Exposition aux pesticides et maladie de Parkinson : le lien confirmé chez les agriculteurs français
Publié le 27 janvier 2013 à 13:41Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
Une équipe de chercheurs de l’unité Inserm « Neuroépidémiologie » et de l’UPMC montre que l’exposition aux pesticides double quasiment le risque de survenue de la maladie de Parkinson parmi les agriculteurs. Ce risque augmente avec le nombre d’années d’exposition et, chez les hommes, est principalement lié à l’usage d’insecticides, notamment de type organochloré. Ces résultats, qui posent également la question du rôle d’une contamination résiduelle de la population générale par ces pesticides, sont publiés en ligne dans Annals of Neurology.
La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente, après la maladie d’Alzheimer. On admet que, dans la plupart des cas, elle trouve son origine dans une combinaison de facteurs de risque génétiques et environnementaux.
Parmi les facteurs d’environnement suspectés, des études épidémiologiques ont montré une association entre la survenue de la maladie de Parkinson et une exposition professionnelle aux pesticides. Toutefois, aucune famille de pesticides n’a pu être spécifiquement mise en cause et le rôle du niveau d’exposition n’a pas été étudié (relation dose-effet).
En collaboration avec la Mutualité sociale agricole (MSA), une équipe de chercheurs de l’Inserm et de l’UPMC (Université Pierre et Marie Curie) a étudié un groupe de 224 patients atteints de maladie de Parkinson, qu’ils ont comparé à un groupe de 557 personnes non malades, toutes affiliées à la MSA, de même âge et sexe et habitant dans le même département.
L’exposition aux pesticides durant toute la vie professionnelle des participants a été reconstituée de manière très détaillée à l’occasion d’entretiens avec des médecins du travail de la MSA permettant de recueillir un grand nombre d’informations telles que la surface des exploitations, le type de cultures et les pesticides utilisés, le nombre d’années et la fréquence annuelle d’exposition, ou encore la méthode d’épandage.
Les résultats montrent que les patients atteints de maladie de Parkinson avaient utilisé plus souvent des pesticides et durant un plus grand nombre d’années que les témoins ; les chercheurs ont alors estimé que les agriculteurs exposés aux pesticides avaient un risque presque deux fois plus élevé de développer la maladie de Parkinson que ceux qui n’en utilisaient pas.
Parmi les principales familles de pesticides, les chercheurs ont mis en évidence chez les hommes atteints un risque jusqu’à 2,4 fois plus élevé que chez les témoins pour les insecticides de type organochloré. Cette famille de pesticides qui regroupe par exemple le lindane et le DDT a été largement utilisée en France entre les années 1950 et 1990 et se caractérise par une persistance dans l’environnement de nombreuses années après l’utilisation. Les chercheurs précisent toutefois qu’on ne peut pas, à partir de ces résultats, exclure l’implication d’autres types de pesticides moins fréquemment utilisés.
Les auteurs soulignent alors l’importance de l’éducation des utilisateurs professionnels de pesticides à un meilleur usage et la mise en place de mesures de protection des travailleurs agricoles.
Enfin, au-delà du rôle de l’exposition aux pesticides à des niveaux élevés en milieu professionnel, ces résultats soulèvent la question des conséquences d’une exposition à plus faibles doses. Des études complémentaires seront nécessaires pour répondre à cette question.
Annals of Neurology :
http://www3.interscience.wiley.com/cgi-bin/fulltext/122322358/PDFSTART (Sous presse)
Contact chercheur :
Alexis Elbaz Unité Inserm 708 Neuroépidémiologie Hôpital de la Salpêtrière 47 Bvd de l’Hôpital 75651 Paris Cedex 13 France Tel : 01 42 16 25 40
Contact presse :
Anne Mignot Tel. 01 44 23 60 73
Françoise Reboul Salze Département Information Scientifique et Communication Mission Inserm Associations Chargée de mission 101, rue de Tolbiac 75654 Paris cedex 13 Tél : 01 44 23 60 89 Fax : 01 44 23 60 68 www.associations.inserm.fr
Transmis par Dominique Bonne
Ortophonie et maladie de Parkinson
Publié le 24 janvier 2013 à 09:59Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
Véronique Rolland-Monnoury
Orthophoniste Certifiée LSVT Chargée d’enseignement
La prise en charge orthophonique des patients parkinsoniens concerne quatre domaines : les troubles de la parole (dysarthrie), de la déglutition (dysphagie), de l’écriture (micrographie) et les troubles cognitifs (attention, fonctions exécutives : organisation, planification).
Parole, déglutition et écriture ont en commun d’être des actes moteurs hautement automatisés qui nécessitent une organisation séquentielle précise et rapide du mouvement pour aboutir au bon geste ; or le dysfonctionnement des noyaux gris centraux dans la maladie de Parkinson a un impact sur ces schémas moteurs.
Les troubles de la parole
L’akinésie (difficulté à l’initiation du mouvement), la bradykinésie (ralentissement de l’exécution du mouvement), l’hypokinésie (réduction de l’amplitude du mouvement) et la rigidité présentes dans la maladie de Parkinson expliquent l’origine du terme de « dysarthrie hypokinétique ».
Il est acquis actuellement que les troubles de la parole sont un des marqueurs cliniques de la maladie et de son évolution. Il est également reconnu qu’ils surviennent dès le début de la maladie et même parfois au cours de la période pré-diagnostique. La dysarthrie est un symptôme de la maladie souvent négligé au stade précoce et elle ne retient l’attention que lorsque les troubles atteignent un degré important de sévérité induisant une perte d’intelligibilité. Son installation insidieuse car lentement progressive n’alerte pas en début d’évolution. Ceci est d’autant plus regrettable que la prise en charge gagne en efficacité lorsqu’elle est instaurée dès le stade initial de la maladie. Au fil du temps, la dysarthrie peut constituer un handicap majeur avec retrait social et perte d’estime de soi, toujours vécu douloureusement par les patients et leur entourage.
La dysarthrie parkinsonienne altère les différentes composantes de la parole.
Les troubles phonatoires, d’apparition très précoce, concernent l’intensité (la voix devient progressivement hypophone), la hauteur (avec abaissement ou élévation de la fréquence fondamentale), la qualité vocale (le timbre devient soufflé, voilé, éraillé, plus rarement rauque ou tremblé).
Les troubles prosodiques sont caractérisés par :
- la perte précoce des modulations d’intensité et de hauteur donnant à la parole un caractère monotone, manquant d’émotion.
- les troubles de l’organisation temporelle de la parole (plus tardifs dans l’évolution) et variables (ralentissement ou accélération du débit).
- les troubles de la fluence faisant évoquer par les patients un bredouillement ou un bégaiement et caractérisés par les palilalies (répétitions de phonèmes, syllabes, mots ou rhèses
Les troubles articulatoires apparaissent au fil de l’évolution et sont marqués par un déficit de la précision articulatoire, touchant notamment la production des occlusives avec phénomène de spirantisation, caractéristique de la MP (transformation des occlusives en constrictives).
La prise en charge des troubles de la parole, longtemps considérée comme inefficace, est désormais reconnue comme un élément essentiel de l’arsenal thérapeutique disponible pour la prise en charge globale des patients parkinsoniens. Elle devra être précoce pour lutter contre la progression des troubles et le repli sur soi engendré par les difficultés de communication. Dans un premier temps, elle visera à faire acquérir de nouvelles habiletés motrices pour pallier les automatismes défaillants.
La prise en charge devra être évolutive et adaptée selon les besoins du patient, le stade de la maladie, la sémiologie des troubles et leur degré de sévérité. Les objectifs varieront en parallèle : de la rééducation de la parole au maintien de la communication. La prise en charge se fera à long terme, ce qui ne signifie pas de facto en continu. Divers moyens, approches et techniques sont disponibles et seront mis en œuvre successivement.
Un bilan orthophonique précis constituera la première étape indispensable. Il comprendra une analyse perceptive, une évaluation sensori-motrice, une épreuve de réalisation phonétique, une auto-évaluation et des relevés instrumentaux. La sévérité des troubles sera appréhendée notamment avec des épreuves concernant l’intelligibilité. Des évaluations de suivi seront ensuite effectuées.
La rééducation de la parole s’appuiera sur les principes d’apprentissage moteurs qui sont reconnus être les plus efficaces pour favoriser les capacités de plasticité neuronale. Ces principes sont :
- intensivité de la prise en charge (4 séances par semaine), par sessions renouvelées dans le temps
- rééducation « ciblée », donc axée sur les exercices de parole pour être pertinente et efficace,
- rééducation progressive (du plus simple au plus complexe) et répétitive (pour automatiser)
- utilisation de feed-back (notamment visuels),
- mise en place d’une pratique constante et aléatoire,
- accès pour les patients à la connaissance de leurs performances et de leurs résultats.
Le protocole Lee Silverman Voice Treatment (LSVT®) a permis une amélioration notable de l’efficacité de la prise en charge des patients parkinsoniens car il cible la spécificité de la dysarthrie parkinsonienne et prend en compte les troubles neuro- psychologiques liés à la maladie (touchant notamment l’attention et les fonctions exécutives). Il est le traitement de choix au stade précoce et longtemps durant l’évolution de la MP. Il peut être appliqué par sessions renouvelées dans le temps selon les besoins du patient.
De nombreuses études, répondant à des critères méthodologiques précis, ont montré l’efficacité du protocole LSVT®. Des améliorations multi-systémiques ont été relevées après les sessions avec des améliorations du fonctionnement laryngé, de l’articulation, de l’intelligibilité, de l’expression du faciès et une réduction des troubles de déglutition.
Ce protocole est reconnu comme méthode référence pour la prise en charge de la dysarthrie parkinsonienne (Cf. Guide du parcours de soins du patient parkinsonien édité par la Haute Autorité de santé, http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_1242645/parcours-de-soins-de-la-maladie-de-parkinson).
Quand une session LSVT ne sera plus indiquée, l’orthophoniste aura recours aux techniques générales de rééducation des dysarthries. Les exercices choisis viseront notamment le travail conjoint respiration/phonation, les aspects prosodiques (intonation, accentuation, rythme et débit), l’articulation et la résonance.
Des aides instrumentales (comme le pacing-board ou l’alphabet-board) constitueront un apport bénéfique pour la prise en charge des troubles du rythme de la parole.
Les outils de communication alternative seront mis en place si la sévérité de la dysarthrie ne permet plus l’intelligibilité de la parole et les échanges et lorsque la rééducation axée sur la parole sera inefficace. Ils devront être d’utilisation simple et personnalisés, c’est- à‑dire, élaborés avec le patient. La participation de l’entourage sera indispensable. Il conviendra aussi de mettre en place des stratégies facilitant la communication (gestes, codes, règles) dans le cadre d’une approche écologique globale.
Les troubles de la déglutition
Les troubles de la déglutition sont fréquents. Leur prévalence est estimée de façon variable selon que l’on considère la plainte du patient ou leur recherche systématique par des questionnaires, des bilans cliniques ou des méthodes instrumentales. Globalement, la fréquence relevée en recueillant la plainte des patients est plus faible que celle des anomalies constatées par les études instrumentales. Il est probable que la dysphagie apparaît tôt dans l’évolution de la maladie. Elle s’aggrave au fil du temps.
Les symptômes témoignent d’un dysfonctionnement qui peut toucher les trois temps de la déglutition et s’étendre des lèvres au sphincter inférieur de l’œsophage. Dans la majorité des cas, les difficultés sont observées aux temps oral et/ou pharyngé. Les plaintes des patients concernent plus fréquemment la déglutition des solides que des liquides, alors que les examens cinéradiographiques révèlent davantage d’anomalies et de fausses routes avec les liquides.
Le bavage et les difficultés à avaler la salive sont rapportés fréquemment, jusqu’à 78 % des patients signalent ces symptômes qui ne sont pas dus à une hypersalivation puisque les patients ont une production comparable à celle des sujets témoins. Il s’agit plutôt d’une réduction du nombre de déglutitions salivaires.
Durant la phase orale, il est classiquement retrouvé un trouble de la propulsion linguale caractéristique conduisant à un mouvement répétitif antéropostérieur répétitif (dit de « rolling »). D’autres anomalies sont décrites : difficultés de mastication, retard de déclenchement du temps pharyngé, stases valléculaires ou au niveau des sinus pyriformes, déficit de propulsion pharyngée et fausses routes silencieuses ou non. Un dysfonctionnement du sphincter supérieur de l’œsophage parait également fréquent.
Les signes de sévérité de la dysphagie doivent être recherchés. Il s’agit des complications respiratoires (bronchite persistante, pneumopathie, épisodes d’asphyxie), des impacts nutritionnels (perte de poids, déshydratation) et des conséquences psychologiques et sociales (peur de manger, retrait social).
La prise en charge des troubles de la déglutition comportera deux versants : analytique et fonctionnel.
- Des exercices analytiques viseront à améliorer ou maintenir la motricité oro-faciale adaptée au geste de déglutition qui requiert amplitude et force.
- La prise en charge fonctionnelle permettra de mettre en place les adaptations nécessaires concernant l’installation, les outils, les textures alimentaires. Elle abordera aussi les postures compensatoires et surveillera l’état pondéral.
Cette prise en charge sera évidemment adaptée à chaque étape et se fera en lien avec une équipe pluridisciplinaire et l’entourage (médecin ORL, neurologue, diététicienne, personnel soignant, aidants…)
Les troubles de l’écriture
Les troubles de l’écriture sont caractérisés par une écriture dont les caractères s’amenuisent progressivement conduisant à une « micrographie ».
On constate une diminution de la taille des lettres, un télescopage des éléments du graphisme, une lenteur d’exécution. L’initiation du mouvement est altérée et une accélération se produit en fin de phrase ou de ligne. On peut relever aussi des blocages complets au milieu d’un mot ainsi que des retours en arrière avec essai de corrections.
Le balayage visuel est modifié car le patient revient sans cesse en arrière pour vérifier la qualité de son écriture.
Les altérations s’amplifient au fil de l’écriture qui peut devenir totalement illisible. La micrographie des malades parkinsoniens est une dysgraphie spécifique : lorsqu’on étudie à la loupe les productions d’un patient, on s’aperçoit qu’elles ont gardé toutes les caractéristiques graphologiques personnelles.
Le travail de rééducation devra se faire sur un rythme intensif (3 à 4 séances par semaine pendant 4 ou 5 semaines) et visera à redonner de l’ampleur et de la fluidité au mouvement. Avec une participation quotidienne du patient, et là aussi vigilance et volonté, il sera effectué en une vingtaine de séances et donnera des résultats gratifiants. Il sera nécessaire de refaire quelques séances régulièrement quand les bénéfices acquis s’estomperont.
Conclusion
On le constate, le rôle des orthophonistes auprès des patients parkinsoniens peut se situer à plusieurs niveaux. Dans tous les cas, les thérapeutes seront des guides qui solliciteront participation très active, volonté et motivation. Ils participeront également à l’éducation thérapeutique du patient pour l’aider à prendre en charge la maladie de façon autonome le plus longtemps possible.
Ils devront également être des accompagnateurs vigilants et adapteront le projet thérapeutique à l’évolution de la maladie. La collaboration avec l’entourage sera importante quand elle sera possible. De même, les échanges avec les autres professionnels médicaux et paramédicaux seront indispensables pour la cohérence de la prise en charge.
En accord avec le patient et son entourage, ils auront pour objectif une meilleure qualité de vie.
Lu par Jean Pierre Lagadec sur GP29
Diagnostiquer Parkinson, bientôt simple comme un coup de fil
Publié le 15 janvier 2013 à 19:16Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
La maladie de Parkinson est dégénérative et ravageuse. Les traitements s’attaquent aux symptômes, retardent l’échéance inéluctable pour ses 6,3 millions de victimes dans le monde. L’augmentation de l’espérance de vie laisse présager une flambée de cette pathologie. Médecins et laboratoires tâtonnent. Les patients sombrent. Aucun traitement n’a raison du mal. Pour mieux comprendre la maladie, il faudrait pouvoir tester les soins de façon plus rapide, et pour cela bénéficier de larges échantillons de malades. Un rêve dans cette période de crise pour les Etats et les groupes pharmaceutiques.
Un projet en bonne et due forme pour Max Little, chercheur au MIT (Institut de technologie du Massachusetts) en mathématiques appliquées. « Aujourd’hui, on ne sait pas comment aider les malades de Parkinson, notamment parce que l’on ne sait pas lire l’évolution des symptômes. Nous n’avons pas les moyens accessibles et faciles pour suivre cela de façon objective. »
Max Little a inauguré la conférence avec une promesse comme on n’en entend qu’à TED : bientôt diagnostiquer la maladie de Parkinson et suivre son évolution sera, littéralement, simple comme un coup de fil. Et quasiment gratuit. …
Chez un malade de Parkinson, la voix a des rigidités
Ses recherches démarrent en 2003 lors de son PhD (doctorat de recherche) à Oxford. Il pense que les mathématiques peuvent aider à mieux comprendre la voix. « Je cherchais un terrain d’application. Je me suis intéressé aux dysfonctionnements. Par exemple, comment un chirurgien qui intervient sur des cordes vocales — après un cancer notamment — peut-il savoir, objectivement, qu’il a réussi ? » Max Little se lance dans l’analyse clinique, travaille avec des médecins, publie, crée des modèles algorithmiques.
En 2006 à Toulouse, lors de la conférence International Conference on Acoustics, Speech and Signal Processing (Icassp) sur l’électronique, l’acoustique, la parole, il est abordé dans les couloirs par un chercheur d’Intel. La firme travaille sur des outils pour suivre l’évolution de la maladie de Parkinson. L’un de ses fondateurs investit une bonne partie de sa fortune depuis qu’il se sait atteint. Précisément, les chercheurs d’Intel ont enregistré la voix de cinquante patients, une fois par semaine, pendant six mois. Mais ils ne savent pas quoi faire des données. Du pain bénit pour Max Little. Intel le met au défi, organise un test à l’aveugle. Avec l’aide de son système, il doit identifier les malades. Il répond avec 86 % de fiabilité.
Max Little travaille à partir d’enregistrements. Il y applique une batterie d’algorithmes (300 !) pour transformer un signal sonore en nombre. « On cherche une dizaine de données qui caractérisent votre voix, comme la régularité de la vibration de vos cordes vocales, l’amplitude de mouvement de vos lèvres. Et ensuite on utilise le ‘machine learning’ (l’apprentissage autonome des machines) pour mettre en lien ces données avec des informations concrètes, comme la présence ou non de la maladie, sa sévérité. »
Le champ des questions s’ouvre : quelles sont les causes de cette pathologie ? Les populations à risque ? Comment optimiser les traitements ? Pour y répondre, la recherche a besoin d’un échantillon conséquent :
« Les méthodes utilisées pour diagnostiquer et suivre les maladies sont bien trop onéreuses. Pour Parkinson, il faut aller voir un neurologue. Le test dure vingt minutes, mais il coûte 300 dollars [aux Etats-Unis]. Pour confirmer la maladie, il faut que le médecin essaie un traitement. A peu de chose près, un mois après, si les symptômes empirent, il dira que vous avez Parkinson. C’est long et compliqué à diagnostiquer, quant à savoir à quel stade de la maladie vous êtes, oubliez ! On a besoin d’un outil simple, à bas coûts, à diffuser de façon la plus large possible pour une réponse objective et rapide. »
L’idée est de rendre cette technologie accessible à tous
Et, selon Max Little, cet outil est le téléphone, utilisé par cinq milliards d’individus. A terme, il veut créer une application qui permettra à quiconque de réaliser de chez lui un test de diagnostic ou de suivre l’évolution des symptômes.
Il a lancé à TED un appel à dons particulier : « On a besoin de récupérer 10 000 voix pour construire notre échantillon. L’idée, c’est de recenser les problèmes qui pourraient conduire à une mauvaise interprétation (interférence sur la ligne de téléphone) et définir le test optimal (durée, fréquence). Et puis on veut être sûr de regarder les bons critères. »
La Parkinson’s Voice Initiative a déjà récupéré 6 200 contributeurs en un mois. « Mais j’ai vraiment besoin que vos lecteurs nous téléphonent », conclut-il dans un sourire. Pour pouvoir participer, il suffit d’appeler le 02 – 49-88 – 05-76, que vous ayez la maladie ou pas, et de répondre aux questions. Le test est anonyme et gratuit.
Pour Max Little, la fortune serait-elle à portée de main ? Ce n’est pas l’objectif. « L’idée est de rendre cette technologie accessible à tous, individus comme laboratoires. On réfléchit à la meilleure façon de le faire : faut-il ou non nous associer avec le mouvement des logiciels libres pour établir une application gratuite sur iPhone ? Se rapprocher des compagnies pharmaceutiques pour qu’elles l’utilisent et baissent leurs coûts de recherche ? Notre but, c’est d’accélérer la découverte d’un traitement. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un problème d’argent, mais d’accès aux données. »
Ce mathématicien veut révolutionner le diagnostic et accélérer le traitement des maladies neuronales. Des sommes astronomiques sont en jeu. Il travaille sur la voix. La sienne est claire, son raisonnement limpide. Il est sûr de réussir. On a envie de le croire. Sur parole.
LE MONDE (08.08.2012) par Flore Vasseur
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La TED : Lancée en Californie en 1984, la conférence Technology, Entertainment and Design (TED) est la Mecque des passionnés d’innovation. Seuls en scène, sans notes et en dix-huit minutes, artistes, chercheurs du Massachusetts Institute of Technology et humanitaires partagent visions et recherches pour le monde. Longtemps le secret le mieux gardé de la Silicon Valley, TED décoiffe, agace, invente le Salon du XXIe siècle avec TED.com, énorme plate-forme d’échange d’idées (800 millions de pages vues, en 88 langues); et avec les TEDx, ces 4 400 événements locaux créés en trois ans par des bénévoles. L’une des deux éditions annuelles, TED Global, se tenait à Edimbourg en juin. Nous y étions.
Article transmis par Françoise Vignon
Des cellules souches prélevées sur des patients pourraient améliorer la recherche sur les médicaments pour la maladie de Parkinson
Publié le 13 janvier 2013 à 09:30Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
Une étude soutenue par NIH (National Institute of Health Institut National de la Santé américain) montre que des cellules de patients différents ont une réponse unique aux médicaments. Les chercheurs ont fait une démarche vers une médecine personnalisée pour la maladie de Parkinson en explorant les signes de la maladie sur les cellules dérivées de patients et en testant comment ces cellules répondent aux traitements médicamenteux.
Les chercheurs ont collecté des cellules de peau sur des patients avec des formes génétiquement héréditaires de Parkinson et ont reprogrammé ces cellules en neurones. Ils ont trouvé que les neurones issus d’individus ayant des types différents de Parkinson, montraient des signes communs de détresse et de vulnérabilité… en particulier, des anomalies dans des composants cellulaires fournisseurs d’énergie cellulaire connues sous le nom de mitochondries. De même, les réponses des cellules aux différents traitements dépendaient du type de maladie de Parkinson de chaque patient. Les résultats ont été publiés dans Science Translational Medicine.
Selon Margaret Sutherland, Ph.D., directrice de programme au National Institute of Neurological Disorders and Stroke (NINDS) : « Ces découvertes suggèrent de nouvelles opportunités pour les essais cliniques de la maladie de Parkinson. Les technologies de reprogrammation pourraient être utilisées pour identifier les patients et agir le mieux possible pour une intervention spécifique »
Un groupe de chercheurs a conduit l’étude avec le support initial du NINDS. Le groupe est dirigé par Ole Isacson, M.D., Ph.D., professeur de neurologie au Maclean Hospital et à la Harvard Medical School à Boston.
Le premier objectif du groupe NINDS était de transformer les cellules de peau de patients en cellules souches pluripotentes induites (induced pluripotentes stem cells ou iPS); ce sont des cellules adultes qui ont été reprogrammées pour se comporter comme des cellules souches embryonnaires. Les chercheurs du groupe ont ensuite utilisé une combinaison de conditions de croissance et de molécules stimulant la croissance pour stimuler ces cellules iPS à devenir de nouveaux neurones, y compris ceux qui en raison de leur type (dopaminergique) meurent dans la maladie de Parkinson.
La maladie de Parkinson affecte certaines régions du cerveau, incluant une zone de commande motrice appelée substance noire. C’est là que la maladie détruit les neurones qui produisent la dopamine. La perte de ces neurones conduit au tremblement involontaire, à des mouvements ralentis, à la raideur musculaire et à d’autres symptômes. Les médicaments peuvent aider à gérer les symptômes, mais il n’y a pas de traitement pour ralentir ou stopper la maladie.
La plupart des cas de Parkinson sont sporadiques, ce qui signifie que la cause est inconnue. Cependant la génétique joue un rôle important. Il y a 17 régions du génome avec des variations communes qui entrainent le risque de développer la maladie de Parkinson. Les chercheurs ont aussi identifié 9 gènes qui après mutation peuvent provoquer la maladie.
Le Dr Isacson et ses collaborateurs ont prélevé sur 5 personnes ayant des formes génétiques de la maladie de Parkinson des cellules de peau puis les ont transformées en iPS. En se focalisant sur des cas génétiques plutôt que sur des sporadiques, ils espéraient avoir de meilleures chances d’obtenir des modèles cellulaires permettant de suivre le processus de la maladie et les réponses aux traitements. Trois des personnes avaient des mutations d’un gène appelé LRRK2, et deux autres étaient frère et sœur avec des mutations au niveau du gène PINK1. Les chercheurs ont également dérivé des cellules iPS de deux des membres de la famille des frères et des sœurs qui n’ont pas la maladie de Parkinson, ni de mutation connue liée à cette maladie.
Parce que des études antérieures avaient suggéré que la maladie de Parkinson impliquait une rupture de la fonction mitochondriale, les chercheurs ont cherché des signes d’altération mitochondriales dans ces nouveaux neurones provenant de patients. Les mitochondries transforment l’oxygène et le glucose en énergie cellulaire. Les chercheurs ont constaté que les taux de consommation d’oxygène ont été plus faibles dans les cellules de patients porteurs de mutations LRRK2 et plus élevés dans les cellules avec la mutation PINK1. Dans les cellules mutantes issues de patients ayant la mutation PINK1, les chercheurs ont également découvert une vulnérabilité accrue au stress oxydatif, un processus nuisible qui, en théorie, peut être neutralisé avec des antioxydants.
Ensuite, les chercheurs ont vérifié si les nouveaux neurones provenant de patients et de volontaires sains étaient vulnérables à une variété de toxines, y compris certaines qui ciblent les mitochondries. Par rapport aux neurones des individus en bonne santé, les neurones provenant de patients étaient plus susceptibles d’être endommagés ou de mourir après une exposition à des toxines mitochondriales. Les neurones provenant de patients ont également subi plus de dommages venant des toxines que les nouveaux neurones issus de cellules de la peau provenant de volontaires sains.
Ensuite, les chercheurs ont tenté de secourir les cellules exposées aux toxines avec divers traitements médicamenteux qui s’étaient montrés prometteurs dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson, dont le coenzyme antioxydant Q10 et l’immunosuppresseur Rapamycine. Tous les neurones dérivés de patients, qu’ils aient porté les mutations LRRK2 ou les mutations PINK1, ont eu des réponses positives au coenzyme Q10. Cependant, les nouveaux neurones provenant de patients diffèrent dans leur réponse à la Rapamycine. Le médicament a aidé à prévenir les dommages neuronaux avec des mutations LRRRK2 mais il n’a pas protégé les neurones avec des mutations PINK1.
Ces résultats indiquent que la technologie des cellules iPS pourrait servir à faciliter la sélection des sous-groupes de patients pour des essais cliniques. À ce jour, les essais pour la maladie de Parkinson n’ont pas porté sur des groupes spécifiques de patients ou de formes de la maladie, parce qu’il y a eu peu d’indices pour orienter les chercheurs vers des traitements individualisés.
Bien que l’étude actuelle soit axée sur les formes génétiques de la maladie de Parkinson, la technologie des cellules iPS (transformer des cellules de peau de patient en nouveaux neurones) pourrait servir à définir les mécanismes de la maladie ainsi que les traitements les plus prometteurs pour la forme sporadique de la maladie de Parkinson.
Rédigé par Laurent LESCAUDRON traduit par Jean Pierre LAGADEC
Le NINDS Parkinson’s Disease iPS Cell Research Consortium est l’un des trois consortium fondés par le NINDS
Un des consortiums est axé sur le développement de cellules iPS pour l’étude de la maladie de Huntington, et un autre se concentre sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA) et la démence fronto-temporale.
Éditorial
Publié le 09 janvier 2013 à 06:02Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT n°51 – décembre 2012
Tous mes vœux sincères pour cette nouvelle année qui va prochainement débuter (à moins que les mystères de la Poste ne vous adressent cette revue qu’en tout début d’année !)… qu’elle vous soit la plus profitable possible et que votre santé au moins se stabilise dans un statu quo équilibré.
Je sais par expérience combien les évènements, le changement de posologie ou de médicament, mais aussi les changements dans la situation sociale, un déménagement, enfin tout ce qui dérange notre précaire stabilité acquise de haute lutte… vont entraîner de bouleversements provoquant des sentiments d’impuissance et de découragement devant cette lutte sans fin, de tous les jours, pour dépasser la dépression passagère liée aux zigzags, souvent erratiques, de notre dosage chimique intérieur.
Une amie m’a rappelé combien il est important, dans ces moments de noirceur profonde, où les idées les plus folles viennent nous titiller, même les plus définitives…, de se souvenir des moments de bonheur ou tout simplement des répits que nous accorde la maladie : nous avons encore des beaux jours devant nous, de belles heures à passer. Et ce n’est pas par excès d’optimisme que je vous dis : regardez les beautés du monde (il y en a !), la joie que vous pouvez encore trouver malgré tout.
C’est tout simplement que nous n’avons pas le choix si nous voulons vivre encore comme des personnes debout, responsables de notre destin.
« Facile à dire » me rétorqueront certains ! Mais je veux m’en persuader le plus profondément possible ne serait-ce que pour ceux qui nous aiment ; nous n’avons pas le droit de les faire souffrir plus que ce qu’ils subissent déjà de nos humeurs, elles aussi, erratiques et de nos incapacités, parfois seulement temporaires mais qui pèsent de tout leur poids.
Alors, oui, sincèrement, de tout mon cœur, je vous dis :
« Mes meilleurs vœux de bonheur pour cette nouvelle année ! »
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