Les mouvements anormaux
Publié le 22 juin 2009 à 17:50Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°37 – juin 2009
- Introduction
Les mouvements anormaux sont dus à un trouble de la programmation ou de l’exécution du mouvement. Très souvent, ils sont la conséquence d’un dysfonctionnement, d’une lésion ou d’une maladie dégénérative dans le système des noyaux gris centraux appelé « système extrapyramidal ». Rappelons que ce système extrapyramidal est responsable aussi des mouvements automatiques, le système pyramidal étant lui responsable de l’exécution volontaire du mouvement.Il en résulte que les mouvements anormaux sont peu ou pas contrôlés par la volonté (pour cette raison, ils sont aussi appelés mouvements involontaires) et ils surviennent en l’absence de paralysie.
Souvent atteints de tremblements et parfois de dyskinésies, les Parkinsoniens font partie de la catégorie de patients atteints de mouvements anormaux.Il existe de nombreux types de mouvements anormaux. Dans le texte qui suit, on se propose de décrire successivement :
- les différents types de mouvements anormaux, et les critères qui permettent au neurologue de les diagnostiquer,
- les principaux types de tremblement et leurs caractéristiques,
- plus en détail le tremblement parkinsonien,
- enfin les dystonies et dyskinésies parkinsoniennes.
- Les différents types de mouvements anormaux
La reconnaissance des différents types de mouvements anormaux est faite par le neurologue à partir d’un examen clinique et la prise en compte de différents critères :- leurs circonstances de survenue : brutale, progressive,
- leurs caractères : brefs ou prolongés, rythmiques ou irréguliers, chaotiques ou stéréotypés,
- leur siège : proximal ou distal
- leur amplitude maximale : au repos, au maintien d’une posture ou lors d’un mouvement.
Certains mouvements anormaux ne concernent pas le Parkinsonien. Nous les citerons pour mémoire. Il s’agit :
- des chorées, mouvements arythmiques, brusques, imprévisibles et chaotiques, souvent de rotation (du grec khoreia = danse).
- des myoclonies, secousses musculaires brusques et brèves,
- des tics, mouvements habituellement brefs et soudains, ayant une caricature de geste naturel.
Le Parkinsonien, par contre, pourra être sujet :
- aux tremblements : Les tremblements provoquent des oscillations rythmiques involontaires de tout ou partie du corps autour de sa position d’équilibre.
- aux dystonies : Les dystonies provoquent des contractions musculaires soutenues, fixant un membre ou un segment de membre dans une position extrême.
- aux dyskinésies : Le terme de dyskinésie recouvre des mouvements anormaux complexes et anarchiques, mêlant différentes caractéristiques déjà citées, comme l’aspect choréique.
- Les tremblements
Le tremblement est le mouvement involontaire le plus fréquent. Il résulte de mouvements oscillatoires rythmiques au niveau d’une articulation.
On distingue plusieurs types de tremblements qui ne doivent pas être confondus, car ils résultent de pathologies différentes et se traitent différemment.- Le tremblement de repos : le tremblement Parkinsonien que nous le détaillerons après
- Le tremblement postural et d’action : La cause la plus fréquente en est le tremblement essentiel, assez fréquent (il touche en France environ 200.000 personnes). Il est présent dans la posture, mais aussi dans l’action (écriture, manipulation d’un verre). Sa fréquence est de 6 à 12 Hz. Il est souvent héréditaire et commence plutôt aux extrêmes de la vie (sujet jeune ou âgé). Son traitement utilise des bétabloquants comme le Propanololol ou des barbituriques comme la Mysoline.
- Le tremblement d’action ou d’intention : Appelé aussi souvent cérébelleux, lorsqu’il résulte d’une atteinte du cervelet, il s’accentue avec la vitesse du mouvement et à l’approche de la cible (intention) .Le mouvement est généralement ample. Son traitement est difficile, car il répond peu aux médicaments.
- Le tremblement de repos
Il s’agit du tremblement parkinsonien. Il a les caractéristiques suivantes :- Présent au repos et disparaissant au mouvement,
- fréquence de 4 à 6 Hz,
- touchant les membres, éventuellement la mâchoire,
- unilatéral ou très asymétrique
- aggravé par le stress.
Pour le grand public, le tremblement caractérise la maladie de Parkinson. C’est ainsi que James Parkinson la dénommait : « shaking palsy » ou paralysie agitante. Nous avons vu que tous les tremblements ne sont pas Parkinsoniens, et par ailleurs, tous les Parkinsoniens ne tremblent pas. Cependant, plus de la moitié des maladies de Parkinson commencent par un tremblement et la majorité des malades tremblent après quelques années de maladie.
Au début de la maladie, le tremblement reste discret et doit parfois pour apparaître, être provoqué (le patient écrit un texte ou fait un calcul mental). Le patient dont la main tremble effectue alors des mouvements de la main et du poignet, comme s’il émiettait du pain.Relativement lent par rapport aux autres types de tremblements, le tremblement de repos touche au début de la maladie, le membre supérieur du côté où la maladie a commencé, puis va s’étendre au membre inférieur du même côté, puis aux autres membres. Il reste très souvent asymétrique. Il peut atteindre la mâchoire, la langue, les lèvres, mais jamais la tête.
Le tremblement n’est pas actif en permanence pendant la journée et disparait pendant le sommeil. Il se réactive et s’aggrave en cas de stress.
Le tremblement de repos n’est pas très handicapant pour le patient sur le plan moteur. Par contre, il est très dévalorisant sur le plan social, car il suggère à l’entourage l’existence de la maladie de Parkinson.
Le diagnostic du tremblement de repos est relativement aisé, le neurologue observant par exemple le patient assis, les avant bras reposant sur une table ou sur des accoudoirs. Les caractéristiques du tremblement Parkinsonien de repos (fréquence, hérédité, asymétrie, organes touchés etc..), sont très différentes des tremblements précités et permettent un diagnostic sûr. Toutefois, le neurologue peut être confronté à la présence chez le même patient de deux tremblements différents (de repos et postural par exemple), ainsi qu’à des tremblements dus à l’usage de médicaments, comme les neuroleptiques.
Le tremblement de repos peut constituer le symptôme prédominant chez le patient ; on parle alors de forme tremblante de la maladie. Dans ce cas, le traitement peut être spécifique et fait appel :
- aux anticholinergiques (Artane, Parkinane, Lepticur)
- aux agonistes dopaminergiques (en particulier le Trivastal),
- ensuite à la Lévodopa,
- enfin aux bétabloquants ou à la Mysoline
- Dyskinésie et dystonies :
Les dyskinésies sont souvent iatrogènes (dues à l’usage de médicaments comme les neuroleptiques), mais sont apparues aussi comme une conséquence de l’introduction de la Levodopa (L‑Dopa), dans les traitements parkinsoniens, depuis 1967.
On ne dispose pas de chiffre précis sur la fréquence de survenue de dyskinésie, mais on estime qu’un tiers des patients souffre de dyskinésies après 3 ans de traitement par Levodopa.Comment se présentent les différentes dyskinésies liées à la Levodopa ? Si on prend comme modèle la courbe donnant en fonction du temps, le taux de Levodopa dans le sang, à partir d’une prise unique, le matin à jeun, on peut distinguer trois catégories de mouvements anormaux involontaires :
- les dystonies de « off » appelées aussi dystonies du petit matin, elles apparaissent avant toute prise de médicaments, mais peuvent récidiver dans la journée, lors de la survenue d’une période « off ». Elles se manifestent par une posture dystonique, pouvant être douloureuse, et atteignant généralement le pied le plus atteint sous la forme d’une extension du gros orteil ou d’un varus équin ou le « pied en griffe ».
- les dyskinésies biphasiques de début et de fin de dose. Elles apparaissent 20 à 30 minutes après la prise du médicament et réapparaissent en fin de dose. Elles affectent de préférence le membre inférieur le plus atteint et sont douloureuses.
- les dyskinésies de milieu ou de pic de dose. Ce sont les plus fréquentes. Elles surviennent, alors que le patient bénéficie d’un déblocage maximal. Elles sont de type choréique essentiellement et affectent les membres supérieurs, le visage et le cou. Paradoxalement, elles sont mieux supportées par le patient (qui redoute davantage les blocages), que par son entourage.
Les facteurs de risques de survenue de dyskinésies liées à la Levodopa sont :
- un âge de début précoce de la maladie (entre 20 et 40 ans), augmenterait le risque de survenue de dyskinésies, qui serait moindre au delà de 56 ans.
- une dénervation dopaminergique importante : une dégradation importante des neurones du locus Niger semble être une condition nécessaire à la survenue de dyskinésie.
- la durée, la dose et le mode de prise de la Levodopa. Un traitement par agoniste dopaminergique en monothérapie réduit les risques de survenue de dyskinésie. Réduire la dose de Levodopa, lors d’une bithérapie (agoniste + Levodopa) réduit le risque de survenue, par rapport à une monothérapie à Levodopa.
La fréquence des dyskinésies augmente avec la durée du traitement par Levodopa. Plus simplement, le risque augmente avec les années et la quantité de Levodopa absorbée. D’où la stratégie de retarder si possible son utilisation dans la phase initiale de la maladie, et ensuite d’en limiter les doses.
Pour diminuer les risques de dyskinésies et en retarder le début, il serait souhaitable d’appliquer les recommandations contenues dans la Conférence de Consensus.
Le lecteur Parkinsonien tirera profit de ces recommandations pour comprendre, la stratégie thérapeutique que lui propose le neurologue, afin de retarder le début des dyskinésies.
Bibliographie
La maladie de Parkinson de Fabien Zagnoli et François Rouhart
Orientation diagnostique devant des mouvements anormaux (322)
Dyskinésies liées à la Lévodopa de Valérie Fraix
Par Jean Pierre LAGADEC
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