La Vie de Chercheur aux États-Unis
Publié le 16 janvier 2005 à 23:53paru dans Le Parkinsonien Indépendant n°19 — décembre 2004
Le post-doctorat : une étape obligatoire pour le jeune chercheur.
Personne n’est dupe, il n’existe pas d’opportunité de carrière académique pour le jeune doctorant français, bon ou moins bon, sans une solide expérience a l’étranger. Alors à choisir : les États-Unis sont réputés pour leurs nombreuses institutions de recherche et pour les innombrables sources financières, publiques ou privées. Pour exemple, le budget du NIH (National Institute of Health, l’équivalent américain de l’INSERM en France) était de 27.3 milliards de dollars, soit plus de 70 fois celui de l’INSERM en 2003 (311 millions d’Euros), mais cela recourt d’un autre débat.
Pour plus d’information consulter le site de « sauvons la recherche »
Une Silicon Valley de la Biologie au sud de la Californie.
San Diego, sixième ville des Etats-Unis, ancrée sur la frontière mexicaine, à une heure et demie au sud de Los Angeles, est un carrefour mondial des Biotechnologies. Parmi toutes les nouvelles compagnies et institutions se trouve le Scripps Research Institute, a La Jolla, au nord de la ville, là où sont concentrées la majeure partie des « biotechs ». Le Scripps Institute bénéficie d’une réputation mondiale avec 2 prix Nobel en Chimie et un en Physiologie. L’institut comporte 750 équipes de recherches et plus de 3000 employés. Il comporte aussi son propre Institut des Neurosciences.
C’est pourtant dans le département de Biologie Moléculaire que j’ai trouvé ma place. L’équipe du Dr Carson, concentrée sur l’immunologie du cerveau, y est implantée depuis plus de 8 ans et partage les locaux avec d’autres équipes travaillant sur la maladie de Huntington, le sommeil ou bien encore la Schizophrénie.
Notre équipe quant à elle porte son attention sur la dissection des réactions immunitaires intervenant dans les maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, ou la Sclérose en Plaque. C’est un travail que nous avions déjà entamé à Nantes avant mon départ et qui a été soutenu par la CECAP.
Vincent Paille, étudiant en thèse à l’INSERM U643 de Nantes, a brillamment continué ce travail en étudiant l’expression de molécules du système immunitaire, appelées cytokines, après lésions excito-toxiques chez le rat, un modèle mimant la maladie de Parkinson humaine.
Ce travail a été bien reconnu au niveau scientifique, puisque Vincent a été invite à présenter ses données au Congres International des Neurosciences, qui, étonnamment, se déroulait cette année à San Diego !
Aux Etats-Unis, la recherche est en perpétuel mouvement.
Il est une chose que l’ont peut certainement envier aux américains, c’est leur dynamisme. Ici, les équipes de recherches sont en perpétuel mouvement. Il est très fréquent de voir un laboratoire se vider, puis être remplacé quelques semaines plus tard par une autre équipe de recherche. C’est aussi ce qui est arrive a la nôtre. Bénéficiant d’une offre de locaux plus importants et de fonds alléchants, le Dr Carson a décidé de transférer notre équipe de recherche au sein de la prestigieuse University Of California, ou elle m’a demandé de l’y accompagner. Voilà une expérience inattendue : déménager un laboratoire, c’est en comprendre tous les fondements, c’est reconstruire une base et un espace de travail, redéfinir les projets, recruter un personnel adéquat. Voilà donc un bonus extraordinaire pour mon stage post-doctoral, une formation unique qui pourrait encourager a la création de son propre laboratoire de recherche en France. Une opportunité qui ne sera envisageable qu’avec des fonds publics suffisants. Mon travail sur la microglie et les maladies neurodégénératives (voir Article : Microglie et maladie de Parkinson) a été crédité de deux bourses d’études par l’Alzheimer Association et la prestigieuse National Multiple Sclérosis Society. Sur cette base, j’ai donc décide de prolonger cette expérience pour 3 nouvelles années. Il s’agira par là de finaliser mes recherches de manière a les rendre utilisables au niveau pharmacologique, mais aussi d’instaurer un délai avant le retour en France.
La situation précaire des chercheurs français et le nombre infime de poste qui est proposé chaque année ne facilitent pas le retour des chercheurs expatriés.
Dr Benoit MELCHIOR Division of Biomedical Sciences University Of California — Riverside
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