Ne pas être qu'un "patient" ...

La Vie de Chercheur aux États-Unis

paru dans Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant n°19 — décembre 2004

Le post-​doctorat : une étape obli­ga­toire pour le jeune chercheur.
Personne n’est dupe, il n’existe pas d’op­por­tu­nité de carrière acadé­mique pour le jeune docto­rant fran­çais, bon ou moins bon, sans une solide expé­rience a l’étran­ger. Alors à choi­sir : les États-​Unis sont répu­tés pour leurs nombreuses insti­tu­tions de recherche et pour les innom­brables sources finan­cières, publiques ou privées. Pour exemple, le budget du NIH (Natio­nal Insti­tute of Health, l’équi­valent améri­cain de l’IN­SERM en France) était de 27.3 milliards de dollars, soit plus de 70 fois celui de l’IN­SERM en 2003 (311 millions d’Eu­ros), mais cela recourt d’un autre débat.
Pour plus d’in­for­ma­tion consul­ter le site de « sauvons la recherche »


Une Sili­con Valley de la Biolo­gie au sud de la Californie.
San Diego, sixième ville des Etats-​Unis, ancrée sur la fron­tière mexi­caine, à une heure et demie au sud de Los Angeles, est un carre­four mondial des Biotech­no­lo­gies. Parmi toutes les nouvelles compa­gnies et insti­tu­tions se trouve le Scripps Research Insti­tute, a La Jolla, au nord de la ville, là où sont concen­trées la majeure partie des « biotechs ». Le Scripps Insti­tute béné­fi­cie d’une répu­ta­tion mondiale avec 2 prix Nobel en Chimie et un en Physio­lo­gie. L’ins­ti­tut comporte 750 équipes de recherches et plus de 3000 employés. Il comporte aussi son propre Insti­tut des Neurosciences.
C’est pour­tant dans le dépar­te­ment de Biolo­gie Molé­cu­laire que j’ai trouvé ma place. L’équipe du Dr Carson, concen­trée sur l’im­mu­no­lo­gie du cerveau, y est implan­tée depuis plus de 8 ans et partage les locaux avec d’autres équipes travaillant sur la mala­die de Hunting­ton, le sommeil ou bien encore la Schizophrénie.

Notre équipe quant à elle porte son atten­tion sur la dissec­tion des réac­tions immu­ni­taires inter­ve­nant dans les mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives comme la mala­die de Parkin­son, la mala­die d’Alz­hei­mer, ou la Sclé­rose en Plaque. C’est un travail que nous avions déjà entamé à Nantes avant mon départ et qui a été soutenu par la CECAP.

Vincent Paille, étudiant en thèse à l’IN­SERM U643 de Nantes, a brillam­ment conti­nué ce travail en étudiant l’ex­pres­sion de molé­cules du système immu­ni­taire, appe­lées cyto­kines, après lésions excito-​toxiques chez le rat, un modèle mimant la mala­die de Parkin­son humaine.
Ce travail a été bien reconnu au niveau scien­ti­fique, puisque Vincent a été invite à présen­ter ses données au Congres Inter­na­tio­nal des Neuros­ciences, qui, éton­nam­ment, se dérou­lait cette année à San Diego !

Aux Etats-​Unis, la recherche est en perpé­tuel mouvement.
Il est une chose que l’ont peut certai­ne­ment envier aux améri­cains, c’est leur dyna­misme. Ici, les équipes de recherches sont en perpé­tuel mouve­ment. Il est très fréquent de voir un labo­ra­toire se vider, puis être remplacé quelques semaines plus tard par une autre équipe de recherche. C’est aussi ce qui est arrive a la nôtre. Béné­fi­ciant d’une offre de locaux plus impor­tants et de fonds allé­chants, le Dr Carson a décidé de trans­fé­rer notre équipe de recherche au sein de la pres­ti­gieuse Univer­sity Of Cali­for­nia, ou elle m’a demandé de l’y accom­pa­gner. Voilà une expé­rience inat­ten­due : démé­na­ger un labo­ra­toire, c’est en comprendre tous les fonde­ments, c’est recons­truire une base et un espace de travail, redé­fi­nir les projets, recru­ter un person­nel adéquat. Voilà donc un bonus extra­or­di­naire pour mon stage post-​doctoral, une forma­tion unique qui pour­rait encou­ra­ger a la créa­tion de son propre labo­ra­toire de recherche en France. Une oppor­tu­nité qui ne sera envi­sa­geable qu’a­vec des fonds publics suffi­sants. Mon travail sur la micro­glie et les mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives (voir Article : Micro­glie et mala­die de Parkin­son) a été crédité de deux bourses d’études par l’Alz­hei­mer Asso­cia­tion et la pres­ti­gieuse Natio­nal Multiple Sclé­ro­sis Society. Sur cette base, j’ai donc décide de prolon­ger cette expé­rience pour 3 nouvelles années. Il s’agira par là de fina­li­ser mes recherches de manière a les rendre utili­sables au niveau phar­ma­co­lo­gique, mais aussi d’ins­tau­rer un délai avant le retour en France.

La situa­tion précaire des cher­cheurs fran­çais et le nombre infime de poste qui est proposé chaque année ne faci­litent pas le retour des cher­cheurs expatriés.

Dr Benoit MELCHIOR Divi­sion of Biome­di­cal Sciences Univer­sity Of Cali­for­nia — Riverside

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