Ne pas être qu'un "patient" ...

Etat de la recherche sur les greffes : Dans le cochon, tout est bon !!!!

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°37 – juin 2009

La mala­die de Parkin­son est carac­té­ri­sée par la perte progres­sive des neurones dopa­mi­ner­giques de la substance noire. Cette dégé­né­res­cence a pour consé­quence un défi­cit en dopa­mine dans une struc­ture centrale du cerveau, le striatum.

Des quan­ti­tés physio­lo­giques de dopa­mine dans le stria­tum sont essen­tielles à l’accomplissement des mouve­ments. La baisse progres­sive de la quan­tité de ce neuro­mé­dia­teur entraîne des symp­tômes carac­té­ris­tiques de la mala­die de Parkin­son comme un trem­ble­ment de repos, une akiné­sie et une rigi­dité des membres. 

La trans­plan­ta­tion intra­cé­ré­brale est une approche promet­teuse pour compen­ser la perte des neurones dopa­mi­ner­giques. En effet, des essais cliniques basés sur la greffe de neurones fœtaux d’origine humaine ont fourni des résul­tats inté­res­sants. Ces essais ont été réali­sés sur un panel d’environ 500 patients, mais cette approche théra­peu­tique est gran­de­ment limi­tée par les problèmes éthiques et la faible dispo­ni­bi­lité en tissus fœtaux d’origine humaine. Aussi est-​il primor­dial d’étudier d’autres sources cellu­laires comme les cellules neurales d’origine animale. 

Les cellules fœtales (neuro­blastes) d’origine porcine appa­raissent comme une bonne alter­na­tive à l’utilisation de cellules humaines. En effet, le cerveau porcin présente certaines carac­té­ris­tiques proches du cerveau humain, comme la taille et la vitesse de la pous­sée neuri­tique. Les travaux que nous menons depuis plusieurs années au sein de l’UMR643 montrent un bon déve­lop­pe­ment des neurones porcins après leur greffe dans le cerveau d’un hôte comme le rat. Toute­fois, la diffé­rence d’espèce fait qu’en l’absence de trai­te­ments immu­no­sup­pres­seurs appro­priés, les neurones fœtaux d’origine porcine sont systé­ma­ti­que­ment reje­tés 2 mois après leur trans­plan­ta­tion. Un trai­te­ment par des immu­no­sup­pres­seurs comme la cyclo­spo­rine est possible mais leur effi­ca­cité est limi­tée par la présence de la barrière hémato-​méningée qui protège le cerveau. De plus, l’administration systé­mique de fortes doses d’immunosuppresseurs entraîne à long terme une alté­ra­tion de la fonc­tion rénale. Aussi recherchons-​nous d’autres alter­na­tives comme notam­ment la possi­bi­lité d’inhiber loca­le­ment la réac­tion de rejet. 

Les cellules souches mésen­chy­ma­teuses ou MSCs possèdent des proprié­tés extrê­me­ment inté­res­santes pour la survie de neurones fœtaux porcins en cas de trans­plan­ta­tion intra­cé­ré­brale. En effet, ces cellules secrètent des molé­cules qui régulent la réponse immu­ni­taire. Leur co-​greffe avec des neuro­blastes porcins pour­rait permettre une survie à long terme de xéno­greffe intracérébrale.

Les expé­riences de co-​greffes que nous avons réali­sées chez le rat ont confirmé cette hypo­thèse. En effet, 80% des animaux trans­plan­tés avec des MSCs de rat et des neuro­blastes porcins avaient encore leur gref­fon 2 mois après l’opération. Des analyses à plus long terme ont révélé que 50% des animaux présen­taient un gref­fon parfai­te­ment sain, 4 mois après la transplantation. 

Pour tester la fonc­tion­na­lité de ces co-​greffes, une lésion des neurones dopa­mi­ner­giques a été effec­tuée en injec­tant dans la voie nigro-​striée de l’hémisphère droit, une neuro­toxine, la 6‑hydroxy-​dopamine. Cette lésion unila­té­rale entraîne une alté­ra­tion des fonc­tions motrices du côté opposé à la lésion. La récu­pé­ra­tion fonc­tion­nelle des animaux lésés et/​ou gref­fés a été suivie grâce à un test moteur, le test du cylindre.

lp137-7-1

Ce test consiste à placer le rat dans un bocal trans­pa­rent pour obser­ver les points de contacts de ses pattes avec la paroi lors des redres­se­ments de l’animal. Les résul­tats montrent une récu­pé­ra­tion motrice dès 3 mois après la trans­plan­ta­tion de MSCs et de neuro­blastes porcins dans le stria­tum des rats lésés.

Les travaux de recherche sur les MSCs et les neurones porcins ont permis d’ouvrir de nouvelles pers­pec­tives quant à l’utilisation de la trans­plan­ta­tion intra­cé­ré­brale comme théra­pie restau­ra­trice en cas de mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives. Les recherches doivent cepen­dant se pour­suivre pour opti­mi­ser la survie à long terme des gref­fons et leur parfaite inté­gra­tion dans le tissu nerveux du receveur. 

Rédigé par Xavier LEVEQUE

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Mais pour­quoi cher­cher à utili­ser des cellules souches exogènes, plutôt que d’uti­li­ser les cellules souches du patient ?
    Sauf erreur, pas de phéno­mène de rejet prévi­sible, donc pas de trai­te­ment immunosupresseur.
    Problème de coût ?

    Commentaire by BOUVIER — 17 décembre 2009 #

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