Présentation de l’AMS (appelée parfois Parkinson plus)
Publié le 31 août 2010 à 08:37Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010
[ERRATUM :
Un lecteur attentif nous a fait une remarque importante concernant notre article, paru dans le N°42, à propos de l’AMS appelé parfois « Parkinson Plus » : « Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une conférence du professeur Tyson donnée à l’hôpital Broussais en 2003, alors que la source d’origine n’est pas rappelée. Bien cordialement. Roger Lenglet »
Effectivement nous avions cru comprendre que Charles Dumont en était l’auteur compte tenu de la forme de son envoi. Interrogé précisément sur ce point, celui-ci nous a confirmé ne pas être l’auteur de l’article. Dont acte.
Nous tenons à exprimer notre regret pour cette mésaventure et à remercier la vigilance de nos lecteurs.
Jean GRAVELEAU, directeur de la publication]
L’atrophie multi systématisée ou AMS est une maladie neurologique rare qui se caractérise par une perte neuronale qui touche des zones distinctes : le système nigrostrié, le cervelet et le système autonome (colonnes internes latérales). Chacun de ces foyers est responsable d’un certain type de symptômes : motricité pour le système nigrostrié, équilibre pour le cervelet, hypotension et troubles urinaires, sphinctérien et de l’érection pour le système autonome.
Historique
En 1960, Shy et Drager décrivent pour la première fois une forme de cette maladie qu’ils distinguent de la maladie de Parkinson classique. Ils établissent un lien entre l’hypotension orthostatique et l’atteinte du système autonome. La maladie apparaissait alors comme une forme sévère de la maladie de Parkinson — d’où le nom de Parkinson plus qui lui fut parfois donné — accompagnée de troubles du système autonome. Plus tard le terme de « syndrome de Shy-Drager » sera utilisé pour décrire les troubles résultant de l’atteinte du système autonome.
En 1969, Graham et Oppenheimer établissent que chez certains patients, trois syndromes coexistent : la dégénérescence striatonigrale, l’atrophie olivopontocérébelleuse et le syndrome de Shy-Drager. Ces patients souffrent en fait tous de la même maladie : l’atrophie multi systématisée. Pour tous ces patients, les trois systèmes cités précédemment sont touchés. Selon le système qui est le plus atteint, le patient présentera, au début de la maladie, des symptômes plutôt de type parkinsonien (2/3 des cas environ) ou plutôt de type cérébelleux (1/3 des cas). Lors de l’évolution de la maladie, les autres symptômes apparaissent d’une façon plus ou moins marquée.
En 1989, une étape très importante est franchie : Niall Quinn dans une publication intitulée « la nature de la bête » avance des critères diagnostiques. Dès lors les médecins seront plus à même de diagnostiquer la maladie ce qui est un préalable indispensable pour pouvoir déterminer un jour la ou les causes de cette maladie et proposer un traitement curatif.
En 1999, lors d’une conférence réunissant divers spécialistes mondiaux, un consensus sur les critères diagnostiques, connus sous le nom de critères de Gilman, est établi. Très succinctement, une MSA est probable lorsqu’une atteinte du système autonome avec troubles urinaires est accompagnée de symptômes de type parkinsoniens (avec une faible réponse à la levodopa) ou de symptômes de type cérébelleux.
La découverte des inclusions oligodendriales :
L’année 1989 a été importante parce qu’alors qu’apparaissait cet article fondateur de Quinn, est apparu l’article de Papp et Lantos, qui sont aussi londoniens mais qui ne sont pas biologistes. Papp et Lantos ont découvert les fameuses inclusions oligodendrogliales Ces auteurs, qui s’intéressaient à la maladie, ont découvert, dans le cerveau des patients atteints de la MSA, qu’une cellule, qui est en fait une cellule de soutien, qui entoure le neurone et forme la gaine de myéline, qu’on appelle l’oligoneurocyte, accumulait un matériel qui ne devrait pas être là, qu’on a appelé inclusions oligodendriales. On sait maintenant que cette inclusion n’est pas spécifique de la MSA, qu’elle peut se trouver dans d’autres maladies mais toujours en densité beaucoup plus faible. Il n’y a que la MSA pour donner une densité aussi importante d’oligodendrogliales. C’est donc un marqueur pathologique. Il se trouve que ce marqueur pathologique se trouvait dans les formes cérébelleuses, dans les formes parkinsoniennes et donc a confirmé l’unicité de la maladie.
Des progrès remarquables en 15 ans Ce que j’aimerais vous faire toucher du doigt, c’est que la MSA est une maladie orpheline pour laquelle on a fait des progrès en 15 ans tout à fait remarquables.
Jusqu’en 89, le nombre de neurologues qui connaissaient cette maladie et qui savaient la diagnostiquer se comptaient sur les doigts de la main dans le monde. Et après 89, on a appris à :
- bien reconnaître la maladie
- proposer des critères diagnostiques
- proposer des critères de reconnaissance pathologique
- proposer des critères concernant les examens utiles pouvant aider au diagnostic
- savoir différencier cette maladie des autres syndromes parkinsoniens atypiques
- connaître en grande partie l’épidémiologie de la maladie, sa distribution en particulier dans le monde
- adapter des échelles cliniques pour définir des modalités d’évolution de la maladie et mettre en place les premiers essais thérapeutiques.
Donc c’est absolument énorme. On est passé de zéro à quelque chose de vraiment raisonnable. Alors évidemment dans la vie de tous les jours, vous n’avez peut-être pas l’impression qu’il y a des progrès fondamentaux parce qu’il n’y a pas de cure de la maladie, mais il y a peu de maladies neurologiques qu’on sait soigner et guérir. Mais il faut bien se rendre compte qu’il fallait commencer par le début commencer par définir ce qu’était la MSA, savoir quelles étaient les modalités d’évolution de la maladie, quels examens étaient utiles, définir à quoi on allait s’intéresser concernant l’évolution de cette maladie, c’est à dire les variables qu’on allait utiliser en essai clinique —avant de commencer toute recherche thérapeutique. C’est ce qui a été fait entre 90 et ce jour.
Avant 90, le nombre d’articles scientifiques qui sortaient sur la MSA était inférieur à 10 par an, et progressivement il y en a eu 50, 150 et cætera. Il faut savoir qu’il y a actuellement deux groupes européens de recherche qui se sont formés, et un groupe nord-américain, qui sont dévolus uniquement à la recherche clinique et thérapeutique concernant cette maladie. C’est quand même quelque chose qui est important.
La découverte de l’alphasynucléine :
Il y a eu un autre événement concernant la maladie, en 2000 – 2001. On a découvert que ces inclusions comportaient l’alphasynucléine. L’alphasynucléine c’est une protéine dont l’agrégation est anormale dans les neurodendrocytes. C’est la même qui est agrégée dans la maladie de Parkinson. Dans la MSA elle est surtout dans les oligodendrocytes, elle est aussi dans les neurones mais pas les mêmes neurones que dans la maladie de Parkinson. On a tendance à classer l’AMS parmi ce qu’on appelle maintenant les alphasynucléipathies, du fait de cette pathologie cellulaire qui caractérise la maladie. Le développement d’anticorps anti-alphasynucléine permet de mettre en évidence la dégradation d’alphasynucléine dans le cerveau et de faire le diagnostic pathologique.
C’est quelque chose d’important parce que d’abord ça conforte l’unicité de la maladie pour ceux qui en doutaient, et puis ça offre des outils diagnostiques importants. Malgré tout, actuellement on ne sait pas encore si l’agrégation de cette alphasynucléine est l’œuf ou la poule, la cause ou la conséquence. On sait que cette alphasynucléine peut s’agréger si on abime les axones, quelle que soit l’origine de cette atteinte des axones. C’est donc un mode de réaction des oligodendrocytes. Je ne passe pas en revue ce qui a amené à découvrir l’alphasynucléine dans la maladie de Parkinson et dans la MSA, mais elle est là et bien là.
Des modèles animaux
C’est une piste importante, et d’autant plus importante que depuis environ cinq-six ans on commence à développer des modèles animaux à profil AMS. On a été assez actifs à Bordeaux et également à Innsbruck avec mon collègue Gregor Wenning. On a commencé à faire des lésions systémiques chez le rongeur pour essayer de trouver éventuellement des possibilités thérapeutiques. Et récemment un groupe allemand associé à Innsbruck et à nous-mêmes, a développé une souris transgénique où le gène —l’expression de l’alphasynucléine— est dirigé vers les oligodendrocytes. Cette souris a les mêmes inclusions que l’atrophie multi systématisée. Le fait est que ces inclusions ne provoquent pas la maladie, ne provoquent pas de symptômes. On les trouve —dans le cerveau— mais rien ne se passe —jusqu’à présent. Grâce au travail qu’on avait fait à Bordeaux, chez la souris, qu’on intoxiquait par un toxique qui atteint le système nerveux, et un autre qui atteint le striatum qui est le 3NP, maintenant on a intoxiqué une souris avec ces deux substances pour détruire le système nigrocellulé et faire apparaître des signes. Donc actuellement on a des souris qui ont à la fois des inclusions et à la fois aussi des signes moteurs et qui donc vont nous permettre, on l’espère, d’avancer dans la recherche thérapeutique.
Date de création : 14/04/2008
lu pour nous par Charles DUMONT
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En vous lisant, je suis un peu en colère, comme d’habitude,car cela confirme mon impression depuis deux ans, date à laquelle on a diagnostiqué un parkinson plus confirmé par un datscan. Les médecins ne voient pas la différence entre un malade à qui on met des oeuillè(res et qui suit le troupeau sans chercher à comprendre à quelle sauce il va être mangé, et celui qui trouve sa motivation en se battant contre l’adversité est-il normal de se référer aux articles comme les votres pour savoir ce qu’est la M.S.A,. Je suis laissée dans l’ignorance complète c’est pourtant bien de » mes » douleurs et de ma vie qu’il s’agit. Je vous prie de bien vouloir excuser cette virulence, alors que, ce soir grace à vous, je sais enfin contre quoi je me bat ( car voyez-vous,ne pouvant atteindre cet état de béatitude recommandé aux parkinsoniens,je l’ai remplacé par la hargne et la gagne!!!
MERCI .
Commentaire by Nicole Cavallini — 9 août 2014 #
pouvez-vous me communiquer lesadresses des lieux les mieux informés actuellement (2013) en matière de progrès dans les thérapîes ?
notamment l’usage de la pompe utilisee pour Parkinson
est-il profitable pour l’AMS
Merci de bien vouloir me répondre
Commentaire by cagnasso — 15 avril 2013 #
bonjour — concernant l’AMS, vous êtes vous rapprochée de l’association ARAMISE qui met tout en oeuvre pour aider les personnes atteintes de cette maladie- vous en avez un lien sur ce site — son siège social est Résidence des tilleuls- Bat B- 49 avenue Léon Blum — 60000 Beauvais- bien amicalement- E.Six
Commentaire by GP29 — 15 juillet 2011 #
Merci pour ces informations, j’espère que cette maladie ne sera pas oublié car il a fallu beaucoup de temps et d’énergie pour mettre un nom sur la maladie de ma mère qui a 52 ans.
Commentaire by nadège — 12 juillet 2011 #
[…] de l’AMS appelé parfois « Parkinson Plus » : «« Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une conférence du professeur Tyson donnée à l’hôpital […]
Ping by Groupe Parkinson 29 » ERRATUM : — 12 décembre 2010 #
Bonjour — votre message a aussi été une surprise, cela dit, je vous en remercie. Consulté Monsieur Charles Dumont reconnaît ne pas être l’auteur de cet article. Nous ne pouvons que présenter nos excuses ce qui sera fait officiellement lors de notre prochain journal (Le Parkinsonien Indépendant). Merci votre lecture attentive — bien amicalement . E. Six
Commentaire by GP29 — 1 novembre 2010 #
Bonjour,
je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une conférence du professeur Tyson donnée à l’hôpital Broussais en 2003, alors que la source d’origine n’est pas rappelée.
Bien cordialement,
Roger Lenglet
Commentaire by Roger Lenglet — 27 octobre 2010 #