Qu’est ce que l’échelle UPDRS ?
Publié le 12 avril 2012 à 14:26Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°48 – avril 2012
Lors d’une consultation médicale, il est important que le médecin spécialiste dispose de moyens d’évaluation performants. Cela lui permet d’évaluer l‘état du patient, l’évolution de la maladie, et ainsi d’adapter le traitement si nécessaire.
Pour certaines pathologies, les moyens sont parfois nombreux et sophistiqués (examens biologiques, imagerie médicale, etc…). Au contraire, les moyens utilisés par les neurologues lors des consultations de patients Parkinsoniens sont plus simples et font plus largement appel au savoir faire du praticien.
En effet, les neurologues disposent en matière d’évaluation pour la maladie de Parkinson de quelques tests (mesures quantitatives) consistant à chronométrer la réalisation de certaines tâches, mais surtout d’échelles (mesures qualitatives). Il en existe plusieurs types. Certaines sont spécialisées, comme les échelles de qualité de la vie PDQ 39 ou PDQ 8.
L’échelle la plus couramment utilisée dans le monde est globale : c’est l’échelle UPDRS (Unified Parkinson Disease Rating Scale). On se propose dans le texte qui suit : d’en donner une description générale, la manière de l’utiliser, de détailler ensuite sa partie III appelée UPDRS moteur, puis d’examiner les évolutions actuelles, en particulier la version MS-UPDRS.
1. Description générale
L’échelle UPDRS (échelle d’évaluation unifiée pour la maladie de Parkinson) est précieuse et très utilisée, car elle est simple d’emploi. Elle recouvre toutes les situations cliniques qui peuvent être observées. Elle est organisée en six sections utilisables séparément. Chaque section comprend un certain nombre d’items.
- Section I : état mental, comportemental et thymique (4 items)
- Section II : activités de la vie quotidienne (13 items) A titre d’exemple, voici les 13 items : Parole, salivation, déglutition, écriture, s‘alimenter, habillage, hygiène, se retourner dans son lit, chutes, piétinement, marche, tremblement, douleurs.
- Section III : examen moteur (14 items)
- Section IV : complications du traitement dans la semaine précédant l’examen (11 items)
- Section V : stades de Hoehn et Yahr qui permettent de classer les patients en 8 niveaux, selon la gravité de leur maladie (stade 0 absence de signe Parkinsonien — stade 6 perte totale d’autonomie).
- Section VI : échelle d’activité de la vie quotidienne de Schwab et England en pourcentage d’activité de 100% (patient totalement indépendant) à 0% (patient alité), selon un barème préétabli.
Le lecteur pourra trouver sur l’UPDRS, des informations complètes et détaillées (sections et items) dans les annexes de la Conférence du Consensus de Mars 2000 (paru dans le Parkinsonien Indépendant n°3 à n°7).
2. Utilisation de l’échelle UPDRS
Lors de la consultation, le neurologue va examiner le patient et passer en revue les sections choisies et mettre pour chaque item une note de 0 à 4 selon un barème préétabli.
Par exemple, pour l’item 4 de la section II écriture, le barème est le suivant :
- 0 : normale
- 1 : légèrement ralentie ou micrographique
- 2 : nettement ralentie ou micrographique, tous les mots sont lisibles
- 3 : gravement perturbée ou micrographique ; tous les mots ne sont pas lisibles
- 4 : la majorité des mots est illisible
On additionne ensuite les notes attribuées à chaque item
L’échelle peut parfois être utilisée partiellement : par exemple, un patient en « lune de miel » n’est pas concerné par la section IV. Excepté pour les sections I et IV, l’échelle permet une cotation en période « off » (période de moins bonne mobilité, voire de blocage), et en période « on » (période de mobilité optimale, éventuellement avec des dyskinésies). Elle s’adapte aussi bien aux malades en début d’évolution qu’aux malades présentant un handicap sévère.
La réponse à tous les items de l’échelle demande théoriquement de 15 à 25 minutes selon l’état clinique d’un patient ambulatoire ou hospitalisé, et selon l’entraînement de l’examinateur. Mais, on comprendra, d’une part que cela soit moins rapide, même si l’examinateur ne fait pas tous les items, d’autre part que la notation est hors de portée d’un patient.
Indépendamment de son utilisation fréquente au cours des consultations, l’échelle UPRDS est souvent utilisée dans des essais cliniques. On se rappellera que dans l’étude Adagio (cf. article sur l’Azilect du Parkinsonien Indépendant n°47), une échelle à 35 items a été utilisée pour comparer des patients sous Rasagiline à des patients sous Placebo.
3. L’UPDRS moteur section III
Il s’agit d’évaluer la motricité du patient. Elle est souvent utilisée seule.
Elle comprend 14 items : parole, expression faciale, tremblement de repos, tremblement d‘action ou posturale des mains, rigidité, tapotement des doigts, mouvement des mains, marionnettes, agilité de la jambe, se lever d’une chaise, posture, stabilité posturale, démarche, bradykinésie et hypokinésie.
Le neurologue attribue une note au patient pour chaque item. Les notes sont additionnées, pour obtenir le score UPDRS moteur. Ce score peut être alors comparé aux scores précédents du patient. Tout patient reconnaîtra, du moins je l’espère, les exercices que lui fait exécuter son neurologue à chaque consultation. Il faut surtout que le patient soit convaincu que chaque exercice n‘est pas choisi au hasard, mais fait partie d’un programme bien défini.
L’UPDRS moteur est aussi utilisé pour chiffrer la dopa-sensibilité du patient. Cette mesure peut avoir différentes applications, par exemple, lorsqu’il s’agit de confirmer le diagnostic d’une maladie de Parkinson idiopathique.
4. La MDS-UPDRS
Apparue dans les années 80, l’échelle UPDRS est devenue l’échelle la plus utilisée dans le monde pour évaluer les symptômes de la maladie de Parkinson. Mais d’année en année, de nombreuses critiques ont été émises par les utilisateurs.
Par exemple, on trouve dès 2000, la critique suivante : « les limites de l’UPDRS résident dans un temps de réalisation un peu long et un abord trop grossier des dimensions cognitives, thymiques et des complications du traitement ».
Cela a abouti à la mise en place, à partir de 2003, sous l’égide de la Movement Disorders Society (MDS), d’une Task Force (groupe de travail) en vue de rédiger une nouvelle version de l’UPDRS en gardant les points forts de la version originale et en créant des items supplémentaires. Cette nouvelle version, appelée la MDS-UPDRS, a été mise au point et publiée en 2008.
Le lecteur trouvera les caractéristiques améliorées de cette nouvelle version dans une note de synthèse « Version revue et revisitée de l’échelle MDS-UPDRS », rédigée par Isabelle Benatru.
5. Conclusion
La description de l’UPDRS et de sa version améliorée MDS-UPDRS n’a nullement pour objectif de permettre à un patient de mesurer lui même son handicap, ce qui est de la compétence du neurologue.
Mais, le patient pourrait retenir les points suivants :
- L’UPDRS est une méthode efficace d’évaluation, très employée à travers le monde.
- Elle est simple, globale, n’utilise pas d’appareillages de mesure pour évaluer le handicap et ne fait appel qu’à l’expérience du neurologue.
- Les défauts de la version initiale sont corrigés dans la MDS, mise en œuvre progressivement.
Enfin, on peut conseiller au lecteur plus curieux, la lecture d’un livre récent « La maladie de Parkinson » de Luc Defebvre et Marc Vérin, et dont le chapitre 10, rédigé par Pierre Krystkowiak, est consacré à l’UPDRS et aux autres échelles d’évaluation.
Bibliographie :
Annexes de la Conférence de Consensus de Mars 2000
L’échelle UPDRS par Pierre Krystkowiak
Version revue et revisitée de l’échelle UPDRS : MDS-UPDRS par Isabelle Benatru.
Rédigé par Jean Pierre LAGADEC
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SVP, pour l’UPDRS moteur, plus le score est élevé plus les symptômes sont graves c’est cela ?
Commentaire by Maya — 6 novembre 2017 #
Je suis effrayé en lisant ces commentaires. Tous ces spécialistes autour de vous!…J’ai 75 ans, soigné avec du Sifrol par un neurologue « à l’écoute« au chu de Brest. et je n’en demande pas plus . Je refuse de passer mon temps entre les mains des rééducateurs (qui sont cependant utiles je n’en doute pas).
Commentaire by gouézec — 12 janvier 2016 #
bjr le 16 mars 2016 je soufflerais mes 47 bougie et surtout je feterais mes 30 années de maladi du parkinson j’ai eut la maladie a l’age de 17 ans .… heureusement que mon epouse n’es pas jalouse « un peut humour » ce n’est pas tout les jours rose enfin c’est la vie
Commentaire by henri Aguera — 28 décembre 2015 #
Bonjour,
Je suis atteins de la maladie de Parkinson depuis 5 ans, et je confirme, les neurologues ne savent que prescrire le modo et ne laissent guère place à l’écoute du malade, pas de kiné, pas de suivi, et la visite dure 10 minutes tout les 2 mois.
Je découvre tout sur internet.
Bon courage à vous tous.
Commentaire by BOUCHIKHI — 16 octobre 2014 #
Bonjour,
Je suis psychologue clinicienne et je travaille dans l’Aide à domicile pour les personnes âgées handicapées et/ou dépendantes.
J’ajoute que je fais le suivi d’un patient parkinsonien de l’association pour laquelle je travaille depuis le mois de mars 2013 et que c’est une nécessité (il ne souhaite pas d’intervenantes pour les tâches ménagères puisqu’il est marié).
C’est vrai que ce patient n’a pas de kinésithérapie ni d’orthophonie (je vais en parler à son médecin-traitant) mais mon suivi lui fait beaucoup de bien, il s’implique dans ce que nous faisons et je trouve que son état reste stable (il a été dépisté en mars 2003).
Mais je précise que je ne suis pas rémunérée comme une psychologue mais simplement comme une aide spécialisée.
Je fais ce travail parce que j’aime mon métier et non pour ce que je gagne…
Cordialement,
Commentaire by DEMISTROUVICHE — 15 août 2013 #
Malheureusement les neurologues n’ont pas de temps à consacrer à l’application même incomplète de cette échelle MDS-UPDRS, ni même pour écouter les maux et les mots qui leur sont dits. Ils sont trop souvent pressés avec une salle d’attente pour « patients-impatients ». un surnombre de rendez-vous à gérer (qu’il faut d’ailleurs attendre plusieurs mois). La consultation se termine habituellement par une copie d’ordonnance presque textuelle. La perfection n’existe peut-être pas mais il y a de gros efforts à faire pour que TOUS LES NEUROLOGUES soient vraiment à l’écoute.
Il y a encore des malades parkinsoniens qui malgré des années de traitement anti-parkinsonien ne bénéficient même pas de kinésithérapie, d’orthophonie et encore moins de psychologue, pourtant plus qu’indispensables dans beaucoup de cas. C’est pourtant aux neurologues de faire les ordonnances correspondantes !!
Quand la Sécurité Sociale prendra-t-elle en charge les consultations d’un psychologue ? celles d’un ergothérapeute ?
Commentaire by Renée Dufant — 6 mai 2012 #