Ne pas être qu'un "patient" ...

Speak Loud : orthophonie

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°61
par J.P. Lagadec

Reconnu parkin­so­nien depuis l’an 2000, j’ai suivi une session de trai­te­ment de troubles de la parole selon le proto­cole LSVT… L’objectif était de trai­ter une dysar­thrie Parkin­so­nienne. J’ai suivi un proto­cole LSVT qui s’est terminé en Février 2015 (16 + 6 séances).

Pour­quoi le LSVT ?
Depuis long­temps, je m’étais inté­ressé au proto­cole LSVT. J’ai eu la possi­bi­lité de lire des docu­ments des précur­seurs du proto­cole, comme Lorraine Ramig et Cynthia Fox, ainsi que plusieurs articles de Mme Véro­nique Rolland Monnory. J’ai noté que le proto­cole, après son intro­duc­tion aux Etats Unis, avait été agréé en France dès l’an 2000. 

Poussé par mon épouse, qui compre­nait de plus en plus diffi­ci­le­ment ce que j’essayais de lui dire, j’ai décidé de suivre un trai­te­ment ortho­pho­nique et compte tenu de l’expérience de certains patients, j’ai cher­ché et trouvé une ortho­pho­niste LSVT.

Chez l’orthophoniste
J’étais assez anxieux en commen­çant la première séance. J’ai souvent la voix éraillée et surtout, je ne suis vrai­ment pas musi­cien. La peur du ridi­cule s’ajoutait à mon stress Parkin­so­nien ordi­naire. Mais je me suis vite adapté aux essais, à défaut de bien voca­li­ser ! Dès le début de la session, l’orthophoniste s’est atta­chée à véri­fier mes capa­ci­tés réelles de réédu­ca­tion. Certains tests ont été effec­tués à plusieurs reprises :

  • produc­tion du son Aaah….ou du son Oooh (sons forts et puis­sants) d’une façon conti­nue, pendant 18 s. Mon niveau sonore après ces tests a atteint 98 dB et est resté toujours supé­rieur à 92 dB.
  • déter­mi­na­tion de la bande passante qui s’établit de 120 à 4.400 Hz.

Après toutes ces mesures, l’orthophoniste m’a proposé un programme de réédu­ca­tion, à base de LSVT LOUD dont l’objectif est de pallier une impor­tante hypophonie. 

Je ne parle pas assez fort
On m’avait dit et redit que je ne parlais pas assez fort. Quand je prenais la parole en public, cela provo­quait les réac­tions suivantes : 

  • quand je parlais, à mon avis norma­le­ment (état spon­tané), mes audi­teurs se rappro­chaient, tendaient l’oreille ou me faisaient répéter.
  • quand j’élevais la voix, (état contraint) mes audi­teurs parais­saient plus inté­res­sés et satis­faits alors que j’avais l’impression de crier. Selon l’orthophoniste, il y a envi­ron 15 dB entre les niveaux de parole précités.

Peu à peu, il m’a bien fallu admettre l’évidence : Je ne parle pas assez fort et selon l’orthophoniste, il me manque 15 dB. 

Toute­fois, j’ai été encore plus convaincu par le résul­tat du test suivant : une conver­sa­tion spon­ta­née entre l’orthophoniste et moi a été enre­gis­trée, puis, nous l’avons réécou­tée. La voix de l’orthophoniste est parfai­te­ment audible et compré­hen­sible. Par contre, ma voix est affai­blie et devient par instant tout à fait incompréhensible.

Les objec­tifs :
Durant toutes les séances, on a utilisé pour compa­rer les niveaux sonores une échelle en déci­bels (dB). On a les niveaux suivants : 

  • Le niveau de bruit sans parole dans le bureau est de 45 dB
  • Niveaux de parole : en dessous de 50 dB Très Faible. De 50 à 65 Faible. De 65 à 80 Normal. De 80 à 95 Fort. Niveau au-​dessus de 95 dB Très Fort.

Mon niveau (parole spon­ta­née) estimé avant la session est de 50 à 55 dB. L’orthophoniste propose l’objectif à atteindre pour la fin de la session : 65 à 70 dB. Pour cela, le proto­cole LSVT préco­nise de parler FORT (LOUD), au-​dessus de 80 dB. 

Le cerveau ne finit pas tout son travail : 

Nous avons fait à chaque séance avec le même leit­mo­tiv (Speak Loud) de nombreux exer­cices d’expression orale, que je pour­rais clas­ser ainsi : lecture d’un texte dacty­lo­gra­phié, résumé oral du texte, réponses à des ques­tion­naires deman­dant une réflexion préa­lable (exemple : faire une phrase où le mot ferme est utilisé dans la même phrase comme nom, adjec­tif et verbe, etc.), conver­sa­tions libres avec l’orthophoniste.

Dans le premier cas, la lecture étant auto­ma­tique, le cerveau ne doit penser qu’à un seul objec­tif (speak loud) et il y arrive peu à peu. Dans tous les autres cas, le cerveau travaille à prépa­rer une réponse et oublie souvent l’objectif au moment de répondre et le niveau vocal est faible. 

Les inci­ta­tions : les cues
Pendant tous ces exer­cices, l’orthophoniste à chaque forfait du cerveau me faisait des signes discrets pour m’inciter à parler plus fort. Le cerveau répond alors très vite à cette inci­ta­tion (cue en anglais à pronon­cer kiou) et le niveau sonore remonte. Mais, pour toutes les circons­tances où on n’a pas l’aide de l’orthophoniste, il faut imagi­ner ses cues person­nels et les utili­ser. Géné­ra­le­ment, le prin­cipe d’un cue est de rappe­ler de temps à autre à la personne qu’il faut parler fort. 

Premier exemple : dans la vie du Parkin­so­nien âgé, avec petits enfants, on est parfois amené à parler fort : J’ai encore perdu mes lunettes ! Les filles à table ! J’en ai marre de vos disputes ! Ces phrases doivent être pronon­cées fort et répé­tées aussi souvent que possible. 

Deuxième exemple : les Tic de langage de vos inter­lo­cu­teurs peuvent vous rappe­ler qu’il faut parler fort pour leur répondre. Tout le monde a des tics de langage. Moi aussi ! Et il est facile actuel­le­ment de repé­rer chez votre inter­lo­cu­teur les « voilà » et les « du coup » les tics à la mode. 

Et du coup, vous parle­rez fort dès que vous aurez la parole. Voilà !

En conclu­sion :

  • Après des premières séances diffi­ciles, fati­gantes sur le plan physique, mais surtout psycho­lo­gique, j’ai eu le plai­sir de faire des progrès. Selon mon ortho­pho­niste, le proto­cole est pour elle, aussi, agréable à pratiquer.
  • Nous avons atteint en séance à peu près l’objectif fixé.
  • Ces résul­tats sont éphé­mères, et il faut que je conti­nue à travailler, selon un programme de travail fourni par l’orthophoniste.

Jean Pierre Laga­dec

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