Ne pas être qu'un "patient" ...

Un virus contre les Maladies Neurodégénératives

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°60

Une protéine virale protège contre la dégé­né­res­cence neuro­nale. L’équipe de recherche diri­gée par Daniel Gonzalez-​Dunia au Centre de physio­pa­tho­lo­gie de Toulouse-​Purpan(*) a testé avec succès un peptide dérivé de cette protéine dans un modèle de souris de mala­die de Parkinson.

Qui aurait cru qu’un virus puisse aider à lutter contre les mala­dies neurodégénératives ?
C’est pour­tant ce que suggèrent les résul­tats des derniers travaux d’une équipe INSERM. Les cher­cheurs viennent en effet de montrer qu’une protéine virale issue du Borna­vi­rus protège les neurones de la dégé­né­res­cence.

L’équipe l’ad­met bien volon­tiers : cette décou­verte est fortuite ! Les cher­cheurs travaillaient sur Borna­vi­rus, un virus asso­cié à des troubles du compor­te­ment chez plusieurs animaux (cheval, mouton ou rongeurs), lors­qu’ils ont constaté un phéno­mène inha­bi­tuel : « les cellules colo­ni­sées par un virus entrent habi­tuel­le­ment en apop­tose, c’est-​à-​dire en état de mort program­mée, de manière à élimi­ner l’agent patho­gène. Mais pas avec le Borna­vi­rus ; ce virus se niche à vie dans les neurones, sans les tuer et sans être éliminé. En cher­chant comment cela était possible, nous avons constaté que le Borna­vi­rus force la survie des neurones pour garan­tir sa propre survie. Pour ce faire, il produit une protéine appe­lée X. Cette protéine virale s’ac­cu­mule dans les mito­chon­dries, des orga­nites cellu­laires qui produisent l’éner­gie de la cellule. Or les problèmes mito­chon­driaux sont à l’ori­gine d’un grand nombre de mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives, dont la mala­die de Parkin­son. Dès lors, il nous a paru évident de tester cette protéine contre la dégé­né­res­cence neuro­nale », raconte Marion Szele­chowski, auteur prin­ci­pale de ces travaux.

Lutter contre le stress mitochondrial
En colla­bo­ra­tion avec Jean-​Michel Peyrin(**) et avec l’équipe de Stéphane Hunol(***), les cher­cheurs ont réalisé diffé­rentes expé­riences visant à comprendre le fonc­tion­ne­ment de cette protéine et à tester son poten­tiel théra­peu­tique. « Les résul­tats ont montré que la protéine X expri­mée seule, en dehors du contexte d’une infec­tion, bloque les dommages mito­chon­driaux induits par un stress et respon­sables de la mort des neurones. En cas de stress, les mito­chon­dries peuvent diluer ces dommages en fusion­nant. De manière alter­na­tive ou complé­men­taire, les cellules peuvent élimi­ner les mito­chon­dries alté­rées. Mais quand le stress devient trop impor­tant, de petites mito­chon­dries alté­rées s’ac­cu­mulent dans la cellule et libèrent des signaux d’apoptose, indi­quant à la cellule qu’elle doit dispa­raître. La protéine X semble favo­ri­ser les fusions mito­chon­driales et la dilu­tion des stress subits par ces orga­nites. C’est ce qui semble assu­rer la survie des neurones », explique Marion Szelechowski.

Par voie intra­na­sale chez la souris -
Pour tester l’ef­fet de la protéine X in vivo, les cher­cheurs ont ensuite construit des peptides déri­vés de la protéine, conser­vant sa fonc­tion mais suffi­sam­ment petits pour qu’ils puissent entrer dans les cellules et les mito­chon­dries. Ces peptides ont été admi­nis­trés à des souris utili­sées pour modé­li­ser la mala­die de Parkin­son. Parmi les diffé­rents peptides testés, le PX3 (admi­nis­tré par voie intra­na­sale) a permis de réduire de 40 à 53% la dégé­né­res­cence neuro­nale. « Pour mimer la mala­die de Parkin­son, nous injec­tons un agent toxique qui provoque un stress mito­chon­drial sévère, entraî­nant la dégé­né­res­cence des neurones en trois quatre jours. Or, en admi­nis­trant le PX3 la veille et pendant les quatre jours suivant, prati­que­ment la moitié des neurones sont épar­gnés. Ces résul­tats ouvrent donc la voie à des nouvelles approches théra­peu­tiques dans le trai­te­ment des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives, ciblées sur la protec­tion des mito­chon­dries », estime Marion Szelechowski.

Les cher­cheurs travaillent main­te­nant sur la phar­ma­co­lo­gie du peptide PX3, afin d’étu­dier son chemi­ne­ment dans l’or­ga­nisme, son mode et sa vitesse d’éli­mi­na­tion, sa toxi­cité, … L’idée sera ensuite de tester son effet dans un objec­tif plus théra­peu­tique que préven­tif : les cher­cheurs espèrent qu’il sera possible, à terme, de déve­lop­per un médi­ca­ment destiné aux personnes présen­tant un début de mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive.

Note :
(*)unité 1043 Inserm/​CNRS/​université Toulouse 3, Centre de physio­pa­tho­lo­gie de Toulouse Purpan
(**) UMR 8256 CNRS/​Institut de Biolo­gie Paris Seine
(***) Unité 1127 Inserm CNRS/​UMPC Paris 6, Insti­tut du Cerveau et de la Moelle Epinière Paris

Article relevé dans Actua­li­tés Recherche INSERM Novembre 2014
Par F. Vignon

2 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. Et rien de partage. Qui est mobilise ?

    Commentaire by saint genez — 10 avril 2015 #

  2. Merci à Vous Jean Graveleau
    (je me suis trom­pée de page)

    Mais combien seront-​ils à vous avoir lu et donner l’ar­ticle à tout va et vent ?
    Demain 9 avril, début des mani­fes­ta­tions funèbres ou festives
    il ne tient qu’à nous de trans­for­mer ces rencontres en quelque chose qui chan­ge­rait un peu ou tota­le­ment notre condi­tion vilal­fa­nienne en suspens

    Commentaire by isabelle saint genez — 8 avril 2015 #

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