Ne pas être qu'un "patient" ...

Présentation de l’AMS (appelée parfois Parkinson plus)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010 

[ERRATUM :
Un lecteur atten­tif nous a fait une remarque impor­tante concer­nant notre article, paru dans le N°42, à propos de l’AMS appelé parfois « Parkin­son Plus » : « Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une confé­rence du profes­seur Tyson donnée à l’hôpital Brous­sais en 2003, alors que la source d’origine n’est pas rappe­lée. Bien cordia­le­ment. Roger Lenglet »

Effec­ti­ve­ment nous avions cru comprendre que Charles Dumont en était l’auteur compte tenu de la forme de son envoi. Inter­rogé préci­sé­ment sur ce point, celui-​ci nous a confirmé ne pas être l’auteur de l’article. Dont acte.
Nous tenons à expri­mer notre regret pour cette mésa­ven­ture et à remer­cier la vigi­lance de nos lecteurs.
Jean GRAVELEAU, direc­teur de la publication]

L’atro­phie multi systé­ma­ti­sée ou AMS est une mala­die neuro­lo­gique rare qui se carac­té­rise par une perte neuro­nale qui touche des zones distinctes : le système nigros­trié, le cerve­let et le système auto­nome (colonnes internes laté­rales). Chacun de ces foyers est respon­sable d’un certain type de symp­tômes : motri­cité pour le système nigros­trié, équi­libre pour le cerve­let, hypo­ten­sion et troubles urinaires, sphinc­té­rien et de l’érec­tion pour le système autonome.

Histo­rique
En 1960, Shy et Drager décrivent pour la première fois une forme de cette mala­die qu’ils distinguent de la mala­die de Parkin­son clas­sique. Ils établissent un lien entre l’hy­po­ten­sion ortho­sta­tique et l’at­teinte du système auto­nome. La mala­die appa­rais­sait alors comme une forme sévère de la mala­die de Parkin­son — d’où le nom de Parkin­son plus qui lui fut parfois donné — accom­pa­gnée de troubles du système auto­nome. Plus tard le terme de « syndrome de Shy-​Drager » sera utilisé pour décrire les troubles résul­tant de l’at­teinte du système autonome.

En 1969, Graham et Oppen­hei­mer établissent que chez certains patients, trois syndromes coexistent : la dégé­né­res­cence stria­to­ni­grale, l’atro­phie olivo­pon­to­cé­ré­bel­leuse et le syndrome de Shy-​Drager. Ces patients souffrent en fait tous de la même mala­die : l’atro­phie multi systé­ma­ti­sée. Pour tous ces patients, les trois systèmes cités précé­dem­ment sont touchés. Selon le système qui est le plus atteint, le patient présen­tera, au début de la mala­die, des symp­tômes plutôt de type parkin­so­nien (2/​3 des cas envi­ron) ou plutôt de type céré­bel­leux (1/​3 des cas). Lors de l’évo­lu­tion de la mala­die, les autres symp­tômes appa­raissent d’une façon plus ou moins marquée.

En 1989, une étape très impor­tante est fran­chie : Niall Quinn dans une publi­ca­tion inti­tu­lée « la nature de la bête » avance des critères diag­nos­tiques. Dès lors les méde­cins seront plus à même de diag­nos­ti­quer la mala­die ce qui est un préa­lable indis­pen­sable pour pouvoir déter­mi­ner un jour la ou les causes de cette mala­die et propo­ser un trai­te­ment curatif.

En 1999, lors d’une confé­rence réunis­sant divers spécia­listes mondiaux, un consen­sus sur les critères diag­nos­tiques, connus sous le nom de critères de Gilman, est établi. Très succinc­te­ment, une MSA est probable lorsqu’une atteinte du système auto­nome avec troubles urinaires est accom­pa­gnée de symp­tômes de type parkin­so­niens (avec une faible réponse à la levo­dopa) ou de symp­tômes de type cérébelleux. 

La décou­verte des inclu­sions oligodendriales :
L’an­née 1989 a été impor­tante parce qu’a­lors qu’ap­pa­rais­sait cet article fonda­teur de Quinn, est apparu l’ar­ticle de Papp et Lantos, qui sont aussi londo­niens mais qui ne sont pas biolo­gistes. Papp et Lantos ont décou­vert les fameuses inclu­sions oligo­den­dro­gliales Ces auteurs, qui s’in­té­res­saient à la mala­die, ont décou­vert, dans le cerveau des patients atteints de la MSA, qu’une cellule, qui est en fait une cellule de soutien, qui entoure le neurone et forme la gaine de myéline, qu’on appelle l’oli­go­neu­ro­cyte, accu­mu­lait un maté­riel qui ne devrait pas être là, qu’on a appelé inclu­sions oligo­den­driales. On sait main­te­nant que cette inclu­sion n’est pas spéci­fique de la MSA, qu’elle peut se trou­ver dans d’autres mala­dies mais toujours en densité beau­coup plus faible. Il n’y a que la MSA pour donner une densité aussi impor­tante d’oli­go­den­dro­gliales. C’est donc un marqueur patho­lo­gique. Il se trouve que ce marqueur patho­lo­gique se trou­vait dans les formes céré­bel­leuses, dans les formes parkin­so­niennes et donc a confirmé l’uni­cité de la maladie. 

Des progrès remar­quables en 15 ans Ce que j’ai­me­rais vous faire toucher du doigt, c’est que la MSA est une mala­die orphe­line pour laquelle on a fait des progrès en 15 ans tout à fait remarquables. 

Jusqu’en 89, le nombre de neuro­logues qui connais­saient cette mala­die et qui savaient la diag­nos­ti­quer se comp­taient sur les doigts de la main dans le monde. Et après 89, on a appris à :

  • bien recon­naître la maladie
  • propo­ser des critères diagnostiques
  • propo­ser des critères de recon­nais­sance pathologique
  • propo­ser des critères concer­nant les examens utiles pouvant aider au diagnostic
  • savoir diffé­ren­cier cette mala­die des autres syndromes parkin­so­niens atypiques
  • connaître en grande partie l’épi­dé­mio­lo­gie de la mala­die, sa distri­bu­tion en parti­cu­lier dans le monde
  • adap­ter des échelles cliniques pour défi­nir des moda­li­tés d’évo­lu­tion de la mala­die et mettre en place les premiers essais thérapeutiques.

Donc c’est abso­lu­ment énorme. On est passé de zéro à quelque chose de vrai­ment raison­nable. Alors évidem­ment dans la vie de tous les jours, vous n’avez peut-​être pas l’im­pres­sion qu’il y a des progrès fonda­men­taux parce qu’il n’y a pas de cure de la mala­die, mais il y a peu de mala­dies neuro­lo­giques qu’on sait soigner et guérir. Mais il faut bien se rendre compte qu’il fallait commen­cer par le début commen­cer par défi­nir ce qu’é­tait la MSA, savoir quelles étaient les moda­li­tés d’évo­lu­tion de la mala­die, quels examens étaient utiles, défi­nir à quoi on allait s’in­té­res­ser concer­nant l’évo­lu­tion de cette mala­die, c’est à dire les variables qu’on allait utili­ser en essai clinique —avant de commen­cer toute recherche théra­peu­tique. C’est ce qui a été fait entre 90 et ce jour. 

Avant 90, le nombre d’ar­ticles scien­ti­fiques qui sortaient sur la MSA était infé­rieur à 10 par an, et progres­si­ve­ment il y en a eu 50, 150 et cætera. Il faut savoir qu’il y a actuel­le­ment deux groupes euro­péens de recherche qui se sont formés, et un groupe nord-​américain, qui sont dévo­lus unique­ment à la recherche clinique et théra­peu­tique concer­nant cette mala­die. C’est quand même quelque chose qui est important. 

La décou­verte de l’alphasynucléine : 
Il y a eu un autre événe­ment concer­nant la mala­die, en 2000 – 2001. On a décou­vert que ces inclu­sions compor­taient l’al­pha­sy­nu­cléine. L’al­pha­sy­nu­cléine c’est une protéine dont l’agré­ga­tion est anor­male dans les neuro­den­dro­cytes. C’est la même qui est agré­gée dans la mala­die de Parkin­son. Dans la MSA elle est surtout dans les oligo­den­dro­cytes, elle est aussi dans les neurones mais pas les mêmes neurones que dans la mala­die de Parkin­son. On a tendance à clas­ser l’AMS parmi ce qu’on appelle main­te­nant les alpha­sy­nu­cléi­pa­thies, du fait de cette patho­lo­gie cellu­laire qui carac­té­rise la mala­die. Le déve­lop­pe­ment d’an­ti­corps anti-​alphasynucléine permet de mettre en évidence la dégra­da­tion d’al­pha­sy­nu­cléine dans le cerveau et de faire le diag­nos­tic pathologique. 

C’est quelque chose d’im­por­tant parce que d’abord ça conforte l’uni­cité de la mala­die pour ceux qui en doutaient, et puis ça offre des outils diag­nos­tiques impor­tants. Malgré tout, actuel­le­ment on ne sait pas encore si l’agré­ga­tion de cette alpha­sy­nu­cléine est l’œuf ou la poule, la cause ou la consé­quence. On sait que cette alpha­sy­nu­cléine peut s’agré­ger si on abime les axones, quelle que soit l’ori­gine de cette atteinte des axones. C’est donc un mode de réac­tion des oligo­den­dro­cytes. Je ne passe pas en revue ce qui a amené à décou­vrir l’al­pha­sy­nu­cléine dans la mala­die de Parkin­son et dans la MSA, mais elle est là et bien là. 

Des modèles animaux 
C’est une piste impor­tante, et d’au­tant plus impor­tante que depuis envi­ron cinq-​six ans on commence à déve­lop­per des modèles animaux à profil AMS. On a été assez actifs à Bordeaux et égale­ment à Inns­bruck avec mon collègue Gregor Wenning. On a commencé à faire des lésions systé­miques chez le rongeur pour essayer de trou­ver éven­tuel­le­ment des possi­bi­li­tés théra­peu­tiques. Et récem­ment un groupe alle­mand asso­cié à Inns­bruck et à nous-​mêmes, a déve­loppé une souris trans­gé­nique où le gène —l’ex­pres­sion de l’al­pha­sy­nu­cléine— est dirigé vers les oligo­den­dro­cytes. Cette souris a les mêmes inclu­sions que l’atro­phie multi systé­ma­ti­sée. Le fait est que ces inclu­sions ne provoquent pas la mala­die, ne provoquent pas de symp­tômes. On les trouve —dans le cerveau— mais rien ne se passe —jusqu’à présent. Grâce au travail qu’on avait fait à Bordeaux, chez la souris, qu’on intoxi­quait par un toxique qui atteint le système nerveux, et un autre qui atteint le stria­tum qui est le 3NP, main­te­nant on a intoxi­qué une souris avec ces deux substances pour détruire le système nigro­cel­lulé et faire appa­raître des signes. Donc actuel­le­ment on a des souris qui ont à la fois des inclu­sions et à la fois aussi des signes moteurs et qui donc vont nous permettre, on l’es­père, d’avan­cer dans la recherche thérapeutique. 

Date de créa­tion : 14/​04/​2008
lu pour nous par Charles DUMONT

7 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. En vous lisant, je suis un peu en colère, comme d’habitude,car cela confirme mon impres­sion depuis deux ans, date à laquelle on a diag­nos­ti­qué un parkin­son plus confirmé par un dats­can. Les méde­cins ne voient pas la diffé­rence entre un malade à qui on met des oeuillè(res et qui suit le trou­peau sans cher­cher à comprendre à quelle sauce il va être mangé, et celui qui trouve sa moti­va­tion en se battant contre l’ad­ver­sité est-​il normal de se réfé­rer aux articles comme les votres pour savoir ce qu’est la M.S.A,. Je suis lais­sée dans l’igno­rance complète c’est pour­tant bien de  » mes  » douleurs et de ma vie qu’il s’agit. Je vous prie de bien vouloir excu­ser cette viru­lence, alors que, ce soir grace à vous, je sais enfin contre quoi je me bat ( car voyez-vous,ne pouvant atteindre cet état de béati­tude recom­mandé aux parkinsoniens,je l’ai remplacé par la hargne et la gagne!!!

    MERCI .

    Commentaire by Nicole Cavallini — 9 août 2014 #

  2. pouvez-​vous me commu­ni­quer lesa­dresses des lieux les mieux infor­més actuel­le­ment (2013) en matière de progrès dans les thérapîes ?
    notam­ment l’usage de la pompe utili­see pour Parkinson
    est-​il profi­table pour l’AMS
    Merci de bien vouloir me répondre

    Commentaire by cagnasso — 15 avril 2013 #

  3. bonjour — concer­nant l’AMS, vous êtes vous rappro­chée de l’as­so­cia­tion ARAMISE qui met tout en oeuvre pour aider les personnes atteintes de cette maladie- vous en avez un lien sur ce site — son siège social est Rési­dence des tilleuls- Bat B- 49 avenue Léon Blum — 60000 Beauvais- bien amicalement- E.Six

    Commentaire by GP29 — 15 juillet 2011 #

  4. Merci pour ces infor­ma­tions, j’es­père que cette mala­die ne sera pas oublié car il a fallu beau­coup de temps et d’éner­gie pour mettre un nom sur la mala­die de ma mère qui a 52 ans.

    Commentaire by nadège — 12 juillet 2011 #

  5. […] de l’AMS appelé parfois « Parkin­son Plus » : ««  Je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une confé­rence du profes­seur Tyson donnée à l’hôpital […]

    Ping by Groupe Parkinson 29 » ERRATUM : — 12 décembre 2010 #

  6. Bonjour — votre message a aussi été une surprise, cela dit, je vous en remer­cie. Consulté Monsieur Charles Dumont recon­naît ne pas être l’au­teur de cet article. Nous ne pouvons que présen­ter nos excuses ce qui sera fait offi­ciel­le­ment lors de notre prochain jour­nal (Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant). Merci votre lecture atten­tive — bien amica­le­ment . E. Six

    Commentaire by GP29 — 1 novembre 2010 #

  7. Bonjour,

    je suis très étonné de voir que cet article est une simple copie d’une confé­rence du profes­seur Tyson donnée à l’hô­pi­tal Brous­sais en 2003, alors que la source d’ori­gine n’est pas rappelée.

    Bien cordia­le­ment,
    Roger Lenglet

    Commentaire by Roger Lenglet — 27 octobre 2010 #

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