Ne pas être qu'un "patient" ...

La transplantation neuronale et la maladie de Parkinson : « la traversée du gué »

LE PARKINSONIEN INDEPENDANT
N°24 – mars 2006

La trans­plan­ta­tion neuro­nale et la mala­die de Parkinson : 

« la traver­sée du gué »

C’est sur la base de nombreuses études effec­tuées prin­ci­pa­le­ment chez le rongeur, mais aussi le primate, que la trans­plan­ta­tion de cellules neuro­nales fœtales humaines, issues du mésen­cé­phale ventral, a été entre­prise en clinique chez des patients parkin­so­niens. L’objectif est de restau­rer un apport de dopa­mine dans le noyau caudé/​putamen ‘(stria­tum) en y implan­tant des neurones capables de synthé­ti­ser cette molé­cule.

Plusieurs centres se sont enga­gés dans cette voie pion­nière, mais sans beau­coup de concer­ta­tion. C’est ainsi que les tech­niques de prélè­ve­ment et de trai­te­ment des tissus ont varié au gré des promo­teurs, et malheu­reu­se­ment sans effort de ratio­na­li­sa­tion ni de concer­ta­tion. De même, la stan­dar­di­sa­tion de critères permet­tant de compa­rer les éven­tuels béné­fices d’un centre à l’autre a tardé à émer­ger.

Pour­tant, la plupart des essais ont apporté la preuve que certains patients trans­plan­tés ont connu des béné­fices notoires et durables capa­cité de synthèse et d’incorporation accrue de dopa­mine au niveau du stria­tum, et amélio­ra­tion conjointe des défi­cits moteurs, permet­tant une baisse de la prise de L‑DOPA. Cette voie théra­peu­tique est malheu­reu­se­ment diffi­cile à mettre en œuvre. Les cellules doivent être obte­nues à partir de fœtus humains, donc à partir d’ »IVG. Leur collecte néces­site évidem­ment des précau­tions en matière d’éthique, mais aussi clinique, car de telles opéra­tions néces­sitent des soins parti­cu­liers de la donneuse, pour ne pas endom­ma­ger l’ébauche du cerveau du fœtus. En outre, il faut plusieurs embryons, et donc autant de donneuses, pour la trans­plan­ta­tion d’un seul hémi­sphère céré­bral, alors que la trans­plan­ta­tion bila­té­rale est consi­dé­rée comme plus effi­cace. Se posent donc de diffi­ciles problèmes de conser­va­tion des tissus .

Le cerveau est un organe aux proprié­tés immu­no­lo­giques parti­cu­lières, qui lui permettent de tolé­rer des neurones issus d’un donneur de la même espèce (allo­trans­plan­ta­tion). Pour­tant là encore, il a été réalisé qu’il exis­tait des limites mal connues à cette tolé­rance, qui font que des rejets de gref­fons sont néan­moins possibles, et peuvent expli­quer certains échecs. Des études cliniques récentes, réali­sées en « double aveugle », ont conclu que la trans­plan­ta­tion de neurones fœtaux humains n’apportaient aucun béné­fice et même pire, pouvaient occa­sion­ner l’émergence de dyski­né­sies.

A l’inverse, des autop­sies réali­sées sur des patients décé­dés de causes diverses ont montré que la trans­plan­ta­tion pouvait régé­né­rer une inner­va­tion dopa­mi­ner­gique signi­fi­ca­tive et stable du stria­tum, elle-​même asso­ciée à des béné­fices cliniques aussi stables dans le temps.

De telles contra­dic­tions s’expliquent par la variété des tech­niques de prépa­ra­tion des trans­plants. Certains centres ont utilisé des pièces entières de tissu mésen­cé­pha­lique intact, alors que d’autres trans­plan­taient des cellules préa­la­ble­ment disso­ciées, et ce avec des trai­te­ments divers desti­nés à limi­ter leur mort durant les étapes pré-​opératoires.. Enfin, les trai­te­ments post-​opératoires ont égale­ment varié, en parti­cu­lier en matière d’immunosuppression. Celle-​ci paraît très utile, alors que comme nous l’avons vu, le statut immu­no­lo­gique du cerveau lais­sait croire que toute allo­trans­plan­ta­tion serait bien accep­tée sans besoin d’immunosuppression.

Il faut donc conclure que la tech­no­lo­gie de trans­plan­ta­tion demeure encore trop lourde, et que pour la rendre parfai­te­ment fiable, il faut reprendre les recherches fonda­men­tales pour en cerner les aléas et défi­nir les proto­coles d’application les plus effi­caces.

Dans ce contexte, il est devenu évident qu’un tout état de cause, il serait impos­sible de dispo­ser de suffi­sam­ment de neurones fœtaux humains pour soigner de nombreux patients, et qu’il fallait abso­lu­ment se diri­ger vers d’autres sources.

C’est dans ce contexte que des recherches en xéno­trans­plan­ta­tion ont été entreprises.

Diverses études, essen­tiel­le­ment effec­tuées aux Etats-​Unis, ont montré que les neurones fœtaux porcins consti­tuaient une alter­na­tive aux neurones humains. Après trans­plan­ta­tion dans le stria­tum d’un rece­veur d’une autre espèce (rat, singe), ils montrent une capa­cité de réin­ner­va­tion impor­tante et restaurent des troubles moteurs provo­qués par des lésions des neurones dopa­mi­ner­giques. L’handicap majeur de cette voie est la grande suscep­ti­bi­lité de telles xéno­greffes aux méca­nismes de rejet provo­qués par le système immu­no­lo­gique du rece­veur.

Avec quelques autres groupes, nous avons beau­coup travaillé pour explo­rer les bases molé­cu­laires et cellu­laires de ce rejet, en profi­tant notam­ment des compé­tences de cher­cheurs de notre labo­ra­toire spécia­li­sés dans l’immunologie des trans­plan­ta­tions rénales. Les résul­tats de plusieurs années d’études, menées notam­ment par Benoît Melchoir et Caro­line Martin, qui ont béné­fi­cié l’un et l’autre d’une aide finan­cière du Comité d’Entente et de Coor­di­na­tion des Asso­cia­tions de Parkin­so­niens (CECAP), ont mis en évidence le rôle central d’un type cellu­laire, les lympho­cytes T.

C’est sur cette base que nous avons entre­pris de géné­rer un porc trans­gé­nique dont les neurones sécrètent une molé­cule qu’ils ne produisent pas norma­le­ment, et qui est connue pour inac­ti­ver plusieurs types de lympho­cytes T. Le gène spéci­fiant cette molé­cule est d’origine humaine. Toute­fois, cette molé­cule a été amélio­rée par ingé­nie­rie géné­tique pour en accroître la stabi­lité, mais aussi pour permettre sa synthèse par des neurones.

L’obtention de porcs trans­gé­niques a néces­sité une impor­tante colla­bo­ra­tion avec l’INRA (Insti­tut Natio­nal de Recherche Agro­no­mique), ainsi qu’avec une autre unité INSERM et un labo­ra­toire du CNRS (Centre Natio­nal de la Recherche Scien­ti­fique). Un finan­ce­ment excep­tion­nel impor­tant a été fourni par l’INSERM pour lancer les travaux, qui ont encore béné­fi­cié des aides plus ponc­tuelles d’associations, dont l’AFM (Asso­cia­tion Fran­çaise pour la lutte contre les Myopa­thies) et, rappelons-​le, le CECAP.

Près de 5 ans ont été néces­saires pour obte­nir deux animaux trans­gé­niques, après 2.286 injec­tions d’œufs ensuite réim­plan­tés dans des truies, qui ont abouti à la nais­sance de 151 porce­lets seule­ment, dont deux présen­taient les proprié­tés recher­chées.

Nous dispo­sons main­te­nant de descen­dants homo­zy­gotes (deux exem­plaires du trans­gène par cellule) de ces deux animaux et avons montré que les neurones mésen­cé­pha­liques fœtaux de tels porcs étaient effec­ti­ve­ment capables de sécré­ter la molé­cule immu­no­sup­pres­sive après implan­ta­tion dans le cerveau du rat.

Et alors, ça marche ? Impos­sible de répondre à cette ques­tion, car la molé­cule immu­no­sup­pres­sive est humaine, et elle est inac­tive sur les lympho­cytes T du rat. Il faut donc reprendre l’expérimentation, mais cette fois chez le singe, chez lequel la molé­cule humaine est active. Le coût et la diffi­culté logis­tique de cette expé­ri­men­ta­tion n’ont pas permis de l’entreprendre à ce jour. Toute­fois, une demande de finan­ce­ment, émanant de 22 labo­ra­toires euro­péens, a été dépo­sée auprès de la Commis­sion Euro­péenne. Elle est notam­ment desti­née à produire de nouveaux porcs trans­gé­niques, cette fois desti­nés à la trans­plan­ta­tion de reins ou pancréas chez l’homme. Mais elle inclut un volet destiné à finan­cer la trans­plan­ta­tion des neurones issus de nos animaux trans­gé­niques chez des singes préa­la­ble­ment lésés pour les rendre « parkin­so­niens »

Cette expé­ri­men­ta­tion utili­sera des instal­la­tions appro­priées à Padoue, en Italie, et mobi­li­sera des compé­tences de collègues anglais, et bien sûr, les nôtres. Ainsi, nous espé­rons que les experts commu­nau­taires seront séduits par notre programme (il y a de bonnes chances) et que nous connaî­trons bien­tôt la suite de cette longue entreprise.

Philippe Brachet
INSERM U643

30 BD Jean Monnet – 44093 Nantes

Les hallucinations ne sont pas un signe de « folie »

LE PARKINSONIEN INDEPENDANT
N°24 – mars 2006

Des perceptions trompeuses

Les hallucinations ne sont pas un signe de « folie »

Le Parkinson suisse – septembre 2005

Lors de surpro­duc­tion, la dopa­mine – un neuro­trans­met­teur manquant au niveau du tronc céré­bral dans le cadre de la mala­die de Parkin­son – peut favo­ri­ser l’apparition de percep­tions trom­peuses comme des hallu­ci­na­tions. Chez les patients parkin­so­niens, de tels phéno­mènes peuvent appa­raître lorsque les médi­ca­ments augmentent le taux de dopa­mine. Certains patients n’osent pas en parler à leur méde­cin de peur d’éventuellement être pris pour des « fous ». Les méde­cins sont au courant de ces inter­ac­tions et ils peuvent remé­dier à de tels troubles. Ils vont contrô­ler la dose des médi­ca­ments anti­par­kin­so­niens pour exclure un surdo­sage. A la condi­tion, toute­fois, qu’ils aient été infor­més de ces troubles. Les patients devraient donc immé­dia­te­ment leur commu­ni­quer l’apparition d’hallucinations ou d’autres phéno­mènes.

Source : www.parkinson-web.de

      Lu par Jean GRAVELEAU

    Des cellules souches pour une « livraison thérapeutique à domicile ».

    LE PARKINSONIEN INDEPENDANT 

    N°24 – mars 2006

    Mala­die de Parkinson : 

    Des cellules souches pour 

    Une « livrai­son théra­peu­tique à domi­cile  ».

    Trai­ter les désordres du cerveau relève d’un chalenge lié à la diffi­culté de déli­vrer les médi­ca­ments à travers la barrière hemato-​encéphalique, cette membrane protec­trice qui protège notre cerveau de toute infec­tion est, aussi, imper­méable aux grosses molé­cules médicamenteuses.

    Des travaux récents sur des modèles animaux montrent que l’implantation céré­brale de cellules souches neuro­nales géné­ti­que­ment modi­fiées peuvent direc­te­ment produire et déli­vrer le médi­ca­ment et ont montré une réduc­tion des symp­tômes parkin­so­niens.

    Nous savons que des molé­cules, telles que le facteur de crois­sance GDNF, peuvent promou­voir la régé­né­ra­tion des neurones perdus lors de la mala­die de Parkin­son. Cepen­dant, la déli­vrance de ces molé­cules dans le cerveau, par le biais de virus modi­fiés comme trans­por­teur ou par l’injection directe dans le cerveau, peuvent poser des risques de santé supplémentaires. 

    Une étude menée par le Dr Svend­sen (Univer­sity of Wiscon­sin, Madi­son, USA) a consi­déré une stra­té­gie diffé­rente. Ils ont eu l’idée de modi­fier des cellules souches, connues pour être bien tolé­rées dans le cerveau, pour expri­mer le GDNF. Ces cellules géné­ti­que­ment modi­fiées – origi­nel­le­ment des cellules souches progé­ni­trices neuro­nales, déri­vées de cerveau fœtal humain – ont été trans­fé­rées dans le cerveau de rats rendus parkin­so­niens ou de singes rhésus dans lequel un apport de GDNF était néces­saire pour réta­blir une fonc­tion motrice normale.

    De
    façon remar­quable, les protéines produites par ces cellules restent actives jusqu’à 3 mois et sont trans­por­tées jusque dans la substance noire, cette petite partie du cerveau qui souffre de neuro­dé­gé­né­ra­tion chez les sujets parkin­so­niens. Plus surpre­nant, ces cellules migrent au travers de toutes régions affec­tées et ainsi contri­buent à la repousse axonale et la survie neuro­nale.

    Néan­moins, l’application de cette théra­pie chez l’homme dépen­dra de la mise au point des proces­sus permet­tant de contrô­ler la sécré­tion de GDNF par ces cellules modi­fiées ; en parti­cu­lier, il s’agira de trou­ver un moyen de stop­per la produc­tion si cela devient nécessaire. 

    Le groupe de Svend­sen a réussi à contrô­ler et régu­ler la produc­tion de GNDF in vitro sur des cellules en culture ; mais le blocage de ces cellules chez l’animal a donné plus de diffi­cul­tés et néces­site de nouvelles expé­ri­men­ta­tions.

    Somme toute, ce travail nous montre de façon évidente que les cellules souches peuvent être un moyen de trans­port sûr et effi­cace pour nos médi­ca­ments dans des tissus diffi­ci­le­ment acces­sible tels que le cerveau. Cette stra­té­gie promet­teuse dans le trai­te­ment de la mala­die de Parkin­son est aussi à l’étude pour béné­fi­cier à tous autres désordres neuro­dé­gé­né­ra­tifs néces­si­tant un apport local direct du médi­ca­ment.

    Adapté de Tani Casci, Nature Review Gene­tics 7, 87 (Février 2006).

    Etude origi­nale publiée dans Gene Théra­pie, 15 décembre 2005. Behr­stock et al., “Human neural proge­ni­tors deli­ver glial cell line-​derived neuro­tro­phic factor to parkin­so­nian rodents and aged primates”.

    Dr Benoît Melchior

    Divi­sion of Biome­di­cal Sciences

    Univer­sity of Cali­for­nia – River­side

    Le Dr Benoît Melchior suit un stage post-​doctoral dans le labo­ra­toire du Dr Monica J. Carson à l’University of Cali­for­nia – River­side, et concentre son travail sur le contrôle des réac­tions inflam­ma­toires dans le cerveau. Il avait reçu l’appui finan­cier de la fonda­tion par une bourse “CECAP Recherche” au cours de sa thèse de docto­rat sous la direc­tion du Dr Philippe Brachet a l’INSERM U643 (ex U437) à Nantes,
    au cours de laquelle il avait aidé à carac­té­ri­ser les réac­tions inflam­ma­toires liées au rejet de greffes neuro­nales implan­tée dans le cerveau.

    Relu pour vous par Jean GRAVELEAU

    Dix propositions pour la maladie de Parkinson

    LE PARKINSONIEN INDEPENDANT 
    N°24 – mars 2006

    Un plan pour « Parkinson » :

    Dix propositions pour la maladie de Parkinson

    Rencontre au Ministère de la Santé et de la Solidarité

    Le « Plan Parkin­son »

    Depuis déjà plusieurs mois, inter­pellé par diffé­rentes démarches – le « plan Alzhei­mer », celui des « mala­dies orphe­lines », le plan « qualité de vie et mala­dies chro­niques » — un petit « commando » de travail s’était réuni pour élabo­rer un « plan Parkin­son »(*) sur le modèle des précé­dents, en dix propo­si­tions.

    « Par le nombre de malades atteints, par la nature même des symp­tômes et par la gravité de son évolu­tion, la mala­die de Parkin­son est bien un défi auquel la société se doit d’apporter des réponses effi­caces et respec­tueuses de la dignité des malades et de leurs familles…La mala­die de Parkin­son néces­site des efforts impor­tants sur le plan quan­ti­ta­tif et spéci­fiques sur le plan quali­ta­tif… »

    « Propo­ser un plan d’action rela­tif à la mala­die de Parkin­son et en faire une prio­rité n’est pas seule­ment appor­ter une réponse aux personnes et aux familles confron­tées à cette mala­die, ce sera aussi donner aux personnes âgées ou plus jeunes, malades ou valides, toute la consi­dé­ra­tion qui leur est due mais qu’ils ne reçoivent pas… »

    « Il appa­raît une dispa­rité évidente entre le taux de couver­ture socia­li­sée de ce qui relève du sani­taire et la faiblesse de la couver­ture des besoins sociaux. Cette dispa­rité devient flagrante dans cette mala­die au stade tardif où les coûts sani­taires restent modestes contrai­re­ment à la dépense sociale qui est importante.


    C’est pour­quoi la mala­die de Parkin­son impose des réponses et des méca­nismes spéci­fiques et soulève, plus que beau­coup d’autres, le problème de la gestion coor­don­née des finan­ce­ments sani­taires et sociaux… »

    « Les propo­si­tions faites ci-​après regroupent l’ensemble des problèmes et des solu­tions envi­sa­geables pour amélio­rer la qualité de vie des personnes atteintes et de leurs accom­pa­gnants. Elles sont à la fois tout à fait spéci­fiques à la mala­die de Parkin­son et, sur certains points, très proches des mesures adop­tées en faveur des personnes atteintes de la mala­die d’Alzheimer, annon­cées en septembre 2004 par le Minis­tère de la Santé »

    Le thème de chacune des dix propositions :

      1. Recon­naître la spéci­fi­cité de la Mala­die de Parkinson.
      2. Prendre en compte les besoins des personnes atteintes et de leurs familles.
      3. Insti­tu­tion­na­li­ser la coor­di­na­tion des réponses sani­taires et sociales.
      4. Amélio­rer l’information géné­rale et celles des personnes atteintes sur la maladie.
      5. Prendre en compte la spéci­fi­cité des patients les plus jeunes.
      6. Amélio­rer l’accompagnement,l’encadrement et la prise en charge des malades à domicile.
      7. Amélio­rer la forma­tion professionnelle.
      8. Etablir plus préco­ce­ment un diag­nos­tic et instau­rer un meilleur accompagnement.
      9. Favo­ri­ser les études cliniques et la recherche fondamentale.
      10. Créer un obser­va­toire pour déve­lop­per la connais­sance de la maladie.

    En conclu­sion : « La mala­die de Parkin­son affecte plusieurs centaines de milliers de personnes en France, dont beau­coup sont âgées de plus de soixante cinq ans mais 10 à 15% ont moins de quarante ans. Ce nombre va croître dans les prochaines années par augmen­ta­tion de fréquence de la mala­die et de l’espérance de vie… »

    « Mal connue du grand public dans sa réalité quoti­dienne et son vécu, son image demeure très géné­ra­le­ment asso­ciée au grand âge, au trem­ble­ment et à la dégra­da­tion progres­sive des fonc­tions supé­rieures… Depuis quelques années, une évolu­tion des menta­li­tés commence à se dessi­ner de façon encore discrète. Les malades et leur famille ont besoin d’être recon­nus et soute­nus car ils ne peuvent faire face seuls
    et ils attendent des réponses de la part du système de santé et de toute la société… »

    « La prise en charge d’un malade atteint de la mala­die de Parkin­son est d’abord celle d’une personne qui souffre et qui a besoin de respect, de dignité et de chaleur et d’être proté­gée dans ses droits. La prise en charge concerne aussi la famille, tout au moins l’aidant proche tant est lourd l’investissement physique, psychique et finan­cier. Elle a lieu le plus souvent, à domi­cile, par le conjoint, mais elle
    devient problé­ma­tique si la personne est isolée ou seule chef de famille… »

    En cas d’hospitalisation, « …les soins néces­saires condui­ront à faire appel à des équipes habi­tuées à rece­voir ce type de malade et connais­sant bien la mala­die de Parkin­son… Car le risque est bien réel de réper­cus­sions néga­tives inat­ten­dues, en parti­cu­lier sur le diffi­cile main­tien de l’équilibre théra­peu­tique et les consé­quences qui en dépendent… »

    « Face à la mala­die de Parkin­son, une médi­ca­li­sa­tion plus perfor­mante et plus spécia­li­sée est néces­saire, en même temps qu’il est utile de démé­di­ca­li­ser le plus possible la concep­tion de sa prise en charge. C’est deux thèmes ne s’opposent en rien mais imposent à la société de recher­cher des propo­si­tions nouvelles qui ne reposent pas unique­ment sur l’hôpital, non préparé ni habi­tué à rece­voir ces malades… »

    La rencontre du 1er février 06

    Le travail a été large­ment diffusé aux parte­naires asso­cia­tifs dès Septembre 2005 et d’importants appuis impor­tants obte­nus (cf. ci-​dessous). Grâce au travail d’un petit groupe, chaque élu natio­nal (séna­teurs et dépu­tés) a reçu un cour­rier person­na­lisé accom­pa­gnant le plan Parkin­son et le détail de ses moti­va­tions.

    L’ensemble a abouti à une rencontre « tech­nique », le premier Février, avec Madame le Docteur Brigitte LANTZ, conseiller près du cabi­net du Ministre de la Santé. Notre discus­sion a été faci­li­tée et épau­lée par la présence de Monsieur J. M. BERTRAND, député-​maire de Bourg en Bresse (01) que nous remer­cions très chaleu­reu­se­ment de son soutien le plus total.

    Ayant eu le privi­lège d’être acteur de cette rencontre, en compa­gnie d’Anne Frobert, auteur du rapport géné­ral et du plan proposé, je peux témoi­gner du réel inté­rêt de Madame LANTZ pour nos problèmes spéci­fiques. Très au courant des contraintes et soucis liés aux mala­dies chro­niques, elle a été, de ce fait, parti­cu­liè­re­ment sensible à la légi­ti­mité de nos demandes. De plus, impli­quée dans l’élaboration du « plan Alzhei­mer » et du « plan Mala­dies Rares » elle a montré son appré­cia­tion de la qualité de notre travail ainsi que de sa présen­ta­tion générale,
    volon­tai­re­ment inspi­rée de ces précé­dents travaux.

    Compte tenu des possi­bi­li­tés de rappro­che­ment tech­nique entre ces diffé­rents plans – et donc des syner­gies et écono­mies évidentes d’application – une déci­sion favo­rable semble pouvoir s’envisager pour les prochaines semaines.

    Bien évidem­ment, « ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué » ! Mais la signa­ture par le Ministre de la Santé de ce plan et sa mise en appli­ca­tion dans les meilleurs délais semblent main­te­nant tout à fait possibles, à la portée de nos espoirs initiaux.

    Que pouvons
    nous faire ? Que devons-​nous faire ?

    • Le diffu­ser le plus large­ment possible à tous, personnes atteintes et familles.
    • Inter­pel­ler nos élus –chacun a déjà person­nel­le­ment reçu le texte –, nos institutions.
    • Profi­ter de la jour­née mondiale du Parkin­son le 11 avril prochain pour en parler.
    • Rappro­cher les diffé­rents mouve­ments et asso­cia­tions sur ce thème.
    • Démon­trer que la cohé­sion des diffé­rents mouve­ments et asso­cia­tions est tout à fait possible et souhai­tée par tous autour des thèmes communs
    • Mettre en lumière que ce fait est nouveau et porteur des plus grands espoirs pour notre future repré­sen­ta­tion à tous les niveaux néces­saires pour l’amélioration de notre qualité de vie.

    Parce que c’est de l’Union et de l’Action de tous que surgira la réus­site de ce plan.

      Toute notre grati­tude, pour leur compré­hen­sion, leurs conseils et la chaleur de leur accueil, à :

      - Mme Simone André, Prési­dente du Forum Inter­na­tio­nal des Associations.

      - Mr Alim Louis Bena­bid, Membre de l’Aca­dé­mie des Sciences, neuro­chi­rur­gien, Profes­seur des hôpi­taux, spécia­liste de la mala­die de Parkinson

      - Mr Jean-​Michel Bertrand, Membre de la commis­sion des affaires écono­miques de l’As­sem­blée Natio­nale, Député de l’Ain,

      - Mr Emma­nuel Brous­solle, neuro­logue, Profes­seur des hôpi­taux, spécia­liste de la mala­die de Parkinson

      - Mr Jean-​Louis Debré, Président de l’As­sem­blée Natio­nale, ancien Ministre, Député de l’Eure

      - Mr Jean-​Michel Duber­nard, Président de la commis­sion des affaires cultu­relles, fami­liales et sociales de l’As­sem­blée Natio­nale, chirur­gien en urolo­gie et greffes, Profes­seur des hôpi­taux, Député du Rhône,

      - Mr Jean-​Pierre Gode­froy, Secré­taire de l’Office parle­men­taire d’éva­lua­tion des poli­tiques de santé, Séna­teur de la Manche

      - Mr Paul Krack, neuro­logue, Profes­seur des hôpi­taux, spécia­liste de la mala­die de Parkinson

      - Mr Serge Lagauche, Membre de l’Of­fice parle­men­taire d’éva­lua­tion des choix scien­ti­fiques et technologiques,
      Séna­teur du Val-​de-​Marne (Ile-​de-​France)

      - Mr Albert Memmi, Profes­seur de socio­lo­gie et de philo­so­phie, écrivain,

      - Mme Auré­lia Paujois, neuro­logue, spécia­liste de la
      Mala­die de Parkinson

      - Mme Corinne Pieters, Professeur
      de philo­so­phie de la Médecine

      - Mr Pierre Pollak, neurologue,
      Profes­seur des hôpi­taux,
      spécia­liste
      de la Mala­die de Parkinson

      - Mr Stéphane Thobois, neuro­logue, spécia­liste de
      la Mala­die de Parkinson

      - et à beau­coup d’autres…

      (*)Texte complet, voir http://www.dopaction.com/textes/planparkinson.htm

      Les symptômes non moteurs de la maladie de Parkinson

      LE PARKINSONIEN INDEPENDANT 
      N°24 – mars 2006

      Les symp­tômes non moteurs de la mala­die de Parkinson

      Consé­quences au quoti­dien

      La plupart des Parkin­so­niens rece­vant un trai­te­ment par L‑Dopa déve­loppent des complications
      motrices (CM) qu’ils connaissent géné­ra­le­ment bien et qui font l’objet d’une atten­tion parti­cu­lière de la part des neuro­logues. Il s’agit prin­ci­pa­le­ment : des akiné­sies de fin de dose, des dyski­né­sies des blocages et des phéno­mènes « On/​Off ».

        Compli­ca­tions motrices
        Compli­ca­tions
        motrices
        Nombre de patients
        concernés 

        sur un groupe
        de 50

        Akiné­sies
        de fin de dose
        50
        Free­zing 40
        Phéno­mène
        « On/​Off »
        36
        Dyski­né­sies
        de milieu de dose
        34
        Dysto­nie
        en période « Off »
        31
        Absence
        de réponse « On »
        29
        Dyski­né­sies
        diphasiques
        22

      Les compli­ca­tions non motrices (CNM) sont beau­coup moins recon­nues car le patient ne les relie pas aussi faci­le­ment que les symp­tômes moteurs à sa mala­die de Parkin­son ou à son trai­te­ment et les méde­cins inter­rogent beau­coup moins les patients sur ces aspects non moteurs. En fait, les spécia­listes, à l’hôpital ou en consul­ta­tion, se foca­lisent souvent sur les symp­tômes moteurs et leur trai­te­ment. Les études montrent d’ailleurs que les CNM (compli­ca­tions non motrices) de la mala­die de Parkin­son sont plus suscep­tibles d’être recon­nues au niveau des soins de première ligne c’est à dire par les méde­cins de famille. Les malades et les géné­ra­listes devraient donc être mieux infor­més sur ces CNM pour mieux les recon­naître et voir avec le neuro­logue comment y remé­dier. Tel est le but de cette mise au point.

      La fréquence de ces CNM est élevée et à titre d’exemple on souli­gnera que l’étude de Witjas et coll. (2002) montre que 100% des patients inter­ro­gés avaient au moins un type de CNM, c’est dire l’importance du problème pour­tant sous estimé.

          Les CNM peuvent être clas­sés en 3 catégories :

        • Dysau­to­no­miques (neuro­vé­gé­ta­tifs)
        • Mentales (cognitives/​psychiatriques)
        • Sensorielles/​douleurs

        Comme on peut le lire, les mani­fes­ta­tions et fluc­tua­tions dysau­to­no­miques les plus fréquentes sont une trans­pi­ra­tion exces­sive (64%), des bouf­fées de rougeur faciale (44%), de la séche­resse de la bouche (44%), de la dyspnée (diffi­cul­tés respi­ra­toires), de la dyspha­gie (diffi­cul­tés pour avaler), et de la consti­pa­tion (40%).

        Les mani­fes­ta­tions psychiques les plus fréquentes sont l’anxiété (66%), la fatigue (56%), l’irritabilité (52%), les hallu­ci­na­tions (49%), cepen­dant qu’un ralen­tis­se­ment de la pensée (58%) est la mani­fes­ta­tion cogni­tive (intel­lec­tuelle) la plus souvent décrite.

        En ce qui concerne les mani­fes­ta­tions sensi­tives, les plus fréquentes sont l’akathisie (besoin de bouger, de déam­bu­ler) (54%), des sensa­tions de tiraille­ment (42%) et des sensa­tions de pico­te­ment (38%).

        Ainsi, l’anxiété est la CNM la plus souvent rappor­tée et elle est asso­ciée préfé­ren­tiel­le­ment à l’état « Off » c’est à dire de blocage. Comme beau­coup l’ont noté, l’anxiété et les fluc­tua­tions de l’humeur (tris­tesse, senti­ment de lassi­tude, dépres­sion) peuvent être plus inva­li­dantes que les mani­fes­ta­tions motrices de la phase « Off ».

        Les deuxièmes CNM les plus impor­tantes sont les trans­pi­ra­tions profuses, c’est à dire qui trempent litté­ra­le­ment les vête­ments. Là encore, elles surviennent souvent dans les épisodes « Off » mais aussi dans les phases dyskinétiques.

        C’est égale­ment en phase « Off » que le patient se plaint de compli­ca­tions cogni­tives, c’est à dire intel­lec­tuelles.

        La fatigue est égale­ment reliée à la phase « Off » et entraîne un lourd handicap.

        On retien­dra que les mani­fes­ta­tions sensi­tives sont rappor­tées comme les plus inva­li­dantes.

        Les CNM sont en géné­ral reliées aux compli­ca­tions motrices (CM) et les deux sont corré­lés à la sévé­rité de la mala­die. Les deux types de compli­ca­tions surviennent donc plus volon­tiers chez les patients ayant déjà une mala­die de Parkin­son évoluée. Le fait que les CNM soient reliées aux CM et qu’elles répondent géné­ra­le­ment bien aux trai­te­ments dopa­mi­ner­giques, suggère que le système dopa­mi­ner­gique peut égale­ment être impli­qué, comme dans les compli­ca­tions motrices, dans la physio­pa­tho­lo­gie des compli­ca­tions non motrices. On sait égale­ment que le système dopa­mi­ner­gique module d’autres systèmes tel que le système séro­to­ni­ner­gique dont le dysfonc­tion­ne­ment pour­rait être respon­sable des fluc­tua­tions d’humeur
        et le système adréner­gique dont la pertur­ba­tion pour­rait être respon­sable des fluc­tua­tions dysau­to­no­miques.

        Les CNM ne sont pas bien recon­nues ni du malade ni du corps médi­cal, elles sont cepen­dant, aux dires des patients, bien plus inva­li­dantes que les compli­ca­tions motrices. Il y a donc un besoin pres­sant qu’elles soient mieux connues et recon­nues par l’ensemble des inter­ve­nants : malade, entou­rage fami­lial, person­nel médi­cal et para­mé­di­cal… En effet, la non recon­nais­sance des CNM est un facteur d’impact néga­tif très impor­tant sur la qualité de vie des malades et de l’entourage.

        Certains symp­tômes comme les hallu­ci­na­tions, les troubles du compor­te­ment… peuvent conduire à une insti­tu­tion­na­li­sa­tion du malade en maison de repos qui pour­rait être évitée si la CNM était recon­nue comme telle.

        D’autres symp­tômes comme les diffi­cul­tés respi­ra­toires, gastro-​intestinales ou des douleurs dans la poitrine peuvent conduire à des errances diag­nos­tiques et faire adres­ser le malade dans des services d’urgence dans la crainte d’une mala­die aiguë, cardio-​pulmonaire ou abdo­mi­nale. Des inves­ti­ga­tions et des trai­te­ments inutiles risquent ainsi d’être mis en œuvre alors qu’une simple recon­nais­sance de la problé­ma­tique permet­trait de la résoudre soit en modi­fiant les condi­tions de pres­crip­tion de la L‑Dopa ou par des injec­tions sous cuta­nées d’apomorphine.

        Cette non recon­nais­sance des CNM a donc, au final, un coût impor­tant à la fois pour la qualité de vie du patient mais égale­ment pour les finances de la famille ou de la sécu­rité sociale.

        « Aide toi et le corps médi­cal t’aidera »

        Le malade au fait de l’existence de ces compli­ca­tions non motrices et de leur rela­tion avec la mala­die et/​ou le trai­te­ment pres­crit doit en faire part à son méde­cin géné­ra­liste ou à son neuro­logue. Le ques­tion­naire proposé par Chaud­huri et coll. (2005) est joint à cet article(*), il est rempli par le malade seul ou aidé par l’entourage ou le méde­cin trai­tant, il est ensuite soumis pour évalua­tion au neuro­logue qui propo­sera des mesures correc­trices.

        Réfé­rences :

        • Chaud­huri KR, Yates L, Martibez-​Martin P. The non motor symp­tom complex of Parkinson’s disease : a compre­hen­sive assess­ment is essen­tial. Mov Disord 2005 ; 5:275 – 83
        • Witjas T, Kaplan E, Azulay JP, Blin O, Ceccaldi M, Pouget J, Poncet M, Ali Chérif A. Non motor fluc­tua­tions in Parkinson’s disease. Frequent and disa­bling. Neuro­logy 2002 ; 59:408 – 13

        Source :

        « Parkin­son maga­zine », le jour­nal de l’association Parkin­son belge (APk).

        D’après un article du Dr M. Gonce – Service univer­si­taire de neuro­lo­gie — CHR de la Cita­delle (Liège) et Service de Neuro­lo­gie Répa­ra­trice Clinique Le Péri (Liège)

        (*)Ne pouvant être édité faute de place, le ques­tion­naire sera adressé sur demande des intéressés.

        Éditorial — Le Parkinsonien Indépendant — n° 24

        LE PARKINSONIEN INDEPENDANT
        N°24 – mars 2006

        Editorial

        Votre rédac­teur en chef a eu la lourde respon­sa­bi­lité de vous « repré­sen­ter » à plusieurs niveaux impor­tants pour la prise en charge de notre mala­die ainsi que sa recon­nais­sance par la recherche et les pouvoirs publics. Vous retrou­ve­rez dans ce numéro plusieurs articles consa­crés à ces démarches, de Bruxelles à Paris.

        Un plan Parkin­son est en cours de prépa­ra­tion

        A l’initiative de Anne FROBERT, un texte a été élaboré par un petit groupe de parkin­so­niens : assez semblable au « plan Alzhei­mer », il présente en dix points l’essentiel de ce que devrait être une prise en charge correcte de la mala­die.

        Nous avons donc eu l’honneur de porter au cabi­net du Ministre de la Santé ce texte qui devrait être prochai­ne­ment adopté, nous a‑t-​on indi­qué. Ce serait un grand pas pour la recon­nais­sance effec­tive des besoins spéci­fiques de notre affec­tion.

        La vie asso­cia­tive se déve­loppe et veut se regrou­per au plan natio­nal (suite)

        A l’occasion du 11 avril, jour­née mondiale de la mala­die de Parkin­son*, un certain nombre d’actions vont voir le jour. Dans nombre de situa­tions, des rappro­che­ments entre les diffé­rents courants asso­cia­tifs et insti­tu­tion­nels ont permis d’envisager des actions communes.

        De nouvelles asso­cia­tions voient le jour. Cepen­dant, il nous faut rappe­ler que pour envi­ron 180 000 malades esti­més à peine 8 000 sont inscrits dans une démarche asso­cia­tive soit moins de 5%… !

        Pour­quoi rappe­ler ces chiffres ? Et bien tout simple­ment parce que le renou­vel­le­ment des « cadres asso­cia­tifs » est de plus en plus diffi­cile alors que les mili­tants de la première heure s’essoufflent et que les « chan­tiers » se multi­plient grâce à (ou à cause de !) la recon­nais­sance de notre mala­die par les Pouvoirs Publics.

        L’enquête sur la neuro­sti­mu­la­tion.

        Rassurez-​vous, nous ne l’oublions pas. Mais nous n’avons reçu à l’heure actuelle que 16 réponses sur près de 900 ques­tion­naires diffu­sés : sans doute des « oublis » ! Nous atten­dons donc avec séré­nité les « retar­da­taires » qui vont s’empresser de corri­ger leur « oubli » !

        Merci pour nous de votre réponse et de votre parti­ci­pa­tion à ce petit questionnaire :
        il fait état à ce jour d’une vraie appro­ba­tion de cette tech­nique chirur­gi­cale même si des amélio­ra­tions sont large­ment souhai­tées parti­cu­liè­re­ment en matière d’accompagnement post-​opératoire.

        Nous évoque­rons ces réponses dans le prochain numéro soit pour le mois
        de juin 2006.

        Meilleurs vœux de santé à tous, Parkin­so­niens et Accom­pa­gnants.

            Jean GRAVELEAU

            Évolution Intracérébrale de la MALADIE de PARKINSON


            LE PARKINSONIEN INDEPENDANT
            N°24 – mars 2006

            EVOLUTION
            INTRACEREBRALE

            De
            la MALADIE de PARKINSON

            La
            THEORIE de H. BRAAK
            *

            Depuis
            quelques années, 1996 exac­te­ment, H. Braak et son équipe de l’ Institute
            for Clini­cal Neuroa­na­tomy de Franc­fort en Alle­magne a émis une hypothèse
            concer­nant l’évo­lu­tion de l’at­teinte intra­cé­ré­brale de la Maladie
            de Parkin­son.

            Progres­si­ve­ment
            étayée par de nombreuses obser­va­tions des cher­cheurs du monde entier,
            cette hypo­thèse prévaut large­ment dans l’ex­pli­ca­tion de l’étiopathogénie
            de cette mala­die et est élevée main­te­nant au rang de « théo­rie » avec six stades d’évo­lu­tion.

            Elle
            est à la base de la compré­hen­sion de l’extension progres­sive intracérébrale
            de la MP.

            La mala­die démarre tout douce­ment et s’étend de façon très lente et progres­sive, attei­gnant peu à peu diverses zones qui ont une parti­cu­la­rité en commun : celles d’être faites de neurones à axones longs, fins et peu ou pas myéli­ni­sés.

            Seuls ces neurones et ces zones sont atteints dans la MP par les fameux corps de Lewy, ces agré­ga­tions de protéines intra­cel­lu­laires consti­tuées prin­ci­pa­le­ment de l’une d’entre elles appe­lée l’alpha-synucléine.

            Premier
            stade

            En premier sont atteints 

            1. le bulbe olfac­tif (ce qui explique les fréquents problèmes de perte partielle ou totale de l’odo­rat très préa­lables aux symp­tômes moteurs) 
            2. le noyau dorsal du nerf vague, notre X° paire de nerf crânien.

            Le nerf vague est un nerf très parti­cu­lier, un complexe à lui tout seul, dont le neuro­trans­met­teur est l’acétyl­cho­line.

            Ce nerf est à la fois moteur, sensi­tif, senso­riel et végé­ta­tif, puisqu’il régule encore de façon auto­nome le fonc­tion­ne­ment de bon nombre de nos régu­la­tions vitales et de nos viscères, sans notre comman­de­ment conscient, au niveau thora­cique et abdo­mi­nal : Régu­la­tion tension­nelle, rythme cardiaque, respi­ra­tion, reins et surré­nales (qui sécrètent l’adré­na­line), phona­tion, thyroïde, pancréas, intestin.…Tout cela dépend de lui.

            Cette
            atteinte explique de nombreux signes non moteurs de notre mala­die, en parti­cu­lier les problèmes d’hy­po­ten­sion et de certains troubles du rythme cardiaque, les anoma­lies de la voix et de la déglu­ti­tion, la consti­pa­tion… et très proba­ble­ment aussi une grande partie de la fatigue anor­male et chro­nique que nous ressen­tons.

            Deuxième
            stade

            Le deuxième stade évolu­tif voit 

            1. l’ex­ten­sion de l’at­teinte du nerf vague, ainsi que de zones situées légèrement
              au-dessus, 
            2. le Locus Cœru­leus (noyau bleu), 
            3. les noyaux du raphé infé­rieur et 
            4. d’une partie de la forma­tion réti­cu­lée magnocellulaire

            Le
            Locus Cœru­leus
            , dont la neuro­trans­mis­sion se fait par la nora­dré­na­line, est lui aussi un monde complexe puisqu’il contri­bue aux fonc­tions cogni­tives, d’éveil, d’initiation et de main­tien du comportement :
            c’est encore lui qui, en état d’éveil, module le réveil et le trai­te­ment des infor­ma­tions senso­rielles et parti­cipe à de très nombreux proces­sus dans le main­tien de l’attention, des circuits de mémo­ri­sa­tion et d’une fonc­tion majeure, celle de l’adaptabilité céré­brale aux varia­tions des condi­tions de vie, plus commu­né­ment appelé le « stress ».

            Son dysfonc­tion­ne­ment implique une grande variété de troubles psychopathologiques,
            troubles de l’attention, de la mémoire, du sommeil et de l’état de veille, de l’affectivité ainsi que de la régu­la­tion adap­ta­tive ou stress.

            Le pour­cen­tage des neurones nora­dr­éner­giques du Locus Cœru­leus détruits dans la Mala­die de Parkin­son est plus élevé que celui des neurones dopa­mi­ner­giques du Locus Niger.

            Les autres zones atteintes dans ce stade ont, quant à elles, un rôle très impor­tant dans la régu­la­tion des signaux sensi­tifs venus de nos viscères et des signaux moteurs qui s’y rendent, permet­tant ainsi d’adapter l’action des neurones moteurs de l’organisme à chaque situa­tion les prépa­rant à l’action. De nouveau se retrouve là, encore et toujours, la régu­la­tion adap­ta­tive de notre orga­nisme aux facteurs dits de stress.

            Troi­sième
            stade

            Ce stade voit l’atteinte et la destruc­tion neuro­nale massive de nouvelles zones, toujours sus-​jacentes, dont 

            1. l’amygdale,
              prin­ci­pa­le­ment dans sa partie centrale, 
            2. plusieurs ganglions magno­cel­lu­laires choli­ner­giques dont le ganglion de Meynert
            3. et d’une partie appe­lée la pars compacta du Locus Niger.

            Le noyau central de l’amygdale entre­tient des connec­tions directes avec plusieurs systèmes de neuro­mo­du­la­teurs, parti­ci­pant ainsi à l’éveil émotion­nel loca­lisé et la régu­la­tion compor­te­men­tale.

            Son rôle est impor­tant dans toutes les mani­fes­ta­tions de la peur condi­tion­née en parti­cu­lier ce qui concerne l’inhibition de l’action2* (quand la fuite ou la lutte nous appa­raissent impos­sible, la soumis­sion et l’acceptation du statu quo demeurent alors bien souvent la dernière alter­na­tive pour assu­rer sa survie), les réponses du système nerveux végé­ta­tif (voir le nerf vague), la suppres­sion de la douleur, la sécré­tion des neuro­hor­mones du stress et enfin dans la poten­tia­li­sa­tion des réflexes.

            Il a par ailleurs été montré qu’il exis­tait aussi une atteinte des neurones du noyau baso­la­té­ral de l’amygdale et que la propor­tion de neurones conte­nant des corps de Loewy était presque doublée dans les cas de MP avec hallu­ci­na­tions visuelles, suggé­rant que le dysfonc­tion­ne­ment de cette zone contri­bue­rait plus parti­cu­liè­re­ment à ces anoma­lies cliniques.

            Le ganglion de Meynert, groupe cellu­laire four­nis­sant la majeure innervation 
            choli­ner­gique
            pour le cortex céré­bral et l’amygdale, joue appa­rem­ment un rôle majeur dans les fonc­tions céré­brales rele­vant des émotions et dans l’éveil corti­cal.

            Le Locus Niger dans sa pars compacta comporte des neurones dopa­mi­ner­giques, atteints puis détruits dans la mala­die de Parkin­son ce qui entraîne la pertur­ba­tion des influx avec le stria­tum.

            En rela­tion avec d’autres struc­tures du système nerveux central, la voie nigros­tria­tale est impli­quée dans la régu­la­tion de la phase de prépa­ra­tion et de la phase d’exécution de la succes­sion d’actions motrices plani­fiées des mouve­ments volon­taires ainsi que dans la régu­la­tion des mouve­ments invo­lon­taires.

            L’activation
            éner­gé­tique est un méca­nisme de base sous-​tendu par les systèmes dopa­mi­ner­gique de la pars compacta du Locus Niger et choli­ner­gique du Noyau de Meynert.

            Diag­nos­tic
            MP

            C’est
            vrai­sem­bla­ble­ment à ce niveau, entre les stades 3 et 4, que l’aggravation des atteintes entraî­nant des symp­tômes plus nets fait passer la personne atteinte du stade moteur pré clinique au stade clinique.

            QUATRIEME
            STADE

            Ce stade est celui de l’atteinte du cortex tempo­ral anté­ro­mé­dian, zone impli­quée dans le trans­fert des données des aires asso­cia­tives senso­rielles au cortex préfron­tal via les entrées du système limbique.

            Le néocor­tex est spécia­lisé dans l’analyse précise des infor­ma­tions senso­rielles venant des yeux, des oreilles et de la peau. La coopé­ra­tion entre le néocor­tex et les centres limbiques permet de trai­ter ces infor­ma­tions de façon sélec­tive.

            CINQUIEME
            ET SIXIEME STADES

            Ces stades voient l’extension maxi­male des proces­sus neuro­dé­gé­né­ra­tifs avec une substance noire deve­nue pâle, sans mélano neurone.

            Du meso­cor­tex tempo­ral, les lésions atteignent le néocor­tex dans son ensemble, d’abord dans les aires asso­cia­tives senso­rielles préfron­tales puis pré motrices et enfin dans les aires primaires.

            L’atteinte du système auto­nome, limbique et soma­to­mo­teur est majeure.

            Texte
            écrit par Anne FROBERT, 14 avril 2005

            (*)Profes­sors H. et E. Braak
            Depart­ment of Clini­cal Neuroanatomy,
            The J.W. Goethe Univer­sity, Frank­furt, Germany.
            Human Brain Anatomy and Pathology

            (**)le système inhi­bi­teur de l’action (SIA) (ou « Beha­vio­ral Inhi­bi­tory System » (BIS) en anglais) a été mis en évidence par Henri Labo­rit au début des années 1970. Il est asso­cié au système septo-​hippocampal, à l’amygdale et aux noyaux de la base. Il reçoit des inputs du cortex préfron­tal et envoie ses outputs à travers les fibres nora­dr­éner­giques du locus Cœru­leus et par les fibres séro­to­ni­ner­giques du raphé médian. Certains recon­naissent d’ailleurs un rôle majeur à la séro­to­nine dans ce système. C’est l’étude des consé­quences patho­lo­giques de cette inhi­bi­tion de l’ac­tion qui a permis de comprendre à quel point un stress chro­nique peut deve­nir destruc­teur pour l’être humain.

            Quelques articles de H. et E. BRAAK & coll.

            Braak H., Braak E., Yilma­zer D., de Vos RA, Jansen EN, Bohl J. 

            Pattern of brain destruc­tion in Parkin­son’s and Alzhei­mer’s diseases. 

            J
            Neural
            1996 ; 103(4):455 – 90.

            Braak H, Braak E. 

            Pathoa­na­tomy of Parkin­son’s disease. 

            J Neural 2000 Apr.; 247 Suppl. 2 : II3-​10.

            Braak H., Del Tredici K., Bratzke H., Hamm-​Clement J., Sandmann-​Keil D., Rub U. 

            Staging of the intra­ce­re­bral inclu­sion body patho­logy asso­cia­ted with idio­pa­thic Parkin­son’s disease (precli­ni­cal and clini­cal stages). 

            J Neural 2002
            Oct.; 249 Suppl. 3 : III/​1 – 5.

              Braak H., Rub U, Gai WP, Del Tredici K. 

            Idio­pa­thic Parkin­son’s disease : possible routes by which vulne­rable neuro­nal types may be subject to neuroin­va­sion by an unknown pathogen. 

            J Neural 2003 May ; 110(5):517 – 36.

            Braak H., Ghebre­med­hin E., Rub U., Bratzke H., Del Tredici K. 

            Stages
            in the deve­lop­ment of Parkin­son’s disease-​related pathology. 

            Cell Tissue Res. 2004 Oct.; 318(1):121 – 34

            Sucre raffiné et aspartameUne drogue et un poison en vente libre

            Article issu de Le Parkin­so­nien indé­pen­dant — n° 24 — mars 2006

            Sucre raffiné et aspartame
            Une drogue et un poison en vente libre

            Par le Dr Thierry SCHRNITZ 

            De plus en plus de scien­ti­fiques admettent que le sucre raffiné est respon­sable de nombreuses affec­tions physiques et mentales courantes. Et tous ceux qui cherchent à perdre du poids s’en méfient comme de la peste. Pour éviter d’en consom­mer, ils ont aujourd’hui recours aux produits « light » à base d’aspartame. Une substi­tu­tion qui revient à troquer une drogue contre un poison…

            Tous les sucres ne sont pas des poisons. 
            Le sucre, en tant que substance natu­relle, n’a pour­tant rien de dange­reux ; il est même vital lorsqu’il s’agit de glucose qui joue un rôle central dans le méta­bo­lisme des plantes, des animaux et des humains.

            Il existe d’autres sucres simples d’origine natu­relle et inof­fen­sifs comme le maltose ou sucre de malt, le fruc­tose ou sucre de fruits, le lactose ou sucre de lait.

            Il y a aussi des sucres dits « complexes », qui se retrouvent dans les pâtes, les pommes de terre, le pain et toutes les céréales qui sont des sucres lents.

            Le sucre raffiné pompe nos vita­mines et nos minéraux. 
            Si à l’état natu­rel, dans les aliments non raffi­nés (les fruits par exemple), les sucres sont toujours accom­pa­gnés de vita­mines (B1) et de miné­raux (magné­sium) indis­pen­sable à leur méta­bo­lisme, le sucre raffiné qui n’en contient pas, oblige, en revanche, notre corps à puiser ces vita­mines et ces miné­raux dans ses propres réserves (calcium des os par exemple).

            La consom­ma­tion quoti­dienne de sucre raffiné produit un excès perma­nent d’acidité et l’organisme doit alors puiser de plus en plus de miné­raux pour tenter de corri­ger ce déséquilibre.

            Le sucre raffiné est donc d’abord néfaste parce que les seules choses qu’il apporte sont des « calo­ries vides ». De plus, il lui manque les vita­mines et les miné­raux qui sont présents dans la bette­rave à sucre et la canne à sucre.

            L’aspartame est un poison en vente libre 
            Une fois ingéré, l’aspartame se trans­forme quant à lui en plusieurs poisons : la phény­la­la­nine, le métha­nol et la dicétopipérazine.

            La phény­la­la­nine est un acide aminé que l’on trouve dans le cerveau humain. Il a été démon­tré qu’une seule prise d’aspartame suffit pour faire monter les niveaux de phény­la­la­nine au niveau céré­bral. La consom­ma­tion régu­lière d’aspartame entraîne ainsi inévi­ta­ble­ment un taux céré­bral exces­sif de phény­la­la­nine dont la première consé­quence est une chute de l’hormone céré­brale de la bonne humeur (la séro­to­nine) condui­sant à des désordres émotion­nels tel que la dépression.

            Une consom­ma­tion chro­nique d’aspartame va, quant à elle, carré­ment modi­fier la chimie céré­brale entraî­nant des pertes de mémoires voire même une destruc­tion des neurones comme on l’observe dans la mala­die d’Alzheimer.

            Le métha­nol corres­pond, en poids, à envi­ron 10% de l’aspartame. Il se décom­pose, entre autres, dans le corps en acide formique (le poison injecté par les piqûres de four­mis) et en formal­dé­hyde (un cancé­ri­gène connu qui cause des dommages à la rétine, s’oppose à la repro­duc­tion de l’ADN et cause des malfor­ma­tions prénatales).

            Les problèmes les plus connus d’un empoi­son­ne­ment au métha­nol sont les problèmes visuels. D’autres symp­tômes sont égale­ment réper­to­riés : maux de tête, bour­don­ne­ment d’oreille, déran­ge­ments gastro-​intestinaux, faiblesse, vertiges, fris­sons, trous de mémoire, engour­dis­se­ments et douleurs fulgu­rantes des extré­mi­tés, troubles du comportement.

            Il est recom­mandé de limi­ter sa consom­ma­tion de métha­nol à 7,8 mg par jour.
            Or un litre de bois­son édul­co­rée à l’aspartame en contient envi­ron 56 mg !

            La dicé­to­pi­pé­ra­zine, enfin, a été impli­quée dans l’apparition de tumeurs au cerveau et des polypes utérins.

            Des symp­tômes qui brouillent le diagnostic. 
            Les grands consom­ma­teurs de bois­sons « light » souffrent d’une série de maux dont ils n’expliquent pas l’origine. Il s’agit en fait de la mala­die de l’aspartame carac­té­ri­sée par : douleurs de type fibro­my­al­gie ; spasmes, vertiges, nausées, maux de tête ; acou­phènes ; lance­ments ou engour­dis­se­ments des jambes, crampes ; douleurs arti­cu­laires ; dépres­sions ; crises d’angoisse ; discours inco­hé­rent ; vision trouble ; pertes de mémoire.

            Pire encore, on peut diag­nos­ti­quer chez certains patients une mala­die grave (fibro­my­al­gie, arthrite, sclé­rose en plaques, mala­die de Parkin­son, lupus, épilep­sie, troubles psycho­lo­giques, mala­die d’Alzheimer) alors que leurs symp­tômes ne sont que la consé­quence de la consom­ma­tion abusive d’aspartame.

            L’aspartame ne fait même pas maigrir. 
            L’aspartame, enfin, crée un besoin mala­dif de sucre et fait gros­sir. L’American cancer society a confirmé cette ironie après avoir suivi 80 000 femmes durant six ans. Parmi celles qui ont pris du poids durant cette période, les femmes qui utili­saient des édul­co­rants arti­fi­ciels en ont pris davan­tage que celles qui n’en consom­maient pas.

            Conclu­sion.
            Tout indique que l’aspartame, plus encore que le sucre raffiné, repré­sente un danger sani­taire aussi grave qu’insidieux. Aux Etats-​Unis, de plus en plus de voix s’élèvent pour s’opposer à son emploi massif (l’US Air Force recom­mande même à ses pilotes de ne plus en consom­mer). En France, malheu­reu­se­ment, le mutisme est complet.

            Lu dans la lettre de l’Assoc .Parkin­so­niens du Limou­sin. octobre 2005

            Patients et Cellules Souches (Stem Cells)

            Article issu de Le Parkin­so­nien indé­pen­dant — n° 24 — mars 2006

            Confé­rence des 15 & 16 décembre 2005 à Bruxelles
            Orga­ni­sée par l’E.F.N.A.(*) et la Commis­sion Européenne

            Nous avons eu le plai­sir d’être invi­tée à parti­ci­per à cette confé­rence, unique en son genre puisqu’elle s’était donnée comme objec­tif de faire entendre la parole des patients direc­te­ment concer­nés par la recherche médi­cale dans le domaine des « cellules souches », domaine très « discuté » pour ses impli­ca­tions éthiques fondamentales.

            Ce sont plus de 450 personnes venues de 34 pays qui ont écouté mais aussi, et surtout, parti­cipé aux débats. L’assistance était compo­sée de 65% de « patients », pour la plupart repré­sen­tant des asso­cia­tions, et 35% venus d’horizons divers : cher­cheurs, insti­tu­tion­nels, pouvoirs publics.

            Par contre, il n’y avait aucun député euro­péen, un seul s’était excusé et un autre était repré­senté par son « atta­ché parle­men­taire » ; cela a été vive­ment regretté par l’assistance. D’autant plus que le débat a porté, entre autre, sur la néces­sité ou non d’une posi­tion euro­péenne commune en matière d’éthique pour la recherche scientifique.

            Cinq ateliers se sont succé­dés sur un rythme soutenu durant ces deux jours, magis­tra­le­ment « mana­gés » par le présen­ta­teur de télé­vi­sion CBE, Martyn LEWIS. Ils compor­taient une rapide présen­ta­tion du thème sous forme d’une vidéo suivi de l’intervention d’un panel de personnes repré­sen­ta­tives. Après cette courte intro­duc­tion, la parole était donnée à la salle et les réponses appor­tées par le panel.

            Nous avons eu égale­ment la possi­bi­lité d’exprimer nos choix par le biais d’un vote élec­tro­nique qui nous était proposé régu­liè­re­ment. Avant le début de chaque atelier était ainsi exprimé l’opinion de l’assistance.

            Atelier 1 : l’histoire des Cellules Souches : 
            Est-​ce que nous soute­nons la recherche sur l’embryon ? OUI 71%, NON 11%, sans avis 18%

            Ce chiffre monte à 91% de vote favo­rable si l’on inter­roge les patients seuls.

            Le débat s’est très rapi­de­ment situé sur les diffé­rentes procé­dures pour obte­nir ces cellules et sur leurs impli­ca­tions en matière d’éthique. Tout d’abord quelques préci­sions quant aux méthodes utilisées :

            * Elles peuvent être trou­vées chez l’adulte ce qui pose, à priori, peu de diffi­cul­tés puisqu’elles concernent direc­te­ment le patient en cause. Mais elles sont moins nombreuses et plus diffi­ciles à multiplier.
            * Elles existent par contre en très grand nombre dans le sang du cordon ombi­li­cal. Cette procé­dure impose que soient recueillis ces cordons lors des nais­sances, pratique encore peu courante.
            * La procé­dure la plus promet­teuse se situe au tout début de la concep­tion : les embryons de 5/​6 jours appe­lés blas­to­cystes(**). Ces blas­to­cystes peuvent donc être issues soit d’une fécon­da­tion in vitro – les embryons dit « surnu­mé­raires », ceux qui ne sont plus utili­sés après la gros­sesse –, soit issues d’interruption volon­taire de gros­sesse, soit d’un clonage thérapeutique.

            C’est cette dernière tech­nique qui pose le problème éthique le plus impor­tant suivant que l’on consi­dère les blas­to­cystes comme un simple amas cellu­laire ou comme un être vivant en deve­nir. C’est ici que s’affrontent les diverses posi­tions philo­so­phiques ou religieuses.

            Un premier constat s’impose à l’assemblée : le manque d’informations et d’explications au public, les débats demeu­rant essen­tiel­le­ment au niveau des élites intel­lec­tuelles, poli­tiques ou morales.

            Atelier 2 : La science rejoint la Médecine 
            Savez-​vous si les cellules souches peuvent guérir un cancer ? OUI 63% NON 37%

            Les cellules souches font l’objet d’essais de théra­pies pour soigner des cancers sévères tel que la leucé­mie, ou dans le cadre de diabète, de trau­ma­tismes pour répa­rer un dommage. On peut provo­quer le déve­lop­pe­ment de cellules souches pour renou­ve­ler le sang ou la peau par exemple.

            Mais il n’existe pas encore de théra­pie : les résul­tats des essais sont encou­ra­geant mais il faut préve­nir le rejet du gref­fon et on constate leur dimi­nu­tion dans le temps. S’il est plus facile de s’attaquer à la mala­die de Parkin­son du fait de sa simpli­cité – la perte des neurones dopa­mi­ner­giques – il faudra au moins une dizaine d’années pour envi­sa­ger les essais sur les cellules humaines

            Réac­tions de plusieurs inter­lo­cu­teurs : « Ce n’est pas éthique de ne pas faire la recherche sur les embryons puisqu’on lais­se­rait des malades sans réponse au nom de la défense d’amas cellu­laires qui n’ont aucune chance de deve­nir des êtres vivants en parti­cu­lier dans le cadre des embryons surnuméraires ». 

            Atelier 3 : La vision des patients 
            En tant que malade, avons-​nous une place recon­nue dans la recherche ?

            OUI : 15% NON : 67% SO : 18%

            Est-​ce qu’il existe des blocages pour que l’on informe le public sur ces recherches ? Sans aucun doute car est très présent à l’esprit des déci­deurs ce qui se passe pour les O.G.M.. Il faut être très prudent dans la recherche : la sécu­rité est primordiale.

            Pour les Parkin­so­niens par exemple, il faut faire quasi­ment du « sur mesure » propre à chaque indi­vidu ; une approche multi­dis­ci­pli­naire est indispensable.

            Pour autant l’éthique ne doit pas empê­cher la recherche.

            Atelier 4 : Recherche sur les cellules souches et Société. 
            Qu’est ce qui influence le plus le débat ?

            La reli­gion : 47% la Poli­tique : 32% les Médias : 10%. poli­tique, histoire, loi : 5%

            Pour les oppo­sants à la recherche sur les embryons :

            Les malades refuseraient-​ils un trai­te­ment issu d’un embryon ? OUI 24%, NON 75%

            Refuseraient-​ils un médi­ca­ment issu de cette recherche ? OUI 15%, NON 81%

            Il appa­raît néces­saire l’instauration d’un débat démo­cra­tique sur le sujet : le public manque d’information sur le sujet. Comment mettre les patients dans le coup d’un vrai débat ?

            On peut consta­ter que la place des reli­gions est essen­tielle dans ce débat. Des repré­sen­tants des prin­ci­pales reli­gions exposent leur point de vue synthétique :

            * Pour la reli­gion juive, l’embryon précoce ne devient un être humain qu’à partir du 40ème jour après la concep­tion. La recherche sur les cellules souches ne pose donc pas de diffi­culté éthique pour elle.
            * Pour la repré­sen­tante des musul­mans, la reli­gion n’a pas le mono­pole de l’éthique. Il n’y a pas vie humaine avant un certain délai. Par ailleurs, il est tout à fait justi­fié d’aider une « vie exis­tante » par une « vie potentielle ».
            * Pour le repré­sen­tant des protes­tants, il n’y a pas une oppo­si­tion forte à la posi­tion des catho­liques. Il faut être à l’écoute des posi­tions de chacun avec la limite précise qu’il ne faut pas créer d’embryons pour la recherche ; mais, par contre, il parait judi­cieux d’utiliser les embryons « surnu­mé­raires » plutôt que de les détruire.
            * Pour l’église catho­lique, le prin­cipe est très strict : Il y a « être humain » en deve­nir dès la concep­tion. Par ailleurs, il ne peut pas être ques­tion d’utiliser un être humain – et donc les embryons surnu­mé­raires par exemple – comme moyen ou médi­ca­ment pour un autre humain.

            Le constat appa­raît donc qu’une posi­tion unanime est impos­sible à envi­sa­ger sinon sur un consen­sus soit trop rigide soit trop dilué et donc inutilisable.

            Certains inter­ve­nants soulignent toute­fois qu’il reste l’utilisation du sang de cordon ombi­li­cal qui a priori ne pose­rait pas de diffi­culté et l’activation des cellules souches à l’intérieur de l’individu lui-même.

            D’autres font le rappro­che­ment avec la contra­cep­tion et soulignent l’ambiguïté des posi­tions scien­ti­fiques et éthiques.

            Quel statut juri­dique pour l’embryon : un être ou une chose ?

            Atelier 5 : poli­tiques et médias en Europe 
            Les débats sont-​ils équi­li­brés ? OUI : 14% NON : 72% SO : 14%

            Qui influence le plus le débat ? Les hommes poli­tiques : 18% ; les médias : 82%.

            Cet atelier a été très perturbé par une panne géné­rale de sono­ri­sa­tion et donc égale­ment de traduc­tion. La prise de parole n’en a pas été faci­li­tée (ce qui est le comble pour le thème de cet atelier) ni les échanges qui se sont essen­tiel­le­ment traduits par quelques monologues.

            Atelier 6 : les pers­pec­tives d’avenir pour les patients 
            L’Europe peut-​elle faire avan­cer le débat ? OUI : 73% NON : 27%

            Il est indis­pen­sable que la Recherche soit enca­drée pour éviter toute dérive poten­tielle d’autant que d’autres pays – la Chine, la Corée du Sud – avancent dans le domaine et qu’une concur­rence écono­mique va se faire jour prochai­ne­ment : pourrons-​nous refu­ser aux malades l’utilisation de théra­pies ou de médi­ca­ments produits de la recherche sur les cellules souches y compris issues des embryons ?

            Conclu­sion :
            L’assemblée vote sur la recherche pour les cellules souches :

            OUI à 82% au lieu de 71% au début NON 12% au lieu de 11% SO 6% au lieu de 18%

            Les patients de l’assemblée se disent favo­rable à la recherche sur les cellules souches pour 97% au lieu des 91% du début.

            L’assemblée estime que la recherche débou­chera sur des résul­tats concrets dans :

            10 ans pour 61% au-​delà de 20 ans pour 35% au-​delà de 30 ans pour 4%

            Marie BACKER, prési­dente de l’E.F.N.A. et prési­dente de l’E.P.D.A., conclut les débats :

            Cette rencontre montre tout l’intérêt suscité par cette recherche qui ouvre de grands espoirs pour nombre de maladies.

            Elle souligne combien les malades et leurs repré­sen­tants souhaitent être partie prenante des débats et s’impliquer de manière plus effi­ciente dans la recherche.

            Leurs inté­rêts les amènent à dépas­ser les clivages poli­tiques, éthiques et reli­gieux qui pour­raient frei­ner les progrès de la médecine.

            Il est enfin apparu une réelle soif de connais­sance et d’information.

            En tant qu’invitée excep­tion­nelle, Rasheeda ALI est venue lire les encou­ra­ge­ments de Moha­med ALI, son père atteint de la mala­die de Parkin­son, qui souhaite le déve­lop­pe­ment de ces recherches et de la place à réser­ver aux malades dans le débat.

            Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr

            (*)EUROPEAN FEDERATION of NEUROLOGICAL ASSOCIATIONS, orga­ni­sa­tion prési­dée par : Mary G. BAKER prési­dente de l’E.P.D.A. (Euro­pean Parkinson’s Disease Association)

            (**)Blas­to­cyste : stade du déve­lop­pe­ment embryon­naire précoce (de 5 à 7 jours chez l’homme) au cours duquel coexistent les cellules péri­phé­riques, à l’origine du placenta, et des cellules de la masse interne, qui forme le bouton embryon­naire. Le blas­to­cyste est issu de la segmen­ta­tion de l’embryon au stade « morula » (16 cellules iden­tiques), et comporte une centaine de cellules consti­tuant la masse interne lorsqu’on prélève les cellules au 6ème jour

            Agrément des associations représentant les usagers dans les instances hospitalières ou de santé publique —  Décret n°2005 – 300 du 31 mars 2005(*)

            Article issu de Le Parkin­so­nien Indé­pen­dant N°24 – mars 2006

            La ques­tion se pose de plus en plus de la place des « usagers », malades et familles, au sein des diffé­rentes instances où se décident l’avenir de leurs usagers et de la recherche dans les domaines qui les concernent tout parti­cu­liè­re­ment. Un décret vient de paraître au Jour­nal Offi­ciel qui en précise les modalités.

            Ce décret précise, tout d’abord les condi­tions d’agrément :

            Art. R. 1114 – 1 « Les asso­cia­tions peuvent être agréées si elles justi­fient, pour les trois années précé­dant la demande d’agrément, de l’exercice d’une acti­vité effec­tive et publique en vue de la défense des droits des personnes malades et des usagers du système de santé ainsi que d’un fonc­tion­ne­ment conforme à leurs statuts. »

            « L’activité effec­tive et publique de l’association est notam­ment appré­cie au regard des actions qu’elle conduit :

            1. En faveur de la promo­tion des droits des personnes malades et des usagers du système de santé auprès des pouvoirs publics et au sein du système de santé ;
            2. Pour la parti­ci­pa­tion des personnes malades et des usagers à l’élaboration des poli­tiques de santé et pour leur repré­sen­ta­tion dans les instances hospi­ta­lières ou de santé publiques ;
            3. En matière de préven­tion, d’aide et de soutien en faveur des personnes malades et des usagers du système de santé ».

            « Les unions d’associations sont dispen­sées de justi­fier de trois années d’ancienneté et d’une acti­vité effec­tive et publique en vue de la défense des doits des personnes malades et des usagers du système de santé si les asso­cia­tions qui les composent remplissent ces conditions. » 

            Il est néces­saire, enfin, de souli­gner l’article R. 1114 – 13 :

            « Les membres d’une asso­cia­tion agréée au niveau natio­nal peuvent repré­sen­ter les usagers du système de santé dans les instances hospi­ta­lières ou de santé publiques natio­nales, régio­nales dépar­te­men­tales ou locales. …

            « Dans le cas des unions d’associations, les fonc­tions de repré­sen­ta­tion des usagers du système de santé peuvent être assu­rées par les membres des asso­cia­tions qui les composent. » 

            La place du CECAP

            Le Comité d’Entente et de Coor­di­na­tion des Asso­cia­tions de Parkin­so­niens (C.E.C.A.P.)(**) est une Union d’associations qui peut prétendre faire l’objet d’un agré­ment national.

            Ses fonda­teurs, dont l’association qui édite ce jour­nal, l’ont voulue :

            o Précise dans ses objec­tifs et ses moyens d’action : ce sont les articles 2 et 3 des statuts qui précisent entre autre : « Elle se veut indé­pen­dante de toute idéo­lo­gie philo­so­phique, poli­tique, reli­gieuse, de tout pouvoir commer­cial ou médical. ».
            o Simple dans son admi­nis­tra­tion : un bureau composé d’un Président, d’un Secré­taire et d’un Trésorier.
            o Démo­cra­tique dans son fonc­tion­ne­ment : les déci­sions sont prises en assem­blée géné­rale perma­nente des diffé­rentes asso­cia­tions qui la composent. En effet, les moyens modernes de commu­ni­ca­tion (fax, Inter­net) permettent un échange et des déci­sions rapides et respec­tueuses de leur souve­rai­neté.

            Malgré qu’elle préexiste à la promul­ga­tion du décret, elle nous semble entrer ainsi dans les contraintes de ce texte. C’est pour­quoi une demande d’agrément natio­nal va être intro­duite dans les tous prochains jours ; ceci permet­tra à ses asso­cia­tions adhé­rentes de pouvoir prétendre être repré­sen­tées dans les instances de leur région, leur dépar­te­ment ou leur ville

            Nous avons donc là un outil parti­cu­liè­re­ment utile et néces­saire pour que notre parole soit portée dans toutes les instances qui nous concernent au premier chef.

            Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr

            (*) L’intégralité du texte peut être trouvé sur : http://www.admi.net/jo/20050401/SANX0500031D.html
            (**)Les statuts de CECAP peuvent être adres­sés sur simple demande.

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