Ne pas être qu'un "patient" ...

Maladie de Parkinson et la vision :

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°62

Avec le vieillis­se­ment de la popu­la­tion, de plus en plus de patients qui nous consultent souffrent de plusieurs problèmes de santé, dont un bon nombre sont de type dégé­né­ra­tif. Certaines patho­lo­gies n’af­fectent que le système visuel, comme la dégé­né­res­cence macu­laire, alors que d’autres peuvent toucher l’en­semble des systèmes. Parmi ces mala­dies que nous rencon­trons de plus en plus souvent, il y a la mala­die de Parkin­son qui peut affec­ter l’œil et la vision. Cette patho­lo­gie chro­nique et dégé­né­ra­tive affecte le système nerveux central et provoque des troubles essen­tiel­le­ment moteurs par le dérè­gle­ment des neurones dopaminergiques.

Les signes les plus connus de la mala­die sont l’hy­per­to­nie muscu­laire qui entraîne une rigi­dité des muscles, le trem­ble­ment au repos, prin­ci­pa­le­ment des extré­mi­tés, et l’aki­né­sie qui est une lenteur d’ini­tia­tion ou d’exé­cu­tion des mouvements.

Mais outre ces signes, plusieurs problèmes oculaires ou visuels sont sous-​diagnostiqués et mal ou peu trai­tés ; il peut s’agir de diplo­pie (trouble du sens de la vue, consis­tant dans la percep­tion de deux images pour un seul objet), de chan­ge­ment de la vision des couleurs, de dimi­nu­tion de la sensi­bi­lité aux contrastes, de problèmes de moti­lité (faculté de se mouvoir), ou de séche­resse oculaire.

Chez les deux tiers des patients, on remarque des anoma­lies de cligne­ment. La dimi­nu­tion du réflexe de cligne­ment causant une baisse de la régu­la­tion du film lacry­mal. La sensa­tion d’œil sec peut être causée par une défi­cience de la couche muqueuse, une surface lacry­male de mauvaise qualité entraî­nant un embrouille­ment souvent variable qui peut causer des diffi­cul­tés de lecture.

La blépha­rite est aussi présente chez un bon nombre de patients atteints de la mala­die de Parkin­son ; une telle inflam­ma­tion des paupières provoque de la douleur et un larmoie­ment exces­sif. La présence de squames et de croûtes explique la sensa­tion de corps étran­gers. Ce problème se contrôle faci­le­ment avec une bonne hygiène des paupières et l’uti­li­sa­tion de compresses chaudes et de lubrifiants.

D’autres affec­tions peuvent toucher les paupières, comme le blépha­ros­pasme, qui est une dysto­nie du muscle orbi­cu­laire provo­quant une contrac­tion invo­lon­taire et souvent doulou­reuse du muscle. Le blépha­ros­pasme peut être faci­le­ment contrôlé par des injec­tions de la toxine botu­lique, mais c’est un trai­te­ment à répé­ter tous les 3 ou 4 mois.

Clini­que­ment, on peut aussi obser­ver l’apraxie de l’ou­ver­ture, qui est une inca­pa­cité du muscle éléva­teur de la paupière, soit une diffi­culté d’amor­cer ou de réali­ser le mouve­ment indé­pen­dam­ment des atteintes motrices et sensi­tives. Toutes les anoma­lies des paupières peuvent causer de l’ir­ri­ta­tion et une sensa­tion d’œil sec.

Par son effet sur l’in­ner­va­tion et les mouve­ments muscu­laires, le Parkin­son peut aussi être en cause dans plusieurs problèmes de vision bino­cu­laire. Les problèmes de conver­gence peuvent provo­quer une *asthé­no­pie, la *diplo­pie et même l’embrouillement, créant une fatigue visuelle impor­tante expli­quant entre autres la diffi­culté de lecture. Un trai­te­ment orthop­tique peut aider à atté­nuer les symp­tômes durant les premiers stades de la mala­die ou encore, une correc­tion pris­ma­tique peut gran­de­ment amélio­rer ce problème.

L’am­pli­tude d’ac­com­mo­da­tion peut égale­ment être dimi­nuée, et aggra­ver les signes et symp­tômes de la pres­by­tie, mais à cause des mouve­ments incon­trô­lés et des posi­tions parfois vicieuse de la tête, il faut faire atten­tion en corri­geant la vision de près avec des lentilles multi­fo­cales. Souvent, une lentille simple vision permet­tra un aligne­ment plus facile des yeux sur les tâches visuelles de près.
Les condi­tions d’éclai­rage peuvent égale­ment exacer­ber un problème de confort visuel. Un bon éclai­rage permet­tra d’avoir un contraste opti­mum, une bonne récep­tion des couleurs et un niveau de brillance confor­table ; les conseils de base d’hy­giène visuelle ont ici toute leur importance.

Pour ces patients atteints de la mala­die de Parkin­son, la perte de tonus et de contrôle muscu­laires peut repré­sen­ter plusieurs petits deuils à faire par rapport à leurs acti­vi­tés habi­tuelles. En opti­mi­sant leur confort visuel, nous pouvons, en tant qu’op­to­mé­tristes, préser­ver quelques-​unes de ces acti­vi­tés et amélio­rer leur qualité de vie. Si les mains tremblent trop pour tenir le jour­nal, on peut le lire sur l’écran d’or­di­na­teur qui lui ne tremble pas, mais pour ce faire il faut que le patient porte la meilleure correc­tion visuelle possible et c’est là que notre inter­ven­tion prend toute son importance.

*Asthé­no­pie : ensemble des symp­tômes liés à la fatigue des muscles oculo­mo­teurs et ciliaires
*Diplo­pie : se carac­té­rise par le fait de voir double, deux images au lieu d’une.

Article du Dr Diane G. Berge­ron, opto­mé­triste – Sté Parkin­son du Québec 

Par Fran­çoise Vignon

2 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire

  1. boj, merci pour l’ar­ticle en effet ce matin après ma visite chez l’oph­talmo, résul­tat avec Parkisn­son, des troubles de la vision, trop de larmes les yeux pleurent, tension dans les yeux et asthé­no­pie. la ques­tion main­te­nant est : comment ça évolue ?

    Commentaire by muriellemu — 8 janvier 2016 #

  2. Merci Fran­çoise pour cet article qui nous rappelle que la MPI peut entrai­ner des troubles plus ou moins graves de la vision.
    Les neuro­logues semblent les sous esti­mer et dans la relec­ture de 4
    des ouvrages les plus connus sur la MPI,j’ai constaté que les troubles de la vision sont trai­tés en quelques lignes.
    Les ophta­mo­lo­gistes auraient une atti­tude diffé­rente, en prenant en compte la respon­sa­bi­lité de Parkin­son dans la surve­nue de certains
    troubles.
    Alors consul­tez votre ophtalmo,et deman­dez lui un bilan.
    On dit que l’oeil est la béquille du Parkinsonien
    J’ai pu le consta­ter : en quelques jours, j’ai perdu l’usage d’un oeil
    et ma vision est très perturbée !
    Adieu la conduite auto­mo­bile, la lecture , „, et bien d’autres choses
    Jean pierre

    Commentaire by Lagadec Jean Pierre — 15 décembre 2015 #

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