Pesticides et santé : un dossier accablant
Publié le 26 juin 2016 à 08:49Articles parus dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°65
Faut-il craindre les pesticides ? Indéniablement oui, en particulier si l’on est enceinte, enfant ou agriculteur. Agriculteur, parce que cette profession est exposée à des doses massives et régulières.
La preuve par la maladie de Parkinson :
Si les causes de la Maladie de Parkinson sont multiples et incluent un versant génétique, on sait aujourd’hui que les facteurs environnementaux jouent un rôle majeur. Parmi ceux-ci, l’exposition aux pesticides. La maladie est liée à la perte des neurones producteurs de dopamine, un neurotransmetteur impliqué dans le contrôle de la motricité.
En 2009, une équipe de recherche américaine a montré que le fait de vivre à moins de 500 mètres de zones agricoles traitées par des pesticides, augmente de 75% le risque de développer cette maladie. Les chercheurs ont mis en évidence ce risque accru lié à une double exposition au fongicide Manèbe® et à l’herbicide Paraquat®, à partir de l’historique d’utilisation des pesticides agricoles et du plan d’occupation des sols.
Les présomptions de lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson remontent aux années 1980. Une vague de syndromes parkinsoniens précoces était apparue chez des toxicomanes californiens ayant consommé du MPTP, une neurotoxine produite par erreur lors de la synthèse d’un opioïde proche de l’héroïne. Or, le MPTP présente une structure chimique analogue à celle de l’herbicide Paraquat®. Très largement utilisé depuis 1961, ce composé a été interdit d’utilisation en Europe en 2007, mais persiste dans l’environnement. Il est toujours utilisé dans les pays en voie de développement.
Evaluer le facteur de risque pour le déclenchement de la maladie de Parkinson est particulièrement difficile : les agriculteurs sont en contact au cours de leur carrière avec de nombreuses substances actives, parfois simultanément. La tâche est encore complexifiée par le caractère évolutif de la maladie, indétectable durant une quinzaine d’années, jusqu’à l’apparition des premiers symptômes. Toutefois un grand nombre d’études établissent un faisceau de preuves. Le rapport publié en 2013 par l’Inserm, à la demande de la direction générale de la Santé, indique d’ailleurs que « d’après la méta-analyse la plus récente, un excès de risque significatif est rapporté chez les personnes exposées aux pesticides » Depuis le 4 mai 2012, la maladie de Parkinson provoquée par les pesticides a été inscrite au tableau des maladies agricoles professionnelles prises en charge par la Sécurité Sociale. Du fait de la diversité des pesticides, il n’est pas possible de parler de toxicité générale : la classification des plus utilisés fait déjà appel à cinquante familles chimiques. De nombreuses recherches ont été menées sur certains composés, mettant au jour une grande complexité des effets induits. Deux mécanismes d’action principaux émergent de ces travaux : un stress oxydant entraînant la mort cellulaire et le dysfonctionnement du système énergétique cellulaire, la mitochondrie. La plupart des pesticides combinent ces mécanismes avec d’autres effets. C’est le cas de la Roténone®, insecticide d’origine naturelle utilisé en agriculture biologique avant d’être interdit par la Communauté européenne en 2008.
L’étude publiée en 2008 par Ranjita Betarbet et ses collègues de l’université américaine d’Emory n’y est peut-être pas pour rien. En traitant des rats avec différentes concentrations de Roténone®, ces chercheurs ont reproduit les caractéristiques anatomiques, comportementales et neuropathologiques de la maladie de Parkinson. Ils ont pu constater que l’insecticide provoquait une réduction significative de la concentration en dopamine dans le cerveau, avec perte sélective des neurones dopaminergiques, ainsi que l’apparition d’agrégats d’alphasynucléine, protéine responsable de la dégénérescence des neurones.
Le constat épidémiologique et neurotoxicologique des liens entre exposition aux pesticides et maladie de Parkinson est sombre, mais les recherches en cours améliorent chaque jour la compréhension des mécanismes à l’œuvre, permettant d’envisager des pistes de lutte. Entre autres, Laurence Payrastre, chercheuse à l’Inra de Toulouse, s’interroge sur le possible bénéfice des micronutriments (tanin, polyphénols et pigments) présents dans la matrice végétale des aliments. Selon elle, « ces composés peuvent interagir avec les pesticides, soit directement, soit par compétition sur des cibles cellulaires communes ». Un espoir pour bloquer l’action délétère des produits phytosanitaires.
Article d’Aline Aurias, Oriane Dioux et Mathias Germain paru dans la revue « La Recherche » de Mars 2016
Lu par Françoise Vignon
Présents dans les insecticides et répulsifs en spray comme dans les champoings anti-poux, et les anti-moustiques, les pyréthrinoïdes sont nocifs pour le cerveau des enfants. Ils sont utilisés en agriculture pour combattre les nuisibles, par les vétérinaires pour éliminer les parasites, mais surtout à la maison pour se prémunir contre les moustiques et les poux. Les Pyréthrinoïdes, une classe d’insecticides très répandus, affecterait les performances cognitives des enfants, selon une étude menée en Bretagne.
Extrait d’un article paru dans « Science & Vie » du 11/08/15
Lu par Françoise Vignon
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