Orthophonie : le point de vue d’un médecin
Publié le 16 janvier 2005 à 19:32Communiquer est une des principales fonctions de l’homme vivant en société. Il utilise la parole et l’écrit, capacités qui lui sont propres mais aussi l’expression gestuelle, les mimiques de la face qui se rapprochent de mode d’expression comportementale commun à de nombreuses espèces animales.
Or l’appauvrissement de l’activité motrice liée à la maladie de Parkinson retentit inexorablement sur la capacité de communiquer du malade par tous ces modes. Souvent interprétées comme un ralentissement intellectuel par un entourage non averti, l’inexpressivité du visage, les diminutions des capacités orales et graphiques ont des répercussions importantes sur la qualité de vie des parkinsoniens.
L’atteinte de la communication orale se caractérise par une dysphonie (altérationdes caractéristiques acoustiques de la voix) et une dysarthrie (troubles de l’articulation de la parole). La triade classique de la maladie, tremblement, hypo et bradykinésie, hypertonie se retrouve dans tout le processus de la parole :
- difficulté de l’initialisation de l’acte
— respiration et phonation (expiration, résonance, nasalisation)
— articulation labio-linguo-vélopharyngée (hauteur, intensité, timbre)
— prosodie (mélodie, durée, intensité, débit) (tremblement du larynx)
Les troubles du rythme s’intègrent aux dyskinésies (et évoluent donc avec les effets thérapeutiques on/off). Le débit de parole se précipite (tachylalie) à mesure que la capacité d’articulation diminue rendant le propos incompréhensible, associé à une désorganisation de la respiration. L’articulation est gênée par la dyskinésie et l’hypertonie, avec incoordination entre l’émission sonore et le travail musculaire bucco-laryngo-facial.
On constate donc que le parkinsonien essaie de dire le plus de mots possible sur un seul souffle en articulant peu pour essayer d’arriver au bout de sa phrase. Il en résulte une économie de langage avec appauvrissement et réduction essayant d’esquiver toutes les difficultés lexicales et syntaxiques de la langue.
Les gestes de la parole dans leur versant non verbal vont être aussi altérés et aggravent les difficultés de communication : réduction de la mimique, hypoexpressivité, fuites salivaires (hypertonie de l’orbiculaire des lèvres donnant une fausse hyper sialorrhée), déglutition automatique raréfiée, trouble de la posture de la tête gênant une bonne projection verbale.
Le traitement pharmacologique, dans toutes ses composantes, peut améliorer tous ces symptômes, mais avec les même évolutions dans le temps que pour toutes les autres difficultés motrices. Or on constate que la prescription d’orthophonie aux parkinsoniens reste exceptionnelle. Cette rééducation nécessite un ou une orthophoniste formé mais peut apporter une réelle amélioration de la qualité de communication et donc de la qualité de vie et de la préservation de l’autonomie.
La rééducation orthophonique comprend plusieurs volets complémentaires :
- travail de relaxation qui reconquiert la maîtrise du tonus musculaire ;
— travail de la mécanique respiratoire permettant une émission vocale correcte et audible ;
— travail de la voix (travail gnosopraxique) force de la voix et timbre ;
— travail de la motricité bucco faciale et des praxies (face au miroir,o uverture/fermeture de la bouche, des lèvres, place de langue etc.);
— travail sur la mélodie et l’expressivité (lecture, chant);
— travail de l’écriture ;
— travail de la déglutition ;
Les séances doivent être courtes sans dépasser la demi-heure, mais intensives et rapprochées, idéalement quotidiennes. Des cures de 15 à 20 séances, étalées donc sur deux à trois semaines, deux à trois fois par an apportent les meilleurs résultats
Alors que vous soyez malade ou médecin, en lisant ces lignes vous aurez compris tout l’intérêt de la prise en charge orthophonique de la maladie de Parkinson, à côté de la classique kinésithérapie et en complément des médicaments
Ce texte écrit par le docteur Walusinski a été transmis par le Docteur Claude Mange sur le site de Parkliste
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non, je ne connais pas les orthophonistes de Haute Savoie. Je pense que vous pouvez vous adresser à la Fédération Nationale de l’Orthophonie- d’après leur site, la responsable pour votre département serait Mme Sophie Tricot- 2 rue du Rancy 69003 Lyon-04.78.60.54.96 — e‑mail : sdorra.fno@wanadoo.fr- Cette personne devrait pouvoir vous donner satisfaction — bien amicalement ‑E.Six
Commentaire by GP29 — 19 septembre 2008 #
merçi de vos commentaires , mais y’a t’il des orthophonistes spécialisés dans la règion haute savoie .merçi de me les communiquer si vous en connaissez
Commentaire by Chaloyard yvon — 19 septembre 2008 #
Seul votre neurologue peut vous répondre concernant votre traitement. Pour l’orthophoniste , il est certain qu’il faut y avoir recours le plus tôt possible. Je ne connais pas de cas où ce recours ait été inutile mais comme pour tout traitement les résultats ne sont pas les mêmes pour tous. Vous dites que votre cas est récent, alors je ne peux que vous conseiller d’apprendre à bien connaître la maladie, c’est le seul moyen de bien pouvoir lutter contre et la vivre le mieux possible. bien amicalement E.Six
Commentaire by GP29 — 17 août 2008 #
<mon cas est très récent et les symptômes décrits dals les difficultés d’articulation sont de plus en plus évidents surtout l’après midi et le soir le matin tout va plutôt bien. je fais actuellement de la rééducation auprès d’un kiné mais je ne crois pas trop ( pour avoir essayé…) à l’orthophonie. Avez- vous des cas d’évidente amélioration par l’orthophonie ? Je précise que je n’ai actuellement comméncé aucun traitement …ai- je tort ou raison ?
Commentaire by Chaloyard yvon — 15 août 2008 #
Je viens de découvrir votre site. Les conseils du docteur Walusinski concernant la difficulté de communication orale me paraissent correspondre tout à fait à mon vécu de malade et me conforte dans l’idée que les symptômes de la maladie ont été freinés par les exercices de« lecture à voix haute » que je pratique depuis longtemps. Une période relativement longue (vacances scolaires) d’arrêt de cette pratique fait réapparaître les symptômes liés à la communication orale : troubles de l’articulation…Il semblerait intéressant de proposer aux malades une pratique de lecture à voix haute avec les exercices de respiration et d’articulation qui l’accompagnent.
Commentaire by daill Michèle — 3 décembre 2005 #