Ne pas être qu'un "patient" ...

Sexualité et Parkinson

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Une ques­tion des lecteurs portait sur les effets du trai­te­ment Mado­par® à forte dose : pouvait-​il rendre quasi­ment impuis­sant ? le docteur Clau­dio Städ­ler répond : « De nombreuses personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son sont sujettes à des troubles sexuels, ce qui peut entraî­ner une dété­rio­ra­tion supplé­men­taire de leur qualité de vie. Les troubles érec­tiles peuvent accom­pa­gner les proces­sus neuro­dé­gé­né­ra­tifs du système nerveux (végé­ta­tif) ou des mala­dies conco­mi­tantes, mais aussi résul­ter de la prise de certains médi­ca­ments comme les anti­hy­per­ten­seurs ou les anti­dé­pres­seurs. Mado­par et Requip n’en font pas partie. Au contraire, ils ont un effet plutôt posi­tif sur les troubles de la fonc­tion sexuelle, notam­ment si l’on entend par là la perte de libido. Certains médi­ca­ments peuvent atté­nuer ce problème. Il est essen­tiel d’en parler ouver­te­ment avec votre neuro­logue et votre méde­cin trai­tant ».

Parkin­son Suisse n°130 de juin 2018
Lu par Jean Grave­leau

Les soignants réclament du temps pour s’occuper des malades

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Un sondage, réalisé pour MNH, Le Figaro et France Info, révèle le mécon­ten­te­ment des soignants concer­nant l’or­ga­ni­sa­tion de leur temps de travail. Ils estiment passer trop de temps pour des tâches admi­nis­tra­tives au détri­ment des patients.

A l’hô­pi­tal, les soignants et les méde­cins n’ont plus assez de temps à consa­crer aux malades. Dans une enquête réali­sée par Odoxa, les hospi­ta­liers se plaignent de leurs jour­nées à rallonge et de l’ac­cu­mu­la­tion des tâches admi­nis­tra­tives qui les éloignent des patients et de leurs familles. Les 200 méde­cins inter­ro­gés rapportent passer en moyenne 47 heures par semaine dans leur service : tandis que les 1500 infir­miers et aides-​soignants sondés travaillent envi­ron 39 heures. Des semaines bien remplies qui laissent peu de place à « une rela­tion patient-​soignant satis­fai­sante », regrettent les profes­sion­nels. « Sept infir­miers et aides-​soignants sur dix estiment, en effet, ne pas avoir suffi­sam­ment de temps pour parler aux malades. Les méde­cins sont près d’un sur deux ». Ces résul­tats s’ap­pliquent aussi bien au milieu hospi­ta­lier qu’au monde libéral.
« Ces dernières décen­nies, ce temps a été réduit au profit des tâches admi­nis­tra­tives, des réunions … », commente le Dr Jean Théve­not, président du Programme Aide Soli­da­rité Soignant (PASS), une fédé­ra­tion d’as­so­cia­tions à desti­na­tion des profes­sion­nels de santé en souffrance.

Ce temps médi­cal et d’échange est « pour­tant indis­pen­sable pour l’ef­fi­ca­cité des soins. Quand le temps dédié aux soins commence à manquer, les méde­cins se consacrent moins à l’ex­pli­ca­tion des médi­ca­ments ou d’un acte chirur­gi­cal, ce qui créé de la cris­pa­tion chez le patient et menace sa bonne adhé­sion au trai­te­ment », soulève le Dr Thévenot.

Perte de sens et démotivation
Ce déséqui­libre entre tâches admi­nis­tra­tives et temps de soins explique égale­ment « la démo­ti­va­tion rappor­tée par de nombreux soignants ». Une perte de sens à laquelle s’ajoute un senti­ment d’aban­don. La quasi-​totalité des sondés estime que leur direc­tion n’est pas à l’écoute de leurs problèmes et n’es­saie pas d’agir pour les résoudre. Un malaise profond qui se traduit depuis plusieurs années par d’im­por­tantes mani­fes­ta­tions, de péti­tions et de témoi­gnages dans les médias et les réseaux sociaux.

Or ce surme­nage, mais aussi la démo­ti­va­tion des équipes, ont des consé­quences lourdes en termes de risques psycho­so­ciaux. Epui­sés, les soignants craignent égale­ment de commettre de graves erreurs médi­cales. Une situa­tion de stress extrême qui explique, en partie, la multi­pli­ca­tion des cas de suicide d’in­fir­miers et de méde­cins dans les hôpitaux.

Besoin de person­nel hospitaliers
« Manquer de temps signi­fie aussi manquer de profes­sion­nels. Pendant des années, le nombre de soignants formés a été insuf­fi­sant. Des terri­toires sont main­te­nant confron­tés à une impor­tante pénu­rie », soulève le Dr Théve­not. L’embauche de person­nels est d’ailleurs iden­ti­fiée comme le levier prin­ci­pal par les soignants pour rega­gner du temps de soins.

En février dernier, le Premier ministre Edouard Philippe, a promis qu’il s’at­ta­que­rait au nume­rus clau­sus, qui fixe le nombre d’étu­diants en méde­cine sélec­tion­nés pour passer en deuxième année. Cette réforme devrait s ‘inscrire dans le cadre du plan de « trans­for­ma­tion de l’offre de soins ». Il inté­grera égale­ment « des ques­tions sur le finan­ce­ment des hôpi­taux et leur orga­ni­sa­tion. Le Président, Emma­nuel Macron, s’est engagé à faire des annonces avant l’été »!!!

Article d’Anne-​Laure Lebrun du Figaro Santé
Relevé par F. Vignon

MALTRAITANCE : Alarme sur les dysfonctionnements de notre système de santé

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Selon la Commis­sion natio­nale consul­ta­tive des droits de l’homme (CNCDH), le système de santé fran­çais est devenu maltrai­tant. Du fait d’im­pé­ra­tifs de renta­bi­lité qui sévissent, notam­ment, dans les struc­tures de soins. Les malades, dont ceux en situa­tion de handi­cap, en font les frais.

Des maltrai­tances multi­formes. Voilà ce qu’en­traînent les dérives de notre système de santé. Parmi elles : humi­lia­tions quoti­diennes, indis­po­ni­bi­lité des trai­te­ments, dispo­si­tifs de soins non adap­tés. Mais aussi manque d’écoute et d’orien­ta­tion, non-​respect des droits des patients et refus de soins.

Selon la CNCDH, ces maltrai­tances existent à toutes les étapes du parcours de soins. Et elles frappent d’avan­tage les personnes subis­sant discri­mi­na­tion et préju­gés : « celles en situa­tion de handi­cap ou de préca­rité, âgées ou obèses, LGBT, étran­gères, etc… Patients, aidants et soignants en souffrent ». Voilà ce que pointe la CNCDH dans un avis offi­cia­lisé le 22 mai et inti­tulé « Agir contre les maltrai­tances dans le système de santé. Une néces­sité pour les droits fondamentaux »

Maltrai­tances à l’hô­pi­tal et dans le médico-social
Les causes ? Le manque de moyens et de temps dont disposent les profes­sion­nels de santé. L’ou­bli de la dimen­sion humaine du soin au profit de sa dimen­sion scien­ti­fique, soumise à des impé­ra­tifs d’ef­fi­cience. Et donc peu compa­tible avec une prise en charge humaine et bienveillante.
Une situa­tion qui s’illustre notam­ment dans les hôpi­taux et les établis­se­ments médico-​sociaux, nombreux à fonc­tion­ner sous tension et où se répand « une maltrai­tance insti­tu­tion­nelle ». Des struc­tures de soins souvent inadap­tées pour les personnes handi­ca­pées (inac­ces­si­bi­lité, absence de table d’exa­men adap­tée …) En outre, alors que l’aide d’un proche est vécue majo­ri­tai­re­ment comme une néces­sité, ce soutien essen­tiel des aidants peine à être reconnu. 

Respec­ter le droit des personnes handi­ca­pées d’ac­cé­der aux soins
Afin de « remettre l’hu­main au cœur du soin et garan­tir les droits fonda­men­taux de toutes et tous », la CNCDH formule trente-​deux propo­si­tions. Parmi elles : « Créer des struc­tures spécia­li­sées adap­tées à la prise en charge des personnes handi­ca­pées vieillis­santes, avec un taux d’en­ca­dre­ment supé­rieur à celui des EHPAD. » Ou encore : « Créer une commis­sion pari­taire patients-​soignants en charge de la média­tion et de la sanc­tion des profes­sion­nels de santé impli­qués dans les cas de manque­ment à l’éthique. » Sans oublier la néces­sité de « veillez au maillage terri­to­rial » des lieux de soins acces­sibles aux personnes en situa­tion de handi­cap. Objec­tif : « Faire respec­ter leur droit à l’ac­cès aux soins », soula­ger et accom­pa­gner les aidants. Plus large­ment, la CNCDH exhorte le gouver­ne­ment à mettre en place une « véri­table démo­cra­tie sani­taire », ce qui suppose une réforme en profon­deur de notre système de santé.

Article d’Elise Jeanne relevé dans Faire Face de Juin 2018
Par F. Vignon

Aidants pensez aussi à votre propre santé : dépression, dénutrition, problèmes de soin

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Qui sont-​ils ?
En France, 8,3 millions de personnes aident régu­liè­re­ment un conjoint, un parent, un enfant, un frère ou une sœur en situa­tion de handi­cap ou de perte d’au­to­no­mie à son domi­cile. Parmi elles, 4,3 millions sont aidantes de personnes de plus de 60 ans et 4 millions sont aidantes de personnes de moins de 60 ans, 11% des aidants ont moins de 30 ans, 32% ont entre 30 et 49 ans, 23% ont entre 50 et 59 ans, 24 ont entre 60 et 74 ans et 10% ont 75 ans ou plus. 

La santé des aidants est un vrai problème de santé publique.
Ceux dont la charge est trop lourde ont des soucis de santé sur le plan physique et psychique.

  • Envi­ron 48% des aidants déclarent avoir des problèmes de santé qu’ils n’avaient pas avant d’être aidant ;
  • 61% des répon­dants déclarent avoir des problèmes de sommeil depuis qu’ils sont aidants ;
  • 63,5% déclarent avoir des douleurs physiques ;
  • 50% des aidants ne parlent pas des diffi­cul­tés liées à leur rôle d’ai­dant avec les profes­sion­nels de santé.

La santé des aidants est impac­tée d’abord par le stress : l’an­goisse de ne pas bien faire, le manque de sommeil dû aux besoins de la personne aidée pendant la nuit, qui empêche de dormir. Viennent ensuite la mauvaise alimen­ta­tion et l’iso­le­ment social, détaille Florence Leduc, prési­dente de l’Asso­cia­tion Fran­çaise des AIDANTS.

Les aidants renoncent fréquem­ment à des soins, faisant passer la santé de l’aidé avant la leur. Certaines études ont suggéré une surmor­ta­lité parmi les aidants les plus stres­sés par leurs tâches. 

L’effet protec­teur du rôle d’aidant

Toute­fois des analyses ont pointé un effet protec­teur lorsque la charge est modé­rée. Jean-​François Buyck, méde­cin de santé publique, a nuancé quelque peu ces constats. « Les résul­tats de la cohorte GAZEL indiquent que, lorsque l’ai­dant accom­pagne un proche encore peu dépen­dant, les effets sur sa santé peuvent être posi­tifs. La satis­fac­tion person­nelle d’ap­por­ter de l’aide à un proche en diffi­culté couplée à une augmen­ta­tion modé­rée de l’ac­ti­vité physique et à l’adop­tion d’un mode de vie plus sain sont alors béné­fiques à l’ai­dant. Toute­fois, ces situa­tions restent margi­nales » nuance Jean-​François Buyck. 

Conclu­sion :
La Haute Auto­rité de Santé recom­mande une consul­ta­tion médi­cale annuelle aux aidants de personnes ayant une mala­die d’Alz­hei­mer ou appa­ren­tée pour être atten­tif à leur état psychique et nutri­tion­nel. Elle conseille de s’as­su­rer que les aides mises en place pour son aidé, corres­pondent aussi à ses besoins et préco­nise la propo­si­tion de solu­tions de répit.
L’As­so­cia­tion Fran­çaise des AIDANTS édite un livret « Aidants : et votre santé, si on en parlait ? » Ce livret, télé­char­geable gratui­te­ment, a pour objec­tif de vous permettre, en tant qu’ai­dant, « de faire le point sur votre santé et de trou­ver une ou des réponses, parmi les possi­bi­li­tés exis­tantes qui vous permet­traient de mieux conci­lier votre vie d’ai­dant et votre santé. »

Article relevé dans « Domi­dom » par F. Soize

Nouveau gène impliqué dans le développement de la maladie de Parkinson et de la démence à corps de Lewy

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Disco­very ouvre une nouvelle fenêtre sur les méca­nismes et pour­rait ouvrir la voie à de nouveaux biomarqueurs

Une équipe inter­na­tio­nale diri­gée par le profes­seur Vincenzo Boni­fati, du Dépar­te­ment de géné­tique clinique d’Eras­mus Rotter­dam à Rotter­dam, a décou­vert pour la première fois des variantes d’un gène (appelé LRP10) chez des patients présen­tant des formes fami­liales de la mala­die de Parkin­son, la mala­die de Parkin­son et la démence avec des corps de Lewy. Le papier rappor­tant cette décou­verte sera publié dans The Lancet Neuro­logy cette semaine. « Cette décou­verte ouvre une nouvelle fenêtre sur les méca­nismes molé­cu­laires de ces mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives courantes et pour­rait ouvrir la voie à l’iden­ti­fi­ca­tion de nouveaux biomar­queurs et de nouveaux trai­te­ments modi­fi­ca­teurs de la mala­die », déclare le profes­seur Bonifati.

La mala­die de Parkin­son et la démence sont des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives fréquentes et dévas­ta­trices. Seuls des remèdes symp­to­ma­tiques sont dispo­nibles, mais aucun trai­te­ment cura­tif n’existe. En outre, la préva­lence de ces mala­dies devrait augmen­ter dans les prochaines décen­nies en raison du vieillis­se­ment des popu­la­tions du monde. Ces mala­dies repré­sentent donc un énorme fardeau médi­cal et écono­mique pour la société.

L’équipe de recherche a iden­ti­fié la première variante du gène LRP10 par des études cliniques et géné­tiques dans une famille nombreuse compre­nant plusieurs personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son. Ils ont par la suite détecté d’autres variants de LRP10 asso­ciés à la mala­die chez des patients issus d’une vaste série inter­na­tio­nale multi­cen­trique diag­nos­ti­quant, clini­que­ment ou patho­lo­gi­que­ment, la mala­die de Parkin­son, la démence liée à la mala­die de Parkin­son ou la démence à corps de Lewy.

Ils ont égale­ment effec­tué des études de patho­lo­gie céré­brale chez trois patients, chacun portant des variantes diffé­rentes de LRP10 asso­ciées à la mala­die, montrant une accu­mu­la­tion impor­tante de la protéine alpha­sy­nu­cléine, la carac­té­ris­tique patho­lo­gique de ces maladies.

Enfin, ils ont réalisé des études in vitro utili­sant des modèles cellu­laires neuro­naux obte­nus par des cellules souches pluri­po­tentes humaines, pour analy­ser la protéine codée par le gène LRP10, sa loca­li­sa­tion cellu­laire et l’ef­fet des variants présents chez les patients. On sait très peu de choses sur la fonc­tion normale de LRP10, et le rôle de ce gène dans le déve­lop­pe­ment de la mala­die de Parkin­son et de la démence à corps de Lewy était jusqu’ici inconnu.

L’élu­ci­da­tion de la fonc­tion cellu­laire de la protéine LRP10 et de ses voies de signa­li­sa­tion pour­rait offrir des infor­ma­tions nouvelles et cruciales sur les méca­nismes molé­cu­laires de ces mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives courantes et ouvrir la voie à l’iden­ti­fi­ca­tion de nouveaux biomar­queurs et de nouvelles cibles pour les théra­pies modificatrices.

Cette décou­verte est le résul­tat d’une colla­bo­ra­tion inter­na­tio­nale, menée par le dépar­te­ment de géné­tique clinique Eras­mus MC (chef d’équipe : le profes­seur Vincenzo Boni­fati ; scien­ti­fiques chevron­nés : Dr. Maria Luisa Quadri et Dr. Wim Mande­ma­kers), et impli­quant, entre autres, le dépar­te­ment. de neuro­lo­gie, Eras­mus MC (Dr. Agnita Boon, Dr. Frank Jan de Jong, Prof. John van Swie­ten); le dépar­te­ment d’ana­to­mie et de neuros­ciences du centre médi­cal univer­si­taire VU d’Am­ster­dam (Dr Wilma van de Berg); le Dipar­ti­mento di Scienze Biome­diche et Neuro­Mo­to­rie, Univer­sité de Bologne, Italie (Prof. Pietro Cortelli); le dépar­te­ment de neuro­lo­gie et de psychia­trie de l’uni­ver­sité de Rome (Prof. Giuseppe Meco); l’Unité de service et d’AVC en neuro­lo­gie, Hôpi­tal géné­ral de Brotzu, Cagliari, Italie (Dr. Giovanni Cossu); l’Ins­ti­tuto de Medi­cina Mole­cu­lar, Univer­sité de Lisbonne, Portu­gal (Dr. Joaquim Ferreira); et le dépar­te­ment de neuro­lo­gie, hôpi­tal Chang Gung Memo­rial, Taoyuan, Taiwan (Prof. Chin-​Song Lu). 

Cette recherche a été finan­cée par Stich­ting Parkin­son Fonds, Dorpmans-​Wigmans Stich­ting, Eras­mus Médi­cal Center, programme ZonMw-​Memorabel, Programme commun de recherche sur les mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives (JPND), Parkin­son UK, Avtal om Läka­rut­bild­ning och Forsk­ning et Parkin­son­fon­den (Suède). Fonda­tion Lijf et Leven et octroi trans­fron­ta­lier d’Alz­hei­mer Pays-​Bas-​Ligue euro­péenne contre la mala­die d’Alz­hei­mer (LECMA).

Le profes­seur Vincenzo Boni­fati , neuro­logue et géné­ti­cien, s’in­té­resse depuis long­temps à l’élucidation des bases géné­tiques de la mala­die de Parkin­son et d’autres mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives. Il est l’au­teur de plus de 180 articles de recherche, qui ont été cités plus de 13 000 fois dans la litté­ra­ture scien­ti­fique, et il a un indice H de 58 (source : Scopus). « Eras­mus MC est le plus grand centre médi­cal univer­si­taire des Pays-​Bas. Notre objec­tif prin­ci­pal est une popu­la­tion en bonne santé.

Près de 13 000 employés se consacrent chaque jour à four­nir des soins excep­tion­nels, faci­li­tant une éduca­tion de classe mondiale et effec­tuant des recherches nova­trices. Ces profes­sion­nels contri­buent à déve­lop­per une exper­tise sur la santé et la mala­die. Ils asso­cient les connais­sances scien­ti­fiques les plus récentes à des trai­te­ments pratiques et à des mesures de préven­tion pour offrir un béné­fice maxi­mal aux patients et permettre aux personnes en bonne santé de rester en bonne santé plus long­temps. Etre visi­ble­ment meilleur et montrer la voie dans les domaines des soins complexes, inno­vants et aigus en colla­bo­rant avec d’autres : ce sont des ambi­tions essen­tielles chez Eras­mus MC. »
Commu­ni­qué de presse Eras­mus MC Rotter­dam, 08 juin 2018

Retenu par Martine Delmond

[vu sur le net] PARKINSON : Pouvoir tracker la dopamine dans le cerveau

article trouvé sur le site santé­log

Ces minus­cules capteurs capables ici de suivre la dopa­mine dans le cerveau pendant plus d’un an seront précieux pour surveiller les patients atteints de la mala­die de Parkin­son et d’autres mala­dies neuro­lo­giques. C’est une « inven­tion » d’une équipe du Massa­chu­setts Insti­tute of Tech­no­logy (MIT) et une prouesse, car ces capteurs peuvent rester plusieurs mois en place. Surveiller les niveaux de dopa­mine pour­rait aider les méde­cins à déli­vrer la stimu­la­tion ou le trai­te­ment de manière plus sélec­tive, et unique­ment lorsque cela est nécessaire.

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Maladie de Parkinson : 3 nouvelles pistes

article trouvé sur le site Top Santé

Les médi­ca­ments actuels contre la mala­die de Parkin­son contrôlent les symp­tômes mais leurs effets s’es­tompent avec le temps. Le point sur les recherches en cours avec le Pr Philippe Damier, neuro­logue, au CHU de Nantes et le Dr Erwan Bézard, neuro­bio­lo­giste à l’Ins­ti­tut des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives de Bordeaux.

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Immunothérapie

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Cette année en France, la jour­née mondiale du parkin­son a mis l’accent sur une étude clinique inter­na­tio­nale en cours, l’étude PASADENA, qui teste une immu­no­thé­ra­pie contre la mala­die de Parkin­son. Devant les médias, le profes­seur Damiers, neuro­logue à l’Hôpital univer­si­taire de Nantes et vice-​président du comité spécia­lisé de Parkin­son France, a fait état d’une « approche prometteuse ».

300 personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son encore jeunes, sans trai­te­ment ou très peu médi­ca­men­tées, parti­cipent à l’étude PASADENA dans le monde. Sept d’entre elles sont suivies à l‘Hôpital Univer­si­taire de Nantes. Cette étude phase II rando­mi­sée en double aveugle est contrô­lée contre placebo. 

Son objec­tif consiste à ralen­tir, voire dans l’idéal de stop­per l’évolution de la mala­die de Parkin­son le plus tôt possible afin d’éliminer les accu­mu­la­tions de protéines toxiques (dépôts d’alphasynucléine) dans certaines régions céré­brales. Le trai­te­ment des personnes testées consiste, pendant 52 semaines, en une injec­tion mensuelle d’anticorps qui se lient aux protéines et signalent au système immu­ni­taire qu’elles sont indé­si­rables. Elles sont alors rendues inoffensives.

Les résul­tats sont atten­dus en 2020. Cette approche suscite un débat animé dans la commu­nauté scientifique. 

Source : Le Pari­sien du 6 avril 2018 : clinicaltrials.gov/c12//show/NCT03100149 ; www.movementdisorders.org/MDS/News.htmimmu­no­the­ra­pies

Lu dans Parkin­son Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Grave­leau

Les effets positifs du Safinamide (Xadago®) sur la psyché

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Depuis trois ans, le médi­ca­ment complé­men­taire Xadago® (safi­na­mide) est dispo­nible [sauf en France ndlr !] pour les parkinsonien(ne)s au stade avancé souf­frant de fluc­tua­tions motrices. Après un trai­te­ment de longue haleine par L‑Dopa, l’effet du précur­seur physio­lo­gique de la dopa­mine peut s’estomper et des compli­ca­tions motrices comme les fluc­tua­tions et les mouve­ments exces­sifs peuvent faire leur appa­ri­tion. Le safi­na­mide agit d’une part comme un inhi­bi­teur de la MAO‑B sur le méta­bo­lisme dopa­mi­ner­gique. D’autre part, à plus fortes doses (100 mg), il exerce un effet sur un autre système neuro­trans­met­teur. Grâce à l’inhibition de la MAO‑B, d’avantage de dopa­mine est mise à dispo­si­tion. La modu­la­tion du gluta­mate réduit, quant à elle, les compli­ca­tions motrices. 

Ce médi­ca­ment complé­men­taire permet de réduire la dose de L‑Dopa. Certes il a des effets secon­daires comme l’insomnie, les cépha­lées ou les chutes de tension, mais le safi­na­mide apporte de nombreux avan­tages. Il améliore et prolonge l’efficacité de la dopa­mine, prolonge les phases ON et réduit les mouve­ments exces­sifs à plus forte doses. 

Une analyse post hoc réalisé sur envi­ron 670 personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son a révélé que le médi­ca­ment complé­men­taire exerce même un effet sur le bien-​être émotion­nel. Pendant six mois, les sujets ont été trai­tés par safi­na­mide en complé­ment de leur trai­te­ment habi­tuel. Par la suite, ils ont présenté des valeurs nette­ment meilleures sur l’échelle de dépres­sion GRID-​Hamilton Dépres­sion Rating Scal et l’échelle d’évaluation de la qualité de vie PDQ-​39 par rapport aux sujets qui ont reçu un placebo. Les bien­faits de ce plus grand bien-​être psycho­lo­gique étaient encore percep­tible deux ans après. 

Sources : Carlo Catta­neo et al. 2017, doi :10.3233/JD-171143 ; Médi­cal Tribune du 11 mars 2018 et du 30 septembre 2017

Lu dans Parkin­son Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Grave­leau

Anosmie

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Les atteintes de l’odorat consti­tuent un symp­tôme précoce fréquent de la mala­die de Parkin­son. Des cher­cheurs viennent d’identifier des diffé­rences entre les bulbes olfac­tifs des personnes en bonne santé et ceux des Parkinsonien(en)s.

De nombreux parkinsonien(ne)s déclarent avoir perdu le sens de l’odorat bien avant de rece­voir le diag­nos­tic. Dans les faits, la part d’unités fonc­tion­nelles, ou glomé­rules, dans le bulbe olfac­tif (région du cerveau à proxi­mité du nez) des personnes atteintes de la mala­die de Parkin­son est infé­rieure de moitié à celles des personnes en bonne santé. C’est ce qu’ont constaté les scien­ti­fiques de l’Unité de Recherche Max-​Planck de Franc­fort en colla­bo­ra­tion avec l’université d’Auckland en Nouvelle-​Zélande. Les cher­cheurs ont examiné les bulbes olfac­tifs de Parkinsonien(ne)s décédé(e)s et les ont compa­rés avec ceux de sujets sains. Ils ont mesuré le volume total occupé par les glomé­rules. La méthode de mesure employée ne permets de dire si les parkinsonien(ne)s ont moins de glomé­rules ou si ces derniers sont plus petits que ceux des personnes en bonne santé.

Le bulbe olfac­tif est affecté dès les premiers stades de la mala­die de Parkin­son. Des corps de Lewy y sont obser­vés avant même d’atteindre la substance noire (et d’avoir des consé­quences sur la motri­cité). Les corps de Lewy sont des amas de protéines mal repliées. Les cher­cheurs ont décou­vert que plus un (e) parkinsonien(ne) présente de corps de Lewy, moins la part de glomé­rules dans les bulbes olfac­tifs est impor­tante. Par ailleurs, la répar­ti­tion des glomé­rules dans les bulbes olfac­tifs des parkinsonien(ne)s est diffé­rente. Seules 44% des glomé­rules se trouvent dans la partie infé­rieure du bulbe olfac­tif, alors que chez les personnes en bonne santé la propor­tion est de 77%. 

Cette dispa­rité étaye la thèse de nombreux cher­cheurs, selon laquelle les métaux lourds ou les produits phyto­sa­ni­taires sont de possibles facteurs de risque dans l’apparition de la mala­die de Parkin­son. En effet, la partie infé­rieure du bulbe olfac­tif se trouve à proxi­mité immé­diate de la muqueuse olfac­tive du nez. D’après le Profes­seur Dr Peter Mombaerts, direc­teur de l’Unité de Recherche Max-​Planck, c’est un signe de l’influence des facteurs envi­ron­ne­men­taux sur la mala­die de Parkinson. 

Source : Société Max-​Planck (25 septembre 2017) ; Bolek Zapiec et al. (3 septembre 2017) https://doi.org/0.1093/brain/awx208

Lu dans Parkin­son Suisse n°130 de juin 2018
Par Jean Grave­leau

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[vu sur le net] Cie Ôchapô. 1 025 € pour lutter contre la maladie de Parkinson

article trouvé sur le site du Télé­gramme

Au début du mois dernier, 130 artistes béné­voles s’étaient succédé, dans un bel élan de soli­da­rité, sur une scène montée devant le manoir de Kera­zan, pour animer une jour­née contre la mala­die de Parkinson.

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Prévoir l’évolution de la maladie

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Des cher­cheurs russes ont mis au point un logi­ciel capable de prévoir avec prati­que­ment 100% d’exactitude l’évolution de la mala­die de Parkin­son chez un patient qui en présente les premiers symptômes.

Des scien­ti­fiques russes ont annoncé avoir réalisé une percée excep­tion­nelle dans le domaine de la méde­cine. Ils affirment avoir créé un logi­ciel inno­vant capable de prévoir l’évo­lu­tion de la mala­die de Parkin­son, mala­die chro­nique et à l’heure actuelle incu­rable, à un stade précoce de son développement.

Il convient de rappe­ler que tout ce qu’il est possible de faire aujourd’­hui pour soula­ger certains patients souf­frant de cette mala­die est seule­ment de limi­ter les trem­ble­ments qui la carac­té­risent. Parkin­son frappe de manière irré­ver­sible le système nerveux et fait progres­si­ve­ment perdre au malade le contrôle de son corps. Les scien­ti­fiques ont rappelé qu’une personne sur 100 âgée de plus de 60 ans pour­rait être une victime de cette maladie.
 
« Cette mala­die peut se déve­lop­per pendant 20 ans, voire plus, et son évolu­tion peut être diffé­rente [d’un patient à un autre, ndlr]. Quelle sera l’évo­lu­tion de la mala­die chez un patient pour qui on envi­sage pour la première fois ce diag­nos­tic ? Notre logi­ciel est capable de la prédire », a confié aux médias russes Marina Karpenko, profes­seur adjoint à l’Uni­ver­sité poly­tech­nique de Saint-​Pétersbourg Pierre-le-Grand.

Lors de l’éla­bo­ra­tion de ce logi­ciel, les spécia­listes ont appli­qué des méthodes d’ana­lyse mathé­ma­tique. Ils ont utilisé pour leurs recherches les données médi­cales de quelques 200 personnes âgées de 40 à 80 ans qui ont été entrées dans ce logiciel.

Le logi­ciel analyse plusieurs facteurs, allant des symp­tômes habi­tuels au degré de troubles de la coor­di­na­tion. Le programme a appris à compa­rer les obser­va­tions médi­cales anciennes aux nouvelles données four­nies par les méde­cins. Cette analyse permet de déter­mi­ner avec une exac­ti­tude à 96 % le stade de la mala­die, ainsi que d’in­di­quer quel trai­te­ment permet­trait d’en dimi­nuer les manifestations.

Les scien­ti­fiques promettent que prochai­ne­ment il sera possible d’ins­tal­ler ce type de logi­ciel sur un ordi­na­teur ou un smartphone.

25.06.2018(mis à jour 23:12 25.06.2018) URL courte 1120
Lu par Martine Delmond

Mise en cause du rôle dévolu généralement à l’alphasynucléine

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

Une étude suisse remet en ques­tion une des causes possibles de la mala­die de Parkin­son. Une protéine soup­çon­née de former des fibrilles tueuses de neurones ne serait pas forcé­ment en cause, selon ces chercheurs. 

Décrite il y a 200 ans par le méde­cin britan­nique James Parkin­son, cette mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive qui touche six millions de personnes dans le monde n’a toujours pas trouvé d’ex­pli­ca­tion claire quant à ses causes, a indi­qué vendredi l’Uni­ver­sité de Bâle dans un communiqué.

On pensait jusqu’ici qu’un des éléments déclen­cheurs pouvait rési­der dans les protéines alpha-​synucléines, qui forment parfois des agré­gats fibreux toxiques se dépo­sant sur les neurones. C’est le cas notam­ment chez certains patients souf­frant d’une forme héré­di­taire de la mala­die et dont le gène codant pour cette protéine est défectueux.

Une expé­rience concluante
L’équipe de Henning Stahl­berg, du Bio Zentrum de l’Uni­ver­sité de Bâle, avec des collègues du Roche Inno­va­tion Centre et de l’EPFZ, a voulu en avoir le cœur net. Elle est parve­nue à géné­rer in vitro une telle fibrille et à la visua­li­ser à l’échelle atomique par Cryo micro­sco­pie électronique.

Son constat : « Notre struc­ture tridi­men­sion­nelle montre une fibrille qu’il est impos­sible de produire avec une protéine mutée de cette manière », indique le Pr Stahl­berg, cité dans le commu­ni­qué. Les muta­tions géné­tiques en ques­tion sont plutôt de nature à empê­cher la forma­tion d’une telle struc­ture fibreuse, selon les chercheurs. 

En résumé, selon ces travaux publiés dans la revue eLife, le gène défec­tueux devrait proté­ger de la mala­die, ce que pour­tant il ne fait pas. Il se pour­rait donc qu’une autre forme de fibrille ou une autre forme de la protéine soit en cause chez ces patients.

Les scien­ti­fiques entendent main­te­nant exami­ner si d’autres types d’agré­gats se forment et éluci­der la fonc­tion exacte de l’al­pha­sy­nu­cléine. Il s’agira égale­ment de déter­mi­ner de quoi meurent les neurones, selon leurs conclusions.

News­let­ter info
Lu par Martine Delmond

Maladie de Parkinson : facteurs environnementaux et prévention

Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°74

La mala­die de Parkin­son, deuxième mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive en termes de fréquence après la mala­die d’Alzheimer, concerne près de 170 000 personnes en France.

Vingt-​cinq mille nouveaux cas sont diag­nos­ti­qués chaque année dans notre pays. Dans la moitié des cas, elle débute avant soixante-​quinze ans ; elle est plus rare mais non excep­tion­nelle avant l’âge de 50 ans[1].

Les causes sont multiples, mais certains facteurs envi­ron­ne­men­taux pour­raient être impli­qués, en parti­cu­lier les agents phyto­sa­ni­taires (herbi­cides, insec­ti­cides, pesti­cides). Des mesures préven­tives collec­tives et indi­vi­duelles peuvent être envisagées.

Qu’est-ce que la mala­die de Parkinson ?
Il s’agit d’une mala­die neuro­dé­gé­né­ra­tive dont le cœur lésion­nel est le système à dopa­mine. La majo­rité des cellules qui synthé­tisent ce neuro­trans­met­teur sont situées dans la partie haute du tronc céré­bral (dans la substance noire ou Locus Niger). Elles envoient des projec­tions axonales dans des struc­tures céré­brales profondes, les noyaux gris centraux (en parti­cu­lier le striatum).

Leur dégé­né­res­cence conduit à un défi­cit en dopa­mine dans ces struc­tures à l’origine de l’essentiel de la symp­to­ma­to­lo­gie. Cette dernière est avant tout motrice avec le clas­sique trem­ble­ment de repos qui n’est toute­fois pas systé­ma­tique, mais surtout des diffi­cul­tés gestuelles liées à l’akinésie, un symp­tôme constant, indis­pen­sable au diag­nos­tic, et une rigi­dité, dite plas­tique qui volon­tiers cède par à‑coup (signe de la roue dentée).

Il existe aussi tout un cortège de mani­fes­ta­tions non motrices, comme la douleur, la fatigue, les troubles du sommeil et des symp­tômes anxio­dé­pres­sifs, moins visibles mais tout aussi inva­li­dants[2].

La « formule » symp­to­ma­to­lo­gique est très variable d’un patient à l’autre et varie en cours d’évolution. Le plus souvent, elle est asymé­trique sur le plan moteur, reflet de l’asymétrie du défi­cit en dopa­mine dans les noyaux gris centraux.

Pour­quoi est-​elle quali­fiée de synucléopathie ?
Au niveau céré­bral, il existe des dépôts anor­maux d’une protéine parti­cu­lière, l’alphasynucléine. La mala­die de Parkin­son et d’autres affec­tions dégé­né­ra­tives plus rares où des dépôts anor­maux de cette protéine sont aussi obser­vés, consti­tue le groupe à présent nommé des synucléopathies.
L’alphasynucléine a un rôle impor­tant au niveau des synapses, la struc­ture de commu­ni­ca­tion entre les cellules nerveuses.

Pour donner suite à une anoma­lie de confor­ma­tion (la séquence d’acides aminés est le plus souvent normale), l’alphasynucléine s’agrège au sein du corps des cellules à dopa­mine et d’autres cellules céré­brales sous forme d’inclusions arron­dies, les corps de Lewy, et au niveau de certaines termi­nai­sons nerveuses, les neurites de Lewy. Ces agré­gats anor­maux pour­raient être à l’origine de dysfonc­tion­ne­ments cellu­laires respon­sables de la dégé­né­res­cence des cellules[3].

Des dépôts anor­maux de cette protéine sont aussi obser­vés en dehors du cerveau en parti­cu­lier dans le système nerveux entérique.

Certains scien­ti­fiques ont émis l’hypothèse d’une possible initia­tion de la mala­die au niveau du système nerveux enté­rique avec l’entrée d’un phéno­mène patho­gène à ce niveau (par exemple sous l’effet d’un toxique ou d’un agent infec­tieux) qui pour­rait ensuite se trans­mettre au cerveau et s’étendre alors de proche en proche, avec un mode de diffu­sion proche de ce qui est observé dans les mala­dies à prions (comme la mala­die de Creutz­feld Jakob)[4]. Cette hypo­thèse reste encore loin d’être prou­vée[5].

Pour­quoi la mala­die se développe-t-elle ?
Ce qui est à présent certain, c’est que cette mala­die n’a pas une cause unique. Dans 10 à 15% des cas, une muta­tion dans un seul gène suffit à entraî­ner la mala­die (forme dite mono­gé­nique). Il peut s’agir d’une héré­dité auto­so­mique domi­nante (la muta­tion délé­tère est présente sur un seul des deux exem­plaires du gène [hété­ro­zy­gote]; elle se trans­met donc de géné­ra­tion en géné­ra­tion avec une proba­bi­lité de trans­mis­sion de 50%; à noter que la péné­trance n’est souvent pas complète et donc des sujets porteurs de la muta­tion délé­tère peuvent ne pas présen­ter de leur vivant de signe mani­feste de maladie.

Les muta­tions les plus fréquentes pour ce type de trans­mis­sion concernent le gène dit LRRK2 (présents dans 30% des formes fami­liales ou spora­diques en Afrique du Nord) et le gène de l’alphasynucléine, la protéine présente sous forme d’agrégats anor­maux dans le cerveau des patients.
Il peut aussi s’agir d’une héré­dité auto­so­mique réces­sive, une muta­tion délé­tère doit être présente sur chacun des deux exem­plaires du gène [homo­zy­gote]; elle ne s’exprime que dans une seule géné­ra­tion, car les sujets atteints ont hérité d’un gène délé­tère de leur mère et d’un gène délé­tère de leur père, mais ces derniers n’ayant qu’un gène délé­tère [hété­ro­zy­gote] n’ont aucune symp­to­ma­to­lo­gie ; de même la mala­die ne se trans­met en géné­ral pas à la géné­ra­tion suivante, car le sujet malade ne trans­met qu’un seul de ces deux gènes porteurs de muta­tion délé­tère. Aujourd’hui plus de vingt muta­tions géné­tiques sont iden­ti­fiées pour être à l’origine de mala­dies de Parkin­son mono­gé­niques[6].

Les progrès tech­no­lo­giques en géné­tique et l’utilisation de consor­tium inter­na­tio­naux qui permettent l’analyse d’échantillons d’ADN de plusieurs dizaines de milliers de patients ont permis d’identifier certaines variantes ou muta­tion de gènes comme prédis­po­sant à la mala­die. Ainsi une muta­tion dans le gène de la gluco­cé­ré­bro­si­dase, connue pour être, lorsqu’elle est présente sur les deux exem­plaires du gène (muta­tion à l’état homo­zy­gote), à l’origine d’une mala­die dysmé­ta­bo­lique rare, la mala­die de Gaucher, est retrou­vée sur un seul de gène (état hété­ro­zy­gote) chez 5% des patients atteints de mala­die de Parkin­son. C’est le facteur de risque géné­tique le plus fréquent dans la mala­die[7].

Quels facteurs envi­ron­ne­men­taux sont asso­ciés à la surve­nue de la maladie ?
Dans quelques cas excep­tion­nels, la mala­die de Parkin­son (ou en tout cas une forme très voisine) a pu être causée par un toxique envi­ron­ne­men­tal bien iden­ti­fié. A la fin des années 70 sur la côte Ouest des États-​Unis a été obser­vée une « mini-​épidémie » de « mala­dies de Parkin­son » chez des sujets jeunes.

Ils avaient pour point commun d’être toxi­co­manes et d’utiliser la même source d’héroïne. Une fabri­ca­tion défec­tueuse de la drogue avait conduit a une produc­tion d’un produit parti­cu­lier, le MPTP, qui s’est depuis révélé être un puis­sant et sélec­tif toxique des cellules à dopa­mine[8]. Le MPTP (1-méthyl-4-phényl-1,2,3,6‑tétrahydroh) est une neuro­toxine qui provoque les symp­tômes perma­nents de la mala­die de Parkin­son en détrui­sant certains neurones dans la substan­tia nigra du cerveau. Il est utilisé pour étudier la mala­die chez le singe.

La majo­rité des cas de mala­dies de Parkin­son est toute­fois, comme c’est le cas pour la plupart des mala­dies, d’origine multi­fac­to­rielle avec une combi­nai­son, variable d’un patient à l’autre, de facteurs de prédis­po­si­tion géné­tique et de facteurs envi­ron­ne­men­taux. Sauf dans le cas parti­cu­lier du MPTP où une claire rela­tion causale entre l’agent toxique et la mala­die a pu être montrée, la plupart des études qui cherchent à analy­ser l’impact de l’environnement sur le déve­lop­pe­ment de la mala­die sont des études qui visent à montrer une asso­cia­tion entre un facteur envi­ron­ne­men­tal donné et la surve­nue de la mala­die. Ces études donnent ainsi des risques de déve­lop­pe­ment de la mala­die en cas d’exposition à un facteur envi­ron­ne­men­tal par rapport à une non-​exposition ou une expo­si­tion moindre à ce facteur environnemental.

Cela fait appa­raître les diffi­cul­tés de ce type d’approche, en parti­cu­lier pour détec­ter les facteurs de risques envi­ron­ne­men­taux qui ne sont en cause que chez un faible nombre de patients ou lorsque l’exposition à l’agent envi­ron­ne­men­tal est cumu­lée sur un grand nombre d’années ou a eu un impact des années avant la surve­nue des premiers symp­tômes. En outre si la respon­sa­bi­lité causale peut être suspec­tée, elle ne peut presque jamais être formel­le­ment démon­trée. Il faudrait pour cela expo­ser de façon rando­mi­sée une partie des indi­vi­dus à un toxique donné (les autres servants de témoins), ce qui est bien sûr impossible.

Plusieurs études épidé­mio­lo­giques ont mis en évidence un risque accru de mala­die de Parkin­son en cas d’exposition à des quan­ti­tés élevées de pesti­cides[9]. Parmi les études sur ce sujet, une étude fran­çaise a par exemple mis en évidence l’impact des doses cumu­lées de pesti­cides chez les agri­cul­teurs sur le risque de déve­lop­pe­ment de la mala­die[10].

Il a pu être par ailleurs montré que certains de ces agents phyto­sa­ni­taires, comme la roté­none®, sont dans certaines condi­tions expé­ri­men­tales toxiques pour les cellules à dopa­mine[11]. La respon­sa­bi­lité des pesti­cides est par consé­quent assez vrai­sem­blable, au moins chez certains patients très expo­sés. La mala­die de Parkin­son peut d’ailleurs être recon­nue en mala­die profes­sion­nelle si la preuve d’exposition à des quan­ti­tés impor­tantes d’agents phyto­sa­ni­taires est faite.

Des études épidé­mio­lo­giques ont suggéré qu’une consom­ma­tion impor­tante de produits laitiers augmen­tait le risque de surve­nue de mala­die de Parkin­son[12].
Diffé­rents méca­nismes ont été propo­sés. Une concen­tra­tion de produits phyto­sa­ni­taires à partir de l’alimentation des animaux est assez peu probable. Les pâtu­rages ne néces­sitent pas de trai­te­ment parti­cu­lier. Les concen­tra­tions en toxiques dans le lait sont en outre étroi­te­ment surveillées. L’autre hypo­thèse plus commu­né­ment avan­cée est à travers une action possible des produits laitiers sur les taux d’acide urique[13].

Des taux élevés d’acide urique, qui pour mémoire augmentent le risque de goutte et les risques cardio­vas­cu­laires, pour­raient avoir un rôle protec­teur sur les cellules à dopa­mine. Il est en outre retrouvé une moins grande fréquence de mala­die de Parkin­son en cas de taux d’acide urique élevés. Cette hypo­thèse impli­que­rait que les produits laitiers dimi­nuent le taux d’acide urique ce qui reste à démontrer.

Une étude épidé­mio­lo­gique récente sur deux cohortes impor­tantes (plus de 120 000 sujets au total), dans lesquelles était suivie la consom­ma­tion de produits laitiers montre somme toute un niveau de risque modeste. Il est en fait présent pour les fortes consom­ma­tions de produits laitiers allé­gés (plus de 3 portions américaines/​jour soit envi­ron 5 portions fran­çaises) et de « frozen yoghurts ». Aucun lien n’est retrouvé avec les produits laitiers entiers [14].

Il existe enfin une asso­cia­tion entre le déve­lop­pe­ment d’un méla­nome et la surve­nue d’une mala­die de Parkin­son. Les raisons qui sous-​tendent cette asso­cia­tion ne sont pas parfai­te­ment connues.

À l’opposé, certains facteurs envi­ron­ne­men­taux sont asso­ciés à une dimi­nu­tion du risque de maladie.
Celui qui a été retrouvé dans un grand nombre d’études est la consom­ma­tion de tabac.

En d’autres termes, fumer rédui­rait le risque de surve­nue de mala­die ! Et ce même après correc­tion par la surmor­ta­lité provo­quée par le tabac[15]. Diffé­rentes expli­ca­tions ont été propo­sées et restent sujettes à discus­sion. La nico­tine pour­rait avoir un rôle neuro­pro­tec­teur, un rôle qui n’a pas été à l’heure actuelle, confirmé par des études cliniques. D’autres consti­tuants présents dans la fumée, comme le monoxyde de carbone pour­rait jouer un rôle. L’association pour­rait être le fait de facteurs plus indirects.

La dopa­mine joue un rôle impor­tant dans les phéno­mènes addic­tifs. Des carac­té­ris­tiques du système à dopa­mine qui prédis­po­se­raient à l’addiction au tabac pour­raient être ainsi asso­ciées à un moindre risque de déve­lop­pe­ment de la mala­die. Une réduc­tion de risque de mala­die a été aussi obser­vée avec la consom­ma­tion de café et de thé noir, ainsi qu’avec la pratique sportive.

Est-​il possible de préve­nir la maladie ?
Le rôle possible des agents phyto­sa­ni­taires justi­fie de limi­ter leur expo­si­tion. Pour les profes­sion­nels comme pour les parti­cu­liers, préfé­rer des méthodes natu­relles et limi­ter l’usage au mini­mum indis­pen­sable sans oublier le port de protec­tion (gants, lunettes, masque) sont des mesures de bon sens.

En l’absence de connais­sances plus précises sur les méca­nismes de la mala­die, il n’y a pas d’autres mesures préven­tives spéci­fiques à envi­sa­ger actuel­le­ment. La symp­to­ma­to­lo­gie parkin­so­nienne ne se déve­loppe que lorsque le manque de dopa­mine céré­brale est consé­quent (plus de 70%). Le cerveau possède donc de fortes capa­ci­tés de compen­sa­tion qui lui permettent de fonc­tion­ner long­temps norma­le­ment alors qu’il existe un défi­cit marqué en dopamine.

Il est probable que l’activité physique régu­lière (qui est effec­ti­ve­ment asso­ciée à un risque moindre de mala­die comme vu ci-​dessus), la stimu­la­tion cogni­tive et le main­tien du lien social soient des éléments de renfor­ce­ment de ces capa­ci­tés de compen­sa­tion, comme cela a été montré dans la mala­die d’Alzheimer avec la notion de réserve cogni­tive. Le contrôle des facteurs de risque cardio­vas­cu­laire pour éviter les lésions céré­brales vascu­laires parti­cipe au main­tien de cette « réserve » et de capa­ci­tés de compensation.

Garder un cerveau en bonne forme, par une hygiène de vie appro­priée et une acti­vité physique régu­lière, permet vrai­sem­bla­ble­ment de mieux s’armer contre la surve­nue de la mala­die de Parkin­son et des mala­dies neuro­dé­gé­né­ra­tives en géné­ral et ainsi en retar­der tant le moment de leur expres­sion symp­to­ma­tique que leur évolu­tion vers des compli­ca­tions diffi­ciles à gérer.

Vers de nouvelles pistes thérapeutiques ?
Les trai­te­ments actuels, médi­ca­men­teux et chirur­gi­caux (neuro­sti­mu­la­tion céré­brale), sont symp­to­ma­tiques. Ils visent à corri­ger le défi­cit en dopa­mine céré­brale ou ses consé­quences. Ils sont effi­caces sur la plupart des symp­tômes moteurs de la mala­die, mais peuvent être source d’effets indé­si­rables. Ils ne jouent cepen­dant pas sur l’évolution de la mala­die et en parti­cu­lier sur sa diffu­sion à des systèmes non dopaminergiques.

Une meilleure compré­hen­sion des méca­nismes à l’origine de la mala­die permet­tra d’améliorer les trai­te­ments actuels. L’identification plus précise de facteurs prédic­tifs d’évolution, de réponse au trai­te­ment en termes d’efficacité comme de déve­lop­pe­ment d’effets indé­si­rables permet­tra d’amplifier la person­na­li­sa­tion de l’approche théra­peu­tique dans les années à venir. Le soutien à la recherche est donc déter­mi­nant. Parmi les nouveaux trai­te­ments, l’immunothérapie est une des pistes encou­ra­geantes à moyens termes. Le prin­cipe est de tenter par l’administration d’anticorps mono­clo­naux d’éliminer les dépôts anor­maux d’alphasynucléine dans le cerveau[16].

La théra­pie cellu­laire, même si elle fait souvent les grands titres de la presse est proba­ble­ment encore loin d’être une solu­tion. Diffi­cile en effet de recons­truire par la simple admi­nis­tra­tion de cellules dopa­mi­ner­giques ou de cellules souches un système à dopa­mine qui s’est mis en place sur de nombreux mois par le jeu d’une inter­ac­tion complexe avec de multiples systèmes nerveux et gliaux lors de la vie fœtale et de la petite enfance.

En conclu­sion
Les facteurs à l’origine de la surve­nue d’une mala­die de Parkin­son restent encore incon­nus dans la grande majo­rité des cas. L’identification des muta­tions géné­tiques en cause surtout et de certains facteurs envi­ron­ne­men­taux comme le MPTP a permis de progres­ser dans la compré­hen­sion des méca­nismes à l’origine des lésions des cellules à dopa­mine. Certains de ces méca­nismes sont proba­ble­ment communs à un grand nombre de patients, quelle que soit la cause à l’origine de leur déclen­che­ment. Agir sur ces méca­nismes pour­rait ainsi permettre dans le futur de ralen­tir l’évolution de la maladie.

Pr Philippe Damier
Neuro­logue, CHU Nantes
Président du Comité scien­ti­fique sciences médi­cales, cliniques de France Parkinson

Biblio­gra­phie :
[1] Santé Publique France Bulle­tin épidé­mio­lo­gique hebdo­ma­daire N° 8 – 9, 10 avril 2018. http://invs.santepubliquefrance.fr/beh/2018/8- 9/pdf/2018_8‑9.pdf
[2] Kalia LV, Lang AE. Parkinson’s disease. Lancet 2015 ; 386:896 – 912.
[3] Wong YC, Krainc D. ‑synu­clein toxi­city in neuro­de­ge­ne­ra­tion : mecha­nism and thera­peu­tic stra­te­gies. Nat Med 201 ; 23:1 – 13.
[4] Brun­din P, Melki R. Prying into the Prion Hypo­the­sis for Parkinson’s Disease. Neurosci 2017 ; 37:980818.
[5] Surmeier DJ, Obeso JA, Halli­day GM. Parkinson’s Disease Is Not Simply a Prion Disor­der. J Neurosci. 2017 Oct 11;37(41):9799 – 9807
[6] Pusch­mann A. Mono­ge­nic Parkinson’s disease and parkin­so­nism : clini­cal pheno­types and frequen­cies of known muta­tions. Parkin­so­nism Relate Discord 2013 ; 19:407 – 15.
[7] O’Regan G, de Souza RM, Bales­trino R, Scha­pira AH. Gluco­ce­re­bro­si­dase Muta­tions in Parkin­son disease. J Parkin­son Dis 2017 ; 7:411 – 22.
[8] Snyder SH, D’Amato RJ. MPTP : a neuro­toxin rele­vant to the patho­phy­sio­logy of Parkinson’s disease. The 1985George C. Cotzias lecture. Neuro­logy 1986 ; 36:250 – 8.
[9] Asche­rio A, Schwarz­schild MA. The epide­mio­logy of Parkinson’s disease : risk factors and preven­tion. Lancet Neurol 2016 ; 15:1257 – 72.
[10] Elbaz A, Clavel J, Rathouz PJ, Moisan F, Gala­naud JP, Dele­motte B, Alpé­ro­vitch A, Tzou­rio C. Profes­sio­nal expo­sure to pesti­cides and Parkin­son disease. Ann Neurol 2009 ; 66:494 – 504.
[11] Betar­bet R, Sherer TB, Mac Kenzie G, Garcia-​Osuna M, Panov AV, Gree­na­myre JT. Chro­nic syste­mic pesti­cide expo­sure repro­duces features of Parkinson’s disease. Nat Neurosci 2000 ; 3:1301 – 6.
Trans­mis par Domi­nique Bonne 

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