Ne pas être qu'un "patient" ...

Parkinson : Les femmes ont des alliés

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°65

On le sait, certaines affec­tions ne respectent pas la parité. C’est le cas pour la mala­die de Parkin­son. Diag­nos­tic, trai­te­ments, soins annexes : ce qui change d’un sexe à l’autre.

Le jour où les cellules produc­trices de dopa­mine, un neuro­trans­met­teur qui joue les premiers rôles dans le contrôle des mouve­ments, commencent à dispa­raître dans la zone du cerveau appe­lée substance noire (d’où raideur muscu­laire, gestes ralen­tis et, souvent mais pas toujours, trem­ble­ments), on peut parler de mala­die de Parkinson.

Une surve­nue plus tardive :
Premier constat : les femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes à être atteintes de ce mal : 70.000 pour 80.000 hommes. Surtout, elles le sont plus tardi­ve­ment. Une protec­tion liée aux œstro­gènes, lesquels retar­de­raient la surve­nue de la mala­die en préve­nant la dété­rio­ra­tion des neurones dopa­mi­ner­giques. Le méca­nisme n’est pas encore parfai­te­ment élucidé, mais quelques enquêtes euro­péennes ont permis, entre autres, de consta­ter un mieux-​être chez les femmes méno­pau­sées prenant un trai­te­ment hormo­nal substitutif. 

Une progres­sion souvent plus lente : 
Autre diffé­rence, la dépres­sion est l’un des symp­tômes annon­cia­teurs chez les femmes alors que, chez les hommes, ce sont plutôt de fortes douleurs arti­cu­laires dans le bras et/​ou l’épaule. Cela complique un peu les choses car, statis­ti­que­ment, elles sont non seule­ment davan­tage concer­nées par la dépres­sion, mais aussi plus enclines qu’eux à se soigner. Ce qui fait que le diag­nos­tic (éven­tuel) de parkin­son sera peut-​être retardé. De plus, les spécia­listes s’ac­cordent à dire que cet épisode peut précé­der de cinq ans les troubles moteurs. Chez elles, un trem­ble­ment (souvent léger, d’une seule main), permet égale­ment de déli­vrer le diag­nos­tic. Ce qui est un avan­tage (si l’on peut dire), car un parkin­son qui se mani­feste par un trem­ble­ment progresse un peu plus lentement.

Des effets secon­daires plus fréquents : 
Être malade, c’est se soigner, et il faut recon­naître que dans ce domaine, en revanche, les femmes sont désa­van­ta­gées. Certes, les médi­ca­ments sont de plus en plus effi­caces, et c’est impor­tant de le souligner !

Entre autres nouvelles encou­ra­geantes (et c’est une première), les plus gros labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques, comme Astra Zeneca, Biogen, Eli Lilly, Merck, Pfizer et UCB, viennent d’an­non­cer qu’ils se regrou­paient pour parta­ger le coût des essais et avan­cer encore plus vite. Les prin­ci­paux progrès, concernent les molé­cules de soutien qui permet­tront de frei­ner la destruc­tion des neurones à dopa­mine, et donc ralen­ti­ront la progres­sion de la mala­die débutante.

La mise au point d’un gant, avec une méca­nique qui fait pres­sion sur la main pour arrê­ter le trem­ble­ment, est en train d’être fina­li­sée. Et la théra­pie génique, grâce à laquelle les gênes médi­ca­ments vont pouvoir secré­ter de la dopa­mine, a déjà donné de bons résultats.

Pour autant, à ce jour, la Lévo­dopa (aussi appe­lée L‑Dopa) reste incon­tour­nable, puis­qu’elle seule sait pallier le manque de dopa­mine produite par le cerveau. Avec l’aide de plus en plus poin­tue des agonistes dopa­mi­ner­giques, ainsi nommés parce qu’ils imitent en quelque sorte son action, ce qui permet d’en prendre moins, donc de limi­ter les effets secon­daires à long terme. Mais si la L‑Dopa est effi­cace pendant de nombreuses années, elle le devient par la suite un peu moins, et une augmen­ta­tion des doses pour compen­ser peut provo­quer des dyski­né­sies, autre­ment dit des mouve­ments invo­lon­taires touchant diverses parties du corps. C’est juste­ment là, du côté des effets secon­daires, que les femmes sont à la peine.

Des dosages moins adaptés : 
Pour Barbara Gara­va­glia, direc­trice de l’unité de neuro­gé­né­tique molé­cu­laire de l’ins­ti­tut Carlo-​Besta à Milan, « ce qui est capi­tal, dans cette mala­die, c’est la préci­sion milli­mé­trée des pres­crip­tions. Or les théra­pies agissent de manières diffé­rentes chez les femmes, car elles ont un poids corpo­rel infé­rieur à celui des hommes. Ce qui signi­fie, que les prin­cipes actifs sont très concen­trés dans leur orga­nisme et peuvent provo­quer des mouve­ments anor­maux si le dosage n’est pas adapté ».

En toute logique, c’est en amont que le problème doit être résolu. Mais quand on aura dit que seul l’Ins­ti­tut Natio­nal de la santé améri­caine (NIH) a obligé les labo­ra­toires à inclure autant de femmes que d’hommes dans les essais théra­peu­tiques, on aura tout dit ! « Une grande partie de ces effets secon­daires subis par les femmes, est une consé­quence de leur nombre limité dans les essais tout comme les animaux de sexe fémi­nin dans la phase précli­nique », regrette Barbara Garavaglia.

Une meilleure observance : 
Heureu­se­ment, comme l’a constaté le Dr Sophie Sangla, neuro­logue à la Fonda­tion Roth­schild, les femmes sont « plus raison­nables dans l’ob­ser­vance de leur ordon­nance que les hommes ». Il en va de même quand le neuro­logue leur pres­crit des soins annexes indis­pen­sables, comme la kiné ou l’or­tho­pho­nie, pour la diction et la déglu­ti­tion (encore un problème muscu­laire). Et c’est tant mieux, car la réédu­ca­tion « a pour objec­tif de retar­der, voire de préve­nir l’ag­gra­va­tion de la mala­die, et elle y parvient », rassure Natha­lie Chris­tof­fers, kiné­si­thé­ra­peute à l’hô­pi­tal de Haute-​Pierre, à Stras­bourg. « J’ad­mire le poten­tiel d’en­fer de mes patientes, à qui des séances conçues pour recréer des auto­ma­tismes permettent de réap­prendre à se dépla­cer ».

Une vision à plus long terme : 
Ce n’est pas tout ! La physio­thé­ra­pie ne se contente pas d’amé­lio­rer la mobi­lité dans le domaine des gestes simples deve­nus diffi­ciles, comme démar­rer la marche, fran­chir un seuil de porte, faire demi-​tour ou se lever du lit : elle entraîne la sécré­tion et la crois­sance de cellules nerveuses qui contri­buent à la survie des neurones dopa­mi­ner­giques. Tout n’est pas encore exploré, mais la piste est très sérieuse, si l’on en croit les résul­tats convain­cants publiés par la géné­ti­cienne Giselle M. Petzin­ger dans la revue The Lancet.

« Autre côté posi­tif : les femmes acceptent plus volon­tiers la régu­la­rité des rendez-​vous avec un kiné, l’idéal étant deux à trois fois par semaine », souligne le Dr Sangla. « Là où les hommes sont parfois gênés de ne pas ressen­tir un béné­fice immé­diat, elles ont une vision à long terme. Alors oui, on peut leur donner un bon point ! »

Une mala­die de couple !
La raison pour laquelle Thierry Hergueta, psycho­logue clini­cien à l’hô­pi­tal de la Salpê­trière à Paris, parle de mala­die de couple est tout autre. « Le parkin­son touche autant le psychisme que le physique », explique-​t-​il. « L’apa­thie, symp­tôme qui affecte au moins 40% des malades, peut les rendre inca­pables de répondre, sur le plan émotion­nel, à des événe­ments tant néga­tifs que posi­tifs, ou encore d’avoir des atten­tions vis-​à-​vis de leur conjoint » (par exemple de mani­fes­ter de la recon­nais­sance pour ce qu’il fait. A fortiori de jouer un rôle dans la gestion du quoti­dien. On peut parler de mala­die de couple, tant elle enva­hit l’es­pace privé). « Bonne nouvelle : en géné­ral, le couple n’en sort pas fragi­lisé … »

Article de Micha Venaille de la revue Femina (Le Télégramme)
Lu et trans­mis par Nicole Lecou­vey

2 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Je partage la concep­tion de JC Prevost quand aux causes de la mala­die de Parkin­son et je souhai­te­rais contac­ter cette personne pour échan­ger. Merci d’avance. N. Rondenet

    Commentaire by Rondenet — 31 juillet 2016 #

  2. Très bon article de Micha Venaille remar­qué par Nicole Lecouvey.

    Sauf que je me permet d’ajou­ter un manque d’expérience ou l’en­semble des neuro­logues restent fermé, voir bloqué car non scien­ti­fique, pour les patients sous L.Dopa et s’at­ta­quer aux causes qui ont installé le ou les symp­tômes parkin­so­niens , sont le salut du patient voire une réus­site dans la stabi­li­sa­tion de sa mala­die et la réduc­tion signi­fi­ca­tive des prises de Dopa­mine avec le béné­fice pallia­tif qui permet de mener une vie normale 24 h sur 24.
    Une première piste bien connue  » le STRESS » Qu’a t il pu détruire ou déré­gler chez le parkin­so­nien ? son système immu­ni­taire ? La barrière intes­ti­nale ? Ect. Je reste persuadé que c’est dans cette direc­tion qu’il faut aller, d’autres avant moi se sont réalisé dans cette voix et ça à marché pour eux et pour moi. Certes il faut de la persé­vé­rance , prendre des notes chaque jour faire remon­ter les infos de son corps auprès de son méde­cin ( seule condi­tion, qu’il soit partie prenante) Suppri­mer ceci de son alimen­ta­tion, prendre cela en complé­ment et le tout sur une période rela­ti­ve­ment courte la stabi­li­sa­tion peut se faire en deux années, peut être trois pour d’autre, mais quel bonheur de ne plus se sentir Parkin­so­nien, mon dernier neuro­logue à été lui même inter­lo­qué et je me suis entendu dire « vous n’avez pas de mala­die dégé­né­ra­tive » ! pour ne pas avouer que j’ai gagné à 90% ce combat, mon méde­cin géné­ra­liste m’a fait plai­sir en me confiant » nous avons rêvé pendant cinq ans mon amis et premier neuro­logue aussi , vos trem­ble­ments c’était du cinéma !!!!
    Bref une mauvaise foi évidente de ce spécialiste.
    Comme me disait mon défunt père « quiète pas et continu »
    Allez boujou ! (c’est Normand)à tous.

    Commentaire by JC Prevost — 17 juillet 2016 #

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