Ne pas être qu'un "patient" ...

Orthophonie : le point de vue d’un médecin

Commu­ni­quer est une des prin­ci­pales fonc­tions de l’homme vivant en société. Il utilise la parole et l’écrit, capa­ci­tés qui lui sont propres mais aussi l’ex­pres­sion gestuelle, les mimiques de la face qui se rapprochent de mode d’ex­pres­sion compor­te­men­tale commun à de nombreuses espèces animales.

Or l’ap­pau­vris­se­ment de l’ac­ti­vité motrice liée à la mala­die de Parkin­son reten­tit inexo­ra­ble­ment sur la capa­cité de commu­ni­quer du malade par tous ces modes. Souvent inter­pré­tées comme un ralen­tis­se­ment intel­lec­tuel par un entou­rage non averti, l’inex­pres­si­vité du visage, les dimi­nu­tions des capa­ci­tés orales et graphiques ont des réper­cus­sions impor­tantes sur la qualité de vie des parkinsoniens.
L’at­teinte de la commu­ni­ca­tion orale se carac­té­rise par une dyspho­nie (alté­ra­tiondes carac­té­ris­tiques acous­tiques de la voix) et une dysar­thrie (troubles de l’ar­ti­cu­la­tion de la parole). La triade clas­sique de la mala­die, trem­ble­ment, hypo et brady­ki­né­sie, hyper­to­nie se retrouve dans tout le proces­sus de la parole :

- diffi­culté de l’ini­tia­li­sa­tion de l’acte
 — respi­ra­tion et phona­tion (expi­ra­tion, réso­nance, nasalisation)
 — arti­cu­la­tion labio-​linguo-​vélopharyngée (hauteur, inten­sité, timbre)
 — proso­die (mélo­die, durée, inten­sité, débit) (trem­ble­ment du larynx)

Les troubles du rythme s’in­tègrent aux dyski­né­sies (et évoluent donc avec les effets théra­peu­tiques on/​off). Le débit de parole se préci­pite (tachy­la­lie) à mesure que la capa­cité d’ar­ti­cu­la­tion dimi­nue rendant le propos incom­pré­hen­sible, asso­cié à une désor­ga­ni­sa­tion de la respi­ra­tion. L’ar­ti­cu­la­tion est gênée par la dyski­né­sie et l’hy­per­to­nie, avec incoor­di­na­tion entre l’émis­sion sonore et le travail muscu­laire bucco-laryngo-facial.

On constate donc que le parkin­so­nien essaie de dire le plus de mots possible sur un seul souffle en arti­cu­lant peu pour essayer d’ar­ri­ver au bout de sa phrase. Il en résulte une écono­mie de langage avec appau­vris­se­ment et réduc­tion essayant d’es­qui­ver toutes les diffi­cul­tés lexi­cales et syntaxiques de la langue.

Les gestes de la parole dans leur versant non verbal vont être aussi alté­rés et aggravent les diffi­cul­tés de commu­ni­ca­tion : réduc­tion de la mimique, hypo­ex­pres­si­vité, fuites sali­vaires (hyper­to­nie de l’or­bi­cu­laire des lèvres donnant une fausse hyper sialor­rhée), déglu­ti­tion auto­ma­tique raré­fiée, trouble de la posture de la tête gênant une bonne projec­tion verbale.

Le trai­te­ment phar­ma­co­lo­gique, dans toutes ses compo­santes, peut amélio­rer tous ces symp­tômes, mais avec les même évolu­tions dans le temps que pour toutes les autres diffi­cul­tés motrices. Or on constate que la pres­crip­tion d’or­tho­pho­nie aux parkin­so­niens reste excep­tion­nelle. Cette réédu­ca­tion néces­site un ou une ortho­pho­niste formé mais peut appor­ter une réelle amélio­ra­tion de la qualité de commu­ni­ca­tion et donc de la qualité de vie et de la préser­va­tion de l’autonomie.

La réédu­ca­tion ortho­pho­nique comprend plusieurs volets complémentaires :

- travail de relaxa­tion qui recon­quiert la maîtrise du tonus musculaire ;
 — travail de la méca­nique respi­ra­toire permet­tant une émis­sion vocale correcte et audible ;
 — travail de la voix (travail gnoso­praxique) force de la voix et timbre ;
 — travail de la motri­cité bucco faciale et des praxies (face au miroir,o uverture/​fermeture de la bouche, des lèvres, place de langue etc.);
 — travail sur la mélo­die et l’ex­pres­si­vité (lecture, chant);
 — travail de l’écriture ;
 — travail de la déglutition ;

Les séances doivent être courtes sans dépas­ser la demi-​heure, mais inten­sives et rappro­chées, idéa­le­ment quoti­diennes. Des cures de 15 à 20 séances, étalées donc sur deux à trois semaines, deux à trois fois par an apportent les meilleurs résultats

Alors que vous soyez malade ou méde­cin, en lisant ces lignes vous aurez compris tout l’in­té­rêt de la prise en charge ortho­pho­nique de la mala­die de Parkin­son, à côté de la clas­sique kiné­si­thé­ra­pie et en complé­ment des médicaments

Ce texte écrit par le docteur Walu­sinski a été trans­mis par le Docteur Claude Mange sur le site de Parkliste

5 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. non, je ne connais pas les ortho­pho­nistes de Haute Savoie. Je pense que vous pouvez vous adres­ser à la Fédé­ra­tion Natio­nale de l’Orthophonie- d’après leur site, la respon­sable pour votre dépar­te­ment serait Mme Sophie Tricot- 2 rue du Rancy 69003 Lyon-04.78.60.54.96 — e‑mail : sdorra.fno@wanadoo.fr- Cette personne devrait pouvoir vous donner satis­fac­tion — bien amica­le­ment ‑E.Six

    Commentaire by GP29 — 19 septembre 2008 #

  2. merçi de vos commen­taires , mais y’a t’il des ortho­pho­nistes spécia­li­sés dans la règion haute savoie .merçi de me les commu­ni­quer si vous en connaissez

    Commentaire by Chaloyard yvon — 19 septembre 2008 #

  3. Seul votre neuro­logue peut vous répondre concer­nant votre trai­te­ment. Pour l’or­tho­pho­niste , il est certain qu’il faut y avoir recours le plus tôt possible. Je ne connais pas de cas où ce recours ait été inutile mais comme pour tout trai­te­ment les résul­tats ne sont pas les mêmes pour tous. Vous dites que votre cas est récent, alors je ne peux que vous conseiller d’ap­prendre à bien connaître la mala­die, c’est le seul moyen de bien pouvoir lutter contre et la vivre le mieux possible. bien amica­le­ment E.Six

    Commentaire by GP29 — 17 août 2008 #

  4. <mon cas est très récent et les symp­tômes décrits dals les diffi­cul­tés d’ar­ti­cu­la­tion sont de plus en plus évidents surtout l’après midi et le soir le matin tout va plutôt bien. je fais actuel­le­ment de la réédu­ca­tion auprès d’un kiné mais je ne crois pas trop ( pour avoir essayé…) à l’or­tho­pho­nie. Avez- vous des cas d’évi­dente amélio­ra­tion par l’or­tho­pho­nie ? Je précise que je n’ai actuel­le­ment comméncé aucun trai­te­ment …ai- je tort ou raison ?

    Commentaire by Chaloyard yvon — 15 août 2008 #

  5. Je viens de décou­vrir votre site. Les conseils du docteur Walu­sinski concer­nant la diffi­culté de commu­ni­ca­tion orale me paraissent corres­pondre tout à fait à mon vécu de malade et me conforte dans l’idée que les symp­tômes de la mala­die ont été frei­nés par les exer­cices de« lecture à voix haute » que je pratique depuis long­temps. Une période rela­ti­ve­ment longue (vacances scolaires) d’arrêt de cette pratique fait réap­pa­raître les symp­tômes liés à la commu­ni­ca­tion orale : troubles de l’articulation…Il semble­rait inté­res­sant de propo­ser aux malades une pratique de lecture à voix haute avec les exer­cices de respi­ra­tion et d’articulation qui l’accompagnent.

    Commentaire by daill Michèle — 3 décembre 2005 #

Laisser un commentaire

XHTML: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Flux RSS des commentaires de cet article.

Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires. Valide XHTML et CSS.