La nicotine rend-elle curieux ?
Publié le 06 octobre 2016 à 20:09Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°66
Un lien vient d’être découvert entre la curiosité et une molécule du cerveau, sensible à la nicotine.
Étrange comportement que celui de ces souris qui, privées de récepteurs nicotiniques, perdent tout intérêt pour l’incertitude et le risque. Les récepteurs nicotiniques sont des molécules cérébrales qui permettent à la nicotine de stimuler les neurones. Certains de ces récepteurs, de type alpha4-bêta2 ont été retirées chez des souris de laboratoire qui ont été placées devant un choix : aller dans un coin de la cage où elles étaient sûres à 100% de recevoir une récompense, et un autre coin où elles avaient une probabilité de 50%. Alors que des souris normales se partagent entre ces deux options (parce qu’elles aiment aussi le risque et l’incertitude), les souris dépourvues de ces récepteurs ne sont plus du tout attirées par l’option incertaine.
Un récepteur de la curiosité
La nicotine est-elle nécessaire à la curiosité ? Se demande-t-on à la lecture de ces travaux, réalisés par Philippe Faure et son équipe du laboratoire de Neurosciences Paris-Seine (CNRS – UPMC — INSERM). Pas tant la nicotine que son analogue naturel, l’acétylcholine. Cet important neurotransmetteur libéré par notre cerveau se fixe de la même façon sur ces fameux récepteurs et participeraient à notre attrait pour les situations ambiguës, formant la base des comportements d’exploration.
Mais la nicotine, en interférant avec le duo acétylcholine-récepteur alpha4-bêta2, modulerait ce goût du risque. Dès le début des années 2000, Katherine Ryan et ses collègues de l’université Prince Edward Island, au Canada, avaient montré que cette molécule contenue dans le tabac stimule la prise de risque chez les personnes plutôt tranquilles, et l’apaise chez les plus aventureux. C’est la fameuse cigarette que l’on prend pour se calmer ou au contraire se donner un coup de fouet.
Dernier apport de l’étude française : les chercheurs ont pu localiser l’endroit du cerveau où les récepteurs de la nicotine et de l’acétylcholine influent sur notre curiosité. Il s’agit de l’aire tegmentale ventrale, qui fait partie d’un circuit important dans la perception du plaisir. La dopamine, molécule classiquement associée au plaisir, se mêlerait ainsi à l’acétylcholine (et à la nicotine chez le fumeur) pour donner lieu à des comportements tourné vers les gratifications ou la prise de risque. Ce qui expliquerait pourquoi les joueurs de casino sont souvent de gros fumeurs. Peut-être est-ce pour eux, un moyen de réguler leur prise de risque.
Article de Sébastien Bohler de Cerveau & Psycho
Lu par Françoise Vignon
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