Parkinson : Les femmes ont des alliés
Publié le 08 juillet 2016 à 07:15Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°65
On le sait, certaines affections ne respectent pas la parité. C’est le cas pour la maladie de Parkinson. Diagnostic, traitements, soins annexes : ce qui change d’un sexe à l’autre.
Le jour où les cellules productrices de dopamine, un neurotransmetteur qui joue les premiers rôles dans le contrôle des mouvements, commencent à disparaître dans la zone du cerveau appelée substance noire (d’où raideur musculaire, gestes ralentis et, souvent mais pas toujours, tremblements), on peut parler de maladie de Parkinson.
Une survenue plus tardive :
Premier constat : les femmes sont un peu moins nombreuses que les hommes à être atteintes de ce mal : 70.000 pour 80.000 hommes. Surtout, elles le sont plus tardivement. Une protection liée aux œstrogènes, lesquels retarderaient la survenue de la maladie en prévenant la détérioration des neurones dopaminergiques. Le mécanisme n’est pas encore parfaitement élucidé, mais quelques enquêtes européennes ont permis, entre autres, de constater un mieux-être chez les femmes ménopausées prenant un traitement hormonal substitutif.
Une progression souvent plus lente :
Autre différence, la dépression est l’un des symptômes annonciateurs chez les femmes alors que, chez les hommes, ce sont plutôt de fortes douleurs articulaires dans le bras et/ou l’épaule. Cela complique un peu les choses car, statistiquement, elles sont non seulement davantage concernées par la dépression, mais aussi plus enclines qu’eux à se soigner. Ce qui fait que le diagnostic (éventuel) de parkinson sera peut-être retardé. De plus, les spécialistes s’accordent à dire que cet épisode peut précéder de cinq ans les troubles moteurs. Chez elles, un tremblement (souvent léger, d’une seule main), permet également de délivrer le diagnostic. Ce qui est un avantage (si l’on peut dire), car un parkinson qui se manifeste par un tremblement progresse un peu plus lentement.
Des effets secondaires plus fréquents :
Être malade, c’est se soigner, et il faut reconnaître que dans ce domaine, en revanche, les femmes sont désavantagées. Certes, les médicaments sont de plus en plus efficaces, et c’est important de le souligner !
Entre autres nouvelles encourageantes (et c’est une première), les plus gros laboratoires pharmaceutiques, comme Astra Zeneca, Biogen, Eli Lilly, Merck, Pfizer et UCB, viennent d’annoncer qu’ils se regroupaient pour partager le coût des essais et avancer encore plus vite. Les principaux progrès, concernent les molécules de soutien qui permettront de freiner la destruction des neurones à dopamine, et donc ralentiront la progression de la maladie débutante.
La mise au point d’un gant, avec une mécanique qui fait pression sur la main pour arrêter le tremblement, est en train d’être finalisée. Et la thérapie génique, grâce à laquelle les gênes médicaments vont pouvoir secréter de la dopamine, a déjà donné de bons résultats.
Pour autant, à ce jour, la Lévodopa (aussi appelée L‑Dopa) reste incontournable, puisqu’elle seule sait pallier le manque de dopamine produite par le cerveau. Avec l’aide de plus en plus pointue des agonistes dopaminergiques, ainsi nommés parce qu’ils imitent en quelque sorte son action, ce qui permet d’en prendre moins, donc de limiter les effets secondaires à long terme. Mais si la L‑Dopa est efficace pendant de nombreuses années, elle le devient par la suite un peu moins, et une augmentation des doses pour compenser peut provoquer des dyskinésies, autrement dit des mouvements involontaires touchant diverses parties du corps. C’est justement là, du côté des effets secondaires, que les femmes sont à la peine.
Des dosages moins adaptés :
Pour Barbara Garavaglia, directrice de l’unité de neurogénétique moléculaire de l’institut Carlo-Besta à Milan, « ce qui est capital, dans cette maladie, c’est la précision millimétrée des prescriptions. Or les thérapies agissent de manières différentes chez les femmes, car elles ont un poids corporel inférieur à celui des hommes. Ce qui signifie, que les principes actifs sont très concentrés dans leur organisme et peuvent provoquer des mouvements anormaux si le dosage n’est pas adapté ».
En toute logique, c’est en amont que le problème doit être résolu. Mais quand on aura dit que seul l’Institut National de la santé américaine (NIH) a obligé les laboratoires à inclure autant de femmes que d’hommes dans les essais thérapeutiques, on aura tout dit ! « Une grande partie de ces effets secondaires subis par les femmes, est une conséquence de leur nombre limité dans les essais tout comme les animaux de sexe féminin dans la phase préclinique », regrette Barbara Garavaglia.
Une meilleure observance :
Heureusement, comme l’a constaté le Dr Sophie Sangla, neurologue à la Fondation Rothschild, les femmes sont « plus raisonnables dans l’observance de leur ordonnance que les hommes ». Il en va de même quand le neurologue leur prescrit des soins annexes indispensables, comme la kiné ou l’orthophonie, pour la diction et la déglutition (encore un problème musculaire). Et c’est tant mieux, car la rééducation « a pour objectif de retarder, voire de prévenir l’aggravation de la maladie, et elle y parvient », rassure Nathalie Christoffers, kinésithérapeute à l’hôpital de Haute-Pierre, à Strasbourg. « J’admire le potentiel d’enfer de mes patientes, à qui des séances conçues pour recréer des automatismes permettent de réapprendre à se déplacer ».
Une vision à plus long terme :
Ce n’est pas tout ! La physiothérapie ne se contente pas d’améliorer la mobilité dans le domaine des gestes simples devenus difficiles, comme démarrer la marche, franchir un seuil de porte, faire demi-tour ou se lever du lit : elle entraîne la sécrétion et la croissance de cellules nerveuses qui contribuent à la survie des neurones dopaminergiques. Tout n’est pas encore exploré, mais la piste est très sérieuse, si l’on en croit les résultats convaincants publiés par la généticienne Giselle M. Petzinger dans la revue The Lancet.
« Autre côté positif : les femmes acceptent plus volontiers la régularité des rendez-vous avec un kiné, l’idéal étant deux à trois fois par semaine », souligne le Dr Sangla. « Là où les hommes sont parfois gênés de ne pas ressentir un bénéfice immédiat, elles ont une vision à long terme. Alors oui, on peut leur donner un bon point ! »
Une maladie de couple !
La raison pour laquelle Thierry Hergueta, psychologue clinicien à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris, parle de maladie de couple est tout autre. « Le parkinson touche autant le psychisme que le physique », explique-t-il. « L’apathie, symptôme qui affecte au moins 40% des malades, peut les rendre incapables de répondre, sur le plan émotionnel, à des événements tant négatifs que positifs, ou encore d’avoir des attentions vis-à-vis de leur conjoint » (par exemple de manifester de la reconnaissance pour ce qu’il fait. A fortiori de jouer un rôle dans la gestion du quotidien. On peut parler de maladie de couple, tant elle envahit l’espace privé). « Bonne nouvelle : en général, le couple n’en sort pas fragilisé … »
Article de Micha Venaille de la revue Femina (Le Télégramme)
Lu et transmis par Nicole Lecouvey
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Je partage la conception de JC Prevost quand aux causes de la maladie de Parkinson et je souhaiterais contacter cette personne pour échanger. Merci d’avance. N. Rondenet
Commentaire by Rondenet — 31 juillet 2016 #
Très bon article de Micha Venaille remarqué par Nicole Lecouvey.
Sauf que je me permet d’ajouter un manque d’expérience ou l’ensemble des neurologues restent fermé, voir bloqué car non scientifique, pour les patients sous L.Dopa et s’attaquer aux causes qui ont installé le ou les symptômes parkinsoniens , sont le salut du patient voire une réussite dans la stabilisation de sa maladie et la réduction significative des prises de Dopamine avec le bénéfice palliatif qui permet de mener une vie normale 24 h sur 24.
Une première piste bien connue » le STRESS » Qu’a t il pu détruire ou dérégler chez le parkinsonien ? son système immunitaire ? La barrière intestinale ? Ect. Je reste persuadé que c’est dans cette direction qu’il faut aller, d’autres avant moi se sont réalisé dans cette voix et ça à marché pour eux et pour moi. Certes il faut de la persévérance , prendre des notes chaque jour faire remonter les infos de son corps auprès de son médecin ( seule condition, qu’il soit partie prenante) Supprimer ceci de son alimentation, prendre cela en complément et le tout sur une période relativement courte la stabilisation peut se faire en deux années, peut être trois pour d’autre, mais quel bonheur de ne plus se sentir Parkinsonien, mon dernier neurologue à été lui même interloqué et je me suis entendu dire « vous n’avez pas de maladie dégénérative » ! pour ne pas avouer que j’ai gagné à 90% ce combat, mon médecin généraliste m’a fait plaisir en me confiant » nous avons rêvé pendant cinq ans mon amis et premier neurologue aussi , vos tremblements c’était du cinéma !!!!
Bref une mauvaise foi évidente de ce spécialiste.
Comme me disait mon défunt père « quiète pas et continu »
Allez boujou ! (c’est Normand)à tous.
Commentaire by JC Prevost — 17 juillet 2016 #