Deux traductions d’articles scientifiques
Publié le 09 janvier 2007 à 16:06Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°27 – décembre 2006
Benoît MELCHIOR, notre correspondant aux USA, nous adresse deux traductions d’articles scientifiques
Un essai clinique de thérapie génique réussi avec succès est annoncé par la société Neurologix !
L’essai clinique, qui s’est déroulé sur une période d’un an, a démontré toutes les garanties de fiabilité pour le patient et s’est montré statistiquement significatif tant sur l’amélioration des fonctions motrices que sur le métabolisme cérébral.
Neurologix Inc., une société de biotechnologie engagée dans le développement des désordres du système nerveux central, a annoncée le 17 octobre 2006 qu’elle avait aboutit avec succès à la première phase d’un essai clinique de thérapie génique dans la maladie de Parkinson. Les données ont été présentées au 36ème meeting annuel de la Société des Neurosciences qui s’est déroulé en Octobre dernier à Atlanta.
Les résultats :
Dans sa présentation intitulée : « Subthalamic GAD gene transfer improves brain metabolism associated with clinical recovery in Parkinson’s Disease », le Docteur Matthew J. DURING a présenté les conclusions de son étude qui confirment la bonne tolérance de cette technique de thérapie génique chez 12 patients parkinsoniens traités aux Etats-Unis.
Bien que l’efficacité du traitement n’était initialement que secondaire, l’essai a aussi prouvé une efficacité clinique et des résultats très significatifs sur le plan de l’imagerie cérébrale.
Après un an, les 12 patients ont montrés en moyenne une amélioration clinique de 25%. Neuf patients sur 12 ont montrés une amélioration de 37% ou plus, allant jusqu’ à 65%. « Cet essai clinique de thérapie génique est particulièrement unique et prometteur car le traitement n’a été administré que dans un côté du cerveau » déclare le Dr DURING.
Dans le prochain essai, la compagnie Neurologix projette d’infuser le traitement dans les deux côtés du cerveau.
Les résultats cliniques sont aussi bien corrélés aux changements d’activité métabolique mesure par tomographie à émission de positron (aussi connu sous le nom de PET-scan), qui mesure l’activité métabolique cérébrale après injection d’un analogue très faiblement radioactif du glucose (fluorodeoxyglucose). Les résultats du PET-scan révèlent une amélioration très significative des fonctions métaboliques cérébrales du coté traité à comparer au coté non traité.
A propos de l’étude :
La phase I de l’essai clinique a été effectuée au New-York Presbyterian Hospital par les Drs. Michael G. KAPLITT et DURING, tous deux co-fondateurs de la compagnie Neurologix. Les Drs KAPLITT et DURING ont collaboré dans ce type de recherche depuis plus de 10 ans. Tous les patients ont ensuite été évalués neurologiquement par les Drs Feigin et Eidelberg au North Shore University Hospital, dans l’état de New York.
Toutes les procédures chirurgicales sont effectuées sous anesthésie locale et les 12 patients volontaires sont sortis de l’hôpital dans les 48 heures suivant la procédure, et suivit sur une période de 12 mois.
Le premier bilan de l’étude montre l’innocuité et la bonne tolérance du traitement. Aucun effet nuisible n’étant lié au traitement.
Le procédé de transfert génique utilise un vecteur AAV (adeno-associated virus), un vecteur qui a déjà été utilisé de façon bénigne dans divers essais cliniques. A noter, que ce type de vecteur a aussi récemment démontré son efficacité dans une récente étude sur le transfert de gène dans la rétine réalisée au CHU de Nantes. L’utilisation de ce vecteur a permit de restaurer la vue à des chiens atteints d’une maladie spécifique de l’œil (Gene Therapy, 5 Octobre 2006).
Ce même type de vecteur avait déjà été utilisé avec succès à l’unité INSERM U643 de Nantes par l’équipe du docteur Philippe Brachet sur des rats rendus parkinsoniens. Ce vecteur, transportant un gène pour la survie des neurones, avait montré une certaine efficacité à protéger les neurones dopaminergiques de la substance noire d’une mort cellulaire induite par une toxine, un travail qui avait été soutenu financièrement par la CECAP (Melchior et al., Exp. Neurol., 2003).
Dopamine : Un rôle dans le cortex encore méconnu
La dopamine ne fonctionne pas seulement comme un neurotransmetteur, un messager chimique par lequel un neurone active un autre neurone. Il apparaît que la dopamine aide à la coordination de l’activité de circuits neuronaux bien particuliers.
Dans une étude chez la souris, des chercheurs du Duke University Médical Hospital en Caroline du Nord, ont démontré que le déficit en dopamine dans la maladie de Parkinson pouvait cause la perte du contrôle musculaire et la paralysie à cause d’une désynchronisation de la coordination de l’activité neuronale du cortex.
Ces résultats sont en contraste avec le consensus général qui suggérait que la maladie de Parkinson est causée par une globale inhibition de l’activité cérébrale due au manque de dopamine.
Dans un article publié dans la revue Neuron du 19 Octobre 2006, Rui COSTA et ses collègues suggèrent que leurs résultats peuvent apporter de nouveaux traitements dans le but de restaurer la coordination des circuits neuronaux dopamine-dépendants.
Dans leurs expériences, les chercheurs ont utilisés des souris transgéniques qui sont déficientes pour un transporteur de la dopamine, une protéine qui recycle la dopamine après qu’elle ait été libérée pendant l’activation neuronale. Alors que ces animaux perdent une de leur principale réserve de dopamine, les chercheurs peuvent rapidement réduire la dopamine totale dans le cerveau par l’utilisation d’une drogue qui bloque sa synthèse. Inversement, ils peuvent rapidement rétablir la dopamine par l’administration de L‑dopa et cardidopa.
Pour analyser les effets sur le circuit neuronal de tels changements de concentration en dopamine, les chercheurs utilisent un jeu d’électrodes qui mesurent l’activité cérébrale au travers de groupes de neurones dans les régions cortico-striatales du cerveau qui contrôlent la fonction motrice.
L’activité neuronale a été enregistrée dans 4 conditions différentes :
- chez des animaux au repos dans leur cage.
- chez des animaux placés dans un nouvel environnement, lequel déclenche l’hyperactivité, ou « hyperkinésie », chez de telles souris transgéniques.
- chez des animaux rendus totalement déficients en dopamine, ce qui cause une paralysie musculaire, ou akinésie.
- et au cours de leur rétablissement en dopamine (administration de L‑dopa).
« Contrairement à l’idée reçue qui préconise que les niveaux d’activité corticale ne varient pas pendant les transitions d’un état d’extrême hyperkinésie à un état d’akinésie, nous avons observé de forts et rapides changements de l’ensemble de la coordination neuronale cortico-striatale au cours des hyperkinésies et après une forte réduction de dopamine. Ces variations sont dopamine-dépendantes et sont réversible par l’administration de L‑dopa », écrivent les chercheurs.
Ils concluent que ces résultats peuvent avoir des fortes implications dans le traitement de la maladie de Parkinson par l’utilisation de nouveaux médicaments dédiés au rétablissement de la synchronicite des circuits neuronaux, pas seulement cibles aux ganglions de la base, mais aussi directement à l’ensemble du cortex moteur.
Dr Benoît MELCHIOR
Division of Biomedical Sciences
University of California – Riverside
Contact : benoitm@ucr.edu
Publication de la recherche financée par CECAP
Publié le 09 janvier 2007 à 14:26Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°27 – décembre 2006
La stimulation à haute fréquence du noyau subthalamique et le traitement à la L‑dopa dans un modèle expérimental de la maladie de Parkinson : effets sur le comportement et la transmission glutamatergique au niveau du striatum.
European Journal of Neuroscience, Vol. 24, pp. 1802 – 1814, 2006
Abid OUESLATI
Institut de Biologie de Développement de Marseille-Luminy, équipe IC2N, UMR 6216
CNRS, 31 chemin Joseph Aiguier 13402 Marseille Cedex
20 Novembre 2006
La maladie de Parkinson (MP) est une atteinte neurodégénérative causée par la mort sélective et progressive des neurones de la substance noire pars compacta (SNc) qui produisent de la dopamine. Cette déplétion en dopamine induit l’apparition des symptômes cliniques parkinsoniens, qui consistent essentiellement en : akinésie/bradykinésie (ralentissement à l’initiation et/ou à l’exécution des mouvements), rigidité et tremblement de repos.
La dégénérescence de la SNc entraîne un dysfonctionnement d’un ensemble de structures cérébrales, appelées ganglions de la base, impliquées dans le contrôle du mouvement et dans des fonctions mentales et motivationnelles.
En particulier, deux systèmes des ganglions de la base, utilisant le glutamate comme neuromédiateur, deviennent hyperactifs : les projections du cortex cérébral sur les ganglions de la base (voie corticostriée) et le noyau subthalamique (NST).
Depuis les années 70, l’administration de la L‑dopa, précurseur de la dopamine, est le traitement pharmacologique de référence de la MP. Cependant, à long terme ce traitement pharmacologique perd son efficacité et induit l’apparition d’effets indésirables très invalidants, notamment des mouvements involontaires anormaux ou dyskinésies. Pendant la dernière décennie, un nouveau traitement de la MP a été développé : la stimulation cérébrale profonde. Ce traitement chirurgical consiste à délivrer une stimulation électrique à haute fréquence (SHF) à l’aide d’électrodes implantées au niveau du NST. Malgré son efficacité incontestée, les mécanismes d’action de ce traitement chirurgical et ses interactions avec la dopathérapie restent encore méconnus.
Dans ce contexte, ce travail vise à caractériser les effets cellulaires et moteurs d’un traitement avec la L‑dopa (induisant des dyskinésies sévères) et surtout les conséquences de la SHF du NST, appliquée pendant 5 jours, chez le rat rendu parkinsonien (par lésion unilatérale de la SNc avec la 6‑OHDA (1)). Nous avons réalisé le test comportemental du cylindre (2) afin d’évaluer les akinésies provoquées par la lésion dopaminergique, ainsi que de tests permettant de classifier les dyskinésies induites par la L‑DOPA. Nous avons aussi réalisé des enregistrements électrophysiologiques sur des tranches cortico-striées(3) obtenues de rats parkinsoniens ayant subi le traitement pharmacologique et/ou la SHF.
- Sur le plan moteur, nous avons montré que la SHF du NST améliore progressivement les akinésies induites par la lésion 6‑OHDA, mais incapable de réduire les dyskinésies induites par la L‑DOPA.
- Sur le plan électrophysiologique, nous avons montré que la lésion 6‑OHDA entraîne une hyperactivité glutamatergique de la voie corticostriée et que le traitement avec la L‑dopa non seulement ne réduit pas cette hyperactivité, mais l’exacerbe.
Par contre, la SHF du NST, associée ou non à la L‑dopa, inhibe la transmission corticostriée, vraisemblablement grâce à la fois à une diminution de la libération de glutamate et à une désensibilisation des récepteurs AMPA et NMDA striataux. - Sur la base de ces données, nous montrons que la SHF du NST, chez le rat parkinsonien, réduit l’hyperactivité glutamatergique et améliore les akinésies.
Il est donc possible de conclure que l’hyperactivité glutamatergique, conséquente à la lésion dopaminergique, est associée aux troubles moteurs parkinsoniens. Inversement, l’exacerbation de cette hyperactivité causée par la L‑dopa induisant des dyskinésies ne semble pas être forcément associée à ce type de trouble moteur, car les dyskinésies sont toujours présentes après la SHF du NST. Ces données confirment que la SHF du NST, ainsi que la L‑dopa, induisent de profonds remaniements fonctionnels dans les ganglions de la base et ouvrent des nouvelles perspectives dans l’étude de la MP et de ses approches thérapeutiques.
Notes :
(1) 6‑OHDA = 6‑hydroxydopamine, une toxine induisant, après injection intracérébrale dans la SNc, la mort sélective des neurones dopaminergiques.
(2) Le test du cylindre permet d’évaluer les déficits moteurs (akinésie) induits par la lésion des neurones de la SNc. Ce test consiste à quantifier le nombre d’appuis, par la patte gauche, droite ou les deux, effectuées par le rat dans un cylindre en plexiglas (voir photo).
Par exemple, la lésion de la SNc du côté gauche entraîne une akinésie de la patte droite, qui résulte en une réduction des appuis effectués avec cette patte.
(3) Tranches cortico-striées : coupes frontales du cerveau contenant sur le même plan des neurones du cortex cérébrale faisant connections avec des neurones du striatum. Cette préparation permet d’étudier la transmission synaptique et l’activité électrophysiologiques des neurones striataux et d’évaluer les effets de traitements pouvant affecter les ganglions de la base.
Comment « bien » répondre ou témoigner à propos d’un problème de santé ?
Publié le 07 janvier 2007 à 15:57Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°27 – décembre 2006
Comment « bien » répondre ou témoigner à propos d’un problème de santé ?
- Pour répondre efficacement à une question d’ordre médical aussi bien que pour offrir un témoignage utile et utilisable, quelques RÈGLES DE BASE sont à observer :
- RESTER DANS LE SUJET :
Répondre à une question posée oralement ou écrite demande le temps de bien comprendre le sujet (demander ou relire sinon) et celui de réfléchir pour éviter que les réponses partent dans tous les sens ou faire un total hors sujet. - CONSTRUIRE SA RÉPONSE :
Prendre le temps de construire sa réponse et ne pas se jeter oralement ou sur son mail tout de suite car alors ressortira plus le vécu et l’interprétation des faits que la bonne description elle-même. - BÂTIR UN PLAN DE SON TÉMOIGNAGE
- CONCLURE PAR LES ÉVENTUELS PROBLÈMES OU QUESTIONS A RÉSOUDRE
- RESTER DANS LE SUJET :
- COMMENCEZ PAR ÉCRIRE EN VRAC tout ce qui vous vient à l’esprit
- classez du plus au moins important, intéressant…
- sans jamais rien exclure…souvent c’est le petit détail dans la dernière phrase qui importe finalement le plus
- ni juger ce que vous dites idiot, ou répétitif d’un autre témoignage/LI>
- Pour le PLAN et la RÉDACTION, voici quelques idées-conseils :
- UTILISER UN STYLE FACILE POUR LA COMPRÉHENSION :
- Le vôtre si vous êtes à l’aise
- Sujet-Verbe-Complément sinon
- UTILISER un ORDRE DE DESCRIPTION pour distinguer vos paroles ou vos paragraphes :
- Exemple anatomique : la tête, le cou, les bras, le tronc, etc.…
- Exemple dans le temps : en 2003, l’été dernier, hier…
- Exemple dans les grandeurs : très mal au cou, mal au dos, reste du corps : ok
- SÉPARER FAITS RÉELS ET INTERPRÉTATION PERSONNELLE :
- Faites vos exposés en deux parties, soit l’un après l’autre, soit paragraphe par paragraphe
- Et ainsi séparez les faits (ce que j’ai observé) de votre interprétation (ce que je pense)
- USER et ABUSER DE PRÉCISION DANS LA DESCRIPTION :
- circonstances de découverte, de début : comment, cause déclenchante ou non, antécédents éventuels
- où : lieu où se déroule le sujet, endroit du corps décrit précisément (plutôt dire le genou, la cuisse, le mollet que « dans la jambe »)
- quand : horaire, dans la journée, par rapport à une prise de médicaments, ou par rapport à un moment particulier (en me levant le matin, au passage d’une porte, une heure après le dîner)
- combien de temps : durée et/ou horaires
- aspect : un « genou gonflé » est vague, mieux dire « augmenté de volume, œdème ou non, rouge ou non, chaud ou non, douloureux ou non »
- douleur : la mesurer (sourde, vive, intenable), la localiser (dans le genou, ou partant du genou jusqu’au gros orteil…), la qualifier (piqure, brulure, étau, coup de poignard)
- traitement médicamenteux : horaire de prise et nom médicament (ex : Modopar*), posologie (ex : 125), formulation (ex : LP), nombre de comprimés ou gélules
- autre traitement : type de traitement, durée séance, nombre séances, déroulement d’une séance
- effets d’une thérapeutique : combien de temps après le début du traitement (en heures, jours, nombre de séances), comment (amélioration ou pas, progressive, rapide, immédiate), durée (persiste, s’améliore, diminue)
- RAPPORTER des PAROLES le plus PRÉCISEMENT POSSIBLE et pas des pensées prêtées à autrui
- EN FIN DE TÉMOIGNAGE, poser éventuellement les questions non résolues
- UTILISER UN STYLE FACILE POUR LA COMPRÉHENSION :
- En pratique, voilà ce que cela peut donner :
- Réponse ou témoignage trop rapide, pas « préparé » ne serait-ce que quelques secondes :
« Moi aussi, quand j’habitais Paris, j’avais souvent mal du côté de ma MP mais avec les médicaments, c’est passé un peu, pas totalement mais le neurologue ne doit pas me croire puisqu’il n’a rien changé.
Depuis la dernière visite, je re-bloque en plus et je déprime parfois.
Ce n’est pas drôle ! » - Réponse ou témoignage plus structuré et plus détaillé (et… plus long, bien sûr !):
« Mon épaule droite, du côté de ma MP, était souvent très douloureuse, sans raideur ni augmentation de volume, mais avec une nette gêne lors des mouvements. Cela survenait avant tout après mes comprimés du repas de midi (1 Sinemet* 100 et 1 Comtan*), entre 13 à 15 heures mais disparaissait rapidement et sans besoin de nouvelle prise médicamenteuse ensuite.
Depuis que je prends mes comprimés avant le repas, j’ai été amélioré mais la douleur persiste, cependant moins vive et moins durable.
Le neurologue, consulté le 3 juillet, m’a dit « attendons encore quelques temps, n’augmentons pas trop vite votre traitement ».
Par contre, mon freezing au passage des portes est réapparu en fin de journée (18 – 20h) depuis une semaine et je déprime au même moment.
Mon impression est que le neurologue ne trouve pas cela aussi ennuyeux que moi.
Peut-être devrais-je le recontacter et mieux lui expliquer ? »
- Réponse ou témoignage trop rapide, pas « préparé » ne serait-ce que quelques secondes :
Rédigé par le docteur Anne FROBERT
Nos lecteurs nous communiquent leurs informations
Publié le 06 janvier 2007 à 20:50Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°27 – décembre 2006
Lu dans la Nouvelle République du 20 09 2006
C’est une première. Jamais les tribunaux n’avaient reconnu le caractère professionnel de la maladie de Parkinson. Le 12 mai dernier, le tribunal des Affaires de Sécurité Sociale de Bourges a fait droit à la demande d’un homme d’une cinquantaine d’années qui se battait pour faire admettre que la maladie dont il souffre, est due aux pesticides qu’il a manipulé dans son travail de salarié agricole.
Pourtant le combat de cet homme avait mal débuté. Arrivé dans le Cher sur une exploitation céréalière il a, comme toujours dans son métier, été en contact avec de nombreux produits phytosanitaires et voici quelques années, il a appris qu’il souffrait de cette terrible maladie.
En mai 2003, il a saisi la Mutualité Sociale Agricole pour demander cette reconnaissance. Il a essuyé un refus. Puis il s’adresse au Comité Régional de reconnaissance des maladies professionnelles (C2RMP) à Orléans « qui a refusé en expliquant qu’en l’état actuel des connaissances le lien ne pouvait être établi » explique M° COUDERC ; « nous sommes allés alors devant le tribunal des Affaires de Sécurité Sociale qui le 1er juillet 2005 a rejeté notre demande de reconnaissance. » Cet avis et cette décision ont été contestés.
L’avocat berruyer ne se décourage pas et se plonge dans la littérature médicale. « J’ai trouvé des textes du Ministère de l’environnement faisant état de ses inquiétudes sur ce thème dès 2002 », poursuit Bertrand COUDERC, « puis j’ai lu un rapport de la Direction Générale de la Santé évoquant un facteur de risque de maladie de Parkinson pour les personnes exposées aux pesticides. Mais c’est le travail d’un chercheur, le docteur ELBAZ de l’INSERM qui m’a apporté la preuve de la relation entre maladie et exposition. » L’avocat, avec son client, retourne devant la C2RMP mais à Clermont Ferrand. Il s’appuie notamment sur les travaux du docteur ELBAZ, qui a reçu d’ailleurs le prix Epidaure, et le Comité admet le lien entre le développement de la maladie et l’exposition aux pesticides.
Le 12 mai 2006, M° COUDERC plaide à nouveau devant le tribunal des Affaires Sociales de Sécurité Sociale. Avec succès. Le salarié agricole, grâce à cette décision, va pouvoir obtenir une rente plus conséquente car sa maladie est considérée comme un accident du travail.
La MSA n’a pas fait appel de ce jugement qui, selon toute vraisemblance, devrait faire jurisprudence.
Par J.-F. LEVERT
La Mutualité Sociale Agricole mène une enquête sur les effets des phytosanitaires sur la santé
Le point avec Jean Pierre GRILLET médecin-chef de la santé au travail
Ouest France du 27 11 2006
Question : Le tribunal des Affaires Sociales de Bourges a reconnu la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle dans le cas d’un salarié agricole manipulant des produits phytosanitaires ou pesticides. Quelle est la position de la Mutualité Sociale Agricole ?
C’est le second cas en France. Nous avons déjà eu une affaire similaire dans le Nord en 2004. Le jury, composé d’un professeur de pathologie professionnelle, du médecin inspecteur régional du travail et d’un médecin-conseil de la MSA juge au cas par cas. Dans ces deux affaires, il a admis le lien plausible entre la manipulation des phytosanitaires et le développement de la maladie. Mais il ne faut pas généraliser. L’enquête « Terre » que nous avons menée en partenariat avec l’INSERM, a mis en évidence une multiplication du risque par 1,9 en cas d’exposition pendant plus de quinze ans aux pesticides.
Question : Les facteurs héréditaires jouent-ils un rôle ?
Dans le cadre de cette enquête, nous avons, avec leur accord, soumis à des prises de sang 193 personnes du milieu agricole qui avaient développé la maladie de Parkinson. Ces échantillons ont été comparés à 424 personnes exemples de la maladie.
L’étude met en évidence que la déficience d’un enzyme, qui intervient dans l’élimination des toxiques à l’intérieur du corps, multiplie par 3,84 le risque de développer la maladie. Nous allons poursuivre nos investigations sur des échantillons plus larges avec l’INSERM et l’Institut de Veille Sanitaire dans quatre département ou région : le Limousin, la Charente, la Mayenne et la Gironde.
Question : vous avez lancé une autre enquête, « Agrican », pour mettre en lumière d’éventuels liens entre les activités agricoles et le cancer…
Dans le cadre d’ « Agrican », nous suivrons dans onze départements l’évolution de la santé des professionnels de l’agriculture âgés de plus de 18 ans sur une longue partie de leur vie. Nous avons envoyé 560 000 questionnaires et 115 000 personnes ont accepté de répondre. Nous allons faire une relance pour avoir davantage de volontaires. Nous enregistrerons leur exposition professionnelle aux pesticides tous les ans et nous croiserons leurs fichiers de santé avec ceux des registres de cancer et celui de l’INSERM recensant les causes de décès. Pour les cancers les plus fréquents, prostate et sein, nous aurons, dès 2008 – 2009, s’il existe un « surrisque » lié à l’activité agricole. Pour des cancers plus rares, touchant le cerveau, le sang, les ovaires, nous aurons des données en 2013 – 2015.
Question : La MSA a‑t-elle réussi à faire interdire des substances trop dangereuses pour la santé humaine ?
Nous sommes à l’origine de l’interdiction de l’arsenic, largement utilisé dans le traitement des vignes et dont les effets cancérigènes étaient avérés. La commission des toxiques a émis un avis favorable au retrait de l’arsenic, suivi d’un décret d’interdiction par le Ministère de l’Agriculture. La profession a été gênée, car il n’y a pas de produit de substitution. Mais nous pensons d’abord à la santé des agriculteurs.
Question : Combien y a‑t-il d’intoxications par an avec des produits phytosanitaires ?
Nous avons 200 appels en 2005 au numéro vert (0800 887 887) mis en place dans le cadre de la campagne « Phyt’attitude ». Le nombre d’appels augmente car le numéro est de plus en plus connu. Plus de 10% des intoxications ont donné lieu à des hospitalisations, mais nous n’avons pas constaté de décès. Dans 9 cas sur 10, la pénétration du produit se fait par la peau. Le risque n’est pas toujours le plus fort au moment du traitement. Des accidents arrivent ensuite lors d’intervention sur es plantes. Cela a conduit à la promulgation d’un arrêté le 12 septembre 2006. on doit désormais attendre six heures avant d’intervenir dans un champ traité et huit heures pour pénétrer dans une serre.
Recueilli par Jean-Paul LOUEDOC
Le professeur DAMIER confirme les effets secondaires des agonistes dopaminergiques
Chef du service neurologique du CHU de Nantes, le professeur DAMIER confirme la réalité des effets secondaires des agonistes dopaminergiques. « La reconnaissance du phénomène est assez récente. En 2005, une équipe canadienne a estimé à 17% le nombre de patients traités avec cette famille de médicament et souffrant de troubles du comportement. » Ces troubles poussent les malades à des achats compulsifs, à une hyperactivité sexuelle. Ou à une passion immodérée pour les jeux d’argent qui les entraînent parfois à commettre des vols, des agressions.
La maladie de Parkinson est caractérisée par un déficit en dopamine, une substance chimique qui permet aux cellules nerveuses de transmettre leur message (neurotransmetteur). Classiquement les parkinsoniens sont traités par des administrations de L‑dopa. « Nous prescrivons aussi des agonistes dopaminergiques, notamment aux jeunes patients. Contrairement à la L‑dopa, ils n’engendrent pas de mouvements anormaux. Les agonistes demeurent des médicaments utiles et efficaces. » en cas de troubles comportementaux avérés, la réduction des doses suffit souvent à faire disparaître les effets indésirables. Dans certains cas, il faut totalement renoncer au traitement.
Il semble que ces médicaments puissent aussi stimuler d’autres récepteurs que ceux impliqués dans le contrôle du mouvement. Notamment ceux du plaisir et de l’addiction. « Les médecins doivent clairement évoquer les effets secondaires possibles, suivre attentivement l’évolution du traitement et inviter les patients et leurs proches à exprimer tout changement inattendu de comportement » conseille Philippe DAMIER. Tout récemment l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (AFSSAPS) a émis les mêmes recommandations et imposé aux laboratoires pharmaceutiques d’accompagner leurs médicaments de notices explicites.
« La difficulté, commente le neurologue nantais, c’est que nous touchons ici à la vie intime : les gens éprouvent de la honte à parler de leur pulsions sexuelles ou de leur appétit subit pour les jeux de hasard. Tout repose sur la relation de confiance établie entre le patient et son médecin. »
Recueilli par André FOUQUET
Vous aussi vous pouvez nous transmettre vos lectures
Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr
Graphiques et figures élémentaires pour mieux comprendre le phénomène des blocages et des dyskinésies
Publié le 06 janvier 2007 à 12:28Article paru dans LE PARKINSONIEN INDEPENDANT N°27 – décembre 2006
1. Représentation graphique de la concentration plasmatique
La concentration du médicament dans le sang présente l’allure d’une courbe en cloche : elle croît jusqu’à une valeur maximale (Cmax obtenue après un temps Tmax) puis décroît. La décroissance est exponentielle, la concentration diminue de moitié dans un intervalle de temps caractéristique : la ½ vie (T ½) jusqu’à devenir nulle ou négligeable.
Les temps Tmax et T ½ varient avec les individus, entre des valeurs limites généralement données par le Vidal.
Ordres de grandeurs retenues pour la L‑Dopa (Sinemet ou Modopar) :
T max = 1 h ½
T ½ = 2 h ½
Tous les Parkinsoniens savent que le traitement fait son effet environ 30 minutes après ingestion, ce seuil dit « thérapeutique » correspond en fait à Cmax/2 généralement choisi par le neurologue pour les raisons évoquées ci-après.
2. Fréquence d’administration
Problématique :
- Parvenir rapidement à l’efficacité thérapeutique
- Maintenir une concentration active le plus longtemps possible tout en évitant des pics de concentration excessifs susceptibles d’entraîner des effets secondaires.
Le seuil thérapeutique étant choisi à Cmax/2, il est nécessaire de délivrer la dose suivante avant que la concentration ne redescende au dessous du seuil thérapeutique (une prise toutes les 4 heures : posologie bien connue en début de traitement)
3. Espace thérapeutique et effets de la L‑Dopa
L’effet thérapeutique d’un médicament est généralement en grande partie lié à la valeur des concentrations plasmatiques (dans le sang). On peut observer :
- un seuil « plancher » dit thérapeutique (en dessous duquel aucun effet n’est obtenu)
- un seuil « plafond » dit critique (au delà duquel apparaissent des effets indésirables)
- entre les deux, un intervalle thérapeutique dans lequel les concentrations sont actives et non toxiques. La dose adoptée doit être telle que la concentration maximum soit située dans cet intervalle.
4. Evolution de la fenêtre thérapeutique au fil des années (fig 4)
L’équilibre obtenu avec une dose unitaire adaptée et une fréquence d’administration adéquate n’est pas définitif.
Au fil des années, la fenêtre thérapeutique se referme :
- le seuil thérapeutique augmente (accoutumance au médicament, modification des paramètres pharmacocinétiques de la L‑Dopa par rapport au malade, perte plus importante des neurones dopaminergiques…)
- le seuil critique s’abaisse et les excès de la L‑Dopa, tolérés au début du traitement, génèrent des complications nouvelles :
- fluctuations d’effet : quand la couverture thérapeutique n’est plus assurée, le patient ressent à nouveau les symptômes parkinsoniens, tremblements, akinésies, hypertonie et son confort devient discontinu (malaises en début et fin de dose)
- effets indésirables : les excès de dosage, inutiles mais sans sanctions immédiates en début de traitement par la L‑Dopa, engendrent des complications très pénalisantes (dyskinésies) après quelques années (au voisinage du maximum de concentration plasmatique, au milieu de dose).
5. Chronobiologie
Parmi les variations d’efficacité du traitement, que les malades ressentent, certaines sont périodiques et la médecine a appris à les connaître et à les utiliser. Les principales sont circadiennes, sur la durée du jour, comme l’alternance veille/sommeil, et circannuelles (sur l’année) comme la succession des saisons, plus difficiles à identifier pour la question qui nous intéresse (les centres de gériatrie savent bien que le traitement est plus important l’hiver que l’été).
Exemples de variations d’effet circadiennes
Pour une même dose ingérée, dans cet exemple, la concentration maximum : Cmax, le temps de montée au pic : Tmax et la demi-vie : T ½, varient pratiquement dans le rapport de 1 à 2 ; on imagine les conséquences sur le choix de la posologie !
6. Influence des variations d’effet sur l’efficacité du traitement
Dans l’exemple précédent, imaginons que le seuil thérapeutique se situe à un niveau 3, une prise donnée à 7 heures sera efficace pendant environ 2h 1/4, celle donnée à 15 heures sera efficace pendant environ 2 heures alors que celle donnée à 23 heures n’aura aucune efficacité, d’où la perplexité du malade et de son entourage. Ce qui peut être le cas pour certains d’entre vous !
Encore quelques pas vers l’optimisation ?
Pas évident mais compréhensible, non ? oui ?
Demain : interro écrite…
Ceux qui ont en dessous de la moyenne devront faire de solides révisions avant de passer au stade de l’optimisation.
Conclusions (Tout ça pour ça !)
Sans doute beaucoup d’entre vous seront déçus dans leurs attentes, par cet exposé difficile, qui ne débouche pas sur une solution rapide, valable à très long terme et leur demande une participation exigeante, pas toujours compatible avec leur état de forme.
Pourtant c’est à ce prix que l’on peut arriver à mieux connaître sa maladie et à mieux se soigner en apportant son concours à son médecin.
Diminuer l’inconfort et ralentir la survenue des handicaps c’est aussi ménager l’avenir et garder l’espoir de bénéficier des progrès que la Recherche médicale nous promet.
Pierre Lemay & Emile Rainon
Septembre 2006
Éditorial — tous nos vœux pour cette nouvelle année 2007
Publié le 06 janvier 2007 à 12:19Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°27 – décembre 2006
Nous sacrifions bien volontiers à cette agréable tradition : souhaiter à tout un chacun, malades, accompagnants, amis, médecins, professionnels de la santé, chercheurs…, enfin tous ceux qui nous accompagnent et nous permettent d’espérer vivre plus longtemps dans une vie décente et malgré tout remplie – c’est que nous souhaitons à chacun – d’espérance dans un avenir meilleur !
Vous allez trouver un numéro exceptionnellement « épais » par sa taille mais aussi dense par ses textes ! C’est notre cadeau de début d’année : vous trouverez au centre un « encart » d’une douzaine de pages que vous pourrez détacher et conserver comme le numéro zéro de « Park Aidants », une création de l’association de La Manche.
Nous avons voulu soutenir cette initiative qui veut s’adresser tout particulièrement à nos « accompagnants » qui sont appelés là des « Aidants », initiative qui insiste sur le côté « bénévole-professionnel » de nos conjoints, nos partenaires, qui sont à la « tâche » 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 !
Si les premières pages vous paraîtront ardues et denses dans leur contenu, n’y voyez pas malice de notre part : nous avons tout simplement voulu donner la parole à nos jeunes amis chercheurs que le CECAP soutient dans leurs travaux. C’est notre « cadeau » de début d’année : leur donner une tribune dans un journal qui – nous le savons – est lu par delà nos associations !
Nous avons aussi ouvert – ou plutôt rouvert – nos colonnes à l’ajustement de nos médications. Là aussi, nous avons voulu remercier nos amis Bernard GEFFRAY, Emile RAINON et Pierre LEMAY qui se sont dépensés sans compter pour faire avancer la recherche dans le domaine des incidences des horaires de prise de nos médicaments.
À ce propos, nous venons d’apprendre que le Ministère de la santé, lors d’une réunion de la Haute Autorité de la Santé réunie le 27 novembre dernier, a été avisé de cette recherche. Il est encore trop tôt pour savoir ce qu’il va en résulter. Mais les plus hautes instances nationales en ont donc été informées. Nous espérons vivement que ce travail, commencée dans le début des années 90, trouvent enfin son aboutissement !
Voila en quelques mots ce qui nous a semblé devoir être souligné en ce début d’année qui, nous l’espérons, vous trouvera encore suffisamment « vaillant » et « volontaire » pour affronter l’évolution, actuellement inéluctable, de cette « foutue saloperie » qui nous empoisonne la vie !
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