Ne pas être qu'un "patient" ...

Témoignage : La stimulation consciente

Paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°36 – mars 2009 

Par Joce­lyne Gouge

Bonjour et merci de vous inté­res­ser à mes travaux. 

Vous compren­drez que le programme que j’ap­plique est de mon cru, inspiré par des tech­niques et approches exis­tantes. Qu’il en est toujours au stade expé­ri­men­tal et que je tiens à ce que mes résul­tats soient vali­dés par mon neuro­logue avant de les rendre publics. Je tiens à ce que le maxi­mum de personnes en béné­fi­cie. Cela va me deman­der beau­coup de travail car je dois commen­cer par expli­quer les bases, la « méca­nique » et les mises en garde : la stimu­la­tion consciente amène avec le temps une réduc­tion de la médi­ca­tion, le suivi médi­cal est donc primordial. 

Moi aussi j’ai la mala­die de Parkin­son et je dois prendre des médi­ca­ments. Il faut bien comprendre qu’une mala­die qui nous détruit depuis cinq, dix, quinze ans ou plus ne dispa­raî­tra pas en six mois. J’ai mis dix mois à réap­prendre à marcher et deux mois supplé­men­taires pour pouvoir le faire sans la canne que j’uti­li­sais depuis sept ans. Pour l’écri­ture, à peu près le même temps. Il ne s’agit pas d’exer­cices que l’on fait comme un robot et, pour l’ins­tant, rien ne me permet de croire que les résul­tats puissent être perma­nents sans la pratique régu­lière. Lorsque je relâche, comme je l’ai fait pendant la période des Fêtes, les symp­tômes se réins­tallent. C’est donc un travail de tous les jours qui demande de s’im­pli­quer dans l’amé­lio­ra­tion de sa condi­tion. C’est un mode de vie, une occu­pa­tion à temps plein, mais qui en vaut la peine. J’ai réduit de moitié ma médi­ca­tion sur une période de dix-​huit mois. 

Je me lance donc. Je vais tenter de vous expli­quer briè­ve­ment sur quoi se base la stimu­la­tion consciente. 

La neuro­plas­ti­cité : Quand une zone du cerveau présente un trouble parti­cu­lier, le cerveau a la capa­cité de réédu­quer la fonc­tion touchée en utili­sant une autre zone céré­brale. De nouvelles connec­tions neuro­nales sont créées. Le corps a tout pour se guérir, mais il demande notre colla­bo­ra­tion. Chaque jour, plusieurs milliards de cellules sont rempla­cées en commen­çant par les cellules malades. 

La mémoire du corps : Notre corps nous fait souf­frir mais il est prêt à guérir si on lui dit comment faire. Il a une mémoire infaillible ; il suffit de lui rappe­ler comment s’y prendre pour récu­pé­rer des fonc­tions perdues. 

Le plai­sir : Le plai­sir change la chimie du cerveau. 

La posture et la respi­ra­tion : Il faut d’abord corri­ger la posture, cela faci­lite la respi­ra­tion et augmente l’oxy­gé­na­tion de l’organisme. 

Donc la première étape consiste à réta­blir progres­si­ve­ment sa posture en prenant conscience des chan­ge­ments que cela amène dans tout notre corps. Le mauvais aligne­ment du corps se fait sentir à cette étape. L’aide profes­sion­nelle (physio, kiné, chiro) peut aider. Person­nel­le­ment j’ai eu recours aux services d’une physio­thé­ra­peute sur une période de dix mois. 

Tout en corri­geant sa posture, on intègre des exer­cices respi­ra­toires et de relaxa­tion, toujours en prenant conscience de ce qui se passe dans son corps. 

Ensuite on se fait un « plan de match ». Il s’agit ici faire la liste de ses objec­tifs. On construit l’es­ca­lier qui nous mènera à l’ob­jec­tif ultime, une marche à la fois, en inté­grant des paliers qui servi­ront de points de repère. Les petits objec­tifs sont plus faciles à atteindre et l’at­teinte d’un objec­tif, renforce la moti­va­tion. Le simple fait d’être capable de se tenir droit est une grande victoire pour plusieurs personnes. Et cette étape est une étape-clé. 

Lorsque l’on demande au corps de repro­duire un mouve­ment, on demande au cerveau d’éta­blir les connec­tions néces­saires à la repro­duc­tion de ce mouve­ment. Il est impor­tant de faire ces connec­tions à plusieurs reprises au cours de la jour­née. C’est comme un pianiste de concert. Il a beau être excellent et maîtri­ser son art, s’il veut demeu­rer au sommet il doit prati­quer chaque jour. Donc, lorsque vous aurez récu­péré une fonc­tion, vous devrez l’uti­li­ser régu­liè­re­ment ensuite. Si vous réap­pre­nez à marcher et que vous passez ensuite vos jour­nées dans un fauteuil devant la télé ou l’or­di­na­teur, vous reper­drez vite vos apti­tudes à marcher. 

J’es­père avoir répondu un peu à vos ques­tions. Paral­lè­le­ment à l’écri­ture de mon livre, je vais essayer dans les semaines à venir de faire un docu­ment modu­laire trai­tant les divers aspects du programme : physique, cogni­tif, social, etc. Je pour­rai par la suite placer des exer­cices spéci­fiques dans chacun des modules. Je vais aussi essayer de décrire ma progres­sion, mais il va falloir que je retrouve mes notes. 

Je n’ai aucune préten­tion, j’y vais avec l’in­tui­tion et les connais­sances acquises au fil des années. Pour l’ins­tant, les résul­tats sont posi­tifs, je sens que la mala­die est toujours présente, surtout lorsque je néglige mes exer­cices, mais elle est moins enva­his­sante. Les résul­tats dépendent évidem­ment du stade d’évo­lu­tion de la mala­die, mais aussi de la déter­mi­na­tion et de l’éner­gie que l’on met à rega­gner la santé. 

Joce­lyne, Québec, 51/8.5
passemots@iquebec.com

Lu par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@orange.fr

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