Ne pas être qu'un "patient" ...

Le mécanisme de la maladie de Parkinson enfin élucidé ?

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°62
Une équipe franco-​belge a décou­vert comment une protéine perturbe les neurones : 

Avez-​vous percé le mystère de la Mala­die de Parkinson ? 
« En partie, certai­ne­ment », répond sans hési­ter le Pr Ronald Melki, direc­teur de recherche CNRS, qui a publié le 10 juin dans la revue Nature les résul­tats éton­nants de recherches menées par son équipe de l’Institut des neuros­ciences Paris Saclay avec celle du Pr Veerle Baeke­landt à Louvain (Belgique). La mala­die touche envi­ron 1% des plus de 65 ans, soit 100 000 à 150 000 personnes en France et 8 000 nouveaux malades chaque année. Un malade sur dix a moins de 50 ans. Voilà déjà une quin­zaine d’an­nées que le Dr Maria-​Gracia Spillan­tini, à Cambridge, a décou­vert le rôle d’une protéine, l’al­pha­sy­nu­cléine, dans plusieurs mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives. « L’agrégation de l’al­pha­sy­nu­cléine est la signa­ture molé­cu­laire de la mala­die de Parkin­son, que ce soit la forme spora­dique (sans anté­cé­dent dans la famille, NDLR) ou les formes fami­liales de la mala­die », explique le Pr Melki.

Mais depuis quinze ans, les cher­cheurs butent sur une énigme : comment une même protéine en s’agré­geant peut-​elle déclen­cher diffé­rentes mala­dies : Parkin­son, démence à corps de Loewy et atro­phie multi systé­ma­ti­sée. Les Pr Melki, Baeke­landt et leurs équipes viennent de trou­ver la solu­tion. Il y a deux ans déjà, l’équipe de Saclay avait montré comment les protéines dont l’agrégation est asso­ciée aux patho­lo­gies neuro­dé­gé­né­ra­tives se propa­geaient de cellule en cellule dans le cerveau, contri­buant à la dégé­né­res­cence de proche en proche des neurones. Cette fois, ils ont réussi à provo­quer la mala­die chez des rats en utili­sant diffé­rentes formes d’as­sem­blages de ces protéines. « Nous avons généré les diffé­rentes formes agré­gées  »souches » de l’al­pha­sy­nu­cléine, nous les avons carac­té­ri­sées et marquées afin de les suivre chez le rat », détaille Ronald Melki Un travail minu­tieux indis­pen­sable pour fran­chir l’étape expé­ri­men­tale suivante. Celle qui consis­tait pour l’équipe belge à injec­ter les agré­gats de Saclay à des rats pour obser­ver si cela pouvait provo­quer des lésions simi­laires à celles de la mala­die de Parkinson.

Neutra­li­ser les agrégats :
Les cher­cheurs ont décou­vert que deux formes diffé­rentes d’agré­gats, « en spaghetti » et en « linguine » indui­saient deux mala­dies diffé­rentes. « La raison n’est pas très claire, explique au Figaro le Pr Veerle Baeke­landt, mais dans la mesure où la forme  »spaghetti » provoque chez les rats davan­tage de symp­tômes de type Parkin­son et la forme  »linguine » plus de symp­tômes d’atro­phie multi systé­ma­ti­sée, c’est bien que la base struc­tu­rale importe. Ces deux formes ont des proprié­tés de surfaces diffé­rentes même si elles sont consti­tuées de la même molé­cule », ajoute le Pr Melki. « C’est pour­quoi je les compare aux pâtes, qui ont le même consti­tuant mais diffé­rentes formes. » C’est désor­mais la compré­hen­sion à l’échelle molé­cu­laire du phéno­mène qui permet­tra la concep­tion d’ou­tils théra­peu­tiques et diag­nos­tiques de haute spéci­fi­cité. L’ob­jec­tif est la neutra­li­sa­tion des agré­gats puis­qu’ils contri­buent à la mala­die en passant d’une cellule affec­tée à une cellule saine. 

Comment ?
« En chan­geant leurs proprié­tés de surface », répond le Pr Melki. « On peut faire cela en y accro­chant des anti­corps ou par une stra­té­gie que nous avons initiée depuis trois ans dans mon labo­ra­toire où nous utili­sons des protéines que l’on appelle des chape­rons molé­cu­laires. C’est assez simple, c’est comme habiller les fibres d’une substance qui change leurs proprié­tés de surface ».

Il s’agi­rait en quelque sorte de maquiller les protéines d’al­pha­sy­nu­cléine pour que les neurones ne les recon­naissent plus. « Les chape­rons bloque­ront la progres­sion de la mala­die à un stade où il n’y a pas encore de symp­tômes, ou gèle­ront la progres­sion des symp­tômes », explique le Pr Melki. 

Un beau programme de recherche pour les cinq à dix ans à venir.

Article de Damien Mascret du 11/​06/​2015 relevé dans le Figaro Santé
Lu par F. Vignon
Nous l’avions précé­dem­ment évoqué dans le numéro 56 du Parkin­so­nien Indé­pen­dant paru en mars 2014.

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Dici la on aura le temps de mourir

    Commentaire by vincentelli — 12 novembre 2015 #

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