Etat de la recherche sur les greffes : Dans le cochon, tout est bon !!!!
Publié le 25 juin 2009 à 05:42Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°37 – juin 2009
La maladie de Parkinson est caractérisée par la perte progressive des neurones dopaminergiques de la substance noire. Cette dégénérescence a pour conséquence un déficit en dopamine dans une structure centrale du cerveau, le striatum.
Des quantités physiologiques de dopamine dans le striatum sont essentielles à l’accomplissement des mouvements. La baisse progressive de la quantité de ce neuromédiateur entraîne des symptômes caractéristiques de la maladie de Parkinson comme un tremblement de repos, une akinésie et une rigidité des membres.
La transplantation intracérébrale est une approche prometteuse pour compenser la perte des neurones dopaminergiques. En effet, des essais cliniques basés sur la greffe de neurones fœtaux d’origine humaine ont fourni des résultats intéressants. Ces essais ont été réalisés sur un panel d’environ 500 patients, mais cette approche thérapeutique est grandement limitée par les problèmes éthiques et la faible disponibilité en tissus fœtaux d’origine humaine. Aussi est-il primordial d’étudier d’autres sources cellulaires comme les cellules neurales d’origine animale.
Les cellules fœtales (neuroblastes) d’origine porcine apparaissent comme une bonne alternative à l’utilisation de cellules humaines. En effet, le cerveau porcin présente certaines caractéristiques proches du cerveau humain, comme la taille et la vitesse de la poussée neuritique. Les travaux que nous menons depuis plusieurs années au sein de l’UMR643 montrent un bon développement des neurones porcins après leur greffe dans le cerveau d’un hôte comme le rat. Toutefois, la différence d’espèce fait qu’en l’absence de traitements immunosuppresseurs appropriés, les neurones fœtaux d’origine porcine sont systématiquement rejetés 2 mois après leur transplantation. Un traitement par des immunosuppresseurs comme la cyclosporine est possible mais leur efficacité est limitée par la présence de la barrière hémato-méningée qui protège le cerveau. De plus, l’administration systémique de fortes doses d’immunosuppresseurs entraîne à long terme une altération de la fonction rénale. Aussi recherchons-nous d’autres alternatives comme notamment la possibilité d’inhiber localement la réaction de rejet.
Les cellules souches mésenchymateuses ou MSCs possèdent des propriétés extrêmement intéressantes pour la survie de neurones fœtaux porcins en cas de transplantation intracérébrale. En effet, ces cellules secrètent des molécules qui régulent la réponse immunitaire. Leur co-greffe avec des neuroblastes porcins pourrait permettre une survie à long terme de xénogreffe intracérébrale.
Les expériences de co-greffes que nous avons réalisées chez le rat ont confirmé cette hypothèse. En effet, 80% des animaux transplantés avec des MSCs de rat et des neuroblastes porcins avaient encore leur greffon 2 mois après l’opération. Des analyses à plus long terme ont révélé que 50% des animaux présentaient un greffon parfaitement sain, 4 mois après la transplantation.
Pour tester la fonctionnalité de ces co-greffes, une lésion des neurones dopaminergiques a été effectuée en injectant dans la voie nigro-striée de l’hémisphère droit, une neurotoxine, la 6‑hydroxy-dopamine. Cette lésion unilatérale entraîne une altération des fonctions motrices du côté opposé à la lésion. La récupération fonctionnelle des animaux lésés et/ou greffés a été suivie grâce à un test moteur, le test du cylindre.
Ce test consiste à placer le rat dans un bocal transparent pour observer les points de contacts de ses pattes avec la paroi lors des redressements de l’animal. Les résultats montrent une récupération motrice dès 3 mois après la transplantation de MSCs et de neuroblastes porcins dans le striatum des rats lésés.
Les travaux de recherche sur les MSCs et les neurones porcins ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives quant à l’utilisation de la transplantation intracérébrale comme thérapie restauratrice en cas de maladies neurodégénératives. Les recherches doivent cependant se poursuivre pour optimiser la survie à long terme des greffons et leur parfaite intégration dans le tissu nerveux du receveur.
Rédigé par Xavier LEVEQUE
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Mais pourquoi chercher à utiliser des cellules souches exogènes, plutôt que d’utiliser les cellules souches du patient ?
Sauf erreur, pas de phénomène de rejet prévisible, donc pas de traitement immunosupresseur.
Problème de coût ?
Commentaire by BOUVIER — 17 décembre 2009 #