Ne pas être qu'un "patient" ...

Éditorial

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°45  –  juillet 2011 

Les aléas des infor­ma­tions reçues nous ont conduits à un numéro consa­cré presque exclu­si­ve­ment aux médi­ca­ments et à leurs effets secon­daires. Ce qui, par hasard (mais le hasard existe-​t-​il ?), corres­pond à l’actualité natio­nale : le « Média­tor® » qui a fait beau­coup parler de lui ; le juge­ment de Nantes dans l’affaire Jambart/​GSK [GlaxoS­mi­thK­line] à propos des effets secon­daires des agonistes ; la remise en cause du fonc­tion­ne­ment de l’AFSSAPS…

Les médi­ca­ments sont pour nous, malades, extrê­me­ment présents et influents au point d’en être indis­pen­sables à notre survie. Malheu­reu­se­ment, ils sont aussi source d’empoisonnement –notre orga­nisme réagit contre l’intrusion de corps étran­ger ou de substances chimiques– et d’effets secon­daires parfois redou­tables. Ils nous sont tout à la fois source de rédemp­tion et source de diffi­cul­tés extrêmes. C’est tout un art d’équilibrer l’apport chimique indis­pen­sable sans aller trop loin et ainsi provo­quer des dyski­né­sies insupportables.

Tous, nous le savons bien dans notre vécu quoti­dien, un chan­ge­ment de régime, une contra­riété ou une erreur de poso­lo­gie ou un oubli de dose peuvent provo­quer une inca­pa­cité à exis­ter ou tout simple­ment à vivre autre­ment qu’un « légume » ou bien au contraire à nous rendre eupho­riques et incon­trô­lables… Nous sommes TOUS passés par ces phases diffi­ciles mais nous ne sommes pas tous restés dans ces stades ultimes : l’intervention d’un spécia­liste compé­tent, d’un entou­rage atten­tionné, sa propre connais­sance de ses réac­tions émotion­nelles, peuvent inter­ve­nir pour réta­blir un équi­libre instable, souvent précaire mais, ô combien, précieux pour notre vie quotidienne.

Mais bien évidem­ment, cela demande à chacun l’effort de se concen­trer sur sa mala­die sans deve­nir pour autant hypo­con­driaque ! Là aussi, il s’agit d’équilibre et de volonté à mettre en œuvre les moyens néces­saires d’analyse et de connais­sance de soi mais aussi d’être entou­rée par des accom­pa­gnants atten­tifs et suffi­sam­ment patients pour suppor­ter les réac­tions souvent extrêmes et diffi­ciles à comprendre tant leurs soudaines varia­tions surprennent les meilleures bonnes volontés.

C’est tout un art d’apprendre à vivre avec Parkin­son, ce compa­gnon indé­si­rable mais présent pour le reste de nos jours –tout au moins tant que l’on n’aura pas trouvé le remède capable d’enrayer la mala­die au lieu actuel­le­ment de simple­ment en pallier les manques. C’est une longue école diffi­cile et souvent ingrate mais payante, sachant tout de même qu’à terme nous serons de toute façon perdants !

Les quelques années gagnées en confort et en bien-​être méritent l’effort fourni pour appri­voi­ser la mala­die : être le plus possible « indé­pen­dant » tel est l’objectif à atteindre !

Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@orange.fr

« L’important, c’est de savoir ce qu’il faut obser­ver » (Edgar POE). 

« A racon­ter ses maux souvent on en guérit »

2 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Cher ami,
    Je suis désolé de vous avoir provo­qué une réac­tion néga­tive : cet « élan de luci­dité » comme vous dites m’a échappé ! et je veux vous remer­cier d’y avoir arrêté votre plume.
    Il est vrai que j’es­saie toujours de mettre en avant le côté posi­tif des choses et des situa­tions mais là (peut-​être ais-​je eu un moment de soli­tude et de décou­ra­ge­ment passa­ger?) je n’ai pas pu m’empêcher de penser à tous nos amis qui perdent pieds à un moment ou à un autre… et je ne voudrais pas paraître un idéa­liste peu au fait des réali­tés subies par nombre d’entre eux.
    Merci de me rappe­ler à mon devoir d’op­ti­misme et bonnes vacances malgré cette épée de Damo­clès au-​dessus de nous …
    amicalement
    Jean Graveleau

    Commentaire by JEAN GRAVELEAU — 3 juillet 2011 #

  2. « à terme, nous serons de toute façon perdants »…
    Après un long et bel élan en forme d’es­poir et de lutte, porteur de confiance en soi et des autres, pour dire, nous dire, qu’il faut y croire, se battre, que peut-​être la science aura le dernier mot, que chacun peut de sa place s’ai­der soi-​même ou aider ses proches, vous concluez par ces mots terribles de luci­dité doulou­reuse, que « de toute façon, nous serons quand même perdants »…
    Pour­quoi l’avouer, même si vous avez cruel­le­ment raison ?
    Bien sûr, nous savons que vous avez raison, mais il y des jours, comme ça, le premier de l’été, juillet, le mois des vacances, où on aurait eu envie de l’ou­blier un peu…
    Bien à vous…

    Commentaire by Adrien.pierre — 1 juillet 2011 #

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