ont ainsi défilé devant un jury de chefs de clinique qui avait préalablement tiré au sort un trouble neurologique à incarner. Leur mission ? Désigner la meilleure prestation, ça vous rappelle une téléréalité ? C’est normal, l’exercice est calqué sur le principe de ces émissions. Sauf que cette « médecine réalité » ne s’appelle pas « The Voice » mais « The Move », une méthode d’apprentissage inédite de la neurologie (The Move est une méthode d’enseignement fondée sur le mime et des saynètes de simulations ludiques et interactives).
Après deux années « pilotes », ce concept innovant et les résultats prometteurs de sa mise en application viennent d’être publiées dans la « Revue Neurologique ». Toute l’année, les étudiants se sont entraînés pour ce grand jour de finale.
L’enseignement n’était pourtant pas obligatoire mais il a fait le plein à chaque séance. Dans l’amphi, 150 d’entre eux sont venus concourir ou soutenir leur équipe lors de cet événement qui mettait un terme au projet pour cette année. Le tirage au sort a parlé : ce sera la crise d’épilepsie pour cette autre équipe.
Ni une ni deux, le scénario se met en place et l’un des étudiants s’écroule et convulse. Son camarade se met à hurler, provoquant l’hilarité générale « Y a‑t-il un exorciste dans la salle ? » Il frétille comme un poisson. « Oh non ! Il vient de bouffer sa langue ! » Derrière la blague, un enjeu. Celui du vieillissement de la population et de l’augmentation prévue du nombre de personnes atteintes de maladies neurologiques. « Dans quelques années, les neurologues ne pourront pas s’occuper de tous les malades, en tout cas pas aussi régulièrement », annonce le professeur Emmanuel Flamand-Roze, professeur à la faculté de médecine Pierre-et-Marie-Curie, neurologue à la Pitié-Salpêtrière, et l’homme à l’origine du concept ‘The Move’. D’autres médecins, comme les généralistes, devront aussi accompagner ces patients, repérer les signes, être à l’aise avec eux ».
Un grand nombre d’étudiants ont la « trouille » devant eux
En effet, parmi ces jeunes apprentis médecins, beaucoup choisiront une autre voie que celle de la neurologie. Et être à l’aise avec ce type de malade est loin d’être une évidence, ça tombe bien. « The Move » n’est pas seulement une aide au diagnostic, c’est aussi un dispositif pour « apprendre le savoir-être » avec ces patients.
Un grand nombre d’étudiants « ont la ‘trouille’ devant eux », reconnaît le médecin. « Cette neurophobie existe d’ailleurs partout dans le monde. Les étudiants en médecine considèrent que l’examen neurologique est compliqué à mener et que les maladies neurologiques sont les plus difficiles à appréhender ». Que pensent les étudiants de cette initiative ? « Ça nous aide à être plus systématique, à ne pas oublier des points lors de l’examen clinique », explique Manon, membre de l’équipe gagnante et qui se destine justement à la neurologie. « Toutefois, nous ne sommes pas mis en situation. Lorsqu’on sera devant de vrais patients et leur propre façon d’agir, on verra … »
Article de Christine Mateus dans « Le Parisien » du 27/05/16
Lu par Françoise Vignon
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Pour vraiment servir de cas d’école » même théâtrale » dans cette article sans avoir recours réellement aux patients touchés par les pathologies en causes en neurologie j’espère qu’ils ont appris avec un bon scénariste !
Dans le premier exemple on peu croire également aux symptômes de Ménière!..
Et puis si ils ont la trouille , que dire des patients eux même et
j ‘ajoute aussi des démineurs de la sécurité civile!!!
Ouais ! je sais ce que vous pensez, je vais peut être changer mon pseudo en » FRONDEUR »
Salutations à tous
Commentaire by limery — 18 octobre 2016 #