Microbiote et cerveau : une inégalité des sexes
Publié le 03 avril 2018 à 07:17Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°72
Avant même la naissance, au moment où l’on pensait qu’il n’existait pas encore de différence entre les embryons féminins et masculins, les cellules immunitaires du cerveau montrent pourtant une réaction différente selon le sexe. Une découverte qui pourrait contribuer à expliquer la sensibilité plus grande à certains troubles ou pathologies neurodégénératives, selon que l’on est une femme ou un homme.
Les hommes et les femmes ne sont pas sensibles au déséquilibre du microbiote aux mêmes stades de leur vie. La faute aux microglies, cellules protectrices du cerveau, qui ne répondent pas de la même manière dans les deux sexes, d’après une nouvelle étude franco-singapourienne. Ainsi, le cerveau des hommes serait plus vulnérable à certaines pathologies neurodégénératives ou troubles du développement et, selon les auteurs, l’importance de prendre en compte ces différences de sexe dans les études cliniques, même sur des sujets en période prénatale.
Le dysfonctionnement des cellules immunitaires du cerveau peut amener à des pathologies développementales et neurodégénératives. Les microglies sont de petites cellules immunitaires de forme étoilées qui protègent les neurones au niveau du cerveau et de la moelle épinière dès le stade embryonnaire. Capables de détecter traumatismes et signaux inflammatoires et de lutter contre les infections, elles sont également impliquées dans le développement et le fonctionnement du cerveau.
La défaillance des microglies est en effet liée à l’apparition ou à la progression de plusieurs maladies du développement ou neurodégénératives, dont les troubles du spectre autistique, la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, plusieurs maladies auto-immunes et la sclérose en plaques. Notoirement perturbées par le déséquilibre du microbiote (aussi appelé flore intestinale), qui a lui aussi été reconnu comme un régulateur clé des circuits cérébraux, de la neurophysiologie et du comportement, les chercheurs ont voulu tester la réponse des microglies en cas d’absence de cette flore.
Les microglies réagissent différemment à l’absence de microbiotes selon le sexe, même au stade embryonnaire. Les chercheurs ont ainsi analysé les microglies de souris dépourvues de microbiote à différentes phases de leur développement. Résultat : l’absence de microbiote entraînait une modification de l’expression des gènes, de la densité et de la colonisation des tissus par les microglies, ce qui diminuait leur efficacité protectrice.
Mais ça ne s’arrête pas là : car selon le sexe des souris, ces dysfonctionnements apparaissaient à des stades différents de la vie. Ils étaient ainsi plus susceptibles d’apparaître à l’âge adulte chez la femelle, alors que les souris mâles montraient des dysfonctionnements des microglies dès le stade embryonnaire qui semblaient ensuite se rétablir à l’âge adulte. Les mêmes résultats ont ensuite été vérifiés sur les fœtus humains.
« Dans beaucoup d’études, on considère qu’au stade embryonnaire il n’y a pas de différences entre les sexes car l’imprégnation hormonale n’a pas encore eu lieu », commente Morgane Thion, co-auteure de la publication, « Pourtant nous avons montré que cette différence existait, et qu’il faut absolument la prendre en compte ».
Un déséquilibre du microbiote maternel pourrait être lié à de futurs dysfonctionnements du cerveau. Ces résultats pourraient en partie expliquer pourquoi lors d’un déséquilibre du microbiote (dysbiose), certains troubles toucheraient plus les hommes tels que l’autisme, ou plus les femmes, tels que les maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques, selon que les pathologies en question correspondraient plus aux « fenêtres de susceptibilité » temporelles masculine ou féminine.
« Dans la mesure où l’embryon ne possède pas de microbiote, il est évident que l’équilibre du microbiote maternel a un impact important sur la fonction des microglies dès le stade embryonnaire », ajoute Sonia Garel, Directrice de recherche Inserm et co-auteure de ces travaux. Bien sûr, ces résultats doivent être reproduits et confirmés sur un modèle uniquement humain. Prochain défi des chercheurs : comprendre l’origine de cette différence de réaction des microglies entre les mâles et les femelles, alors même que les embryons sont en apparence totalement identiques.
Article de Camille Gaubert relevé dans Sciences et Avenir
Par Françoise Vignon
Cellules gliales : l’autre moitié méconnue de notre cerveau
Publié le 01 avril 2018 à 07:15Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°72
On a interrogé le Pr Yves Agid sur le rôle primordial de ces cellules du cerveau. Tout le monde sait ce qu’est un neurone. Mais pouvons-nous dire la même chose des cellules gliales ? Plus nombreuses que les constituants de la matière grise, ces cellules sont pourtant indispensables au bon fonctionnement de notre cerveau. C’est ce qu’explique le Pr Yves Agid, neurologue et Membre fondateur de l’Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.
A quoi servent les cellules gliales ?
A l’instar des neurones, les cellules gliales jouent un rôle primordial dans les fonctions cérébrales, telles que la pensée, la perception, la mémoire ou encore la conscience. Neurones et cellules gliales travaillent d’ailleurs ensemble. Ces dernières font notamment la synthèse des informations envoyées par les neurones afin de les synchroniser et les transformer en un seul courant électrique.
Il faut cependant savoir qu’il en existe plusieurs types. Par exemple, les microglies défendent le cerveau contre les inflammations, alors que les oligodendrocytes sont des cellules constitutives de la myéline (une gaine qui entoure les neurones et accélère la conduction nerveuse).
Enfin, les astrocytes nourrissent et éliminent les déchets des neurones. Le cerveau est en effet « branché » sur le corps grâce à quatre gros vaisseaux qui amènent des nutriments, notamment du glucose (sucre) et de l’oxygène, aux cellules nerveuses. Ces nutriments sont pompés par les astrocytes et passent dans les neurones. Les déchets, eux, passent en sens inverse. Les astrocytes sont à la fois les nourriciers et les éboueurs des neurones.
Pourquoi n’entendons-nous jamais parler de ces cellules ?
La communauté scientifique a découvert ces cellules gliales en même temps que les neurones. Mais nous avons toujours considéré que la pensée découlait uniquement de ces derniers. Car les cellules gliales, à l’inverse des neurones, ne produisent pas de courant électrique. Leur activité ne pouvait donc pas être mesurée.
Les scientifiques pensaient, à tort, que ces cellules étaient inertes et servaient simplement de liant physique aux neurones. Autrement dit, qu’il s’agissait d’une sorte de tissu de soutien aux neurones. Puis, nous nous sommes aperçus que c’était beaucoup plus complexe qu’on ne le croyait.
De combien de cellules gliales est composé notre cerveau ?
Nous avons plus de cellules gliales que de neurones dans notre cerveau. Heureusement, car cela signifie que nous sommes les plus intelligents dans la chaîne de l’évolution. Ainsi, pour donner un exemple très concret, la limace a une cellule gliale pour six neurones. Chez l’homme, il y en a environ 1,5 fois plus. Soit près de 120 milliards cellules gliales, contre « seulement » 85 milliards de neurones !
Article d’Aurélie Franc du Figaro Santé
Lu par F. Vignon
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
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