Ne pas être qu'un "patient" ...

Attention, des médicaments prescrits contre la dépression et la maladie de Parkinson accentuent les risques de démence

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°73

Incon­ti­nence, dépres­sion ou encore mala­die de Parkin­son… les anti­cho­li­ner­giques sont des médi­ca­ments pres­crits pour lutter contre ces problèmes de santé. Une équipe inter­na­tio­nale de cher­cheurs (des Etats-​Unis, d’Irlande et du Royaume-​Uni) a mené l’étude la plus large sur l’impact à long terme de ces trai­te­ments. D’après les résul­tats, publiés dans la revue The BMJ, les anti­cho­li­ner­giques sont liés à des risques accrus de démence.

L’exposition aux anti­cho­li­ner­giques est risquée
Les cher­cheurs ont analysé plus de 27 millions d’ordonnances appar­te­nant à des patients âgés de plus de 65 ans atteints de démence (40 770) et non-​atteints de démence (283 933). Ils ont constaté une plus grande inci­dence de démence chez les personnes qui s’étaient fait pres­crire des anti­cho­li­ner­giques. Par ailleurs, plus les patients avaient été expo­sés à ces trai­te­ments, plus leurs symp­tômes étaient importants.

La démence entraîne une perte de mémoire, des diffi­cul­tés à s’orienter et une dété­rio­ra­tion du compor­te­ment social. Selon une étude améri­caine très récente, elle tend en revanche à appa­raître de plus en plus tard et à durer sur des périodes plus courtes.

Des dégâts bien avant la démence.
Autre décou­verte, les effets indé­si­rables des anti­cho­li­ner­giques peuvent appa­raître bien long­temps avant qu’un méde­cin diag­nos­tique une démence chez un patient. « Les anti­cho­li­ner­giques, ces médi­ca­ments qui bloquent acétyl­cho­line, un neuro­trans­met­teur du système nerveux, ont déjà été déter­mi­nés comme une cause poten­tielle de défi­cience cogni­tive », détaille Noll Camp­bell, l’un des auteurs de l’étude. Il pour­suit : « Cette étude est assez vaste pour évaluer les effets à long terme de ces trai­te­ments et consta­ter que les dégâts peuvent se faire sentir des années avant que le diag­nos­tic de démence ne soit posé ».

Les cher­cheurs préco­nisent ainsi aux méde­cins de bien évaluer les risques des anti­cho­li­ner­giques sur le cerveau avant de les pres­crire. Et aussi d’étudier d’autres options de trai­te­ment. Il est possible aussi d’agir sur le mode de vie des patients. Car selon des cher­cheurs, « au moins un cas sur trois pour­rait être évité en arrê­tant de fumer, en faisant du sport ou encore en compen­sant des problèmes d’audition ».

Des millions de personnes concernées : 
Analy­ser les risques de ces médi­ca­ments est primor­dial car ils sont large­ment pres­crits, notam­ment aux Etats-​Unis et au Royaume-​Uni. Cela tient aussi du fait qu’ils traitent plusieurs mala­dies. « Cette étude est très impor­tante car on estime que 350 millions de personnes souffrent de dépres­sion dans le monde », déclare ainsi George Savva, auteur prin­ci­pal de la recherche. Il faut y ajou­ter les personnes qui souffrent d’incontinence, de la mala­die de Parkin­son, mais aussi d’asthme ou encore d’épilepsie. Selon l’Orga­ni­sa­tion mondiale de la santé (OMS), 10 millions de cas de démence sont diag­nos­ti­qués chaque année. Aujourd’hui, 50 millions de personnes seraient atteintes dans le monde.

Publié le 26 avril 2018 par Johanna Hébert dans « Pour­quoi Docteur ».

Trans­mis par Martine Delmond

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