Témoignages : les cauchemars parkinsoniens…
Publié le 22 mars 2011 à 21:12Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°44 – mars 2011
Les troubles du sommeil sont fréquents et variés chez le Parkinsonien. Le sujet a déjà fait l’objet d’un article dans le numéro 26 du Parkinsonien Indépendant d’août 2006 sous le titre « Des troubles du sommeil aux conséquences multiples ». Parmi tous les troubles évoqués dans cet article, je souffre surtout de cauchemars. Aussi après vous avoir raconté mes mésaventures nocturnes, je vous donnerai l’avis des médecins et des chercheurs en neurosciences sur les cauchemars Parkinsoniens, avant de se demander que peut-on faire ?
Des nuits agitées :
Depuis le début de ma maladie, il m’arrive parfois dans mon sommeil de m’agiter dans le lit conjugal, de lancer des coups de pied ou de bras, tout en criant ou en insultant un ennemi imaginaire. Réveillé en urgence par mon épouse, qui songe surtout à esquiver les coups, je ne conserve aucun souvenir de ce cauchemar. Quand mon épouse me raconte ce que j’ai fait et dit, je suis tout à fait incapable d’en expliquer le contenu par des évènements de ma vie. Je n’ai pas d’ennemi, et je n’utilise pas de mots orduriers.
De plus, il m’est arrivé à la suite de cauchemars, deux incidents qui auraient pu être plus graves : La première fois, je suis tombé du lit et en me relevant, sans doute brutalement dans l’obscurité, j’ai heurté un meuble et me suis blessé au bras. Le lendemain matin, les draps étaient maculés de sang. La deuxième fois, je suis encore tombé du lit, et me suis blessé à l’arcade sourcilière. De plus, j’ai pu constater que dans ma chute, j’avais heurté du front un coin de meuble situé à plus d’un mètre de haut. J’étais donc plus ou moins debout sur le lit avant de tomber.
Certains lecteurs doivent penser que j’exagère dans la description de ces nuits agitées. A ces lecteurs sceptiques, je conseillerais la lecture d’un article, intitulé : « Quand vivre son rêve, c’est le cauchemar des autres », où le docteur Delphine Oudiette évoque par exemple des tentatives de strangulation ou de défenestration.
Je pense que beaucoup de Parkinsoniens sont sujets aux cauchemars. La plupart d’entre eux préfèrent ne pas en parler. Les conjointes (conjoints) victimes de ces extravagances se confieraient plus volontiers.
Pourquoi des cauchemars ?
Tout d’abord quelques rappels sur le sommeil (Source : Institut National du Sommeil). Notre sommeil se divise en trois phases : le « sommeil léger », le « sommeil lent profond » et le « sommeil paradoxal ». L’alternance entre ces trois phases forme un cycle de sommeil qui s’étale sur près de 90 minutes. Une nuit complète correspond généralement à 4, 5 ou 6 cycles, soit l’équivalent de 6 à 9 heures de sommeil.
Le sommeil paradoxal est de loin la phase la plus fascinante ! Contrairement aux précédentes, elle se caractérise par une relance très importante de l’activité cérébrale. Alors que nous sommes bien installés dans notre sommeil, c’est à ce moment que les rêves se bousculent dans notre tête. Le pouls et la respiration sont alors irréguliers. On note une atonie musculaire et la présence de mouvements oculaires rapides sous les paupières fermées. C’est cette atonie, qui permet au dormeur, en bloquant ses mouvements d’avoir des rêves paisibles. Le sommeil paradoxal représente en moyenne, 20% de notre temps de sommeil.
Cependant, dès 1986, le psychiatre américain Carlos Schenck décrivait un trouble du sommeil paradoxal, caractérisé par une perte totale ou partielle de l’atonie musculaire et l’apparition de comportements indésirables (parler, frapper, sauter, injurier etc…). Ce trouble a reçu la dénomination de « Trouble comportemental en sommeil paradoxal » (TCSP) ou RBD en anglais. Pendant longtemps, on a considéré que ce trouble du sommeil paradoxal n’avait pas de conséquences sur la vie éveillée.
Mais des études plus récentes ont montré que les patients atteints de TCSP avaient un risque supérieur à la moyenne de voir s’installer une maladie neurodégénérative comme la maladie de Parkinson (MP), la démence à corps de Lewy (DCL) ou l’atrophie multisystémique (AMS). Ces maladies débutent rarement de façon subite. Elles ont débuté sournoisement par atteinte des systèmes neuronaux, plusieurs années avant le diagnostic clinique. D’autres études ont montré que chez un grand nombre de malades, le TCSP représente un stade précoce d’une maladie neurodégénérative, comme la maladie de Parkinson. Ce marqueur précoce pourrait permettre de détecter plus tôt de futurs Parkinsoniens et de les soigner dès que des traitements de neuroprotection seront disponibles.
Par ailleurs, il a été constaté que dans les populations de personnes diagnostiquées MP, plus d’un tiers d’entre elles étaient affligées d’un TCSP. Ces malades sont souvent atteints d’une dégradation de leurs fonctions cognitives, ce qui n’est pas le cas des malades non atteints d’un TCSP. Le TCSP est plus qu’une maladie du sommeil et présente des liens communs avec la maladie de Parkinson.
Que peut-on faire ?
En présence de cauchemars, les solutions qui viennent immédiatement à l’esprit consistent pour protéger le conjoint à aménager le logement pour la nuit : lits séparés ou mieux chambre séparée. Pour protéger la victime des cauchemars, il y a lieu d’éloigner du lit tous les meubles qui pourraient être dangereux en cas de chute et même de prévoir des coussins amortisseurs. C’est à chacun d’imaginer les moyens d’éviter et d’amortir les chutes. Bien entendu, il faut consulter un neurologue ou un psychiatre.
Dans l’article cité en bibliographie, Carlos Schenck répond à des questions fréquemment posées sur les troubles du sommeil, et ce sera la conclusion de cet article : en raison des progrès dans le diagnostic et les traitements, la plupart des troubles du sommeil peuvent être traités avec succès, par des médicaments ou un changement de mode de vie, ou les deux. Ne pas s’inquiéter si les troubles sont peu fréquents. Par contre, si les troubles persistent et s’aggravent, on peut craindre un TCSP.
L’ignorance est un handicap. Il est facile de nier les faits qui se sont passés pendant le sommeil. Il faut se faire raconter le contenu de ses cauchemars.
tout le monde, même bien portant, peut avoir, pendant le sommeil, toute sorte de comportement, à partir de « basic instincts » : sexualité, nourriture, agression…etc.
Enfin, signalons le livre de Carlos Schenck : Sleep The mysteries, the problems and the solutions (disponible sur Amazon)
Jean Pierre LAGADEC
Bibliographie (accessible sur Internet)
Quand vivre son rêve est le cauchemar des autres de Delphine Oudiette (Sciences Humaines.Com)
Trouble comportemental en sommeil paradoxal et maladies dégénératives de J. F. Gagnon (edk.fr)
Advice from Carlos H. Schenck, MD, on Sleep Problems, Strange Behaviors, and When to See a Doctor (health.com).
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Andrade vous êtes hors sujet. Le sujet traite des cauchemars.
Pour vos effets secondaires qui sont dû à la posologie , revoir avec votre neurologue les dosages (trop) et les heures de prises.
Commentaire by limery — 10 juin 2020 #
Bonjour,
Actuellement 3 modopart 100mg/jours + sifrol le matin (1,05 + 0,26)
- doigt en Griffe coté gauche et tremblement du pied gauche + main
Un conseil pour aider ma mère de 58 ans, 43kg pour 1m47
Commentaire by Andrade — 8 juin 2020 #
Mon témoignage d’un véritable cauchemar Parkinsonien.
Je pisse contre la porte de garage de ma voisine?! totalement inventé, ma voisine n’a pas de garage… le liquide chaud me réveille, trop tard les draps et le reste sont mouillé.
Autre nuit, j’urine sur un tas de charbon ! pourquoi ? mystère d’un cauchemar ! encore une fois la miction chaude me réveille trop tard !
A grand renfort d’épaisseurs de molletons, d’alèse étanche et de lecture sur « l’énurésie » avec une prise de vitamine B1 thiamine ( qui fait grandement défaut aux Parkinsoniens et qui est conseillée en apport constant) le symptôme ne se renouvellera plus jamais.
Commentaire by JEAN- CLAUDE PREVOST — 9 mai 2020 #
Martin ou Martine Je ne suis pas spécialiste, ceci m’est arrivé plusieurs fois après le décès de mon cher papa. J’en étais content, cela me remplissait de joie, j’avais hâte qu’une nuit prochaine le rêve se manifeste à nouveau. J’ai pensé qu’il valait tourner la page d’une vie, mon subconscient à fonctionné et maintenant une fois par an seulement. Certaines lectures laissent à penser que le mort nous envoi un message, les croyants diront d’amour, pour les pragmatiques comme moi ce sont les souvenirs qui se rangent dans notre « bibliothèque cérébrale » puisque la mélatonine y fait le ménage…
Bien à vous.
Commentaire by JEAN- CLAUDE PREVOST — 9 mai 2020 #
Bonjour,
Mon mari est décédé le jour de Noël 2018.
Comme par hasard j’ai fait 3 fois le même cauchemar qui m’a fait tomber du lit. (Ceci en février- mars 2019).
Puis plus rien.
Et voilà que ce lundi cauchemar et à nouveau chute du lit
Qu’est ce que cela signifigne
Merci pour vos conseils.
Commentaire by Martin — 7 mai 2020 #
Rebonjour Patricia
Je complète mon message précédent, car je me suis souvenu d’un article paru dans le PI 51 en Décembre 2012 et intitulé :
» Rèves tourmentés ».
Dans l’article, le Dr suisse Fabio Baronti préconise l’adaptation de la médication antiparkinsonienne,voire une faible dose de clonazepam ( Rivotril ).
Ce traitement est aussi proposé par le docteur Carlos Schenk
Bonne lecture et courage
Commentaire by Jean Pierre Lagadec — 14 avril 2014 #
Bonjour Patricia
Vous avez surement lu les articles sur les cauchemars Parkinsoniens parus dans le PI 26 et dans le PI 44 (Mars 2011),et repris par GP29.
Selon les neurologues ( Carlos Schenk, Delphine Oudiette),La médecine sait traiter ce trouble.
Dans leur livre sur la MP, Zagnoli et Rouhart,…écrivent« les cauchemars sont atténués par une diminution du traitement antiparkinsonien du soir et l’adjonction de benzodiazépines
Tout cela pour vous dire qu’il faut consulter un spécialiste, un neurologue ou un psychiatre et aussi ne pas culpabiliser !
Commentaire by Jean Pierre Lagadec — 14 avril 2014 #
Bonjour,
Je fais aussi des rêves ou cauchemards agités, pas plus tard qu’il y a deux nuits. Je suis tombée du lit et me suis fait un énorme bleu à la fesse et au genou. Je me souvient que je révais, cela dure depuis 6 a 8 ans environ. Le médecin m’a dit que tout le monde révait et m’a donné du xanax. Depuis septembre ceal fait trois fois que ça arrive, ça commence à m’inquiéter. Qui peu me conseiller, merçi
Commentaire by patricia — 2 avril 2014 #
Il est délicat pour moi de répondre à votre question, car il s’agit de problèmes personnels et chacun peut estimer les risques encourus.
Par contre, je pourrais vous adresser ce que préconise dans son livre ‚le docteur Carlos Schenk pour le traitement des
cauchemars.
Mon mail jpmo5@ wanadoo.fr
Commentaire by Jean Pierre Lagadec — 5 mai 2011 #
Merci pour ce témoignage et our les références bibliographiques.
Et je confirme que vous n’exagerez pas : mon père est parkinsonnien et fait ce type de cauchemards depuis plusieurs années. Ma mère m’en parle souvent et est parfois inquiète car lui aussi est énormément agité dans ces cas-là. Ils ne font pas lit à part pourtant, pensez-vous que cela soit nécesaire ??
Commentaire by Misssmile — 2 mai 2011 #
nonvous n exageree pas je suis parkissonnien deuis 12an j ai 57ans je fait des cochemart est j ai les nuits agitees me reveille tres tot a 5heures du matin comme je traine des pied en marchent je reveille tout le monde
Commentaire by cocault — 27 avril 2011 #