Association De Parkinsoniens Du Finistere
Publié le 31 juillet 2013 à 08:20Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Lundis de la santé de Brest
Le pôle santé de la ville de Brest nous a invités pour une conférence sur la maladie de Parkinson qui a eu lieu à la faculté de droit de l’université de Bretagne. Les Docteurs François Rouhart et Irina Viakhireva, tous deux Médecins Neurologues au Service Neurologie du C.H.R.U. de la Cavale Blanche à Brest, ont présenté la maladie de Parkinson, puis nous avons passé un diaporama de notre Association. Environ 400 personnes ont assisté à cette soirée. Malheureusement nous n’avons pas eu assez de temps pour pouvoir répondre au public. La conférence est consultable sur le site
www.forumsantebrest.net
ou http://open-lab.com.fr/video/LS2013-04/
AFPA de Quimper et Brest :
Deux équipes de quatre personnes de notre association ont présenté et commenté le diaporama « Les mots pour le dire » devant deux groupes de futures assistantes de vie, en tout 26 personnes ont découvert la maladie de Parkinson à travers les échanges et les témoignages de malades.
Zoumbathon :
Un « Zoumbathon » a été organisé à Landerneau par une professeure de Zoumba (danse sportive à la mode). Cette association a réuni la somme de 600€ qui nous a été remis pour la Recherche sur Parkinson. Merci à tous ces danseurs. Peut- être un Zoumbathon à Lesneven en fin d’année ? En effet nous étudions la possibilité d’organiser cette Zoumba sur la communauté des communes de la côte des légendes. A suivre…
Dates à retenir :
- Le 12 octobre 2013 à 14h00 : Une conférence sera organisée par notre association au juvénat de Châteaulin et animée par le Professeur Pascal Derkinderen et le Chercheur Thomas Clairembaux.
- Septembre 2014 : Assemblée Générale CECAP dans le Finistère, une étude est en cours pour le centre de vacances « Le Renouveau » à Loctudy.
Prenez bien soin de vous !!
Dominique Bonne, Président du GP29
Association Des Parkinsoniens Des Cotes D’Armor
Publié le 25 juillet 2013 à 08:22Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Assemblée Générale : l’assemblée générale s’est tenue le 15 mars 2013 à Pontrieux, 70 personnes y participaient. Le docteur Pasdeloup de l’hôpital de jour de Tréguier est intervenu pour présenter son service ouvert 5 jours par semaine, 40% des patients bénéficiant des ateliers mis en place sont des personnes atteintes de la maladie de parkinson, essentiellement nos adhérents. Lors de cette assemblée il a été procédé à l’élection du conseil d’administration, puis du bureau composé comme suit :
- Présidente : Joëlle Guenanen
- Vice-président : Sylvain Bielle
- Trésorière : Maryvonne Sarrabezolles
- Trésorière-adjointe : Marie Bernadette de Bergevin
- Secrétaire : Georges Leconte
- Secrétaire-adjointe : Jeannine Filbing
- Les autres membres : Michelle Chauffour, Yves Gicquel, Aimé Le Meur, Maïté Schivi.
Journée Parkinson : Le mardi 16 avril, l’hôpital de Tréguier, en accord et avec la participation de notre association, a organisé une journée parkinson :
De nombreux tableaux explicatifs sur la maladie étaient exposés ainsi que les informations sur les ateliers mis en place par l’hôpital de jour pour la rééducation des troubles liés à la maladie de parkinson. Un atelier sur la nutrition a fonctionné le matin et l’après-midi et nous avons pu goûter différentes mousses salées et sucrées, des idées à prendre pour les malades qui souffrent de troubles de la déglutition.
Une conférence animée par Madame Catherine Dagorn, orthophoniste, sur les troubles de la parole, de l’écriture et de la déglutition dans la maladie de parkinson s’est tenue dans l’après-midi. Compte tenu du nombre important de personnes présentes, nous avons dû changer de salle pour pouvoir accueillir tout le monde, la preuve que ceci correspond à une attente. Nous tenons à remercier l’hôpital de Tréguier pour son implication dans la connaissance de la maladie de parkinson .et la prise en charge des personnes atteintes de la maladie de parkinson.
Qi Gong – Pique-nique : Le dimanche 2 Juin, nous organisons à BOURBRIAC Salle des Forges une auberge espagnole (comme les autres fois, chacun apporte un plat, un dessert, une boisson… on met tout en commun). Innovation : à 11h, Gilles Le Picard, sophrologue, nous proposera une séance de » Qi Gong » en plein air, si le temps le permet ; il s’agit d’une gymnastique de santé chinoise de plus en plus pratiquée par les personnes atteintes de la maladie.
Chant védique : Le samedi 8 Juin à Trégueux, Ecole primaire l’oiseau bleu, 29,rue Marcel Rault, Mahita Lajoie, à l’initiative de l’une de nos adhérentes, nous fera découvrir le chant védique, qui améliore la concentration, la confiance en soi, rééduque la respiration, diminue les tensions musculaires.
Groupes de paroles – Ateliers : à la suite d’un appel à projets, concernant les aidants, une convention a été signée, entre la CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie), le Conseil Général de Côtes d’Armor et l’Association des parkinsoniens des Côtes d’Armor. En application de cette convention, avec l’aide du CLIC, (Centre Local d’Information et de Coordination), nous avons mis en place des groupes de paroles et des ateliers animés par des psychologues, psychomotriciens et sophrologues.
Dans le même temps à la demande des malades, nous avons mis en place des ateliers spécifiques, animés par des professionnels de santé. Les ateliers se tiennent pour les aidants et les aidés, dans un même lieu, au même moment, dans deux salles différentes, nous nous retrouvons ensuite pour le goûter, moment d’échange et de convivialité très apprécié. Ces temps d’échange et de paroles, animés par des professionnels qui nous connaissent et connaissent parfaitement la maladie et ses conséquences sur le vécu de chacun, nous apparaissent, maintenant, comme une vraie nécessité.
Hôpital de jour et parkinson : actuellement dans le département des Côtes d’Armor deux établissements prennent en charge à la journée les personnes atteintes de la maladie de parkinson :
- l’Hôpital de jour en soins de suite et de réadaptation « Les Châtelets » 6, rue du bois Joli 22440 Ploufragan tel : 02 96 76 11 46
- l’Hôpital de jour Gériatrique Soins de Suite et de Réadaptation de Tréguier Allée Saint Michel .Tel:02 96 92 10 19
L’objectif est le maintien de l’autonomie, l’amélioration des capacités. Un bilan d’évaluation est effectué sur une journée avec proposition d’un projet thérapeutique individualisé en accord avec le patient. Proposition de 1 à 2 séances par semaine avec 2 ou 3 ateliers par jour, cycle de 3 mois avec réévaluation en fin de cycle et possibilité de proposition d’un 2ème cycle dans l’année. Les ateliers proposés concernent notamment les troubles de l’équilibre, les troubles de la déglutition, les troubles cognitifs. La prise en charge est assurée par plusieurs professionnels : diététicienne, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue, orthophoniste.
Tous nos adhérents qui ont suivi ces stages sont très satisfaits et en redemandent.
Nos projets dans les semaines qui viennent : un nouveau logo, un site internet … Il y a de l’ouvrage !!!! Mais dans l’entente, l’entraide, la bonne humeur, ce sera aussi un plaisir et un enrichissement.
Joëlle Guenanen
Vélo et Parkinson
Publié le 18 juillet 2013 à 09:08Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
La maladie de Parkinson est une maladie neurologique dégénérative, qui affecte le système nerveux central avec un déséquilibre neuromoteur qui évolue irrémédiablement. Mais il serait possible de ralentir, voire même de conserver l’essentiel de son potentiel physique, par des exercices « équilibrés » et parfaitement « symétriques ». Pour se maintenir, le parkinsonien peut être invité à « faire du vélo », aussi bien en plein air qu’en appartement. Afin de l’encourager avant l’effort, nous allons essayer de répondre aux deux questions suivantes :
- Quels sont les bienfaits de la pratique du vélo sur les troubles parkinsoniens ?
- Un parkinsonien est il capable de faire du vélo à l’extérieur en toute sécurité ?
Les bienfaits de la pratique du vélo
Beaucoup d’études ont été menées dans ce domaine, en particulier celles du professeur Jay L. Alberts de la Cleveland Clinic Lerner Research (Ohio USA). Ces études ont été faites en laboratoire, en utilisant des vélos d’appartements spéciaux, les VAE (Vélos à Assistance Electrique). Ces vélos sont équipés d’un moteur électrique qui aide le patient à maintenir un rythme de pédalage de 90 tours par minute, pas foudroyant certes, mais suffisant pour rendre l’exercice efficace. C’est en 2003 que le Dr Alberts, spécialisé dans la recherche biomédicale, a découvert que les patients parkinson pouvaient profiter de cette forme d’exercice forcé.
Par un pur hasard, il prit en stop sur son tandem une amie atteinte de la maladie de Parkinson. Grâce au tandem et à l’aide du Dr Alberts, cette patiente réussit à pédaler et à participer à la promenade. Quelques jours plus tard, le Dr Alberts remarqua une lettre manuscrite que cette patiente avait parfaitement écrite, alors que les parkinsoniens souffrent souvent de micrographie (c’est-à-dire que leur écriture est anormalement petite et en pattes de mouches). « Cette semaine, je n’ai pas senti que j’avais le Parkinson », lui expliqua-t-elle. L’expérience se répéta en 2005 avec un autre ami Parkinsonien, qui parvint parfaitement à retenir ses mains de trembler pendant quatre heures après la promenade à vélo.
Le Dr Alberts a fait une première étude, dont les résultats ont été publiés en 2008 dans le journal scientifique Neurorehabilitation and Neural Repair. L’étude a montré que les malades de Parkinson ayant pratiqué des exercices forcés pendant huit semaines, à un niveau supérieur de 30% à celui qu’ils étaient capables de pratiquer, ont ressenti une amélioration de 35% de leurs tremblements, de leurs difficultés à marcher et des autres symptômes de la maladie. Cette amélioration s’est par ailleurs maintenue quatre semaines après la fin des exercices forcés. « Il semble que l’activité physique soit un véritable remède », affirme le Dr Alberts, qui étend son expérience à une centaine de volontaires parkinsoniens.
Les patients, selon lui, ont éprouvé une nette amélioration de leurs tremblements et leurs difficultés à la marche ont été diminuées. Les chercheurs se sont appuyés, avant et après les périodes d’exercices, sur l’analyse par IRM de la connectivité fonctionnelle du cerveau. Cette technique permet de visualiser les aires cérébrales actives, et les connexions qui s’établissent entre elles. Principale constatation des auteurs : « une augmentation de la connectivité entre les régions du thalamus et du cortex ». Ces deux zones cérébrales, on le sait, jouent un rôle important dans le contrôle et l’exécution des mouvements. L’exercice physique n’est pas seulement important sur le plan moteur. Il redonne de la motivation aux patients, et joue un rôle capital dans la lutte contre le découragement, l’abattement, voire les manifestations dépressives qui accompagnent souvent la maladie de Parkinson. Voici un exemple d’un exercice de 30 minutes :
- 30s à 30t/mn
- 1mn à 50t/mn
- 2 mn à 70t/mn
- 23 mn à 90 t/mn
- 2 mn à 70t/mn
- 1mn à 50t/mn
- 30s à 30t/mn
Freezing et pratique du vélo
Le freezing de la marche est un symptôme fréquent chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Il impacte sérieusement les activités quotidiennes, car il ne répond pas bien aux traitements disponibles tels que la Lévodopa. Il parait évident à beaucoup qu’un parkinsonien qui est sujet au freezing est incapable de faire du vélo. Et pourtant !
Anke H. Snijders et Bas Bloem chercheurs au Centre médical Nijmegen de l’université Radboud (aux Pays Bas) rapportent, depuis 2 ans, l’étonnante préservation, chez certaines personnes atteintes de Parkinson, de la capacité à faire du vélo. Étonnante, tant on sait que la maladie affecte l’équilibre, les actes moteurs volontaires et la coordination motrice, autant de fonctions nécessaires à la pratique du vélo !
Un premier cas soumis aux deux chercheurs, a été rapporté par Snijders en 2010 dans le New England Journal of Medicine, et illustré par des vidéos.
La première vidéo réalisée à l’hôpital montre en effet le patient tremblant et à peine capable de faire quelques pas avant de perdre l’équilibre dans les couloirs de l’hôpital (http://www.youtube.com/watch?v=aaY3gz5tJSk). Une seconde vidéo le montre à son aise sur un vélo sur le parking de l’hôpital comme si de rien n’était. Mais dès qu’il saute du vélo, les tremblements reprennent et il oublie comment marcher.
Ce patient de 58 ans présente un freezing de la marche important. La marche est quasi impossible chez lui avec nécessité d’aides pour placer un pied devant l’autre et incapacité à effectuer un demi-tour. Après quelques pas, le patient perd l’équilibre et réclame son fauteuil. La première partie de la vidéo montre à quel point la marche est difficile ; mais, beaucoup plus spectaculaire, la seconde partie montre ce même patient capable de rouler à vélo seul, sans aucune perte d’équilibre, maitrisant parfaitement le demi-tour.
Le Professeur Bas Bloem ne s’attendait vraiment pas à faire la découverte suivante : malgré leurs sérieux troubles de la marche, les personnes atteintes de la maladie de Parkinson peuvent faire du vélo ou patiner. Les scientifiques pensent que ce phénomène est lié à la façon dont le cerveau stocke les différentes formes de mémoire. Cette découverte permet aux malades de Parkinson de continuer à faire des activités physiques pour préserver leur santé.
Le Professeur Bas Bloem pensait avoir tout vu après s’être occupé de patients atteints de la maladie de Parkinson pendant des années. Jusqu’à ce qu’il rencontre cet homme de 58 ans, incapable de marcher, mais pouvant faire du vélo ! « Il souffre de freezing de la marche, ce sentiment étrange qu’ont les malades de Parkinson d’avoir les pieds collés au sol », explique le scientifique. Et d’ajouter : « Cet homme m’a raconté qu’il avait récemment fait quelques 50 miles en vélo et qu’il pratiquait ce sport de façon régulière. Je lui ai objecté qu’il savait bien que c’était impossible et qu’il ne pouvait pas faire du vélo en raison de son Parkinson. »
Le Professeur Bloem a interrogé 20 autres patients à un stade avancé de la maladie de Parkinson et tous ont affirmé être capables de faire du vélo. Il semblerait que le programme moteur responsable des mouvements pour faire du vélo soit stocké dans une partie différente du cerveau que celui de la marche. « A moins que, lorsqu’ils font du vélo, les patients parviennent à explorer d’autres parties de leur cerveau qui ne sont pas encore atteintes par la maladie de Parkinson » Le Professeur Bloem suggère que les patients parkinsoniens continuent à faire du sport grâce au vélo. « Nous savons que la sédentarité due à la maladie provoque des problèmes physiques.
Non seulement ils sont privés de relations sociales, mais en plus ils ont des risques cardiovasculaires », explique-t-il.
Du monde entier, des médecins ont écrit au Professeur Bloem pour lui faire part de cas similaires. Une Canadienne affirme que sa mère Parkinsonienne ne peut marcher, mais fait du patin à glace à merveille. Le Professeur Bloem espère que cette découverte pourra être utilisée pour ralentir l’évolution de la maladie de Parkinson grâce à des exercices physiques adaptés.
En attendant le scientifique a entrepris des tests cliniques. Toutes ces études méritent d’être validées par des expériences locales avec un vélo à assistance électrique. En attendant, un programme sur un vélo d’appartement classique avec un rythme de 90 tours/mn soit environ 30 kms permettra de maintenir un tonus musculaire.
En conclusion à ces différentes études :
- Faire du vélo est bénéfique pour le Parkinsonien, surtout s’il est pratiqué sur un vélo à assistance électrique (VAE), selon un programme d’exercice forcé
- Faire du vélo en extérieur parait possible pour un Parkinsonien atteint de freezing de la marche, bien entendu avec prudence.
Rédigé par Maurice Jestin
Transmis par Jean Pierre Lagadec
Parkinson et qualité de vie
Publié le 16 juillet 2013 à 09:35Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Enquête de Bernard Compere
Lorsqu’en 2003, à l’âge de 62 ans, j’ai été diagnostiqué parkinsonien, je dois avouer que ma première réaction ne fut ni positive ni constructive… ni même sans doute très courageuse. Ni lâche d’ailleurs. Non. Seulement inattendue. C’est cela, inattendue. Je n’avais jamais rien connu de semblable. La garce m’avait pris par surprise. Le coup en traître. Le coup en vache. Par derrière. Sans que je m’y attende. Comme un boxeur sonné, j’ai tout d’abord encaissé l’uppercut et mis un genou à terre. C’est-à-dire qu’en fait, sur l’instant, je n’ai pas eu de réaction du tout. La nouvelle était trop énorme, trop inconcevable, pour que je puisse en mesurer rapidement les tenants et les aboutissants. Je ne savais plus qui j’étais, où j’étais, pourquoi j’étais là. Je venais juste de prendre ma retraite. Après plus de 40 années d’une existence difficile et douloureuse. J’avais bien mérité de me reposer un peu. Du moins j’en étais persuadé. Hélas…
Ce n’est qu’au bout de plusieurs mois, reprenant progressivement mes esprits, que le caractère injuste et pour tout dire inacceptable de ma nouvelle situation m’est apparu. Il était hors de question que je me laisse abattre pour quelques milligrammes de dopamine manquant à mon paquetage. Non seulement il fallait que je fasse quelque chose, mais ce quelque chose devait ressembler à un vrai travail, bien prenant, bien pénible, et comble du comble, qu’il fût utile. Je n’ai jamais su fonctionner autrement. Un rapide coup d’œil panoramique sur mes goûts et mes compétences me fit comprendre que le plus simple était encore de capitaliser et de valoriser l’expérience acquise au cours de mes 40 années d’activité professionnelle. Puisque avant j’étais enseignant-chercheur, pourquoi ne pas tout simplement poursuivre dans cette voie qui était, au bout du compte, celle que je connaissais le mieux et qui était susceptible de répondre à mes attentes ? Partant de là, il suffisait peut-être de modifier un peu l’objet habituel de mes recherches et faire de la maladie de Parkinson, non plus mon ennemie, mais ma complice, mon nouveau centre d’intérêt, pour que la catastrophe devienne une sorte de tremplin me permettant de rebondir. C’est ainsi que je fus amené à concevoir l’idée d’une grande enquête nationale pour dresser une sorte d’état des lieux du parkinsonisme en France en 2006. Le présent « petit dossier » constitue une forme d’aboutissement provisoire et très partiel de mon travail. Il représente en quelque sorte le résultat d’une démarche paradoxale.
J’ai souhaité présenter1 dans ce dossier les différentes étapes et les différents états qui ont jalonné mon parcours. En effet, tout le monde n’est peut-être pas familiarisé avec la méthodologie de l’enquête et le traitement des données. En particulier, mon souci a été de faire comprendre par l’exemple comment on passe progressivement d’une information latente, non formulée et non formalisée, à une base de données informatisée permettant d’extraire une quasi infinité de réponses aux questions qui sont posées par les uns et par les autres.
En entreprenant ce travail, je souhaitais clarifier quelques points qui me tenaient à cœur. Mon premier souci était de redonner, ou plus exactement de donner, la parole au patient. Le système de santé que nous connaissons en France est totalement centré sur la maladie. Or soigner, si ce n’est pas toujours guérir, devrait toujours avoir comme objectif et comme préoccupation l’amélioration du malade, c’est-à-dire l’amélioration de sa qualité de vie, et la qualité de vie, loin s’en faut, ne se réduit pas à une dimension strictement médicale. Elle est la résultante de l’interaction entre de multiples facteurs et je pense que le patient est le meilleur expert, et peut-être le seul, en mesure d’apprécier véritablement le niveau de sa qualité de vie. Cette dernière notion relève du concept, c’est-à-dire de la construction intellectuelle. Elle peut éventuellement se mesurer. Elle ne doit pas être confondue avec d’autres notions qui lui sont proches, certes, mais non réductibles : l’état de santé, le bien-être et le bonheur. L’état de santé relève du bilan « biologique » et peut éventuellement s’apprécier de l’extérieur, au travers d’examens quantitatifs2. Le bien-être, quant à lui, serait plutôt sensuel, du niveau de la jouissance, non formulé et non conceptualisé, global ; le bonheur, lui, serait plutôt de l’ordre du métaphysique, voire du philosophique. A la caractéristique plurifactorielle de la qualité de vie devrait logiquement correspondre une approche pluridisciplinaire de la prise en charge, seule capable de saisir le patient dans sa globalité3 et dans ses interactions avec son environnement. La médecine scientifique « doit maintenant faire face à toute une série de maladies dégénératives et chroniques, liées à l’allongement de la durée de la vie, pour lesquelles elle a peu de réponses efficaces ». « […] on soigne des symptômes, des pathologies ou des organes. Les malades veulent être considérés dans leur globalité […] en lien avec leur environnement. » Une révision conceptuelle en profondeur s’impose donc, de toute urgence, à commencer par la redéfinition de la vie et de la mort4, de la qualité de vie, de ce qui est acceptable, négociable, inadmissible, souhaitable, possible, etc…. dans le domaine de la santé. En un mot il s’agit de définir ou redéfinir les contours d’« une médecine où le patient est au centre du débat ». Il se pourrait bien que les résultats obtenus et exposés dans ce dossier trouvent une part de leur explication dans cette problématique de la santé que nos sociétés industrielles « avancées » tentent péniblement de faire surgir, face à l’impuissance où elles se trouvent actuellement de répondre aux attentes de tous les patients potentiels. Toujours plus de technologie, toujours plus de spécialisation, toujours plus cher pour un résultat de plus en plus contestable. Est-il possible de continuer longtemps ainsi ? Est-il possible de se limiter encore longtemps à l’absorption de quelques milligrammes par jour de L. Dopa comme seul traitement de la maladie de Parkinson, alors que tant d’autres dimensions sont en attente d’une prise en charge efficace ? Et les accompagnants… ?!
Pour une information plus complète, je vous invite à consulter mon site : www.parkinsonien.fr
Vous y trouverez l’intégralité de mon travail « Parkinson et qualité de vie » où sont présentés, sous la forme de fascicules thématiques, les résultats de l’enquête menée auprès de vous : malades et accompagnants, et les conclusions provisoires, (mais ô combien instructives !), que j’ai pu échafauder… Les résultats sont parfois surprenants et toujours originaux, tant du point de vue méthodologique que de l’approche du chercheur à « double casquette » : un chercheur malade, un parkinsonien qui cherche… et qui trouve… parfois !
1Ceci n’est valable que pour le premier dossier de la série.
2Taux de glycémie, de cholestérol, etc. Radiographies, scanner, IRM, etc.
3Cf. par exemple « considérer le malade dans sa globalité, corps et esprit » Dr. Thierry JANSSEN, in Science et avenir, N° 720, Février 2007, p. 53.
4« La vie, ce n’est pas les molécules, c’est les liens entre les molécules » Linus PAULING. Linus Carl Pauling est l’une des rares personnalités à avoir reçu deux prix Nobel : le prix Nobel de Chimie en 1954 et celui de la Paix en 1962.
Les thérapies alternatives ou MAC
Publié le 15 juillet 2013 à 20:10Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Par Jean Pierre Lagadec
En Janvier 2013, paraissaient dans le numéro 282 de Valeurs Mutualistes, journal de la MGEN, sous la signature de Claire Rouillon, deux articles très intéressants sur les thérapies alternatives, appelées aussi non conventionnelles.
Dans les pays développés comme la France, les patients se tournent généralement vers des médecines dites conventionnelles. Ces médecines sont basées sur la preuve : les médecins et les personnels de santé doivent posséder des diplômes reconnus par les pouvoirs publics. Les thérapies et les médicaments font l’objet d’essais cliniques, avant d’être prescrits aux patients.
A côté de ces médecines, on trouve des médecines non conventionnelles. Qu’appelle-t-on médecines non conventionnelles ? Selon l’OMS : « ces médecines regroupent des approches, des pratiques, des produits de santé, qui ne sont pas habituellement considérés comme faisant partie de la médecine conventionnelle.
Le terme « médecines non conventionnelles » est donc l’expression retenue par plusieurs institutions, dont le Parlement européen, pour désigner les idées et pratiques visant à rétablir ou préserver la santé qui ne sont pas celles du système dominant à une époque et dans une aire géographique données. Ainsi, sont-elles souvent définies par opposition à la médecine allopathique. On parle aussi de « médecines traditionnelles » à l’OMS, de « médecines complémentaires ou alternatives » dans les pays anglo-saxons, de « médecines douces », « naturelles », « parallèles » ou « holistiques » en France. On trouve aussi la terminologie « Médecines Alternatives et Complémentaires », en abrégé les MAC.
Une multitude de MAC :
Elles sont très nombreuses (certains citent le chiffre de 300 !) et il n’en existe pas de liste exhaustive.
En France, la plus fréquente est de loin l’homéopathie : les Français en sont les premiers consommateurs au monde. Citons également la phytothérapie, l’ostéopathie, l’acupuncture, la naturopathie (prisée en Allemagne et au Portugal), la réflexologie (surtout au Danemark) et le yoga (très répandu en Espagne).
Le NCCAM (National center for complementary and alternative medicine), centre gouvernemental américain, les classe en trois familles : les médecines fondées sur des produits naturels (plantes, minéraux, etc), les thérapies du corps et de l’esprit (méditation, yoga, hypnothérapie, etc) et celles fondées sur la manipulation (ostéopathie, chiropraxie, shiatsu, réflexologie plantaire, etc). Dans cet ensemble, il distingue les systèmes médicaux complets reposant sur un corpus théorique et pratique global (homéopathie, médecine chinoise, médecine ayurvédique, etc).
En réalité, il arrive assez souvent que la frontière ne soit pas nettement marquée. Certaines techniques sont enseignées en faculté de médecine, dispensées par des professionnels de santé reconnus et remboursés, comme l’homéopathie en France.
L’essor des MAC :
Les MAC séduisent de plus en plus les Français. On se fait hypnotiser pour arrêter de fumer ; on court chez l’ostéopathe – 15 millions de consultations par an – pour chasser le mal de dos ; on avale des granules homéopathiques contre le rhume ; on pratique le tai-chi pour garder la forme. En 2007, 39% des Français ont déclaré avoir eu recours aux médecines naturelles au moins une fois dans l’année. Les femmes davantage que les hommes : 47 % contre 31 %.
Citons encore quelques chiffres fournis par le CAS (Centre d’analyse stratégique) :
- 75% des Français admettent avoir eu recours au moins une fois aux médecines non conventionnelles ou complémentaires.
- dans les pays développés, 25% des patients se tournent vers ces pratiques chaque année.
- le taux de recours aux médecines non conventionnelles dépend des pathologies. Il atteint 80% chez les personnes atteintes de cancer.
Pour accompagner cet engouement, les thérapeutes en médecines non conventionnelles pullulent et nombre de médecins classiques s’y sont convertis. Le Conseil national de l’ordre des médecins reconnaît et autorise quatre MAC : l’acupuncture, l’homéopathie, la mésothérapie et l’ostéopathie, qui seraient pratiquées par près de 24 000 médecins, soit un sur quatre.
Pourquoi un tel engouement ?
Confrontés aux effets secondaires des traitements, au manque de temps des soignants ou à l’absence de remèdes efficaces aux maux du quotidien, les usagers des systèmes de santé des pays développés se tournent de façon croissante vers les médecines non conventionnelles.
L’une des principales raisons du succès des MAC, c’est la déshumanisation de la médecine moderne. Le malade est souvent perçu comme un assemblage d’organes, de viscères et de fluides à traiter séparément, sans s’adresser à la tête. À l’hôpital, le malade n’identifie même plus le médecin, qui s’efface derrière des machines intrusives qui ponctionnent, mesurent… En ville, le médecin de famille est une espèce en voie d’extinction. En moyenne, un médecin consacre aujourd’hui seize minutes à son patient. La médecine « scientifique » n’a pas perdu son efficacité, mais son humanité.
C’est donc celle-ci que beaucoup de patients recherchent dans les médecines douces qui se disent holistiques — globales — et s’adressent tant au corps qu’à l’esprit. Les nouveaux outils d’exploration du corps comme l’imagerie médicale et les progrès en biologie ont permis de changer d’échelle, de constater que tout se joue au-delà de l’organe malade. « Tout est lié, le corps, l’esprit, l’environnement. On ne peut plus continuer à dissocier ces éléments si on veut soigner nos patients ».
Les MAC bénéficient également de la suspicion grandissante envers les médicaments et leurs effets secondaires. Selon le dernier sondage IFOP, diminuer la consommation de médicaments est la première motivation des adeptes des médecines naturelles (39%), devant l’efficacité supposée (28%).
Certes, les MAC n’ont pas réponse à tous les maux. Peu d’études cliniques confirment leur efficience, beaucoup ne leur trouvent qu’un effet placebo. La médecine scientifique reste de loin la plus efficace. Comme leur nom l’indique, la plupart des médecines « complémentaires » jouent surtout un rôle d’accompagnement. Beaucoup des MAC ne prétendent d’ailleurs pas guérir mais prévenir les maladies en aidant le corps à conserver et à consolider sa résistance naturelle.
Quelle réponse des pouvoirs publics à cet engouement ?
La réponse à cette question est donnée ci-après dans une note du Centre d’Analyse Stratégique, rédigée par Mathilde Reynaudi :
« L’étanchéité entre soins conventionnels et non conventionnels n’est d’ailleurs pas totale. Ces derniers sont de plus en plus inclus dans les pratiques des professionnels de santé, voire remboursés. Parallèlement, les usagers ont parfois recours à des thérapeutes, ni médecins ni professionnels paramédicaux, exerçant à la limite du soin et du bien-être.
Cet engouement est mal connu en France, bien que l’essor du marché des plantes médicinales et la demande – davantage renseignée – de soins non conventionnels dans les pays voisins laissent à penser que le nombre de Français ayant recours à ces pratiques est considérable. Certains s’en inquiètent, estimant les méthodes non conventionnelles inefficaces ou même dangereuses. D’autres soutiennent au contraire que ces médecines pourraient être utiles dans le champ de la prévention, des maladies chroniques et de la douleur, voire en cas d’échec de la médecine conventionnelle. Ces thérapies pourraient aussi contribuer à une baisse de la consommation médicamenteuse et à une approche plus globale de la santé et du parcours de vie.
Face aux risques et aux potentiels associés à l’augmentation conjointe de l’offre et de la demande en médecines non conventionnelles, une action des pouvoirs publics semble nécessaire. D’une part, il conviendrait de s’assurer de l’innocuité de ces techniques et d’encadrer la pratique et la formation des thérapeutes. D’autre part, il s’agirait d’organiser l’intégration de ces médecines au système de santé, lorsqu’elles peuvent contribuer, en complément des soins conventionnels, à une prise en charge des patients plus complète. »
Les Charlatans
La prudence s’impose encore, car la plupart de ces thérapies ne sont pas réglementées et la formation des thérapeutes reste rudimentaire. Ce qui laisse la voie libre aux incompétents et aux charlatans. A l’instar de la « médecine nouvelle germanique » du guérisseur allemand Ryke Hamer, qui prétend soigner 92% des cancers en détectant le choc émotionnel à l’origine du mal… Bien qu’il ait été condamné et incarcéré à la suite de plusieurs décès de malades, sa méthode continue à faire des adeptes.
Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), prévient : « Autour des grands mouvements sectaires gravitent de petites structures qui proposent à la carte toutes sortes de thérapies alternatives comme la kinésiologie, le reiki ou le décodage biologique ». Si un thérapeute vous demande d’arrêter votre traitement, vous promet un miracle ou augmente sans cesse ses exigences financières, fuyez !
En 2009, le ministère de la Santé et la Miviludes ont créé un groupe d’appui technique chargé de recenser et d’évaluer les « pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ». Mais la tâche est immense. Comment se reconnaître en effet dans le maquis des MAC ?
Parkinson et médecines alternatives
Quel est donc l’intérêt des médecines alternatives pour le traitement de la maladie de Parkinson ? Tout d’abord, il faut bien insister sur le fait que la MP bénéficie de traitements tout à fait conventionnels et cela dans tous les pays développés.
Les professionnels de santé traitants (neurologues, médecins généralistes, etc…), n’exercent qu’après avoir reçu une formation professionnelle certifiée par l’état. Les stratégies et les traitements (médicamenteux, chirurgicaux, etc…) ont fait l’objet d’essais cliniques avant leur prescriptions.
Les médecines alternatives, même reconnues par le corps médical (homéopathie, acupuncture, …), ne peuvent se substituer aux traitements antiparkinsoniens conventionnels. Par contre, elles peuvent être utiles au titre de thérapies complémentaires, pour traiter des troubles qui accompagnent les patients, par exemple les troubles cutanés.
Enfin, pour la grande majorité des 300 MAC, il parait urgent d’attendre des avis autorisés des autorités de santé.
Rédigé par Jean Pierre Lagadec
Bibliographie
Claire Rouillon : Les thérapies alternatives Revue de la MGEN de janvier 2013
Mathilde Reynaudi : Centre d’Analyse Stratégique
Gwendoline Dos Santos : Articles du journal Le Point
Vous et vos médicaments dopaminergiques
Publié le 11 juillet 2013 à 06:55Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Dossier réalisé par : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
Qu’est ce que la maladie de Parkinson ?
La maladie de Parkinson est une maladie dégénérative du système nerveux central atteignant spécifiquement les neurones producteurs de dopamine, substance naturelle intervenant dans le contrôle des mouvements, mais aussi dans celui de la motivation, de l’humeur et des émotions.
Cette maladie se traduit principalement par une rigidité, un tremblement au repos et une lenteur des mouvements.
Quels médicaments existent pour lutter contre la maladie de Parkinson ?
Deux types de médicaments existent pour compenser le déficit en dopamine : la Lévodopa (ou L‑DOPA, transformée en dopamine dans le cerveau) et les agonistes dopaminergiques (imitant les effets de la dopamine et permettant de rétablir la transmission défaillante).
Principalement utilisés dans la maladie de Parkinson pour améliorer la mobilité et atténuer les conséquences de la maladie sur la vie quotidienne, les médicaments dopaminergiques peuvent aussi être utilisés dans le syndrome des jambes sans repos et dans l’hyperprolactinémie (trouble hormonal).
Quels sont ces médicaments dopaminergiques ?
Il s’agit des médicaments suivants, parmi lesquels plusieurs existent sous forme de génériques. Le nom du médicament délivré par votre pharmacien ou prescrit par votre médecin est alors celui de la substance active (noms entre parenthèses dans la liste ci-dessous).
ADARTREL (ropinirole), APOKINON (apomorphine), AROLAC (lisuride), BROMOKIN (bromocriptine), DOPERGINE (lisuride), DOSTINEX (cabergoline), DUODOPA (lévodopa + carbidopa), MODOPAR (lévodopa + bensérazide), NEUPRO (rotigotine), NORPROLAC (quinagolide), PARLODEL (bromocriptine), REQUIP (ropinirole), SIFROL (pramipexole), SINEMET (lévodopa + carbidopa), STALEVO (lévodopa + carbidopa + entacapone), TRIVASTAL (piribédil).
Les agonistes dopaminergiques permettent de retarder l’introduction de la L‑DOPA et donc, en conséquence, les dyskinésies sévères (trouble de la coordination des mouvements) qui peuvent lui être liées. Tant que les agonistes dopaminergiques sont tolérés avec des troubles légers, votre neurologue pourra donc continuer à vous les prescrire.
Comme tous les médicaments, les médicaments dopaminergiques et, en particulier les agonistes dopaminergiques, peuvent provoquer des effets indésirables. Aussi, ce document a pour objectif de vous aider à reconnaître leurs effets et à en parler à votre médecin.
Quels sont les effets indésirables des médicaments dopaminergiques importants à connaître ?
L’identification d’un ou plusieurs des effets présentés ci-après doit vous conduire à consulter votre médecin ou à interroger votre pharmacien.
Pour plus d’information, consultez la notice de votre médicament
- Nausées, vomissements. Votre médicament vous a été prescrit à des doses lentement progressives afin d’éviter ces effets fréquents. Ne prenez pas de vous-même un médicament contre les nausées et les vomissements, car certains peuvent aggraver vos symptômes. Votre médecin vous prescrira, si besoin, un médicament adapté.
- Baisse de tension (pression artérielle), notamment en se relevant. Elles se manifestent par des étourdissements ou des malaises, surtout si vous prenez déjà d’autres médicaments abaissant la pression artérielle.
- Somnolence dans la journée, voire endormissements brusques (non précédés d’une envie de dormir). Soyez très prudent ; si vous ressentez ces effets, il ne faut pas vous mettre dans des situations où la somnolence pourrait vous exposer à des risques graves : conduite d’un véhicule, utilisation d’une machine dangereuse (y compris bricolage/jardinage…). Parlez-en à votre médecin.
- Hallucinations ou perceptions anormales de la réalité, le plus souvent visuelles mais parfois auditives. Elles surviennent, en général, après plusieurs années d’évolution de la maladie.
- Troubles du comportement : addiction au jeu, achats compulsifs, hypersexualité. Ces effets ne touchent qu’une minorité de personnes, mais peuvent avoir des conséquences personnelles, familiales et sociales graves. Vous pouvez vous sentir poussé à agir de façon anormale, contre votre volonté et votre raison. Cela peut se manifester par une tendance à jouer de manière inconsidérée à des jeux d’argent (casino, courses, « cartes à gratter », jeux sur internet…), à faire des achats inutiles, coûteux et répétitifs, à manger de manière compulsive (en particulier des sucreries) ou encore à éprouver une augmentation inhabituelle des désirs sexuels conduisant parfois à des conduites inappropriées. Toute modification de comportement évoquant un effet de ce type doit être signalée rapidement à votre médecin.
Comment repérer des comportements compulsifs ?
Montrez ce document à vos proches et parlez-en, c’est essentiel. Ils peuvent en effet s’apercevoir de signes inhabituels chez vous que vous n’auriez pas remarqués vous-même.
Ces questions peuvent vous aider :
- Avez-vous remarqué, ou votre entourage vous a‑t-il signalé, des comportements répétitifs, inhabituels ou des signes d’hyperactivité ?
- Passez-vous plus de temps que d’habitude à surfer sur internet ?
- Achetez-vous beaucoup de choses dont vous n’avez pas besoin ?
- Commencez-vous à collectionner des objets alors que vous ne le faisiez pas avant ?
- Jouez-vous aux courses ou à des jeux de hasard sans pouvoir vous arrêter ?
- N’êtes-vous plus capable d’estimer les sommes d’argent que vous dépensez chaque semaine ?
- Avez-vous des comportements sexuels inhabituels ?
En pratique, que faire dans le cadre d’une prise en charge par médicaments dopaminergiques ?
Respectez la prescription de votre médecin.
- Ne dépassez pas la dose indiquée, car cela augmenterait le risque d’effets indésirables, en particulier l’apparition ou l’augmentation de mouvements anormaux (dyskinésies).
- Respectez les horaires de prise pour l’équilibre de votre traitement, prenez votre médicament à heure fixe et conformément aux recommandations de votre médecin et/ou de votre pharmacien.
- Soyez particulièrement vigilant en cas de modification de votre traitement (exemple : changement de dose ou ajout d’un nouveau médicament, …).
Soyez attentifs à la survenue d’un comportement inhabituel : Même si vous êtes gêné d’en parler, signalez rapidement et sans honte ces troubles à votre médecin afin de vous protéger, vous et votre entourage.
N’essayez pas d’arrêter ou de modifier le traitement dopaminergique de vous-même. Votre médecin déterminera alors comment l’adapter, ces troubles étant réversibles.
Sachez également que des associations de patients sont à votre écoute et sont susceptibles de vous aider.
A titre indicatif, voici certaines d’entre elles :
France Parkinson : www.franceparkinson.fr
Franche Comté Parkinson : http://fcparkinson.medicalistes.org/
Groupe Parkinson Ile de France : www.parkinson-gpidf.info
Comité d’Entente et de Coordination des Associations de Parkinsoniens (CECAP) : jray@sfr.fr
Fédération française des groupements de parkinsoniens : http://parkinson-ffgp.net/
Bernard Delorme Chef du pôle Information
Tel : 01 55 87 43 44 Fax : 01 55 87 30 20
bernard.delorme@ansm.sante.fr
Direction de la communication et de l’information
Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé
143 – 147, bd Anatole France 93285 Saint-Denis Cedex
www.ansm.sante.fr
Pour en savoir plus, consultez le site www.ansm.fr
Le tube digestif est-il plus perméable chez les parkinsoniens ?
Publié le 08 juillet 2013 à 06:20Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Thomas Clairembault, Pascal Derkinderen, Michel Neunlist
INSERM U913, Neuropathies du système nerveux entérique et pathologies digestives, Nantes
Sous ce titre un peu mystérieux, se cache un projet de recherche qui est actuellement mené par Thomas Clairembault, étudiant en thèse à l’U913 (Neuropathies du système nerveux entérique). Il est désormais bien établi que les patients parkinsoniens ont des lésions dans leur tube digestif en tout point semblables à celles présentes dans le cerveau. Ces lésions, appelées corps de Lewy sont des petits agrégats présents dans les neurones et sont considérées comme la véritable signature de la maladie. Il est important de souligner que ces corps de Lewy sont présents dans les neurones du tube digestif des patients parkinsoniens et qu’ils apparaitraient très précocement au cours de l’évolution de la maladie. Il a même été proposé par Braak, un anatomiste allemand, que le tube digestif serait touché en premier par le processus pathologique, le cerveau ne l’étant que secondairement, après propagation via les connexions qui existent entre cerveau et intestin (on parle désormais de l’hypothèse de Braak). Cette hypothèse intéressante est largement débattue. En faveur de cette hypothèse, nous retiendrons le fait que les signes digestifs, qui seraient liés à l’atteinte des neurones du tube digestif et en particulier la constipation sont très précoces au cours de l’évolution de la maladie et peuvent précéder de nombreuses années la survenue des signes moteurs classiques de la maladie (tremblement, difficulté à effectuer les gestes alternatifs rapides). Toutefois, il existe aussi de nombreux arguments qui vont contre l’hypothèse de Braak et qui ont été avancés et discutés dans la littérature scientifique. Nous retiendrons le fait que l’hypothèse de Braak ne s’appuie que sur quelques cas d’autopsie sélectionnés et qu’il est difficile d’étendre les conclusions à l’ensemble des cas de maladie de Parkinson.
L’organisation des neurones du tube digestif et plus largement du système nerveux entérique (SNE) est tellement proche de celle du cerveau que le SNE est parfois appelé « second cerveau ». Une des caractéristiques de notre cerveau est d’être relativement imperméable aux éléments présents dans la circulation et dans le sang, grâce à une barrière sang-cerveau appelée barrière hémato-encéphalée. Cette barrière est indispensable pour éviter que notre cerveau ne soit en contact avec des pathogènes, des médiateurs de l’inflammation ou autres toxiques. De façon remarquable, le SNE a la même organisation avec un système de barrière, appelé barrière épithéliale intestinale. Cette barrière qui est contrôlée par les neurones du tube digestif permet d’éviter que des pathogènes ou des toxiques passent du tube digestif à la circulation sanguine et joue donc un rôle protecteur. Si l’hypothèse de Braak est vrai et en particulier si le tube digestif est une porte d’entrée vers le cerveau pour des toxiques ou des pathogènes, il est logique d’avancer que la barrière épithéliale intestinale des patients parkinsoniens est plus poreuse que celle de personnes sans maladie neurologique et que l’intestin des parkinsoniens serait donc plus perméable…Une équipe américaine dirigée par Kathleen Shannon et Jeffrey Kordower ont étudié ce sujet au cours d’un travail préliminaire sur 9 patients. Leurs résultats sont discordants suivant les méthodes d’analyse de la perméabilité qui ont été utilisées et ne permettent pas de conclure.
Nous avons donc décidé de lancer au laboratoire un projet de recherche sur la perméabilité digestive des patients parkinsoniens, à plus grande échelle et avec d’autres techniques d’analyse de cette perméabilité. La perméabilité digestive peut être analysée en utilisant de simples biopsies digestives (prélèvements de la taille d’un grain de riz) réalisées en routine au cours d’une courte coloscopie.(figure) Les biopsies sont placées dans une chambre appelée chambre d’Ussing dans laquelle la diffusion d’un produit fluorescent peut être évaluée : plus le produit fluorescent passe à travers la biopsie, plus elle est poreuse, plus la barrière digestive est perméable.(figure). Ce projet appelé PerméaPark inclura 30 patients parkinsoniens et 15 témoins qui n’ont pas de maladie neurologique. Nous ferons des analyses complémentaires en biochimie sur des protéines impliquées dans la perméabilité de la barrière et dans un modèle animal de maladie de Parkinson. Thomas a déjà analysé la perméabilité chez 10 patients parkinsoniens et commence à étudier en biochimie les protéines d’intérêt
Figure : Analyse de la perméabilité d’une biopsie digestive
Ce projet nous semble indispensable et ce pour deux raisons principales. Il nous permettra de trancher la question toujours en suspens de l’existence ou non d’une augmentation de la perméabilité digestive chez le patient parkinsonien. Ceci sera un élément important en faveur ou en défaveur de l’origine digestive de la maladie. De plus, s’il s’avère que des modifications de la perméabilité digestive sont présentes chez les parkinsoniens, cette technique pourrait être utilisée pour diagnostiquer la maladie du vivant du patient sur une simple biopsie.
Nous profitons de cette mise au point dans le Parkinsonien Indépendant pour remercier l’ADPLA et CECAP, qui financent nos travaux et la thèse de Thomas Clairembault.
Professeur Pascal Derkinderen
Stimulation du noyau sous thalamique et usage compulsif de médication dopaminergique dans la maladie de Parkinson
Publié le 06 juillet 2013 à 21:09Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Résumé de l’article paru dans Neurol Neurosurg Psychiatrie du 27/02/2013
Par une équipe marseillaise : Alexandre Eusebio, Tatiana Widjas, Julien Cohen, Frédérique Fluchère, Elisabeth Jouve, Jean Régis, Jean-Philippe Azulay
Point de la situation
Les troubles du comportement associés à un usage compulsif de médicaments dopaminergiques pour la MP, tels que le syndrome de dysrégulation dopaminergique (DDS) et les troubles des habitudes et des impulsions (ICD) peuvent avoir des conséquences dévastatrices et doivent être traités.
Que de tels patients doivent ou non subir une stimulation profonde du cerveau (DBS) au noyau sous thalamique (STN) est un sujet de controverse.
Quelques rapports, et quelques essais ont signalé des effets contrastés des STN DBS, sur le mauvais usage de la dopamine et les ICD, alors qu’une étude prospective récente a trouvé clairement des effets bénéfiques des STN DBS sur ces troubles.
Méthodes
Nous avons conduit une étude d’observation sur 110 patients Parkinsonien, programmés pour une chirurgie STN DBS. Les patients ont été évalués préalablement, selon des évaluations complètes comportementales et psychiatriques et divisés en deux groupes : avec ou sans usage de médication dopaminergique compulsive. Les évaluations ont été répétées un an après la chirurgie pour les 2 groupes.
Résultats
Avant la chirurgie, 18 patients (16,3%) étaient des usagers compulsifs de dopamine, dont 12 (10,9%) répondaient aux critères de DDS. 90% de ces patients avaient au moins un ICD, comparé aux 20% du groupe sans usage compulsif de dopamine. Un an après la chirurgie, un des patients avait conservé l’usage compulsif de la dopamine, alors qu’aucun nouveau cas n’avait été observé dans le groupe sans cas compulsif avant la chirurgie.
La stimulation STN DBS n’a provoqué aucune complication psychiatrique majeure et les ICD ont été réduits chez tous les patients.
Conclusions
Nos résultats suggèrent que la STN DBS peut réduire l’usage compulsif d’une médication dopaminergique et ses conséquences comportementales. Que cette amélioration soit le résultat d’une STN DBS ou la conséquence d’une meilleure gestion du traitement, cela reste à établir.
Document traduit par Jean Pierre Lagadec
INSERM U791,Laboratoire d’Ingénierie Ostéo-Articulaire et Dentaire (LIOAD,Groupe STEP « Skeletal tissue engineering and physiopathology »,UFR d’Odontologie,Univ.Nantes,CHU HOTEL DIEU,44042 Nantes France
http://lioad.nantes.inserm.fr/index.php/fr/
Éditorial
Publié le 05 juillet 2013 à 16:49Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°53
Ce mois-ci nous ouvrons nos colonnes aux chercheurs que CECAP-Recherche finance : ainsi la stimulation du noyau sousthalamique permettrait de réduire la dépendance au traitement dopaminergique ; c’est l’objet du dossier de La Timone à Marseille où une équipe se propose de le démontrer. Quant à l’INSERM U913 de Nantes, sous l’égide du professeur Derkinderen, il s’intéresse plus spécifiquement au tube digestif.
Nous avons voulu aussi ouvrir notre regard sur les médicaments que nous utilisons tous. C’est, tout d’abord, la fiche de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des Produits de Santé (ANSMPS) qui résume les points essentiels à retenir de la pharmacopée dopaminergique. Puis, une question à propos des génériques : sont-ils vraiment fiables ? Et enfin, un article de J P Lagadec sur les thérapies alternatives et ce que l’on peut en penser.
Bernard Compère nous fait état de son impressionnante recherche sur la qualité de vie des malades atteint de la maladie de Parkinson à partir des questionnaires remplis par les malades et leur conjoint. Il a fait un travail de chercheur très précis qui mériterait d’être largement diffusé : n’hésitons pas visiter son site et transmettre l’information autour de nous.
Autre démarche sur le mieux-être des malades : le vélo assisté électriquement ! En effet, un chercheur a constaté les bienfaits de la pratique de cet instrument sur la posture et la marche de certains de ses patients. Ils retrouvent des réflexes et une attitude positive ; d’où la démonstration de l’intérêt évident de l’exercice physique pour ralentir les méfaits de la maladie.
Nous ne le dirons jamais assez : bougez et exercez vous dans quelque pratique physique que ce soit (yoga, qi gong, vélo, gymnastique adaptée…) et même tout simplement la marche à votre rythme, vous en tirerez profit immédiatement ! Notre corps a plus besoin que la plupart de nos concitoyens, de se renforcer et de se défendre des contraintes de la maladie. C’est le gage de conditions de vie résistantes aux troubles de notre corps !
J’en suis d’autant plus convaincu que l’on m’avait « prédit », comme à tout le monde, une lune de miel de quelques années (huit ans maximum !).
C’était, il y a maintenant 19 ans. Or, à ce jour, j’ai bien quelques désagréments temporaires surtout en fin d’après midi. Mais si je ne parle pas de la maladie à mes interlocuteurs, ils ne détectent aucun symptôme, si ce n’est mon utilisation régulière d’une petite boîte de pilules ! Les pratiques de la marche, de l’escalade, de la kiné adaptée, du yoga et aussi du clavier de l’ordinateur (d’où je vous écris !), tout cela concoure à retarder le handicap définitif.
Mais peut-être dira-t-on que j’ai une forme bénigne de la maladie ? Je ne le crois pas : j’en veux pour preuve mon très grand mal-être lorsque je suis obligé d’interrompre mes pratiques sportives : c’est tout à coup les tremblements irrésistibles, les doigts de pieds en « griffes » ou les blocages qui attaquent immédiatement…
Je ne me considère pas comme un modèle : je dis tout simplement ma pratique de Parkinson avec 19 ans d’expériences et l’âge qui joue aussi quelques tours ! J’ai d’ailleurs apprécié le thème de la journée Parkinson de La Timone à Marseille : l’activité physique et la maladie de Parkinson ; de la nécessité de l’exercice physique pour résister aux méfaits de la maladie. Ce n’est pas en restant dans son fauteuil que l’on a quelques chances de vivre longtemps autonome bien au contraire. Ce sera la morale de cette histoire :
Luttons, bougeons nous pour être des « Parkinsoniens Indépendants »…
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
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