Ne pas être qu'un "patient" ...

Rasagiline : pourquoi ce traitement contre Parkinson peut provoquer des orgasmes spontanés

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°58
Rédigé par Marie Pena­vayre , le 19 août 2014 à 10h20

C’est un effet secon­daire bien embar­ras­sant qu’a connu une femme turque de 42 ans : son trai­te­ment anti-​Parkinson lui déclen­chait jusqu’à cinq orgasmes spon­ta­nés par jour. Un cas très parti­cu­lier relaté par des cher­cheurs de l’Université Necmet­tin Erba­kan de Konya (Turquie), dans Parkin­so­nism & Rela­ted Disor­ders.

Un trai­te­ment visant à main­te­nir le niveau de dopa­mine dans le cerveau
Pour comprendre comment ce trai­te­ment a pu géné­rer de tels effets indé­si­rables, rappe­lons quelques points sur la mala­die de Parkin­son. Il s’agit d’une mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive qui affecte le système nerveux central (le cerveau et la moelle épinière) et qui se traduit par d’importants troubles moteurs. Cette mala­die cible une zone du cerveau où sont fabri­qués des neurones libé­rant un messa­ger chimique notam­ment impli­qué dans le contrôle des fonc­tions motrices : la dopa­mine. Lorsque ces neurones sont détruits, on observe un défi­cit en dopa­mine, ce qui entraîne plusieurs dysfonc­tion­ne­ments comme la perte de contrôle des fonc­tions motrices, carac­té­ris­tique de la mala­die de Parkinson.

Le meilleur trai­te­ment connu à ce jour consiste donc à main­te­nir un niveau correct de dopa­mine dans le cerveau. Comme beau­coup de patients parkin­so­niens, cette jeune femme a reçu un trai­te­ment à base de rasa­gi­line, une molé­cule qui inhibe certaines enzymes char­gées de dégra­der la dopa­mine dans le cerveau. En réta­blis­sant le taux normal de dopa­mine dans le cerveau, ce médi­ca­ment permet d’éliminer les symp­tômes causés par la maladie.

Des orgasmes spon­ta­nés et répé­tés, de trois à cinq fois par jour
Comme tous les médi­ca­ments, la rasa­gi­line n’est pas dépour­vue d’effets secon­daires : mouve­ments invo­lon­taires (dyski­né­sies), maux de tête, symp­tômes pseudo-​grippaux, vertiges, consti­pa­tion ou encore sèche­resse buccale.

Mais après sept jours de trai­te­ment, la jeune femme commence à ressen­tir des effets indé­si­rables inha­bi­tuels : une augmen­ta­tion soudaine de la libido et des orgasmes intem­pes­tifs. Elle ressent alors, sans raison, 3 et 5 orgasmes par jour, d’une durée comprise entre 5 et 20 secondes. Au bout de 10 jours, son embar­ras est tel qu’elle est admise à l’hôpital.
L’équipe médi­cale lui conseille alors d’ar­rê­ter tempo­rai­re­ment le trai­te­ment. Sans surprise, les orgasmes spon­ta­nés cessent. 15 jours plus tard, elle reprend le trai­te­ment et tout recommence.

Une sur-​stimulation en dopamine
D’après les cher­cheurs, ces orgasmes seraient le résul­tat d’une sur-​stimulation des neurones dopa­mi­ner­giques. Car il faut savoir que la dopa­mine, outre son rôle dans le contrôle des fonc­tions motrices, est aussi impli­quée dans la sensa­tion de plai­sir : les neurones libé­rant de la dopa­mine entrent en jeu lorsque la personne éprouve du désir ou du plai­sir. La dopa­mine joue par consé­quent un rôle essen­tiel dans le circuit de la récom­pense et la dépen­dance : l’arrivée d’un signal annon­çant une récom­pense libère de la dopa­mine dans diffé­rentes régions du cerveau, provo­quant un compor­te­ment grati­fiant qui four­nit une moti­va­tion néces­saire pour une nouvelle recherche de récompense. 

Un cas unique ?
D’après les méde­cins, il s’agit d’une première décla­ra­tion de ce type, concer­nant ce médi­ca­ment. Pour­tant en 2009, des cher­cheurs cana­diens rappor­taient le cas d’un homme de 65 ans traité à la rasa­gi­line, qui connais­sait des éjacu­la­tions spon­ta­nées, sans même être en érec­tion, toutes les dix minutes pendant une demi-heure…

Il y a quelques années, un autre anti­par­kin­so­nien était l’objet de décla­ra­tions d’effets secon­daires concer­nant de fortes addic­tions au sexe et aux jeux d’argent. Ce trai­te­ment visant lui aussi à rehaus­ser le niveau de dopa­mine, pertur­bait de la même façon le fonc­tion­ne­ment du système de récom­pense. Un effet indé­si­rable dont les patients se seraient bien passés…

Marie Pena­vayre, rédactrice
Trans­mis par Jean Pierre Lagadec

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