Ne pas être qu'un "patient" ...

Pourquoi il ne faut pas priver son cerveau de gras

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°64

Le cerveau ne se contente pas de carbu­rer au glucose Il a aussi besoin de lipides et, parti­cu­liè­re­ment, des fameux acides gras polyinsaturés. 

Le cerveau est l’or­gane le plus gour­mand en éner­gie : alors qu’il ne repré­sente que 2% envi­ron du poids total (pour une personne de 60kg), son méta­bo­lisme de base consomme envi­ron 20% des calo­ries que nous ingé­rons. Il s’agit essen­tiel­le­ment de glucose, mais de nombreux autres éléments nutri­tion­nels lui sont indis­pen­sables, et parti­cu­liè­re­ment les lipides.

Ces derniers servent de substrat éner­gé­tique lorsque les réserves de glucides sont épui­sées, « les acides gras sont alors trans­for­més en compo­sés utili­sables par les cellules nerveuses comme source d’éner­gie », explique Sophie Layé, direc­trice de recherche à l’Ins­ti­tut natio­nal de la recherche agro­no­mique (INRA) et direc­trice du labo­ra­toire Nutri­Neuro, à Bordeaux.

Mais leur utilité première dans le cerveau, c’est d’abord de servir de consti­tuants aux cellules qui forment la masse céré­brale : 60% de sa matière sèche est consti­tuée de gras. « Les membranes des neurones et des cellules gliales, qui ont un rôle de soutien et de protec­tion du tissu nerveux, sont faites de lipides. Tout comme la myéline, cette gaine qui isole les fibres nerveuses, et permet de commu­ni­quer le message nerveux », ajoute la spécialiste.

Un équi­libre d’omégas : 
Certains lipides sont plus impor­tants que d’autres pour l’ac­ti­vité céré­brales. C’est le cas des oméga‑3 et des oméga‑6. Ces acides gras poly­in­sa­tu­rés repré­sentent envi­ron 30% des lipides du cerveau et sont concen­trés dans les termi­nai­sons nerveuses. L’or­ga­nisme ne pouvant les fabri­quer lui-​même, le cerveau se four­nit exclu­si­ve­ment dans l’ali­men­ta­tion : huile de colza, de noix ou pois­son gras pour les oméga‑3 et huile de tour­ne­sol, de maïs et produits animaux pour les oméga‑6.

« Ces acides gras et leurs déri­vés sont impli­qués dans un certain nombre de proces­sus comme la neuro­trans­mis­sion, la survie des cellules, la neuro-​inflammation et, par consé­quent, agissent sur l’hu­meur et la cogni­tion », détaille Sophie Layé. Ils confèrent de la souplesse aux membranes des neurones, ce qui se traduit par une meilleure trans­mis­sion de l’in­flux nerveux. Les oméga‑6, qui inter­viennent parti­cu­liè­re­ment dans la consti­tu­tion de la membrane cellu­laire, ont pour leur part des proprié­tés anti-inflammatoires.

Mais il ne faut pas négli­ger non plus le rapport oméga‑3/​oméga‑6, qui doit respec­ter un équi­libre d’un pour quatre. Sinon, l’ex­cès d’oméga‑6 se traduit par un défi­cit d’oméga‑3. Le cas de figure est assez fréquent d’ailleurs : « En France, le rapport est plutôt d’un pour vingt », regrette la spécialiste.

Huile d’olive et avocats :
Une carence ou un déséqui­libre en acide gras peuvent-​ils affec­ter le fonc­tion­ne­ment du cerveau, C’est l’hy­po­thèse de certains cher­cheurs. « Selon de nombreuses études, il existe un lien très net chez l’homme entre un taux d’oméga‑3 insuf­fi­sant et l’in­ci­dence de mala­dies neuro­lo­giques avec une compo­sante inflam­ma­toire, comme la mala­die d’Alz­hei­mer, de Parkin­son ou encore certains types de dépres­sion. Les animaux caren­cés en oméga‑3 déve­loppent d’ailleurs des compor­te­ments anxieux, dépres­sifs, des troubles de la mémoire, etc. », ajoute Sophie Layé.

Ces obser­va­tions laissent donc envi­sa­ger que le déséqui­libre d’ap­ports en oméga‑3 et oméga‑6 pour­rait favo­ri­ser l’es­sor de ces diffé­rents troubles cogni­tifs. Certaines recom­man­da­tions nutri­tion­nelles insistent donc sur un apport renforcé en oméga‑3 lors du déve­lop­pe­ment intra-​utérin puis de l’en­fance, lors des périodes d’éla­bo­ra­tion du tissu nerveux.

Que manger pour bien nour­rir son cerveau ?
A côté de ces acides gras essen­tiels, le cerveau a égale­ment besoin d’oméga‑9, plus connus sous le nom d’acide oléique (acide orga­nique non saturé qui se trouve sous forme d’éther de glycé­rine dans de nombreux corps gras). On les trouve notam­ment dans l’huile d’olive ou les avocats. Leurs effets directs sur les neurones ne sont pas aussi connus, mais commencent à être mis en évidence, notam­ment pour ce qui est du rôle protec­teur de l’huile d’olive contre un déclin cogni­tif. Et enfin, le cerveau a besoin de choles­té­rol, ce compo­sant majeur des membranes cellulaires.

En défi­ni­tive, les lipides jouent un rôle de messa­ger entre les cellules céré­brales et sont utiles à l’ab­sorp­tion de certaines vita­mines. Mal-​aimés à cause de leur rôle néfaste dans le déve­lop­pe­ment des mala­dies cardio­vas­cu­laires, ils ne doivent surtout pas être reje­tés en bloc : pour couvrir ses besoins, un homme adulte doit ingé­rer tous les jours 2,7g d’oméga‑3, et 9g d’oméga‑6. Une consom­ma­tion adéquate est indis­pen­sable pour le fonc­tion­ne­ment opti­mal du cerveau et le main­tien de ses fonc­tions avec l’âge. A l’in­verse, les défi­cits en acide gras poly­in­sa­tu­rés fragi­lisent les proces­sus neuro­bio­lo­giques impli­qués dans la mémoire et l’humeur.

Article de Juliette Camu­zard le Figaro du 18/​12/​15
Lu par F. Vignon

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