Le rat : Un bon modèle de la maladie de Parkinson ?
Publié le 04 octobre 2006 à 15:00Article paru dans LE PARKINSONIEN INDEPENDANT ‑N°26 – septembre 2006
Le rat : Un bon modèle de la maladie de Parkinson ?
Les études portant sur la maladie de Parkinson (comme les autres maladies neurodégénératives) requièrent l’utilisation de modèles animaux. L’utilisation d’un modèle animal performant, et le plus proche possible de la maladie humaine, est une des clés de la compréhension de la maladie de Parkinson et de l’amélioration de ses traitements.
L’absence de « maladie de Parkinson animale spontanée » rend nécessaire l’utilisation de modèles d’étude « artificiels ». De façon schématique, la maladie de Parkinson peut se résumer en l’expression clinique (symptômes parkinsoniens) de la destruction des neurones dopaminergiques de la Substance Noire (SN). Ainsi des modèles animaux ont été obtenus, soit par chirurgie, soit par traitement, ayant pour but de détruire ces neurones de manière spécifique.
Ces modèles animaux sont utilisés depuis maintenant plus de 30 ans, et ont sans cesse été améliorés au cours des années.
Parmi les modèles animaux (rat, souris, singe), le rat représente un modèle de choix pour plusieurs raisons :
La taille du rat est optimale (assez grande pour faire de la chirurgie stéréotaxique avec précision, et suffisamment petite pour faciliter le stockage).
Son génome est bien caractérisé, ce qui permet d’utiliser tous les outils de la biologie moléculaire (PCR, puces à ADN…)
Il est possible d’utiliser des animaux pratiquement identiques CAD de même poids, de même âge et surtout génétiquement semblables permettant d’avoir des résultats reproductibles.
La neuroanatomie du rat est également bien caractérisée et présente des similitudes avec celle de l’homme.
Le modèle de rat 6‑OHDA
Le modèle de rat 6‑OHDA obtenu par une injection unilatérale de cette toxine dans une zone spécifique du cerveau appelée : faisceau médian du télencéphale (FMT), est incontestablement le modèle animal qui a le plus contribué à la recherche préclinique sur la MP. Ce modèle a été utilisé pour la première fois dans les années 70 et correspond à une dégénérescence unilatérale quasi-totale des neurones dopaminergiques de la substance noire, associé à un syndrome bien décrit :
- Un déficit quasi-total en dopamine au niveau de la structure cible des neurones de la SN : le striatum
- Une akinésie et une bradykinésie (difficulté à se déplacer et à initier les mouvements) qui peuvent être quantifiés en utilisant différents tests comportementaux (stepping-test, rotarod, open-field …).
Ce modèle permet donc d’étudier la perte de motricité due au manque de dopamine dans le cerveau. De plus, un traitement à la lévodopa permet d’améliorer la motricité des rats sur ces tests.
Cependant, ces rats développent-ils des dyskinésies (ou mouvements anormaux involontaires qui sont les complications motrices du traitement de la maladie, pouvant être plus invalidantes que la maladie elle-même) sous ce traitement et comment les quantifier ?
Cet aspect a été étudié par le groupe du docteur A. Cenci (en Suède). Ces chercheurs ont mis au point une technique pour quantifier ces dyskinésies, induites par une injection biquotidienne de lévodopa. Pour quantifier ces dyskinésies, ils ont utilisé une échelle ressemblant à celle utilisée chez l’Homme. Ainsi, sur le plan clinique, ces rats présentent une akinésie du membre antérieur (une difficulté à initier le mouvement) mise en évidence par différents tests comportementaux ; de plus, la récupération fonctionnelle entraînée par le traitement à la lévodopa s’accompagnent (dans 50% des cas) des dyskinésies.
Ce modèle de rat est à présent utilisé, entre autres, pour analyser les dyskinésies. Ces dernières résultent probablement de puissants mécanismes adaptatifs striataux consécutifs à la perte des afférences dopaminergiques. En effet, chez l’Homme, les primates non-humains et les rongeurs, le striatum est impliqué, avec d’autres structures cérébrales, dans un circuit neuronal important pour l’apprentissage de tâches motrices et de mémorisation. Le manque de dopamine ou son apport exogène par le traitement à la lévodopa perturbe cette plasticité. Afin de comprendre ces mécanismes, la modulation de la plasticité synaptique striatale est étudiée sur ce modèle en utilisant des techniques élaborées d’enregistrements électrophysiologiques. Ainsi, depuis plus de 10 ans l’équipe du professeur Calabresi, à Rome, a contribué à améliorer la compréhension de ces phénomènes complexes de plasticités dans la maladie de Parkinson, pouvant être la base de nouveaux traitements.
Pour finir, ce modèle peut être la base de développement des stratégies thérapeutiques de demain :
- Stratégies de neuroprotection, ayant pour but d’empêcher les neurones dopaminergiques encore présents de dégénérer.
- Stratégies de remplacement, visant à remplacer les neurones morts par des cellules souches, cellules génétiquement modifiées …
Ce modèle de rat de la maladie de Parkinson, même s’il est imparfait, est d’un intérêt majeur pour comprendre les mécanismes de la maladie et la manière dont le cerveau s’adapte à cette maladie (plasticité). Ce modèle peut être également la base d’étude de nouveaux traitements. Cependant, avant d’envisager des nouveaux traitements chez l’Homme, des études sont d’abord effectuées chez les primates, représentant le modèle ultime de la recherche préclinique.
Par Vincent PAILLE vincent_paille@yahoo.fr
Dr es-Sciences de l’European Brain Reserch Institute à Rome
NB- Nous rappelons que ce chercheur a été, en partie, financé par CECAP , lors de la présentation de sa thèse de doctorat.
5 Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire
Laisser un commentaire
Flux RSS des commentaires de cet article.
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires.
Valide XHTML et CSS.
Bjr, je vous remercie pour ce paragraphe, je voudrais savoir un peu plus sur le modèle à MPTP
Commentaire by Madoum-yamani — 20 juillet 2017 #
Pourquoi, pourquoi!!! hélas je n’ai aucune réponse à a apporter à vos questions — Dans les Associations nous faisons ce que nous pouvons — nous n’avons aucun pouvoir — notre soutien n’est souvent que moral mais cela est appréciable . Il est important de ne pas rester seul face à la maladie. Vous l’avez compris puisque vous même faites le possible pour aider ceux que vous connaissez. J’espère que cette aide vous est rendue puisque vous dites être malade vous même.
Merci pour ce que vous faites — bien amicalement.E.Six
Commentaire by GP29 — 16 juillet 2008 #
Bonjour à toutes et tous, j ai par relations, approchée de loin ou de plusrès dernièrement, des proches de parkinsonienne et parkinsonien et un parkisonien, qui avec franchise et beaucoup de respect, m a fait part de sa « maladie » .je suis donc, avec beaucoup d interet sur ce site qu il m a indiqué (merci Mr Sultan) ; par contre je pense à Denis, qui s occupe seul de ses deux parents et n a aucun soutien dans le département 31.…Prkoi ???j ai été énormement decue et profondément touchée qu il n ait pas reçu le soutien de l association qu il a contactée.De plus il assiste d autres parkinsoniens par le biais de son métier.Je suis tjrs à l écoute lors de nos échanges et Dieu sait s ilvient seulement d apprendre les effets de la dopamine sur son entourage imédiat et professionnel.Prkoi n y a t il pas pr ces professionnels de la santé de formation et soutien moral par le biais du Ministère de la Santé-Ce n est quand meme pas une maladie isolée ????Merci à mes deux amis aussi de leurs confiances.Je ne peux que les soutenir moralement mais je pense à ts ceux qui en sont atteints .Par la pensée, je suis bien souvent, moi-meme atteinte par une immobilisatin douloureuse, en train de vous soutenir…Donner, donner, je ne sais faire que donner !!!!Bon courage à tous sincèrement.…
Commentaire by REINE-PRUDENT — 10 juillet 2008 #
Cher Monsieur,
Non seulement il peut mais il est déjà un outil indispensable à la recherche sur Parkinson. En effet, il est relativement facile de provoquer chez le rat des symptômes équivalant à ceux de l’être humain. Or, la reproduction des rats est très rapide, nombreuse et facile ; leur utilisation est donc beaucoup moins coûteuse que le porc (dont le code génétique est à plus de 90% égal à celui de l’homme!). Cependant, pour affiner certaines recherches il est nécessaire d’utiliser d’autres cobayes tel que le cochon et, en dernier recours, le singe avant l’expérimentation directement sur l’homme.
J’espère avoir répondu à votre interrogation.
Je vous remercie de l’attention portée à notre revue et vous prie d’agréer mes sincères salutations.
Jean Graveleau, directeur de publication
Commentaire by JEAN GRAVELEAU — 25 juin 2008 #
bonjour,
je souhaitais savoir si dans les départements R&D de l’industrie pharmaceutique, ce modèle de dyskinésie chez le rat pouvait devenir un outil indispensable pour le développement de nouveaux traitements de la maladie de Parkinson.
Commentaire by djebili — 23 juin 2008 #