Sexualité et Parkinson
Publié le 28 octobre 2018 à 08:08Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Une question des lecteurs portait sur les effets du traitement Madopar® à forte dose : pouvait-il rendre quasiment impuissant ? le docteur Claudio Städler répond : « De nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson sont sujettes à des troubles sexuels, ce qui peut entraîner une détérioration supplémentaire de leur qualité de vie. Les troubles érectiles peuvent accompagner les processus neurodégénératifs du système nerveux (végétatif) ou des maladies concomitantes, mais aussi résulter de la prise de certains médicaments comme les antihypertenseurs ou les antidépresseurs. Madopar et Requip n’en font pas partie. Au contraire, ils ont un effet plutôt positif sur les troubles de la fonction sexuelle, notamment si l’on entend par là la perte de libido. Certains médicaments peuvent atténuer ce problème. Il est essentiel d’en parler ouvertement avec votre neurologue et votre médecin traitant ».
Parkinson Suisse n°130 de juin 2018
Lu par Jean Graveleau
Les soignants réclament du temps pour s’occuper des malades
Publié le 26 octobre 2018 à 09:47Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Un sondage, réalisé pour MNH, Le Figaro et France Info, révèle le mécontentement des soignants concernant l’organisation de leur temps de travail. Ils estiment passer trop de temps pour des tâches administratives au détriment des patients.
A l’hôpital, les soignants et les médecins n’ont plus assez de temps à consacrer aux malades. Dans une enquête réalisée par Odoxa, les hospitaliers se plaignent de leurs journées à rallonge et de l’accumulation des tâches administratives qui les éloignent des patients et de leurs familles. Les 200 médecins interrogés rapportent passer en moyenne 47 heures par semaine dans leur service : tandis que les 1500 infirmiers et aides-soignants sondés travaillent environ 39 heures. Des semaines bien remplies qui laissent peu de place à « une relation patient-soignant satisfaisante », regrettent les professionnels. « Sept infirmiers et aides-soignants sur dix estiment, en effet, ne pas avoir suffisamment de temps pour parler aux malades. Les médecins sont près d’un sur deux ». Ces résultats s’appliquent aussi bien au milieu hospitalier qu’au monde libéral.
« Ces dernières décennies, ce temps a été réduit au profit des tâches administratives, des réunions … », commente le Dr Jean Thévenot, président du Programme Aide Solidarité Soignant (PASS), une fédération d’associations à destination des professionnels de santé en souffrance.
Ce temps médical et d’échange est « pourtant indispensable pour l’efficacité des soins. Quand le temps dédié aux soins commence à manquer, les médecins se consacrent moins à l’explication des médicaments ou d’un acte chirurgical, ce qui créé de la crispation chez le patient et menace sa bonne adhésion au traitement », soulève le Dr Thévenot.
Perte de sens et démotivation
Ce déséquilibre entre tâches administratives et temps de soins explique également « la démotivation rapportée par de nombreux soignants ». Une perte de sens à laquelle s’ajoute un sentiment d’abandon. La quasi-totalité des sondés estime que leur direction n’est pas à l’écoute de leurs problèmes et n’essaie pas d’agir pour les résoudre. Un malaise profond qui se traduit depuis plusieurs années par d’importantes manifestations, de pétitions et de témoignages dans les médias et les réseaux sociaux.
Or ce surmenage, mais aussi la démotivation des équipes, ont des conséquences lourdes en termes de risques psychosociaux. Epuisés, les soignants craignent également de commettre de graves erreurs médicales. Une situation de stress extrême qui explique, en partie, la multiplication des cas de suicide d’infirmiers et de médecins dans les hôpitaux.
Besoin de personnel hospitaliers
« Manquer de temps signifie aussi manquer de professionnels. Pendant des années, le nombre de soignants formés a été insuffisant. Des territoires sont maintenant confrontés à une importante pénurie », soulève le Dr Thévenot. L’embauche de personnels est d’ailleurs identifiée comme le levier principal par les soignants pour regagner du temps de soins.
En février dernier, le Premier ministre Edouard Philippe, a promis qu’il s’attaquerait au numerus clausus, qui fixe le nombre d’étudiants en médecine sélectionnés pour passer en deuxième année. Cette réforme devrait s ‘inscrire dans le cadre du plan de « transformation de l’offre de soins ». Il intégrera également « des questions sur le financement des hôpitaux et leur organisation. Le Président, Emmanuel Macron, s’est engagé à faire des annonces avant l’été »!!!
Article d’Anne-Laure Lebrun du Figaro Santé
Relevé par F. Vignon
MALTRAITANCE : Alarme sur les dysfonctionnements de notre système de santé
Publié le 24 octobre 2018 à 13:58Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), le système de santé français est devenu maltraitant. Du fait d’impératifs de rentabilité qui sévissent, notamment, dans les structures de soins. Les malades, dont ceux en situation de handicap, en font les frais.
Des maltraitances multiformes. Voilà ce qu’entraînent les dérives de notre système de santé. Parmi elles : humiliations quotidiennes, indisponibilité des traitements, dispositifs de soins non adaptés. Mais aussi manque d’écoute et d’orientation, non-respect des droits des patients et refus de soins.
Selon la CNCDH, ces maltraitances existent à toutes les étapes du parcours de soins. Et elles frappent d’avantage les personnes subissant discrimination et préjugés : « celles en situation de handicap ou de précarité, âgées ou obèses, LGBT, étrangères, etc… Patients, aidants et soignants en souffrent ». Voilà ce que pointe la CNCDH dans un avis officialisé le 22 mai et intitulé « Agir contre les maltraitances dans le système de santé. Une nécessité pour les droits fondamentaux »
Maltraitances à l’hôpital et dans le médico-social
Les causes ? Le manque de moyens et de temps dont disposent les professionnels de santé. L’oubli de la dimension humaine du soin au profit de sa dimension scientifique, soumise à des impératifs d’efficience. Et donc peu compatible avec une prise en charge humaine et bienveillante.
Une situation qui s’illustre notamment dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux, nombreux à fonctionner sous tension et où se répand « une maltraitance institutionnelle ». Des structures de soins souvent inadaptées pour les personnes handicapées (inaccessibilité, absence de table d’examen adaptée …) En outre, alors que l’aide d’un proche est vécue majoritairement comme une nécessité, ce soutien essentiel des aidants peine à être reconnu.
Respecter le droit des personnes handicapées d’accéder aux soins
Afin de « remettre l’humain au cœur du soin et garantir les droits fondamentaux de toutes et tous », la CNCDH formule trente-deux propositions. Parmi elles : « Créer des structures spécialisées adaptées à la prise en charge des personnes handicapées vieillissantes, avec un taux d’encadrement supérieur à celui des EHPAD. » Ou encore : « Créer une commission paritaire patients-soignants en charge de la médiation et de la sanction des professionnels de santé impliqués dans les cas de manquement à l’éthique. » Sans oublier la nécessité de « veillez au maillage territorial » des lieux de soins accessibles aux personnes en situation de handicap. Objectif : « Faire respecter leur droit à l’accès aux soins », soulager et accompagner les aidants. Plus largement, la CNCDH exhorte le gouvernement à mettre en place une « véritable démocratie sanitaire », ce qui suppose une réforme en profondeur de notre système de santé.
Article d’Elise Jeanne relevé dans Faire Face de Juin 2018
Par F. Vignon
Aidants pensez aussi à votre propre santé : dépression, dénutrition, problèmes de soin
Publié le 20 octobre 2018 à 08:56Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Qui sont-ils ?
En France, 8,3 millions de personnes aident régulièrement un conjoint, un parent, un enfant, un frère ou une sœur en situation de handicap ou de perte d’autonomie à son domicile. Parmi elles, 4,3 millions sont aidantes de personnes de plus de 60 ans et 4 millions sont aidantes de personnes de moins de 60 ans, 11% des aidants ont moins de 30 ans, 32% ont entre 30 et 49 ans, 23% ont entre 50 et 59 ans, 24 ont entre 60 et 74 ans et 10% ont 75 ans ou plus.
La santé des aidants est un vrai problème de santé publique.
Ceux dont la charge est trop lourde ont des soucis de santé sur le plan physique et psychique.
- Environ 48% des aidants déclarent avoir des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas avant d’être aidant ;
- 61% des répondants déclarent avoir des problèmes de sommeil depuis qu’ils sont aidants ;
- 63,5% déclarent avoir des douleurs physiques ;
- 50% des aidants ne parlent pas des difficultés liées à leur rôle d’aidant avec les professionnels de santé.
La santé des aidants est impactée d’abord par le stress : l’angoisse de ne pas bien faire, le manque de sommeil dû aux besoins de la personne aidée pendant la nuit, qui empêche de dormir. Viennent ensuite la mauvaise alimentation et l’isolement social, détaille Florence Leduc, présidente de l’Association Française des AIDANTS.
Les aidants renoncent fréquemment à des soins, faisant passer la santé de l’aidé avant la leur. Certaines études ont suggéré une surmortalité parmi les aidants les plus stressés par leurs tâches.
L’effet protecteur du rôle d’aidant
Toutefois des analyses ont pointé un effet protecteur lorsque la charge est modérée. Jean-François Buyck, médecin de santé publique, a nuancé quelque peu ces constats. « Les résultats de la cohorte GAZEL indiquent que, lorsque l’aidant accompagne un proche encore peu dépendant, les effets sur sa santé peuvent être positifs. La satisfaction personnelle d’apporter de l’aide à un proche en difficulté couplée à une augmentation modérée de l’activité physique et à l’adoption d’un mode de vie plus sain sont alors bénéfiques à l’aidant. Toutefois, ces situations restent marginales » nuance Jean-François Buyck.
Conclusion :
La Haute Autorité de Santé recommande une consultation médicale annuelle aux aidants de personnes ayant une maladie d’Alzheimer ou apparentée pour être attentif à leur état psychique et nutritionnel. Elle conseille de s’assurer que les aides mises en place pour son aidé, correspondent aussi à ses besoins et préconise la proposition de solutions de répit.
L’Association Française des AIDANTS édite un livret « Aidants : et votre santé, si on en parlait ? » Ce livret, téléchargeable gratuitement, a pour objectif de vous permettre, en tant qu’aidant, « de faire le point sur votre santé et de trouver une ou des réponses, parmi les possibilités existantes qui vous permettraient de mieux concilier votre vie d’aidant et votre santé. »
Article relevé dans « Domidom » par F. Soize’
Nouveau gène impliqué dans le développement de la maladie de Parkinson et de la démence à corps de Lewy
Publié le 19 octobre 2018 à 07:28Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Discovery ouvre une nouvelle fenêtre sur les mécanismes et pourrait ouvrir la voie à de nouveaux biomarqueurs
Une équipe internationale dirigée par le professeur Vincenzo Bonifati, du Département de génétique clinique d’Erasmus Rotterdam à Rotterdam, a découvert pour la première fois des variantes d’un gène (appelé LRP10) chez des patients présentant des formes familiales de la maladie de Parkinson, la maladie de Parkinson et la démence avec des corps de Lewy. Le papier rapportant cette découverte sera publié dans The Lancet Neurology cette semaine. « Cette découverte ouvre une nouvelle fenêtre sur les mécanismes moléculaires de ces maladies neurodégénératives courantes et pourrait ouvrir la voie à l’identification de nouveaux biomarqueurs et de nouveaux traitements modificateurs de la maladie », déclare le professeur Bonifati.
La maladie de Parkinson et la démence sont des maladies neurodégénératives fréquentes et dévastatrices. Seuls des remèdes symptomatiques sont disponibles, mais aucun traitement curatif n’existe. En outre, la prévalence de ces maladies devrait augmenter dans les prochaines décennies en raison du vieillissement des populations du monde. Ces maladies représentent donc un énorme fardeau médical et économique pour la société.
L’équipe de recherche a identifié la première variante du gène LRP10 par des études cliniques et génétiques dans une famille nombreuse comprenant plusieurs personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ils ont par la suite détecté d’autres variants de LRP10 associés à la maladie chez des patients issus d’une vaste série internationale multicentrique diagnostiquant, cliniquement ou pathologiquement, la maladie de Parkinson, la démence liée à la maladie de Parkinson ou la démence à corps de Lewy.
Ils ont également effectué des études de pathologie cérébrale chez trois patients, chacun portant des variantes différentes de LRP10 associées à la maladie, montrant une accumulation importante de la protéine alphasynucléine, la caractéristique pathologique de ces maladies.
Enfin, ils ont réalisé des études in vitro utilisant des modèles cellulaires neuronaux obtenus par des cellules souches pluripotentes humaines, pour analyser la protéine codée par le gène LRP10, sa localisation cellulaire et l’effet des variants présents chez les patients. On sait très peu de choses sur la fonction normale de LRP10, et le rôle de ce gène dans le développement de la maladie de Parkinson et de la démence à corps de Lewy était jusqu’ici inconnu.
L’élucidation de la fonction cellulaire de la protéine LRP10 et de ses voies de signalisation pourrait offrir des informations nouvelles et cruciales sur les mécanismes moléculaires de ces maladies neurodégénératives courantes et ouvrir la voie à l’identification de nouveaux biomarqueurs et de nouvelles cibles pour les thérapies modificatrices.
Cette découverte est le résultat d’une collaboration internationale, menée par le département de génétique clinique Erasmus MC (chef d’équipe : le professeur Vincenzo Bonifati ; scientifiques chevronnés : Dr. Maria Luisa Quadri et Dr. Wim Mandemakers), et impliquant, entre autres, le département. de neurologie, Erasmus MC (Dr. Agnita Boon, Dr. Frank Jan de Jong, Prof. John van Swieten); le département d’anatomie et de neurosciences du centre médical universitaire VU d’Amsterdam (Dr Wilma van de Berg); le Dipartimento di Scienze Biomediche et NeuroMotorie, Université de Bologne, Italie (Prof. Pietro Cortelli); le département de neurologie et de psychiatrie de l’université de Rome (Prof. Giuseppe Meco); l’Unité de service et d’AVC en neurologie, Hôpital général de Brotzu, Cagliari, Italie (Dr. Giovanni Cossu); l’Instituto de Medicina Molecular, Université de Lisbonne, Portugal (Dr. Joaquim Ferreira); et le département de neurologie, hôpital Chang Gung Memorial, Taoyuan, Taiwan (Prof. Chin-Song Lu).
Cette recherche a été financée par Stichting Parkinson Fonds, Dorpmans-Wigmans Stichting, Erasmus Médical Center, programme ZonMw-Memorabel, Programme commun de recherche sur les maladies neurodégénératives (JPND), Parkinson UK, Avtal om Läkarutbildning och Forskning et Parkinsonfonden (Suède). Fondation Lijf et Leven et octroi transfrontalier d’Alzheimer Pays-Bas-Ligue européenne contre la maladie d’Alzheimer (LECMA).
Le professeur Vincenzo Bonifati , neurologue et généticien, s’intéresse depuis longtemps à l’élucidation des bases génétiques de la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurodégénératives. Il est l’auteur de plus de 180 articles de recherche, qui ont été cités plus de 13 000 fois dans la littérature scientifique, et il a un indice H de 58 (source : Scopus). « Erasmus MC est le plus grand centre médical universitaire des Pays-Bas. Notre objectif principal est une population en bonne santé.
Près de 13 000 employés se consacrent chaque jour à fournir des soins exceptionnels, facilitant une éducation de classe mondiale et effectuant des recherches novatrices. Ces professionnels contribuent à développer une expertise sur la santé et la maladie. Ils associent les connaissances scientifiques les plus récentes à des traitements pratiques et à des mesures de prévention pour offrir un bénéfice maximal aux patients et permettre aux personnes en bonne santé de rester en bonne santé plus longtemps. Etre visiblement meilleur et montrer la voie dans les domaines des soins complexes, innovants et aigus en collaborant avec d’autres : ce sont des ambitions essentielles chez Erasmus MC. »
Communiqué de presse Erasmus MC Rotterdam, 08 juin 2018
Retenu par Martine Delmond
[vu sur le net] PARKINSON : Pouvoir tracker la dopamine dans le cerveau
Publié le 18 octobre 2018 à 23:23article trouvé sur le site santélog
Ces minuscules capteurs capables ici de suivre la dopamine dans le cerveau pendant plus d’un an seront précieux pour surveiller les patients atteints de la maladie de Parkinson et d’autres maladies neurologiques. C’est une « invention » d’une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) et une prouesse, car ces capteurs peuvent rester plusieurs mois en place. Surveiller les niveaux de dopamine pourrait aider les médecins à délivrer la stimulation ou le traitement de manière plus sélective, et uniquement lorsque cela est nécessaire.
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Maladie de Parkinson : 3 nouvelles pistes
Publié le 18 octobre 2018 à 09:13article trouvé sur le site Top Santé
Les médicaments actuels contre la maladie de Parkinson contrôlent les symptômes mais leurs effets s’estompent avec le temps. Le point sur les recherches en cours avec le Pr Philippe Damier, neurologue, au CHU de Nantes et le Dr Erwan Bézard, neurobiologiste à l’Institut des maladies neurodégénératives de Bordeaux.
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Immunothérapie
Publié le 16 octobre 2018 à 07:58Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Cette année en France, la journée mondiale du parkinson a mis l’accent sur une étude clinique internationale en cours, l’étude PASADENA, qui teste une immunothérapie contre la maladie de Parkinson. Devant les médias, le professeur Damiers, neurologue à l’Hôpital universitaire de Nantes et vice-président du comité spécialisé de Parkinson France, a fait état d’une « approche prometteuse ».
300 personnes atteintes de la maladie de Parkinson encore jeunes, sans traitement ou très peu médicamentées, participent à l’étude PASADENA dans le monde. Sept d’entre elles sont suivies à l‘Hôpital Universitaire de Nantes. Cette étude phase II randomisée en double aveugle est contrôlée contre placebo.
Son objectif consiste à ralentir, voire dans l’idéal de stopper l’évolution de la maladie de Parkinson le plus tôt possible afin d’éliminer les accumulations de protéines toxiques (dépôts d’alphasynucléine) dans certaines régions cérébrales. Le traitement des personnes testées consiste, pendant 52 semaines, en une injection mensuelle d’anticorps qui se lient aux protéines et signalent au système immunitaire qu’elles sont indésirables. Elles sont alors rendues inoffensives.
Les résultats sont attendus en 2020. Cette approche suscite un débat animé dans la communauté scientifique.
Source : Le Parisien du 6 avril 2018 : clinicaltrials.gov/c12//show/NCT03100149 ; www.movementdisorders.org/MDS/News.htmimmunotherapies
Lu dans Parkinson Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Graveleau
Les effets positifs du Safinamide (Xadago®) sur la psyché
Publié le 12 octobre 2018 à 17:49Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Depuis trois ans, le médicament complémentaire Xadago® (safinamide) est disponible [sauf en France ndlr !] pour les parkinsonien(ne)s au stade avancé souffrant de fluctuations motrices. Après un traitement de longue haleine par L‑Dopa, l’effet du précurseur physiologique de la dopamine peut s’estomper et des complications motrices comme les fluctuations et les mouvements excessifs peuvent faire leur apparition. Le safinamide agit d’une part comme un inhibiteur de la MAO‑B sur le métabolisme dopaminergique. D’autre part, à plus fortes doses (100 mg), il exerce un effet sur un autre système neurotransmetteur. Grâce à l’inhibition de la MAO‑B, d’avantage de dopamine est mise à disposition. La modulation du glutamate réduit, quant à elle, les complications motrices.
Ce médicament complémentaire permet de réduire la dose de L‑Dopa. Certes il a des effets secondaires comme l’insomnie, les céphalées ou les chutes de tension, mais le safinamide apporte de nombreux avantages. Il améliore et prolonge l’efficacité de la dopamine, prolonge les phases ON et réduit les mouvements excessifs à plus forte doses.
Une analyse post hoc réalisé sur environ 670 personnes atteintes de la maladie de Parkinson a révélé que le médicament complémentaire exerce même un effet sur le bien-être émotionnel. Pendant six mois, les sujets ont été traités par safinamide en complément de leur traitement habituel. Par la suite, ils ont présenté des valeurs nettement meilleures sur l’échelle de dépression GRID-Hamilton Dépression Rating Scal et l’échelle d’évaluation de la qualité de vie PDQ-39 par rapport aux sujets qui ont reçu un placebo. Les bienfaits de ce plus grand bien-être psychologique étaient encore perceptible deux ans après.
Sources : Carlo Cattaneo et al. 2017, doi :10.3233/JD-171143 ; Médical Tribune du 11 mars 2018 et du 30 septembre 2017
Lu dans Parkinson Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Graveleau
Anosmie
Publié le 11 octobre 2018 à 07:54Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Les atteintes de l’odorat constituent un symptôme précoce fréquent de la maladie de Parkinson. Des chercheurs viennent d’identifier des différences entre les bulbes olfactifs des personnes en bonne santé et ceux des Parkinsonien(en)s.
De nombreux parkinsonien(ne)s déclarent avoir perdu le sens de l’odorat bien avant de recevoir le diagnostic. Dans les faits, la part d’unités fonctionnelles, ou glomérules, dans le bulbe olfactif (région du cerveau à proximité du nez) des personnes atteintes de la maladie de Parkinson est inférieure de moitié à celles des personnes en bonne santé. C’est ce qu’ont constaté les scientifiques de l’Unité de Recherche Max-Planck de Francfort en collaboration avec l’université d’Auckland en Nouvelle-Zélande. Les chercheurs ont examiné les bulbes olfactifs de Parkinsonien(ne)s décédé(e)s et les ont comparés avec ceux de sujets sains. Ils ont mesuré le volume total occupé par les glomérules. La méthode de mesure employée ne permets de dire si les parkinsonien(ne)s ont moins de glomérules ou si ces derniers sont plus petits que ceux des personnes en bonne santé.
Le bulbe olfactif est affecté dès les premiers stades de la maladie de Parkinson. Des corps de Lewy y sont observés avant même d’atteindre la substance noire (et d’avoir des conséquences sur la motricité). Les corps de Lewy sont des amas de protéines mal repliées. Les chercheurs ont découvert que plus un (e) parkinsonien(ne) présente de corps de Lewy, moins la part de glomérules dans les bulbes olfactifs est importante. Par ailleurs, la répartition des glomérules dans les bulbes olfactifs des parkinsonien(ne)s est différente. Seules 44% des glomérules se trouvent dans la partie inférieure du bulbe olfactif, alors que chez les personnes en bonne santé la proportion est de 77%.
Cette disparité étaye la thèse de nombreux chercheurs, selon laquelle les métaux lourds ou les produits phytosanitaires sont de possibles facteurs de risque dans l’apparition de la maladie de Parkinson. En effet, la partie inférieure du bulbe olfactif se trouve à proximité immédiate de la muqueuse olfactive du nez. D’après le Professeur Dr Peter Mombaerts, directeur de l’Unité de Recherche Max-Planck, c’est un signe de l’influence des facteurs environnementaux sur la maladie de Parkinson.
Source : Société Max-Planck (25 septembre 2017) ; Bolek Zapiec et al. (3 septembre 2017) https://doi.org/0.1093/brain/awx208
Lu dans Parkinson Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Graveleau
Petite présentation du gp29 (.pdf)
Publié le 10 octobre 2018 à 14:00[vu sur le net] Cie Ôchapô. 1 025 € pour lutter contre la maladie de Parkinson
Publié le 09 octobre 2018 à 16:59article trouvé sur le site du Télégramme
Au début du mois dernier, 130 artistes bénévoles s’étaient succédé, dans un bel élan de solidarité, sur une scène montée devant le manoir de Kerazan, pour animer une journée contre la maladie de Parkinson.
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Prévoir l’évolution de la maladie
Publié le 08 octobre 2018 à 06:27Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Des chercheurs russes ont mis au point un logiciel capable de prévoir avec pratiquement 100% d’exactitude l’évolution de la maladie de Parkinson chez un patient qui en présente les premiers symptômes.
Des scientifiques russes ont annoncé avoir réalisé une percée exceptionnelle dans le domaine de la médecine. Ils affirment avoir créé un logiciel innovant capable de prévoir l’évolution de la maladie de Parkinson, maladie chronique et à l’heure actuelle incurable, à un stade précoce de son développement.
Il convient de rappeler que tout ce qu’il est possible de faire aujourd’hui pour soulager certains patients souffrant de cette maladie est seulement de limiter les tremblements qui la caractérisent. Parkinson frappe de manière irréversible le système nerveux et fait progressivement perdre au malade le contrôle de son corps. Les scientifiques ont rappelé qu’une personne sur 100 âgée de plus de 60 ans pourrait être une victime de cette maladie.
« Cette maladie peut se développer pendant 20 ans, voire plus, et son évolution peut être différente [d’un patient à un autre, ndlr]. Quelle sera l’évolution de la maladie chez un patient pour qui on envisage pour la première fois ce diagnostic ? Notre logiciel est capable de la prédire », a confié aux médias russes Marina Karpenko, professeur adjoint à l’Université polytechnique de Saint-Pétersbourg Pierre-le-Grand.
Lors de l’élaboration de ce logiciel, les spécialistes ont appliqué des méthodes d’analyse mathématique. Ils ont utilisé pour leurs recherches les données médicales de quelques 200 personnes âgées de 40 à 80 ans qui ont été entrées dans ce logiciel.
Le logiciel analyse plusieurs facteurs, allant des symptômes habituels au degré de troubles de la coordination. Le programme a appris à comparer les observations médicales anciennes aux nouvelles données fournies par les médecins. Cette analyse permet de déterminer avec une exactitude à 96 % le stade de la maladie, ainsi que d’indiquer quel traitement permettrait d’en diminuer les manifestations.
Les scientifiques promettent que prochainement il sera possible d’installer ce type de logiciel sur un ordinateur ou un smartphone.
25.06.2018(mis à jour 23:12 25.06.2018) URL courte 1120
Lu par Martine Delmond
Mise en cause du rôle dévolu généralement à l’alphasynucléine
Publié le 04 octobre 2018 à 07:27Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
Une étude suisse remet en question une des causes possibles de la maladie de Parkinson. Une protéine soupçonnée de former des fibrilles tueuses de neurones ne serait pas forcément en cause, selon ces chercheurs.
Décrite il y a 200 ans par le médecin britannique James Parkinson, cette maladie neurodégénérative qui touche six millions de personnes dans le monde n’a toujours pas trouvé d’explication claire quant à ses causes, a indiqué vendredi l’Université de Bâle dans un communiqué.
On pensait jusqu’ici qu’un des éléments déclencheurs pouvait résider dans les protéines alpha-synucléines, qui forment parfois des agrégats fibreux toxiques se déposant sur les neurones. C’est le cas notamment chez certains patients souffrant d’une forme héréditaire de la maladie et dont le gène codant pour cette protéine est défectueux.
Une expérience concluante
L’équipe de Henning Stahlberg, du Bio Zentrum de l’Université de Bâle, avec des collègues du Roche Innovation Centre et de l’EPFZ, a voulu en avoir le cœur net. Elle est parvenue à générer in vitro une telle fibrille et à la visualiser à l’échelle atomique par Cryo microscopie électronique.
Son constat : « Notre structure tridimensionnelle montre une fibrille qu’il est impossible de produire avec une protéine mutée de cette manière », indique le Pr Stahlberg, cité dans le communiqué. Les mutations génétiques en question sont plutôt de nature à empêcher la formation d’une telle structure fibreuse, selon les chercheurs.
En résumé, selon ces travaux publiés dans la revue eLife, le gène défectueux devrait protéger de la maladie, ce que pourtant il ne fait pas. Il se pourrait donc qu’une autre forme de fibrille ou une autre forme de la protéine soit en cause chez ces patients.
Les scientifiques entendent maintenant examiner si d’autres types d’agrégats se forment et élucider la fonction exacte de l’alphasynucléine. Il s’agira également de déterminer de quoi meurent les neurones, selon leurs conclusions.
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Lu par Martine Delmond
Maladie de Parkinson : facteurs environnementaux et prévention
Publié le 02 octobre 2018 à 10:46Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74
La maladie de Parkinson, deuxième maladie neurodégénérative en termes de fréquence après la maladie d’Alzheimer, concerne près de 170 000 personnes en France.
Vingt-cinq mille nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année dans notre pays. Dans la moitié des cas, elle débute avant soixante-quinze ans ; elle est plus rare mais non exceptionnelle avant l’âge de 50 ans[1].
Les causes sont multiples, mais certains facteurs environnementaux pourraient être impliqués, en particulier les agents phytosanitaires (herbicides, insecticides, pesticides). Des mesures préventives collectives et individuelles peuvent être envisagées.
Qu’est-ce que la maladie de Parkinson ?
Il s’agit d’une maladie neurodégénérative dont le cœur lésionnel est le système à dopamine. La majorité des cellules qui synthétisent ce neurotransmetteur sont situées dans la partie haute du tronc cérébral (dans la substance noire ou Locus Niger). Elles envoient des projections axonales dans des structures cérébrales profondes, les noyaux gris centraux (en particulier le striatum).
Leur dégénérescence conduit à un déficit en dopamine dans ces structures à l’origine de l’essentiel de la symptomatologie. Cette dernière est avant tout motrice avec le classique tremblement de repos qui n’est toutefois pas systématique, mais surtout des difficultés gestuelles liées à l’akinésie, un symptôme constant, indispensable au diagnostic, et une rigidité, dite plastique qui volontiers cède par à‑coup (signe de la roue dentée).
Il existe aussi tout un cortège de manifestations non motrices, comme la douleur, la fatigue, les troubles du sommeil et des symptômes anxiodépressifs, moins visibles mais tout aussi invalidants[2].
La « formule » symptomatologique est très variable d’un patient à l’autre et varie en cours d’évolution. Le plus souvent, elle est asymétrique sur le plan moteur, reflet de l’asymétrie du déficit en dopamine dans les noyaux gris centraux.
Pourquoi est-elle qualifiée de synucléopathie ?
Au niveau cérébral, il existe des dépôts anormaux d’une protéine particulière, l’alphasynucléine. La maladie de Parkinson et d’autres affections dégénératives plus rares où des dépôts anormaux de cette protéine sont aussi observés, constitue le groupe à présent nommé des synucléopathies.
L’alphasynucléine a un rôle important au niveau des synapses, la structure de communication entre les cellules nerveuses.
Pour donner suite à une anomalie de conformation (la séquence d’acides aminés est le plus souvent normale), l’alphasynucléine s’agrège au sein du corps des cellules à dopamine et d’autres cellules cérébrales sous forme d’inclusions arrondies, les corps de Lewy, et au niveau de certaines terminaisons nerveuses, les neurites de Lewy. Ces agrégats anormaux pourraient être à l’origine de dysfonctionnements cellulaires responsables de la dégénérescence des cellules[3].
Des dépôts anormaux de cette protéine sont aussi observés en dehors du cerveau en particulier dans le système nerveux entérique.
Certains scientifiques ont émis l’hypothèse d’une possible initiation de la maladie au niveau du système nerveux entérique avec l’entrée d’un phénomène pathogène à ce niveau (par exemple sous l’effet d’un toxique ou d’un agent infectieux) qui pourrait ensuite se transmettre au cerveau et s’étendre alors de proche en proche, avec un mode de diffusion proche de ce qui est observé dans les maladies à prions (comme la maladie de Creutzfeld Jakob)[4]. Cette hypothèse reste encore loin d’être prouvée[5].
Pourquoi la maladie se développe-t-elle ?
Ce qui est à présent certain, c’est que cette maladie n’a pas une cause unique. Dans 10 à 15% des cas, une mutation dans un seul gène suffit à entraîner la maladie (forme dite monogénique). Il peut s’agir d’une hérédité autosomique dominante (la mutation délétère est présente sur un seul des deux exemplaires du gène [hétérozygote]; elle se transmet donc de génération en génération avec une probabilité de transmission de 50%; à noter que la pénétrance n’est souvent pas complète et donc des sujets porteurs de la mutation délétère peuvent ne pas présenter de leur vivant de signe manifeste de maladie.
Les mutations les plus fréquentes pour ce type de transmission concernent le gène dit LRRK2 (présents dans 30% des formes familiales ou sporadiques en Afrique du Nord) et le gène de l’alphasynucléine, la protéine présente sous forme d’agrégats anormaux dans le cerveau des patients.
Il peut aussi s’agir d’une hérédité autosomique récessive, une mutation délétère doit être présente sur chacun des deux exemplaires du gène [homozygote]; elle ne s’exprime que dans une seule génération, car les sujets atteints ont hérité d’un gène délétère de leur mère et d’un gène délétère de leur père, mais ces derniers n’ayant qu’un gène délétère [hétérozygote] n’ont aucune symptomatologie ; de même la maladie ne se transmet en général pas à la génération suivante, car le sujet malade ne transmet qu’un seul de ces deux gènes porteurs de mutation délétère. Aujourd’hui plus de vingt mutations génétiques sont identifiées pour être à l’origine de maladies de Parkinson monogéniques[6].
Les progrès technologiques en génétique et l’utilisation de consortium internationaux qui permettent l’analyse d’échantillons d’ADN de plusieurs dizaines de milliers de patients ont permis d’identifier certaines variantes ou mutation de gènes comme prédisposant à la maladie. Ainsi une mutation dans le gène de la glucocérébrosidase, connue pour être, lorsqu’elle est présente sur les deux exemplaires du gène (mutation à l’état homozygote), à l’origine d’une maladie dysmétabolique rare, la maladie de Gaucher, est retrouvée sur un seul de gène (état hétérozygote) chez 5% des patients atteints de maladie de Parkinson. C’est le facteur de risque génétique le plus fréquent dans la maladie[7].
Quels facteurs environnementaux sont associés à la survenue de la maladie ?
Dans quelques cas exceptionnels, la maladie de Parkinson (ou en tout cas une forme très voisine) a pu être causée par un toxique environnemental bien identifié. A la fin des années 70 sur la côte Ouest des États-Unis a été observée une « mini-épidémie » de « maladies de Parkinson » chez des sujets jeunes.
Ils avaient pour point commun d’être toxicomanes et d’utiliser la même source d’héroïne. Une fabrication défectueuse de la drogue avait conduit a une production d’un produit particulier, le MPTP, qui s’est depuis révélé être un puissant et sélectif toxique des cellules à dopamine[8]. Le MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6‑tétrahydroh) est une neurotoxine qui provoque les symptômes permanents de la maladie de Parkinson en détruisant certains neurones dans la substantia nigra du cerveau. Il est utilisé pour étudier la maladie chez le singe.
La majorité des cas de maladies de Parkinson est toutefois, comme c’est le cas pour la plupart des maladies, d’origine multifactorielle avec une combinaison, variable d’un patient à l’autre, de facteurs de prédisposition génétique et de facteurs environnementaux. Sauf dans le cas particulier du MPTP où une claire relation causale entre l’agent toxique et la maladie a pu être montrée, la plupart des études qui cherchent à analyser l’impact de l’environnement sur le développement de la maladie sont des études qui visent à montrer une association entre un facteur environnemental donné et la survenue de la maladie. Ces études donnent ainsi des risques de développement de la maladie en cas d’exposition à un facteur environnemental par rapport à une non-exposition ou une exposition moindre à ce facteur environnemental.
Cela fait apparaître les difficultés de ce type d’approche, en particulier pour détecter les facteurs de risques environnementaux qui ne sont en cause que chez un faible nombre de patients ou lorsque l’exposition à l’agent environnemental est cumulée sur un grand nombre d’années ou a eu un impact des années avant la survenue des premiers symptômes. En outre si la responsabilité causale peut être suspectée, elle ne peut presque jamais être formellement démontrée. Il faudrait pour cela exposer de façon randomisée une partie des individus à un toxique donné (les autres servants de témoins), ce qui est bien sûr impossible.
Plusieurs études épidémiologiques ont mis en évidence un risque accru de maladie de Parkinson en cas d’exposition à des quantités élevées de pesticides[9]. Parmi les études sur ce sujet, une étude française a par exemple mis en évidence l’impact des doses cumulées de pesticides chez les agriculteurs sur le risque de développement de la maladie[10].
Il a pu être par ailleurs montré que certains de ces agents phytosanitaires, comme la roténone®, sont dans certaines conditions expérimentales toxiques pour les cellules à dopamine[11]. La responsabilité des pesticides est par conséquent assez vraisemblable, au moins chez certains patients très exposés. La maladie de Parkinson peut d’ailleurs être reconnue en maladie professionnelle si la preuve d’exposition à des quantités importantes d’agents phytosanitaires est faite.
Des études épidémiologiques ont suggéré qu’une consommation importante de produits laitiers augmentait le risque de survenue de maladie de Parkinson[12].
Différents mécanismes ont été proposés. Une concentration de produits phytosanitaires à partir de l’alimentation des animaux est assez peu probable. Les pâturages ne nécessitent pas de traitement particulier. Les concentrations en toxiques dans le lait sont en outre étroitement surveillées. L’autre hypothèse plus communément avancée est à travers une action possible des produits laitiers sur les taux d’acide urique[13].
Des taux élevés d’acide urique, qui pour mémoire augmentent le risque de goutte et les risques cardiovasculaires, pourraient avoir un rôle protecteur sur les cellules à dopamine. Il est en outre retrouvé une moins grande fréquence de maladie de Parkinson en cas de taux d’acide urique élevés. Cette hypothèse impliquerait que les produits laitiers diminuent le taux d’acide urique ce qui reste à démontrer.
Une étude épidémiologique récente sur deux cohortes importantes (plus de 120 000 sujets au total), dans lesquelles était suivie la consommation de produits laitiers montre somme toute un niveau de risque modeste. Il est en fait présent pour les fortes consommations de produits laitiers allégés (plus de 3 portions américaines/jour soit environ 5 portions françaises) et de « frozen yoghurts ». Aucun lien n’est retrouvé avec les produits laitiers entiers [14].
Il existe enfin une association entre le développement d’un mélanome et la survenue d’une maladie de Parkinson. Les raisons qui sous-tendent cette association ne sont pas parfaitement connues.
À l’opposé, certains facteurs environnementaux sont associés à une diminution du risque de maladie.
Celui qui a été retrouvé dans un grand nombre d’études est la consommation de tabac.
En d’autres termes, fumer réduirait le risque de survenue de maladie ! Et ce même après correction par la surmortalité provoquée par le tabac[15]. Différentes explications ont été proposées et restent sujettes à discussion. La nicotine pourrait avoir un rôle neuroprotecteur, un rôle qui n’a pas été à l’heure actuelle, confirmé par des études cliniques. D’autres constituants présents dans la fumée, comme le monoxyde de carbone pourrait jouer un rôle. L’association pourrait être le fait de facteurs plus indirects.
La dopamine joue un rôle important dans les phénomènes addictifs. Des caractéristiques du système à dopamine qui prédisposeraient à l’addiction au tabac pourraient être ainsi associées à un moindre risque de développement de la maladie. Une réduction de risque de maladie a été aussi observée avec la consommation de café et de thé noir, ainsi qu’avec la pratique sportive.
Est-il possible de prévenir la maladie ?
Le rôle possible des agents phytosanitaires justifie de limiter leur exposition. Pour les professionnels comme pour les particuliers, préférer des méthodes naturelles et limiter l’usage au minimum indispensable sans oublier le port de protection (gants, lunettes, masque) sont des mesures de bon sens.
En l’absence de connaissances plus précises sur les mécanismes de la maladie, il n’y a pas d’autres mesures préventives spécifiques à envisager actuellement. La symptomatologie parkinsonienne ne se développe que lorsque le manque de dopamine cérébrale est conséquent (plus de 70%). Le cerveau possède donc de fortes capacités de compensation qui lui permettent de fonctionner longtemps normalement alors qu’il existe un déficit marqué en dopamine.
Il est probable que l’activité physique régulière (qui est effectivement associée à un risque moindre de maladie comme vu ci-dessus), la stimulation cognitive et le maintien du lien social soient des éléments de renforcement de ces capacités de compensation, comme cela a été montré dans la maladie d’Alzheimer avec la notion de réserve cognitive. Le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire pour éviter les lésions cérébrales vasculaires participe au maintien de cette « réserve » et de capacités de compensation.
Garder un cerveau en bonne forme, par une hygiène de vie appropriée et une activité physique régulière, permet vraisemblablement de mieux s’armer contre la survenue de la maladie de Parkinson et des maladies neurodégénératives en général et ainsi en retarder tant le moment de leur expression symptomatique que leur évolution vers des complications difficiles à gérer.
Vers de nouvelles pistes thérapeutiques ?
Les traitements actuels, médicamenteux et chirurgicaux (neurostimulation cérébrale), sont symptomatiques. Ils visent à corriger le déficit en dopamine cérébrale ou ses conséquences. Ils sont efficaces sur la plupart des symptômes moteurs de la maladie, mais peuvent être source d’effets indésirables. Ils ne jouent cependant pas sur l’évolution de la maladie et en particulier sur sa diffusion à des systèmes non dopaminergiques.
Une meilleure compréhension des mécanismes à l’origine de la maladie permettra d’améliorer les traitements actuels. L’identification plus précise de facteurs prédictifs d’évolution, de réponse au traitement en termes d’efficacité comme de développement d’effets indésirables permettra d’amplifier la personnalisation de l’approche thérapeutique dans les années à venir. Le soutien à la recherche est donc déterminant. Parmi les nouveaux traitements, l’immunothérapie est une des pistes encourageantes à moyens termes. Le principe est de tenter par l’administration d’anticorps monoclonaux d’éliminer les dépôts anormaux d’alphasynucléine dans le cerveau[16].
La thérapie cellulaire, même si elle fait souvent les grands titres de la presse est probablement encore loin d’être une solution. Difficile en effet de reconstruire par la simple administration de cellules dopaminergiques ou de cellules souches un système à dopamine qui s’est mis en place sur de nombreux mois par le jeu d’une interaction complexe avec de multiples systèmes nerveux et gliaux lors de la vie fœtale et de la petite enfance.
En conclusion
Les facteurs à l’origine de la survenue d’une maladie de Parkinson restent encore inconnus dans la grande majorité des cas. L’identification des mutations génétiques en cause surtout et de certains facteurs environnementaux comme le MPTP a permis de progresser dans la compréhension des mécanismes à l’origine des lésions des cellules à dopamine. Certains de ces mécanismes sont probablement communs à un grand nombre de patients, quelle que soit la cause à l’origine de leur déclenchement. Agir sur ces mécanismes pourrait ainsi permettre dans le futur de ralentir l’évolution de la maladie.
Pr Philippe Damier
Neurologue, CHU Nantes
Président du Comité scientifique sciences médicales, cliniques de France Parkinson
Bibliographie :
[1] Santé Publique France Bulletin épidémiologique hebdomadaire N° 8 – 9, 10 avril 2018. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/8- 9/pdf/2018_8‑9.pdf
[2] Kalia LV, Lang AE. Parkinson’s disease. Lancet 2015 ; 386:896 – 912.
[3] Wong YC, Krainc D. ‑synuclein toxicity in neurodegeneration : mechanism and therapeutic strategies. Nat Med 201 ; 23:1 – 13.
[4] Brundin P, Melki R. Prying into the Prion Hypothesis for Parkinson’s Disease. Neurosci 2017 ; 37:980818.
[5] Surmeier DJ, Obeso JA, Halliday GM. Parkinson’s Disease Is Not Simply a Prion Disorder. J Neurosci. 2017 Oct 11;37(41):9799 – 9807
[6] Puschmann A. Monogenic Parkinson’s disease and parkinsonism : clinical phenotypes and frequencies of known mutations. Parkinsonism Relate Discord 2013 ; 19:407 – 15.
[7] O’Regan G, de Souza RM, Balestrino R, Schapira AH. Glucocerebrosidase Mutations in Parkinson disease. J Parkinson Dis 2017 ; 7:411 – 22.
[8] Snyder SH, D’Amato RJ. MPTP : a neurotoxin relevant to the pathophysiology of Parkinson’s disease. The 1985George C. Cotzias lecture. Neurology 1986 ; 36:250 – 8.
[9] Ascherio A, Schwarzschild MA. The epidemiology of Parkinson’s disease : risk factors and prevention. Lancet Neurol 2016 ; 15:1257 – 72.
[10] Elbaz A, Clavel J, Rathouz PJ, Moisan F, Galanaud JP, Delemotte B, Alpérovitch A, Tzourio C. Professional exposure to pesticides and Parkinson disease. Ann Neurol 2009 ; 66:494 – 504.
[11] Betarbet R, Sherer TB, Mac Kenzie G, Garcia-Osuna M, Panov AV, Greenamyre JT. Chronic systemic pesticide exposure reproduces features of Parkinson’s disease. Nat Neurosci 2000 ; 3:1301 – 6.
Transmis par Dominique Bonne
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
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