Ne pas être qu'un "patient" ...

De l’urine pour soigner les maladies du cerveau ?

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences

Des scien­ti­fiques chinois sont parve­nus à créer des cellules du cerveau à partir d’échantillons d’urine… La méthode est fran­che­ment origi­nale mais égale­ment effi­cace, capable de surpas­ser les tech­niques actuelles dans tous les domaines.

Voilà un bel exemple de recy­clage appli­qué à l’Homme. L’urine concentre les déchets issus du méta­bo­lisme cellu­laire et pour­tant, à en croire de très sérieux scien­ti­fiques des Guangz­hou Insti­tutes of Biome­di­cine and Health, elle pour­rait contri­buer un jour prochain à trai­ter voire à soigner des mala­dies du cerveau. 

Dans ce fluide biolo­gique, des cellules épithé­liales tapis­sant la paroi du rein se trouvent en suspen­sion. Ces mêmes cher­cheurs ont réussi à créer en 2011 des cellules du foie, du muscle cardiaque ou du cerveau à partir de ces cellules rénales. Voilà une façon inté­res­sante de produire des cellules souches pluri­po­tentes induites (CSPi), que l’on fabrique plus couram­ment à partir de la peau.

Cette fois, ils réci­divent dans la revue Nature Methods, avec un proto­cole nouveau et promet­teur permet­tant de dimi­nuer les délais de matu­ra­tion et d’améliorer la fiabi­lité des cellules céré­brales ainsi créées. Ou comment l’urine peut soigner le cerveau.

Une urine à neurones
Les cellules souches repré­sentent l’avenir de la méde­cine. Si l’origine embryon­naire des premières décou­vertes a soulevé un certain nombre de ques­tions éthiques, les scien­ti­fiques ont trouvé un nouveau moyen de contour­ner le problème en créant des cellules pluri­po­tentes à partir de tissus déjà diffé­ren­ciés (les CSPi). Mais là encore, la tech­nique de recon­ver­sion n’est pas fine­ment réglée et les vecteurs viraux néces­saires à la trans­for­ma­tion induisent des muta­tions qui dimi­nuent nette­ment les rendements.

Les cher­cheurs chinois ont peut-​être trouvé la solu­tion pour contour­ner le problème. À partir des échan­tillons d’urine de trois patients âgés de 10, 25 et 37 ans, ils ont isolé des cellules rénales. Au lieu d’utiliser un rétro­vi­rus comme c’est habi­tuel­le­ment le cas, les auteurs ont eu recours à un ADN bacté­rien capable de donner ses consignes depuis le cyto­plasme cellu­laire. Ainsi, il ne vient pas s’insérer dans l’ADN nucléaire, ce qui dimi­nue­rait les risques de pertur­ba­tions. Au passage, cette suppo­si­tion est théo­rique et n’a pas encore était démontrée.

In vitro, ces cellules deviennent pluri­po­tentes en l’espace de 12 jours, quand il faut le double avec la procé­dure tradi­tion­nelle. Après trans­for­ma­tion, elles prennent la forme de cellules souches neurales. Ces dernières, placées dans le milieu de culture idoine, se diffé­ren­cient en neurones fonc­tion­nels en labo­ra­toire. Si elles sont trans­plan­tées dans le cerveau de ratons nouveau-​nés, elles évoluent et se trans­forment en neurones, en astro­cytes ou en oligo­den­dro­cytes (ces deux dernières caté­go­ries étant des cellules de la glie, formant l’environnement des neurones). Elles n’ont pas créé de tumeur chez les rongeurs, chose que l’on craint avec les CSPi classiques. 

Un modèle pour soigner les mala­dies du cerveau
La méthode semble donc promet­teuse. L’urine est récu­pé­rée faci­le­ment selon des méthodes non-​invasives, à l’inverse d’une prise de sang. La trans­for­ma­tion cellu­laire est plus rapide et, en évitant de toucher à l’ADN nucléaire, les auteurs espèrent amélio­rer les rende­ments. Une fois injec­tées chez l’animal, elles prennent au moins pendant un mois l’aspect et les carac­té­ris­tiques molé­cu­laires de cellules du cerveau.

La commu­nauté scien­ti­fique semble accueillir chaleu­reu­se­ment la nouvelle. Avant d’envisager de les trans­plan­ter chez un patient souf­frant de patho­lo­gies céré­brales, ces cellules consti­tuent un bon modèle d’étude et permet­tront peut-​être d’en apprendre davan­tage sur le fonc­tion­ne­ment du système nerveux central. Comme quoi, il n’y a vrai­ment rien à jeter.
Lu par Fran­çoise Vignon

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