Le système neurovégétatif et Parkinson
Publié le 04 janvier 2017 à 10:01Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°67
Je viens de vivre une période de doutes et d’interrogations sur mon état de santé. En effet, les résultats de mes analyses sanguines et urinaires n’étaient pas particulièrement positifs (manque de fer, baisse de tension artérielle), le tout lié à une grande fatigue, des essoufflements frisant la crise d’asthme… Comme dans la même période j’avais subi une rapide perte de poids (12kg en moins d’un an), le tableau ne semblait pas très brillant et je pouvais imaginer le pire. Sans parler du moral qui était particulièrement bas.
C’est alors que mon généraliste m’a fait faire toute une batterie d’analyses (coproculture, coloscopie, endoscopie, scanner…) auprès d’un spécialiste de l’oncologie digestive.
Mes craintes se sont avérées nulles et non avenues : tous les résultats se sont révélés négatifs. Il n’y avait rien à craindre sur mon système digestif qui est en parfait état de fonctionnement (sauf pour la constipation toujours présente !). Mais je n’avais pas de réponse sur ce qui avait motivé mes inquiétudes.
C’est alors que je me suis souvenu d’une réflexion entendue lors d’une conférence du Professeur Derkinderen, neurologue en relation avec l’INSERM Nantes spécialisé sur le système digestif : il n’est pas juste de dire que Parkinson n’atteint pas du tout le système neurovégétatif contrairement à ce que l’on affirme parfois. Dans certaines circonstances, il peut être concerné par la maladie !
Je me suis donc intéressé à nos systèmes nerveux –nous en avons trois– et à leur rapport à la maladie de Parkinson, tout particulièrement à propos du système neurovégétatif. Si celui-ci est plus automatique que les deux autres et qu’il fonctionne sans que nous en ayons conscience, il n’empêche que l’évolution de la maladie a des incidences sur son fonctionnement et cela peut entraîner des effets gênants.
Définition de nos systèmes nerveux( 1)
Physiologie du système nerveux autonome :
Il contrôle les organes internes du corps. Il est constitué de deux parties : le système nerveux sympathique et le système nerveux parasympathique. Il s’agit de deux systèmes qui fonctionnent en opposition l’un par rapport à l’autre. En effet, l’un stimule l’organisme en le préparant à une action, l’autre repose en quelque sorte l’organisme.
Le système nerveux végétatif, est un système qui permet de réguler différentes fonctions automatiques de l’organisme (digestion, respiration, circulation artérielle et veineuse, pression artérielle, sécrétion et excrétion). Les centres régulateurs du système nerveux végétatif sont situés dans la moelle épinière, le cerveau et le tronc cérébral (zone localisée entre le cerveau et la moelle épinière).
Il comprend : le système nerveux parasympathique (ralentissement général des organes, stimulation du système digestif). Il est associé à un neurotransmetteur : l’acétylcholine. Le système nerveux sympathique, ou orthosympathique, correspondant à la mise en état d’alerte de l’organisme et à la préparation à l’activité physique et intellectuelle. Il est associé à l’activité de deux neurotransmetteurs : la noradrénaline et l’adrénaline (dilatation des bronches, accélération de l’activité cardiaque et respiratoire, dilatation des pupilles, augmentation de la sécrétion).
L’hypothalamus est la zone du cerveau qui coordonne le système nerveux sympathique. Le système nerveux parasympathique est divisé en deux parties : L’une prend naissance à l’intérieur du tronc cérébral (juste au-dessus de la moelle épinière) et a pour rôle d’assurer l’innervation du visage, du cou, du thorax et de l’abdomen. L’autre qui nait de la corne latérale de la moelle épinière sacrée (S2 à S5) donne naissance à des nerfs qui se distribuent aux organes pelviens (et dont les contractions peuvent provoquer certaines difficultés à uriner ou à déféquer).
Le système nerveux végétatif, ou si l’on préfère neurovégétatif, assure l’innervation des muscles lisses (qui ne sont pas sous le contrôle de la volonté) des vaisseaux et des viscères, et des glandes exocrines (à sécrétion externe) et endocrine (dont la sécrétion s’effectue à l’intérieur de la circulation sanguine). Le système nerveux végétatif assure également l’innervation d’une partie des cellules parenchymateuses (tissu fonctionnel d’un organe).
Ce système nerveux permet de contrôler l’ensemble des fonctions végétatives du corps humain et de régler le milieu intérieur par un phénomène que l’on appelle homéostasie. L’homéostasie est la faculté que possèdent tous les êtres vivants de maintenir et de rétablir les paramètres physiologiques.
Il agit entre autres sur la concentration du sang, de la lymphe (liquide clair, blanchâtre, particulièrement riche en protéines et en lymphocytes et qui circule dans les vaisseaux lymphatique), la pression artérielle, la température, la circulation, la respiration, la sécrétion, l’ouverture ou la fermeture des pupilles, le rythme cardiaque etc. Ceci indépendamment des modifications du milieu extérieur.
Le nom de système autonome vient du fait que l’action de ce système nerveux est indépendante de la volonté. L’influx nerveux provenant du système nerveux végétatif n’a pas une action directe sur l’organe en question. Les ordres provenant du système nerveux autonome parviennent à l’organe innervé par le système sympathique, par l’intermédiaire de substances chimiques qui sont libérées au niveau des terminaisons nerveuses. Il s’agit des médiateurs chimiques.
L’acétylcholine est un médiateur chimique des neurones préganglionnaires sympathique et parasympathique mais également des neurones postganglionnaires parasympathiques et des neurones sympathiques innervant les glandes sudoripares. Ce neuromédiateur est fabriqué à partir de la choline et de l’acétate par les neurones parasympathiques et par les neurones sympathiques préganglionnaires. L’acétylcholine est emmagasinée dans de minuscules vésicules synaptiques et sa libération se fait au moment de la dépolarisation ( 2) de la cellule.
Les catécholamines sont d’autres neuromédiateurs utilisés entre autres par le système nerveux autonome. Il s’agit de la norépinephrine, un médiateur chimique des neurones sympathiques postganglionnaires et de l’épinephrine qui est libérée dans le sang par la glande médullo-surrénale après le contrôle des fibres cholinergiques du système sympathique. Les neuromédiateurs catécholamines sont fabriqués à partir de la tyrosine qui est stockée dans de minuscules vésicules également au niveau de la médullo-surrénale et à l’intérieur des terminaisons des fibres nerveuses des nerfs sympathiques. Sa libération s’effectue de même au moment de la dépolarisation de la cellule.
Que se passe-t-il quand survient Parkinson ?
Le cerveau est l’organe chargé du contrôle des processus corporels, qu’ils soient conscients ou non (la digestion, par exemple, n’est pas un processus conscient). Les différentes parties du cerveau se répartissent le contrôle des diverses fonctions. En règle générale, les processus réfléchis sont pris en charge par le cerveau proprement dit et les processus automatiques régis par le tronc cérébral et le cervelet.
Or ce qui relève du processus réfléchi est directement concerné par la perte des neurones dopaminergiques provoquée par la maladie de Parkinson et réagit donc aux traitements prévus à cet effet.
Par contre, tout le système automatique développé ci-dessus, est beaucoup moins concerné par ce manque de dopamine. C’est pourquoi il nous est très souvent répondu qu’il n’est pas atteint par Parkinson, ce qui est une simplification trop rapide…
L’âge aidant, la maladie se développant, le système neurovégétatif est atteint à son tour et provoque des phénomènes jusque-là inconnus du patient : chute de tension, amaigrissement, composition du sang, etc… Il n’y a donc là rien que de très « normal » et il n’y a pas à s’inquiéter inutilement !
Mais pour rassurant que cela soit –je n’ai pas de cancer– il est très désagréable d’entendre mon neurologue me dire : « Effectivement, il s’agit bien du système neurovégétatif qui se trouve concerné par votre maladie et c’est normal après 25 ans de traitement de la maladie. Mais il n’y a rien à faire ». Surtout si l’on ajoute la quantité impressionnante d’apports de produits chimiques divers et malgré tout dangereux par leur accumulation dans l’organisme !
Si j’ai eu envie de vous faire part de mes démarches médicales personnelles et de mes inquiétudes – elles n’ont à priori pas d’intérêt pour vous (!) –c’est dans le souci de rassurer mes « compères en maladie » : ne vous inquiétez pas inutilement même s’il est important de vérifier qu’il n’y a rien d’autre dans la survenue des troubles que j’évoquais en début d’article.
C’est « normal ! » de perdre du poids –bien que l’on se nourrisse correctement– d’avoir une tension basse, de ressentir une fatigue épuisante, d’avoir un moral en dessous de la « ligne de flottaison », c’est tout à fait normal dans l’évolution de la maladie. Mais que c’est pénible à vivre… !
Alors cherchons à nous donner les moyens de nous prendre en charge et de réagir pour s’approprier cette situation : il faut l’accepter et tenter de l’apprivoiser par tous les moyens appropriés.
(1) Bibliographie : Les éléments techniques ont été pris sur le site http://Vulgaris-médical.com (retour au texte1)
(2) Dépolarisation : cela correspond aux pertes de charges électriques positives. (retour au texte2)
Rédigé par Jean Graveleau
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Merci pour ce temoignage. Ma soeur vit la même chose et personne ne lui a parlé du lien entre Parkinson et le coeur !
Commentaire by Lina — 30 juin 2021 #
Bonjour, je suis vincent, âgé de 80 ans,et mon épouse depuis 57 ans, Thérèse est âgée de 82 ans ; elle vient d’être diagnostiquée de la maladie d’Alzheimer, sous traitement depuis 1 an. La carence essentielle semble concerner par l’acide acétylcholine, qui administré en « patch » semble donné des résultats « significatifs », apparemment. Le document, lu, expliqué comme c’est le cas,est exceptionnel, de clarté et de connaissances. Je l’ai parcouru avec un « intérêt » absolu. Et cela a éclairé ma lanterne, parce que je retrouve des passages, où mon épouse et moi même sommes concernés, sans que les différents Médecins, se sont intéressés. Pourriez s v p, me dire quel est le centre qui vous suit, à fin de consultation, pour la recherche plus approfondi, de nos pathologies respectives. Bravo pour votre courage et votre prise en charge, digne d’un combattant pour la dignité de la vie. Cordialement Vincent, si un entretien tel vous intéresse, faites m’en part. Bravo et merci
Commentaire by thérèse spinella — 16 juillet 2020 #
voilà un travail titanesque dont un parkinsonien est capable alors plutôt que du copié collé de journalistes peu au fait et surtout souvent aux ordres qu’est-ce qu’on attend pour nous donner la parole fifty fifty donnant donnant dans la gent médicale ? Il y aurait un médecin référent expert d’un côté (savoir médical pointu extérieur froid technique indispensable ) et un malade expert référent de l’autre côté ( savoir intérieur , celui de la lente désagrégation de tout un être, l’ âme, l’esprit , la personnalité , le corps tout foutant le camp , expérience de naufragé essentielle à partager pour essayer de comprendre ce mécanisme mortifère et fantasque seul un parkinsonien rescapé peut raconter l’inracontable ) le compagnonnage a toujours fait ses preuves dans quelque domaine ou métier que ce soit pourquoi ne pas l’avaliser en faire loi pour les maladies au long cous , la croisière où nous sommes embarqués n’est pas amusante et dure parfois très longtemps ; où est le capitaine qui prendra les bonnes résolutions ?
Commentaire by saint genez isabelle — 11 février 2017 #
Je viens de vous lire ‚mon mari est parkinsonien sans tremblements ‚detecté et soigné depuis 14 ans.Votre récit m’a bien aidé à comprendre les différentes fonctions de ce cerveau complexe;j’ai lu également votre article sur la fève et ses effects bénéfiques.Je pense rapidement à la cultiver…Mon mari prend de l’azilect.…effet non désirable…Merci pour vos commentaires sur le sujet.Je reviendrai vous voir régulièrement.
Commentaire by declerck christian — 22 janvier 2017 #