Ne pas être qu'un "patient" ...

Diminuer les effets secondaires liés au traitement de la maladie de Parkinson : c’est possible !

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°41 – juin 2010 

Des cher­cheurs de Bordeaux asso­ciant l’Inserm et le CNRS au sein du labo­ra­toire « Mouve­ment, adap­ta­tion, cogni­tion » (CNRS /​ Univer­si­tés Bordeaux 1 et 2) viennent de décou­vrir qu’il est possible de dimi­nuer les effets secon­daires liés au trai­te­ment de la mala­die de Parkin­son. Dans ce nouveau travail à paraitre dans la revue Science trans­la­tio­nal medi­cine datée du 21 avril 2010, les cher­cheurs ont restauré la produc­tion d’une protéine qui contrôle le circuit des récep­teurs de la dopa­mine : la protéine GRK6, amélio­rant ainsi les symp­tômes parkinsoniens.

La mala­die de Parkin­son est une mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive qui affecte le système nerveux central. Elle se traduit par de forts troubles moteurs dus à un manque de dopa­mine dans le cerveau. La théra­pie à base de L‑dopa comble ce manque et reste le meilleur trai­te­ment connu à ce jour. Toute­fois, après quelques années, les effets secon­daires liés au trai­te­ment deviennent très gênants, entrai­nant des mouve­ments invo­lon­taires (dyski­né­sies) et des fluc­tua­tions brutales d’activité.

Les travaux des cher­cheurs de l’Inserm et du CNRS montrent que la sur-​expression d’une seule protéine dans le cerveau (obte­nue grâce à l’injection d’un vecteur théra­peu­tique), abou­tit à la nette dimi­nu­tion des dyski­né­sies et des fluc­tua­tions. Cela restaure les effets théra­peu­tiques de la L‑dopa. Ces résul­tats ont été obte­nus chez le rat et le singe dans un modèle expé­ri­men­tal de la mala­die de Parkinson.

Comment ça marche ?
Une personne normale possède de la dopa­mine dans le cerveau. Ce neuro­trans­met­teur sert à déclen­cher de nombreux signaux néces­saires au bon fonc­tion­ne­ment de l’organisme et est notam­ment impli­qué dans les phéno­mènes de contrôle des fonc­tions motrices. Au vu de son impor­tance, sa libé­ra­tion est très fine­ment régu­lée. Ce rôle est assuré par des récep­teurs à la dopa­mine, situés à la surface des neurones. Par exemple, lorsqu’il y a trop de dopa­mine ou qu’elle reste trop long­temps présente dans la synapse, les récep­teurs se désen­si­bi­lisent, stoppent leur réponse et dispa­raissent de la surface des neurones. La phos­pho­ry­la­tion des récep­teurs à dopa­mine par la protéine GRK6 est néces­saire pour que ces évène­ments puissent avoir lieu.

Dans des travaux précé­dents, les cher­cheurs avaient mis en évidence que les récep­teurs à la dopa­mine restaient conti­nuel­le­ment à la surface des neurones chez les animaux parkin­so­niens dyski­né­tiques. En cause notam­ment, un manque de GRK6 dans le cerveau. Dans cette nouvelle étude, les scien­ti­fiques ont corrigé ce manque en stimu­lant l’expression de GRK6, en l’insérant dans un lenti­vi­rus. Ce vecteur théra­peu­tique, porteur de la protéine d’intérêt est ensuite chirur­gi­ca­le­ment injecté dans le cerveau au niveau du stria­tum. L’expression accrue des GRK6 permet de reti­rer des récep­teurs à la dopa­mine de la surface des neurones. Les animaux parkin­so­niens dyski­né­tiques peuvent alors plei­ne­ment béné­fi­cier du trai­te­ment à la L‑dopa : leurs symp­tômes parkin­so­niens sont amélio­rés et ils ne présentent plus de dyski­né­sies sévères.

Pour les cher­cheurs, une chose est claire : « Cette avan­cée montre que nous nous inté­res­sons à la bonne molé­cule. Mais nous sommes conscients que la tech­nique que nous avons utili­sée ne sera pas rapi­de­ment acces­sible en routine chez l’homme. Nous avons donc d’autres idées pour propo­ser des solu­tions adap­tées aux patients parkin­so­niens » explique Erwan Bezard  Parmi les stra­té­gies envi­sa­gées, les cher­cheurs démarrent un programme de recherche pour passer au crible toutes les petites molé­cules qui pour­raient mimer l’action de GRK6. 

Situa­tion normale : la dopa­mine trans­met le signal via ses récep­teurs situés à la surface des neurones. Après stimu­la­tion par la dopa­mine, le récep­teur est recy­clé pour éviter une stimu­la­tion continue.

Situa­tion patho­lo­gique : La dopa­mine ne se lie plus à ses récep­teurs. Aucun signal n’est trans­mis. Les récep­teurs séjournent à la surface du neurone. Ceci est la consé­quence d’une dimi­nu­tion de la dispo­ni­bi­lité des protéines capables de les reti­rer de la membrane (moins de GRK6)

Les dyski­né­sies, surve­nant après un trai­te­ment de L‑Dopa sur une longue période, pour­raient être dimi­nuées par la sur-​expression de GRK6 dans le stria­tum. L’expression accrue des GRK6 (repré­sen­tée par l’aug­men­ta­tion du nombre de cercles jaunes) permet alors l’internalisation, à savoir le retrait de la surface des neurones, des récep­teurs, et, par consé­quent, la dimi­nu­tion de la gravité des mouve­ments anor­maux involontaires.

Crédit : les dessinateurs.com

Pour en savoir plus :

Lenti­vi­ral overex­pres­sion of GRK6 alle­viates L‑DOPA-​induced dyski­ne­sia in expe­ri­men­tal Parkinson’s disease
Moha­med R. Ahmed(1), Aman­dine Berthet(2), Evgeny Bych­kov(1), Gregory Porras(2), Qin Li(3), Bernard H. Biou­lac(2), Yona­tan T. Carl(1), Bertrand Bloch(2), Seun­ghyi Kook(1), Incar­na­tion Aubert(2), Sandra Dovero(2), Evelyne Doud­ni­koff(2), Vsevo­lod V. Gure­vich(1), Euge­nia V. Gure­vich(1) and Erwan Bezard(2,3)
1 Depart­ment of Phar­ma­co­logy, Vander­bilt Univer­sity, Nash­ville, TN 372322 Univer­sité Victor Sega­len Bordeaux
2 Centre Natio­nal de la Recherche Scien­ti­fique, Bordeaux Insti­tute of Neuros­cience, UMR 5227, Bordeaux, France ;
3 Insti­tute of Lab Animal Sciences, China Academy of Medi­cal Sciences, Beijing, China Science trans­la­tio­nal medi­cine, 21 April 2010

Contact cher­cheur : Erwan Bezard
Direc­teur de recherche à l’Inserm
Labo­ra­toire Mouve­ment adap­ta­tion cogni­tion (CNRS /​ Univer­si­tés Bordeaux 1 et 2)
Tel : 05 57 57 16 87
Email : erwan.bezard@u‑bordeaux2.fr

Fran­çoise REBOUL SALZE
Dépar­te­ment Infor­ma­tion Scien­ti­fique et Communication
Mission Inserm Associations
101, rue de Tolbiac
75654 Paris cedex 13
Tél : 01 44 23 60 89
Fax : 01 44 23 60 68
francoise.reboulsalze@inserm.fr
www.associations.inserm.fr

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Angeles Gómez fernan­dez, como enferma de PArkin­son creo que tengo el deber de decir que yo desde el 2007 estoy tratada por el neuro­logo Doctor gabriel villa­fa­ney su equipo con parches de Nico­tina en estado puro trans­der­mico, tengo una mejo­ria que es algo impre­sio­nante ; Solo puedo decir que cada día que pasa estoy mejor de esta terrible enfer­me­dad, todos los dias le pido a Dios que pronto esten en todo el mundo para que muchas perso­nas puedan tirar de esa carga que es el Parkin­son. salu­dos Mª Ángeles

    Commentaire by Mª Ängeles Gómez Fernández — 6 août 2010 #

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