Ne pas être qu'un "patient" ...

Informations médicales (1)

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°43 – décembre 2010 

Le Fipa­me­zole, une arme contre les dyskinésies ? 

Un accord de licence
En Septembre 2010, la firme phar­ma­ceu­tique Ipsen faisait paraître dans la presse le commu­ni­qué suivant : « Ipsen a signé un accord de licence avec le labo­ra­toire suisse Santhera Phar­ma­ceu­ti­cals pour le Fipa­me­zole (anta­go­niste adréner­gique du récep­teur alpha‑2) dans le trai­te­ment de la dyski­né­sie chez les patients atteints de la mala­die de Parkin­son. Selon les termes de l’ac­cord, Ipsen acquiert les droits sur le fipa­me­zole en dehors des États- Unis, du Canada et du Japon. »
Rappe­lons aussi que les droits pour les Etats Unis et le Canada ont fait l’objet en Juin 2010 d’un accord de licence entre Santhera et la firme cana­dienne Biovail.

Les dyski­né­sies
Le Fipa­me­zole ayant pour indi­ca­tion le trai­te­ment des dyski­né­sies parkin­so­niennes, rappe­lons de quoi il s’agit. Les dyski­né­sies font partie des mouve­ments anor­maux (ou invo­lon­taires), dont peuvent être victimes les Parkin­so­niens. Elles peuvent être décrites comme des mouve­ments soudains, incon­trô­lables, souvent désor­don­nés. Elles affectent les membres, la tête, les lèvres, et la langue. Elles sont en géné­ral, dues à un surdo­sage de la L Dopa. Et il n’y a pas de produit pouvant rempla­cer la L Dopa.
Cela a des consé­quences fâcheuses :

  • le patient (souvent en présence de son entou­rage ou en public) subit des crises déva­lo­ri­santes et fatigantes.
  • à mesure que la mala­die s’aggrave, il est de plus en plus diffi­cile pour le neuro­logue d’ajuster la pres­crip­tion afin d’éviter périodes de blocage et périodes de dyski­né­sie, l’espace théra­peu­tique étant de plus en plus réduit. Cette diffi­culté a justi­fié la réali­sa­tion de logi­ciel d’optimisation des trai­te­ments, à partir de données pharmacocinétiques.
  • pendant de nombreuses années (après le consen­sus de Mars 2000), on a essayé dans certains cas bien défi­nis de diffé­rer le début de prise de la L Dopa pour retar­der les surve­nues de dyskinésies.

Sait-​on trai­ter les dyski­né­sies ? On reparle actuel­le­ment d’un médi­ca­ment ancien, le Manta­dix. On parle aussi de chirur­gie à partir de la stimu­la­tion du globus palli­dum. Mais les solu­tions les plus sédui­santes seraient obte­nues par l’arrivée sur le marché de 3 nouvelles molé­cules. L’une d’elles est le Fipamezole. 

Le Fipa­me­zole
On parle parfois dans la litté­ra­ture de JP-​1730/​ Fipa­me­zole. Mais nous utili­se­rons la déno­mi­na­tion Fipa­me­zole qui est le nom inter­na­tio­nal (INN).
Selon Santhera, le Fipa­me­zole est un anta­go­niste adréner­gique du récep­teur alpha‑2 repré­sen­tant un nouveau mode d’ac­tion pour le trai­te­ment de la dyski­né­sie dans la mala­die de Parkin­son. L’idée direc­trice qui a guidé son déve­lop­pe­ment consiste à augmen­ter la libé­ra­tion nora­dr­éner­gique dans certaines zones du cerveau. Cela permet de soula­ger les symp­tômes de la mala­die de Parkin­son à un stade avancé tels que les dyski­né­sies, les fluc­tua­tions motrices et d’autres symp­tômes gênants, sans accen­tuer les autres aspects de la maladie.

Le Fipa­me­zole a fait l’objet de plusieurs essais cliniques. On en retien­dra le plus complet, qui est l’essai FJORD de phase IIb, dont les conclu­sions ont été publiées en Juin 2009. Il s’agit d’une méthode multi­cen­trique (33 centres aux Etats-​Unis et en Inde), en double-​aveugle, versus placebo, de 28 jours, menée chez 179 patients atteints de la mala­die de Parkin­son. Les patients ont été répar­tis afin de rece­voir diffé­rentes doses (30, 60 ou 90 mg), doses dont on a comparé l’efficacité entre elles et par rapport au placebo, en utili­sant une échelle de mesure spéciale spéci­fique aux mouve­ments invo­lon­taires appe­lée LIDS. On a pu consta­ter une réduc­tion des dyski­né­sies, surtout à la plus haute dose. Cette amélio­ra­tion a été obte­nue sans dégra­da­tion des autres carac­té­ris­tiques des patients, mesu­rés sur l’échelle UPDRS.

Les essais de phase IIb seront suivis en 2011 par des essais de phase III incluant un plus grand nombre de patients, répar­tis sur un plus grand nombre de sites à travers le monde. Ce type d’essai doit confir­mer l’efficacité, le dosage opti­mal et la sécu­rité du produit. Ce n’est qu’à la suite de tous ces essais cliniques, que l’AMM (auto­ri­sa­tion de mise sur le marché) peut être accordée.

Une arme contre les dyskinésies&nbnsp;?
Si les essais cliniques à venir confirment les résul­tats déjà obte­nus et après obten­tion de l’Autorisation de Mise sur le Marché en 2011 ou 2012, le Fipa­me­zole pour­rait consti­tuer une arme effi­cace contre les dyski­né­sies, dont il pour­rait pallier, en tout ou partie, les incon­vé­nients que nous avons évoqués précé­dem­ment. Il serait alors plus facile d’utiliser la L Dopa, qui est le médi­ca­ment de réfé­rence pour la mala­die de Parkinson.

Par ailleurs, l’arrivée sur le marché de produits contre les dyski­né­sies, comme le Fipa­me­zole, consti­tue un argu­ment en faveur du chan­ge­ment récent de stra­té­gie théra­peu­tique. On pourra en effet trai­ter préco­ce­ment dans la phase initiale de la mala­die, si on a moins de risques de dyski­né­sies à long terme.

Biblio­gra­phie :
 — Site Inter­net de Santhera Phar­ma­ceu­ti­cals à la rubrique Fipamezole.
 — Site Inter­net de Drugs.com (Santhe­ra’s FJORD Phase IIb Study Demons­trates Effi­cacy of JP-​1730/​Fipamezole for the Treat­ment of Dyski­ne­sia in Parkin­son’s Disease).

Rédigé par Jean Pierre Lagadec

1 Commentaire Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Bonjour, j’ai lu votre article sur Le Fipa­me­zole, qui lutte contre les dyski­né­sie, combat-​il aussi les raideurs et douleurs muscu­laires, car je prenait du stalevo avec du modo­par, les dyski­né­sie et les raideurs étaient liées, depuis qu’ils m’ont enlevé le modo­par et mis la pompe à Apoki­non, je n’ai plus de raideurs et beau­coup moins de dyski­né­sies, mais des douleurs dans les jambes, donc je prend du Lyrica, mais j’ai des énormes effets d’ivresse. Je ne sais plus quoi faire.

    Commentaire by NOEL Solange — 27 janvier 2015 #

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