La kinésithérapie
Publié le 25 juin 2009 à 05:28Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°37 — juin 2009
Conférence du 2 avril 2009 à Parthenay D’Alain Boyer
Je vous félicite pour votre action en faveur de la reconnaissance, de la prise en charge et de la vulgarisation des connaissances sur la Parkinson. Mon rôle de kinésithérapeute m’a permis au sein de l’enseignement et de la recherche, d’appréhender un peu mieux la maladie au demeurant variée, laissant dire que chaque parkinsonien a sa propre forme et évolution. C’est en partie vrai, mais en statistiques médicales le nombre de patients et les formes permettent de tirer des généralités que l’on retrouve de manière récurrente.
Pour cette raison, je vous propose un descriptif de la maladie, les moyens en kinésithérapie et dans la vie courante, différents programmes de gymnastique, et les adjuvants massages physio etc … Pour une question de compréhension, j’ai choisi de décrire le rôle de la kinésithérapie et les différentes fonctions générées.
Je vous parlerai donc des objectifs pour chaque exercice présenté. Naturellement ces exercices ne sont pas exhaustifs, d’autres professionnels peuvent vous présenter d’autres formes ayant les mêmes objectifs.
Rappel de neuropathologie :
Comme vous le savez, la maladie de parkinson est due à une affection dégénérative des noyaux du système extrapyramidal. Le noyau gris central le plus affecté par ce processus est le Locus Niger. Ce système commande la partie instinctive et automatique de l’activité motrice. Il réalise, hors du champ de la volonté, un schéma moteur d’ensemble, mobilisant les masses posturales, permettant les mouvements synergiques de la posture et de la marche, facilite l’expression corporelle et la mimique.
La maladie est la manifestation d’un désordre fonctionnel, de certains noyaux gris centraux, résultant de la suppression du contrôle exercé par la boucle nigrostrionigrique. Il existe une dégénérescence sévère du locus Niger constitué de neurones dopaminergiques. L’élément déterminant la pathogénie du Parkinson, c’est la chute du taux de Dopamine dans le Putamen, le noyau Caudé et le Locus Niger.
C’est la compréhension de cette pathogénie qui a provoqué une véritable révolution permettant de maîtriser l’évolution, d’atténuer les effets et de permettre une autre vie à nos amis parkinsoniens.
Rappel clinique :
Vous connaissez tous les différents troubles provoqués par la maladie de Parkinson, je vous en rappelle les différents signes de manière succincte.
Début lent et progressif. Fatigabilité. Maladresse. Lenteur des mouvements. Perte du balancement des bras lors de la marche. Tremblement au repos.
Faute de traitement équilibré les trois grands symptômes apparaissent : ce sont ces symptômes qui seront à combattre lors de la kinésithérapie. Tremblement, rigidité, akinésie.
- le tremblement
Il apparaît au repos au niveau de l’extrémité distale des membres supérieurs, le pied, la langue et la mâchoire. - la rigidité
On dit que le parkinsonien est figé en flexion tête en avant dos courbé avant bras et genou en légère flexion, bras collés au corps, le faciès amimique, appelé aussi de « porcelaine ».
Vous avez aussi vu votre médecin ou kiné imprimant un mouvement de flexion des coudes ou des poignets, il perçoit ainsi votre hypertonie musculaire s’opposant aux mouvements et cédant par à‑coups successifs. C’est la recherche du signe de la « roue dentée ». - l’akinésie :
Elle se traduit par un dysfonctionnement de l’activité volontaire et automatique. Lors de la marche, le patient avance à petits pas, tête en avant avec l’impression qu’il va courir après son centre de gravité, les bras collé au corps. Au moindre obstacle, il va piétiner et se bloque. Une voix lente. Une écriture tremblée, lettres fines diminuant en taille (micrographie). Activité plus ralentie.
Voici donc les différents troubles que nous aurons à prendre en charge en kinésithérapie et vous-même dans la vie courante.
Mais, le parkinson ne vous évitera pas de subir les effets dus à l’âge :
Arthrose, colonne vertébrale dans son ensemble aggravée par les contractures musculaires. Douleurs des épaules. Constipation. Trouble de la ventilation thoracique.
Notre action aura pour principe de prévenir :
- Les raideurs : du rachis cervicodorso, du thorax en insistant sur le travail diaphragmatique ; des membres supérieurs et inférieurs.
- La proprioception debout cherchant à conserver ou à retrouver des appuis.
- La motricité oculaire : améliorer le réflexe occulomoteur.
- Le bien-être : dans ce corps qui bouge les efforts sont plus intenses, les massages sont appropriés mais pas une arme thérapeutique unique.
Malgré la chronicité du parkinson, l’ensemble médicaments, kinésithérapie et volonté, avec l’aide des accompagnants, ont permis un confort dans la durée.
Massages :
S’ils sont bénéfiques, ils ne sont pas un traitement global du Parkinson. Du fait des dyskinésies quasi permanentes les muscles se comportent comme ceux des sportifs et produisent de l’acide lactique, qui lui-même favorise les crampes et contractures. Alors, comme pour les sportifs, le massage est un acte essentiel mais pas unique dans le traitement kinésithérapie du parkinsonien.
Nous cherchons à détendre les contractures, tant au niveau du rachis cervical que du rachis lombaire sans oublier les épaules et les membres inférieurs et supérieurs. Pour cela, nous pratiquons des massages relaxant au début suivis de pétrissage modelage en obtenant une détente neuromusculaire, associé à la thermothérapie (enveloppements de boue ou utilisation d’infrarouges). C’est une préparation à la gymnastique.
Naturellement il existe une multitude de massages, n’en citer qu’un ne reflète pas l’éventail des techniques et leurs effets. Néanmoins ceux que j’ai décrits sont les plus rencontrés. Certaines techniques comme les techniques myotensives (polak) ou microkinésie présentent également un intérêt sachant qu’il ne s’agit que d’aide, la gymnastique ayant ma faveur.
Nous allons donc voir ensemble les buts recherchés et les moyens pour y arriver.
Mise en garde :
Avant de pratiquer ces exercices, chacun d’entre vous doit s’adresser à son médecin traitant ou à son neurologue (médecin référant) puis à son kinésithérapeute afin d’étudier le programme le plus approprié à votre état. Votre thérapeute vous guidera en vous montrant les exercices les plus appropriés en tenant compte du moment (fatigue, crantage, tremblements…).
Nous allons voir le type d’exercices en fonction de l’objectif recherché tel que défini au préalable.
Les raideurs du rachis cervico dorso lombaire :
Elles sont présentes dès le début de la maladie, mais l’âge et l’activité modérée rendent le diagnostic Parkinson difficile car qui n’a pas de raideurs passé 55 ans et un travail pénible. Si les massages décontracturant sont intéressants et même recommandés, ils ne doivent pas être le seul traitement, mais être un moyen favorisant la cessation de raideurs lors de phase off.
Par contre, la gymnastique de placements et de recherche de mobilité doit être privilégiée à la maison. Les nombreuses techniques (douces ex Pilates ou proprioceptives) permettent une réelle amélioration. Elles sont toutes réalisées avec un travail respiratoire diaphragmatique.
Je vous propose donc pour débuter un travail de positionnement :
- le sujet est debout, regarde droit devant, les jambes droites mais pas tendues, les bras le long du corps, le ventre légèrement rentré, les épaules ramenées en arrière. Respiration thoracique en recherchant l’écartement des côtes flottantes à l’inspiration : 15 fois
- sujet debout même attitude dos collé au mur, rechercher un étirement maximum du rachis en insistant sur la respiration et l’ampliation thoracique, jambes tendues. Durée : 2 à 3 minutes. La respiration en insistant sur l’expiration permet la détente musculaire.
- même position lever une jambe légèrement fléchie 5cm en avant sans se décharger sur la jambe d’appui. L’amplitude n’est pas important seul compte le placement.
Etirements des muscles du rachis cervical :
Même position, main droite sur la tempe gauche, tirer avec la main, en soufflant, la tête vers l’épaule droite. L’épaule gauche cherche à descendre comme si vous vouliez allonger le bras. Faire de même pour l’autre côté. 10 respirations.
Travail proprioceptif :
- les yeux : tout en marchant, prendre un point fixe latéral dans un couloir ou une grande pièce, marcher en regardant ce point tout en tournant juste la tête, pas le tronc. Faire 10 allers et retours.
- même exercice mais marche sur le côté en regardant toujours un point au mur en tournant la tête. 5 allers et retours.
- légèrement penché en avant, regarder en tournant la tête à droite et à gauche 10 fois de chaque côté.
Ces exercices contribuent également à une mise en œuvre du système vestibulaire responsable entre autre de l’équilibre.
Etirement du rachis dans son ensemble :
- debout tout en soufflant, mettre les mains derrière le haut de la nuque et descendre petit à petit en s’enroulant.
- à quatre pattes passer en position de prière et en soufflant s’étirer, les bras en avant. Pratiquer 20 fois.
- mains sur une table, se reculer un peu de telle façon à ce que les jambes et le buste fassent un angle proche de 90°, souffler en essayant de descendre les vertèbres dorsales et rentrer le ventre. Vous sentirez une tension dans les jambes et une brûlure au milieu des vertèbres dorsales. Attention, il faut démarrer fermement mais ne pas provoquer de douleurs intenses aux mollets et aux épaules.
- toujours devant une table ou un mur, en appuis avec les mains, chercher à descendre en bloc, sans cambrer ni courber le dos ni décoller les talons, le tout en soufflant pendant la descente vers le mur.
Tous ces exercices doivent être exécutés lentement.
Travail d’assouplissement des épaules et du thorax :
- sur le dos, prendre un bâton des deux mains et lever le bâton derrière la tête si possible, lentement en soufflant en montant et inspirant en descendant. Il ne faut pas provoquer de douleurs aux épaules.
- debout avec le bâton en avant chercher à exécuter des mouvements de pagayage pour provoquer une coordination du geste et une détente scapulo-humérale.
- debout ou assis, chercher à descendre les épaules et à emmener l’articulation scapulo-humérale en arrière, les omoplates ont tendance à se rapprocher sans se lever. Exercice difficile nécessitant un travail devant une glace et la correction d’une tierce personne.
- travail avec un ballon de plage, bras en avant, debout, chercher à tourner en bloc tout le haut du buste sans rotation de la tête ni du bassin. Cela améliore les fixateurs des omoplates et contribue à l’assouplissement du rachis dorsolombaire.
- debout, avec un ballon, passer ce dernier autour de votre corps et dans les deux sens.
Tous ces exercices tendent à lutter contre tous les types d’enraidissements ou de déviations, pas seulement dus à la maladie de Parkinson, mais à l’âge également. Vous remarquerez le rôle important que nous attribuons à la respiration.
Respiration : pourquoi insister sur la respiration ?
Comme vous le savez, la respiration permet les échanges gazeux entre le poumon et le cœur en apportant, notamment de l’O2 nécessaire aux fonctions vitales et permettant une meilleure fonction musculaire, particulièrement une détente, ce qui est prépondérant chez le parkinsonien, une amélioration des fonctions cérébrales et elle évite l’acide lactique, fréquente dans les muscles spasmés, cause de manque d’élasticité musculaire.
Mais l’effet piston du diaphragme qui monte et descend alternativement provoque un phénomène de chasse au niveau de l’intestin et de ce fait participe à l’amélioration du transit. C’est également un facteur dynamique pour la circulation au niveau du petit bassin et, de ce fait, améliore la circulation au niveau des membres inférieurs et même au niveau du thorax lors du retour diaphragmatique.
Ne pas effectuer quotidiennement ces exercices respiratoires, c’est diminuer l’action de la gymnastique de plus de 50%. Ces exercices peuvent être effectués au lit !
Respiration abdominale en gonflant le ventre sans compensation du dos.
Respiration thoracique en cherchant à faire rentrer l’air et en ouvrant le thorax, sans compensation de la colonne vertébrale, soit dos au sol.
Pertes de mobilité :
Il faut aussi parler du problème de la perte de mobilité, pas forcément l’apanage du parkinsonien, mais fréquemment rencontrée. C’est une réalité vécue par les aidants.
- 1‑La marche : elle doit être recherchée et aidée par différentes facilitations : aide auditive (métronome ou claquement des mains), aide technique en demandant au patient de lever les jambes de façon exagérée, aide de lignes sur la chaussée ou obstacle, balancement des bras comme un militaire lors d’un défilé. Ne pas hésiter de marcher en sous-bois ou dans les escaliers sachant qu’ils sont un élément facilitateur.
- 1‑Se lever d’un fauteuil : c’est le problème majeur pour tous les parkinsoniens et personnes âgées en générale. Il ne faut surtout pas tirer sur les bras, vous générerez des douleurs au parkinsonien mais vous allez surtout vous en provoquer au niveau de la région lombaire. La raison est simple le remède également. Le fait de se lever est un déséquilibre en avant. Pour se faire il faut passer les épaules en avant de l’axe des genoux et provoquer un mouvement vers le haut et en avant. L’aide d’un dossier de chaise ou un déambulateur est suffisante. Parfois on peut aider le patient en appuyant légèrement vers le haut au niveau de la 1ère vertèbre dorsale.
- 1‑La marche aidée : comme pour le lever, point n’est besoin d’effort important, il suffit de se positionner côté droit ou gauche du patient et de lui demander d’appuyer légèrement sur vos doigts, cela suffit pour obtenir une réaction entraînant la marche.
Conclusions :
Pitié pour les Parkinsoniens, cela ne sert à rien de la traîner, vous risquez un lumbago ou une douleur des rotateurs de l’épaule avec un conflit acromio humérale.
Ne cherchez pas à vouloir vous activer en période « off ».
N’en faites pas trop lorsque vous êtes en période « on ».
Si vous arrivez chez le kiné en période « off », profitez des massages ; il faut s’adapter à son état.
Faites la séance de kiné en période « on » : pour cela réalisez sur un semainier un relevé en marquant les différentes périodes et les prises de médicaments.
Texte de la conférence de Alain BOYER
Transmis par Raoul GRIFFAULT de l’APDS
Repris par Jean GRAVELEAU
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j’ai 40 ans est on m’a diagnostiqué le Parkinson un peut tard, je traîne ma jambe gauche et ma main gauche est rigide ‚est ce que le traitement peut débloquer mon pied et ma main .
Commentaire by mariana — 15 mars 2015 #