Les thérapies alternatives ou MAC
Publié le 15 juillet 2013 à 20:10Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Par Jean Pierre Lagadec
En Janvier 2013, paraissaient dans le numéro 282 de Valeurs Mutualistes, journal de la MGEN, sous la signature de Claire Rouillon, deux articles très intéressants sur les thérapies alternatives, appelées aussi non conventionnelles.
Dans les pays développés comme la France, les patients se tournent généralement vers des médecines dites conventionnelles. Ces médecines sont basées sur la preuve : les médecins et les personnels de santé doivent posséder des diplômes reconnus par les pouvoirs publics. Les thérapies et les médicaments font l’objet d’essais cliniques, avant d’être prescrits aux patients.
A côté de ces médecines, on trouve des médecines non conventionnelles. Qu’appelle-t-on médecines non conventionnelles ? Selon l’OMS : « ces médecines regroupent des approches, des pratiques, des produits de santé, qui ne sont pas habituellement considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle.
Le terme « médecines non conventionnelles » est donc l’expression retenue par plusieurs institutions, dont le Parlement européen, pour désigner les idées et pratiques visant à rétablir ou préserver la santé qui ne sont pas celles du système dominant à une époque et dans une aire géographique données. Ainsi, sont-elles souvent définies par opposition à la médecine allopathique. On parle aussi de « médecines traditionnelles » à l’OMS, de « médecines complémentaires ou alternatives » dans les pays anglo-saxons, de « médecines douces », « naturelles », « parallèles » ou « holistiques » en France. On trouve aussi la terminologie « Médecines Alternatives et Complémentaires », en abrégé les MAC.
Une multitude de MAC :
Elles sont très nombreuses (certains citent le chiffre de 300 !) et il n’en existe pas de liste exhaustive.
En France, la plus fréquente est de loin l’homéopathie : les Français en sont les premiers consommateurs au monde. Citons également la phytothérapie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la naturopathie (prisée en Allemagne et au Portugal), la réflexologie (surtout au Danemark) et le yoga (très répandu en Espagne).
Le NCCAM (National center for complementary and alternative medicine), centre gouvernemental américain, les classe en trois familles : les médecines fondées sur des produits naturels (plantes, minéraux, etc), les thérapies du corps et de l’esprit (méditation, yoga, hypnothérapie, etc) et celles fondées sur la manipulation (ostéopathie, chiropraxie, shiatsu, réflexologie plantaire, etc). Dans cet ensemble, il distingue les systèmes médicaux complets reposant sur un corpus théorique et pratique global (homéopathie, médecine chinoise, médecine ayurvédique, etc).
En réalité, il arrive assez souvent que la frontière ne soit pas nettement marquée. Certaines techniques sont enseignées en faculté de médecine, dispensées par des professionnels de santé reconnus et remboursés, comme l’homéopathie en France.
L’essor des MAC :
Les MAC séduisent de plus en plus les Français. On se fait hypnotiser pour arrêter de fumer ; on court chez l’ostéopathe – 15 millions de consultations par an – pour chasser le mal de dos ; on avale des granules homéopathiques contre le rhume ; on pratique le tai-chi pour garder la forme. En 2007, 39% des Français ont déclaré avoir eu recours aux médecines naturelles au moins une fois dans l’année. Les femmes davantage que les hommes : 47 % contre 31 %.
Citons encore quelques chiffres fournis par le CAS (Centre d’analyse stratégique) :
- 75% des Français admettent avoir eu recours au moins une fois aux médecines non conventionnelles ou complémentaires.
- dans les pays développés, 25% des patients se tournent vers ces pratiques chaque année.
- le taux de recours aux médecines non conventionnelles dépend des pathologies. Il atteint 80% chez les personnes atteintes de cancer.
Pour accompagner cet engouement, les thérapeutes en médecines non conventionnelles pullulent et nombre de médecins classiques s’y sont convertis. Le Conseil national de l’ordre des médecins reconnaît et autorise quatre MAC : l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie et l’ostéopathie, qui seraient pratiquées par près de 24 000 médecins, soit un sur quatre.
Pourquoi un tel engouement ?
Confrontés aux effets secondaires des traitements, au manque de temps des soignants ou à l’absence de remèdes efficaces aux maux du quotidien, les usagers des systèmes de santé des pays développés se tournent de façon croissante vers les médecines non conventionnelles.
L’une des principales raisons du succès des MAC, c’est la déshumanisation de la médecine moderne. Le malade est souvent perçu comme un assemblage d’organes, de viscères et de fluides à traiter séparément, sans s’adresser à la tête. À l’hôpital, le malade n’identifie même plus le médecin, qui s’efface derrière des machines intrusives qui ponctionnent, mesurent… En ville, le médecin de famille est une espèce en voie d’extinction. En moyenne, un médecin consacre aujourd’hui seize minutes à son patient. La médecine « scientifique » n’a pas perdu son efficacité, mais son humanité.
C’est donc celle-ci que beaucoup de patients recherchent dans les médecines douces qui se disent holistiques — globales — et s’adressent tant au corps qu’à l’esprit. Les nouveaux outils d’exploration du corps comme l’imagerie médicale et les progrès en biologie ont permis de changer d’échelle, de constater que tout se joue au-delà de l’organe malade. « Tout est lié, le corps, l’esprit, l’environnement. On ne peut plus continuer à dissocier ces éléments si on veut soigner nos patients ».
Les MAC bénéficient également de la suspicion grandissante envers les médicaments et leurs effets secondaires. Selon le dernier sondage IFOP, diminuer la consommation de médicaments est la première motivation des adeptes des médecines naturelles (39%), devant l’efficacité supposée (28%).
Certes, les MAC n’ont pas réponse à tous les maux. Peu d’études cliniques confirment leur efficience, beaucoup ne leur trouvent qu’un effet placebo. La médecine scientifique reste de loin la plus efficace. Comme leur nom l’indique, la plupart des médecines « complémentaires » jouent surtout un rôle d’accompagnement. Beaucoup des MAC ne prétendent d’ailleurs pas guérir mais prévenir les maladies en aidant le corps à conserver et à consolider sa résistance naturelle.
Quelle réponse des pouvoirs publics à cet engouement ?
La réponse à cette question est donnée ci-après dans une note du Centre d’Analyse Stratégique, rédigée par Mathilde Reynaudi :
« L’étanchéité entre soins conventionnels et non conventionnels n’est d’ailleurs pas totale. Ces derniers sont de plus en plus inclus dans les pratiques des professionnels de santé, voire remboursés. Parallèlement, les usagers ont parfois recours à des thérapeutes, ni médecins ni professionnels paramédicaux, exerçant à la limite du soin et du bien-être.
Cet engouement est mal connu en France, bien que l’essor du marché des plantes médicinales et la demande – davantage renseignée – de soins non conventionnels dans les pays voisins laissent à penser que le nombre de Français ayant recours à ces pratiques est considérable. Certains s’en inquiètent, estimant les méthodes non conventionnelles inefficaces ou même dangereuses. D’autres soutiennent au contraire que ces médecines pourraient être utiles dans le champ de la prévention, des maladies chroniques et de la douleur, voire en cas d’échec de la médecine conventionnelle. Ces thérapies pourraient aussi contribuer à une baisse de la consommation médicamenteuse et à une approche plus globale de la santé et du parcours de vie.
Face aux risques et aux potentiels associés à l’augmentation conjointe de l’offre et de la demande en médecines non conventionnelles, une action des pouvoirs publics semble nécessaire. D’une part, il conviendrait de s’assurer de l’innocuité de ces techniques et d’encadrer la pratique et la formation des thérapeutes. D’autre part, il s’agirait d’organiser l’intégration de ces médecines au système de santé, lorsqu’elles peuvent contribuer, en complément des soins conventionnels, à une prise en charge des patients plus complète. »
Les Charlatans
La prudence s’impose encore, car la plupart de ces thérapies ne sont pas réglementées et la formation des thérapeutes reste rudimentaire. Ce qui laisse la voie libre aux incompétents et aux charlatans. A l’instar de la « médecine nouvelle germanique » du guérisseur allemand Ryke Hamer, qui prétend soigner 92% des cancers en détectant le choc émotionnel à l’origine du mal… Bien qu’il ait été condamné et incarcéré à la suite de plusieurs décès de malades, sa méthode continue à faire des adeptes.
Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), prévient : « Autour des grands mouvements sectaires gravitent de petites structures qui proposent à la carte toutes sortes de thérapies alternatives comme la kinésiologie, le reiki ou le décodage biologique ». Si un thérapeute vous demande d’arrêter votre traitement, vous promet un miracle ou augmente sans cesse ses exigences financières, fuyez !
En 2009, le ministère de la Santé et la Miviludes ont créé un groupe d’appui technique chargé de recenser et d’évaluer les « pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ». Mais la tâche est immense. Comment se reconnaître en effet dans le maquis des MAC ?
Parkinson et médecines alternatives
Quel est donc l’intérêt des médecines alternatives pour le traitement de la maladie de Parkinson ? Tout d’abord, il faut bien insister sur le fait que la MP bénéficie de traitements tout à fait conventionnels et cela dans tous les pays développés.
Les professionnels de santé traitants (neurologues, médecins généralistes, etc…), n’exercent qu’après avoir reçu une formation professionnelle certifiée par l’état. Les stratégies et les traitements (médicamenteux, chirurgicaux, etc…) ont fait l’objet d’essais cliniques avant leur prescriptions.
Les médecines alternatives, même reconnues par le corps médical (homéopathie, acupuncture, …), ne peuvent se substituer aux traitements antiparkinsoniens conventionnels. Par contre, elles peuvent être utiles au titre de thérapies complémentaires, pour traiter des troubles qui accompagnent les patients, par exemple les troubles cutanés.
Enfin, pour la grande majorité des 300 MAC, il parait urgent d’attendre des avis autorisés des autorités de santé.
Rédigé par Jean Pierre Lagadec
Bibliographie
Claire Rouillon : Les thérapies alternatives Revue de la MGEN de janvier 2013
Mathilde Reynaudi : Centre d’Analyse Stratégique
Gwendoline Dos Santos : Articles du journal Le Point
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