Les problèmes de vue des parkinsoniens
Publié le 04 septembre 2010 à 11:32Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°42 – septembre 2010
Par Iris Reckert, orthoptiste, dans le « Parkinson Suisse » de juin 2010
De nombreux parkinsoniens souffrent de troubles de la vision tels que la baisse de la sensibilité aux contrastes, la sécheresse oculaire ou la diplopie gênante. Heureusement, des solutions efficaces existent pour la plupart des problèmes.
Les problèmes de vue et les troubles de l’acuité visuelle ne sont pas rares en cas de Parkinson : en effet, la maladie exerce également une influence sur différents facteurs oculaires.
Les défauts des verres à foyer progressif.
Pour qu’ils garantissent une vue nette, les verres doivent être parfaitement polis. En effet, la partie supérieure des verres sert pour la vue de loin et la partie inférieure, pour la lecture. Si les lunettes ne sont pas ajustées, si le regard « glisse » ou si le port de tête est incliné, la direction du regard dans la zone optique du verre correspondant est altérée et la vue devient floue. Ce problème est renforcé quand (indépendamment de la forme du verre et de la monture des lunettes) la zone de lecture des verres à foyer progressif est petite ou très basse. Les yeux doivent alors « cibler » plus précisément pour que le regard se dirige exactement dans la zone des verres destinés à la lecture.
L’orthoptiste est formelle. C’est ce problème qui perturbe le patient. En effet, chez lui, comme c’est souvent le cas chez les parkinsoniens, le port de tête et la tenue se sont altérés au fil des années et la direction du regard n’est plus adaptée aux lunettes à foyer progressif.
Alternative confortable : les lunettes de lecture supplémentaires
Pour le soulager, l’orthoptiste lui recommande d’acheter des lunettes spécifiques à la lecture. Ces dernières ne corrigent pas seulement la vue de près ; le verre présente la même intensité de correction sur toute la surface. De cette manière, la vue du patient est toujours nette quand il lit, quelle que soit la zone du verre dans laquelle il regarde. Il peut se détendre : il ne doit plus se concentrer sur la direction de son regard ou sur son port de tête.
En outre, il peut utiliser ses lunettes à foyer progressif en tant que lunette « à tout faire », pour se promener, travailler sur son ordinateur ou également pour lire rapidement des textes brefs tels qu’une facture ou un menu au restaurant. Quand il souhaite se plonger dans le journal ou bouquiner, la solution la plus confortable reste toutefois les lunettes de lecture.
Diplopie et troubles de la coopération des deux yeux
Certains caractères « glissent » d’abord les uns sur les autres, puis le patient voit tout en double, notamment quand il lit des textes plus longs ou travaille sur l’ordinateur. Ce sont des troubles de la mobilité et de la coopération des deux yeux qui sont à l’origine de ce phénomène.
Si cette coopération des yeux est perturbée par la maladie de Parkinson, les patients voient double. La plupart du temps, la diplopie est perçue comme plus gênante que les troubles de la mobilité oculaire, également fréquente en cas de Parkinson. Ainsi, de nombreux parkinsoniens ne s’aperçoivent pas que souvent, ils ne peuvent plus déplacer leurs yeux suffisamment loin vers le haut ou que les mouvements de leur regard sont ralentis et en partie déréglés.
Involontairement, de nombreux parkinsoniens déplacent trop peu leurs yeux. Par ailleurs, ils clignent rarement des yeux (ce processus est inconscient, il se manifeste surtout lors des travaux qui exigent de la concentration). Le regard devient alors « fixe » et immobile ; le réflexe de clignement n’a pas lieu. Ce manque de mouvement des yeux inhibe les commandes de correction involontaires du cerveau et les petits défauts visuels sont manifestes. La position des yeux est mauvaise – la diplopie fait son apparition.
De légères modifications du comportement visuel s’avèrent efficaces. Quand le patient lit, il cligne fortement des yeux à la fin de chaque page et effectue un bref va-et-vient du regard. Quand il travaille sur ordinateur, il modifie également son regard, le laisse vagabonder de temps en temps par la fenêtre et ne reprend qu’ensuite la lecture de l’écran. De cette manière, les yeux reçoivent suffisamment d’impulsions pour leur coopération. Quand de temps en temps, le journal se dédouble, il sait ce qu’il doit faire : regarder ailleurs, cligner des yeux avec vigueur et « cibler » à nouveau.
Quand la diplopie persiste
Malheureusement, au cours de l’évolution progressive de la maladie de Parkinson, des défauts visuels provoquant une diplopie persistante, notamment de près, peuvent se manifester. Il s’avère alors nécessaire de consulter un orthoptiste. Ce dernier mesure la position des yeux et adapte un prisme. Les prismes sont des verres qui déplacent l’image de manière ciblée, afin de corriger la déviation des axes visuels. Ainsi, l’anomalie de convergence de la paire oculaire est compensée et les patients voient à nouveau correctement. La plupart du temps, un prisme provisoire est collé sur des lunettes normales pour une phase d’essai. Une fois que le prisme optimal a été trouvé, il peut être intégré aux lunettes dans la limite d’un certain nombre de dioptries.
La lampe de lecture optimale
« Plus les problèmes de vue sont marqués, plus il est important que l’éclairage soit correct ». Cette formule s’applique tout particulièrement aux parkinsoniens. En effet, la carence en dopamine a également des répercussions sur la rétine ou sur les influx nerveux entre la rétine et le cortex visuel. On remarque notamment un affaiblissement de la sensibilité au contraste. Ainsi les patients observent souvent un effacement temporaire des caractères en lisant. Dans ce cas, une lampe à lumière froide (à économie d’énergie) apporte une aide efficace. Ces lampes assurent un éclairage particulièrement richement contrasté du texte, de sorte que les imprécisions dans la perception deviennent moins gênantes.
Sècheresse oculaire – un problème qui n’a pas lieu d’être
Les patients parkinsoniens sont très souvent concernés par ce phénomène gênant. D’une part, la composition de leur liquide lacrymal n’est pas optimale, d’autre part on suppose que la maladie porte atteinte à l’« horloge interne » du clignement d’yeux. C’est la raison pour laquelle les parkinsoniens cillent moins souvent. Le film lacrymal de l’œil sèche. Peuvent en découler des irritations au niveau des yeux, une inflammation de la conjonctive et un excès de larmes incontrôlé. Dans ce cas, les larmes « artificielles » sous forme de gouttes oculaires peuvent s’avérer utiles. Celles-ci doivent absolument être dépourvues d’agents conservateurs. Ces derniers peuvent provoquer des réactions d’intolérance et sont donc contre-indiqués dans le cadre d’une application régulière.
Problèmes visuels d’origine médicamenteuse
Certains antiparkinsoniens peuvent avoir des répercussions négatives sur la perception optique. Les médicaments dopaminergiques peuvent ainsi déclencher des hallucinations visuelles (perception d’éléments qui n’existent pas). Dans ce cas, l’assistance d’un neurologue expérimenté est requise. Certains anticholinergiques peuvent être à l’origine d’une dilatation des pupilles. Contre la sensibilité à la lumière qui en résulte, le port de lunettes à verres teintés s’avère utile.
Pour conclure : problème connu est problème vaincu
Les troubles de la vision et les problèmes de lunettes concernent de nombreux parkinsoniens. Il faut faire examiner ses problèmes par un spécialiste. Il existe des solutions efficaces pour nombre d’entre eux : entretenir sa mobilité oculaire grâce à des exercices, cligner consciemment et souvent des yeux, se faire ajuster une nouvelle paire de lunette, utiliser une lampe à lumière froide. Ainsi on lit en toute quiétude et on retrouve le plaisir de lire son journal quotidien.
Problèmes et solutions
- Sècheresse oculaire : utilisez des substituts lacrymaux sans agents conservateurs, clignez activement des yeux plus fréquemment
- Difficultés pendant la lecture : veillez à ce que l’éclairage soit optimal (lampe à lumière froide), utilisez des lunettes spéciales.
- Diplopie : cillez beaucoup, déplacez activement les yeux plus souvent, éventuellement faites vous ajuster des lunettes à prisme.
- Eblouissement : portez des lunettes de soleil ou mettez des verres solaires sur des lunettes normales. Quand le soleil est haut, portez un chapeau à larges bords
Conseils généraux :
- Faites régulièrement contrôler vos yeux par un ophtalmologiste
- Décrivez-lui les problèmes et mentionnez absolument que vous souffrez du Parkinson
- Si vous voyez double, demandez-lui un bilan orthoptique
- Indiquez précisément à l’opticien pour quelle activité vous souhaitez des lunettes
Lu par Jean GRAVELEAU
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Bonsoir Pour avoir un rendez-vous chez l’orthoptiste, il faut voir l’ophtalmologue en premier .
Commentaire by lagerriere53 — 10 octobre 2020 #
EXPLICATIONS ACCESSIBLES A MR OU MME TOUT LE MONDE ET AINSI NOUS COMPRENONS BIEN NOS SOUCIS NOUS AUTRES PARKINGSONNIENS .……§§
Commentaire by PIERRE LEDEY — 30 septembre 2020 #
c’est quoi un bilan orthoptique A quoi ça sert
Commentaire by yves suming — 5 septembre 2020 #
J’ai des trouble de vision Je dois consulter un ophtalmo
Que je dois lui expliquer
Commentaire by suming yves — 5 septembre 2020 #
Cet article m’a fort intéressé car depuis quelques temps, j’éprouve des difficultés croissantes à lire sans vision doublée ou trouble.
Spontanément, je réagis en diminuant la fente des paupières.
Avec des résultats réels mais pas vraiment décisifs.
Précision : je porte des lunettes à verres progressifs.
Commentaire by Marcel Lenoble — 23 novembre 2017 #
Très heureuse d’avoir pu prendre connaissance de cet article.
En effet j’ai la maladie de parkinson et des problèmes oculaires depuis qqs mois.
Je peine à lire, vois double et ai une sécheresse oculaire.
La visite en clinique chez l’ophtalmo puis chez l’orthoptiste les ont conduit à me dire qu’il n’y avait aucun lien avec le parkinson que je devais avoir un strabisme depuis l’enfance et que. La seule solution était une opération !!!
Je vais approfondir ce sujet et vais consulter quelqu’un d’autre.…
Commentaire by Simon — 12 mai 2017 #
Dans le cas de mon fils c’est l’examen qui pose soucis à cause évidement de sa tête qu’il ne peux plus relever donc machine inappropriée, je dois changer ses lunettes. Un peu perdue je suis.
Commentaire by ghysnathan — 7 mai 2016 #
Merci beaucoup pour ces explications, ils nous sont d’une grande utilité.….. Merci
Commentaire by flower — 23 mai 2015 #