Témoignage d’un Aidant
Publié le 19 octobre 2007 à 09:56Paru dans LE PARKINSONIEN INDEPÉNDANT N°28 – mars 2007
Lettre de Madame D. DUPONT (59) (extraits)
Nous avons reçu une longue lettre de témoignage à la suite de notre dernier numéro. Le texte intégral en sera diffusé dans « ParkAidants » revue proposée par l’association de La Manche.
« Il est vrai que l’on parle souvent peu des aidants et je voudrais vous apporter mon témoignage. »… Fin 99, elle accompagne son mari chez un neurologue : « Nous avons alors appris qu’il était atteint de la maladie de Parkinson. Cela va vous paraître étrange, mais cela ne nous a pas assommés ! Notre référence : le pape Jean Paul II qui continuait de voyager. Ensuite nous avons assisté à une conférence donnée par un neurologue. En sortant mon mari m’a dit : « Au moins on en meure pas ; c’est pas comme le cancer ! »…vous allez peut-être nous trouver naïfs, je dirais optimiste ! »…
Le fait de ne pas cacher la maladie de son mari lui permet d’obtenir l’aide de son entourage lors de difficultés passagères. Mais « en 2003, il a fait une chute dans la rue alors qu’il me donnait le bras : côtes fêlées, perte d’assurance… La nuit, lorsqu’il devait se lever de son lit médicalisé, il s’accrochais à une barre placée par son gendre mais ensuite il prenait son déambulateur et je devais le suivre parfois trois ou quatre fois par nuit. Cela prenait du temps. J’ai essayé l’urinal mais comme il craignait un « accident » il me réveillait davantage et bien souvent inutilement… »
Elle explique ensuite les travaux d’aménagement réalisés dans leur pavillon : « Nous nous étions équipés pour gérer la maladie. Malheureusement, le 6 mai 2004, mon mari qui avait terminé son petit déjeuner n’a pas pris le temps de m’attendre ; il s’est levé et ce fût la chute grave…Notre médecin étant absent nous en avons appelé un autre qui prend rendez-vous dans une clinique de Tourcoing pour une radio… Arrivé à 15h30…on nous apprend à 17h30 qu’il sera opéré le lendemain dans une clinique de Roubaix ! …
Refus de madame qui exige le transfert dans une clinique de Marcq en Baroeul que son mari connaît pour y avoir déjà été opéré des hanches. Le chirurgien qui l’a opéré précédemment, devant les risques liés à des problèmes cardiaques, juge plus prudent de ne pas l’opérer.
« Pendant plus de huit semaines mon mari est couché avec un poids au dessus du lit. Il est resté quatre mois en clinique …Les problèmes avec un kiné n’ont pas arrangé la marche. Malgré tout, je garde l’espoir de pouvoir le reprendre alors que mes enfants se rendaient compte qu’il faudrait le placer. En août, le chirurgien a été très clair et net : il m’a conseillé de le placer. »
Après des recherches, elle trouve une place dans un établissement belge « où j’ai eu un accueil très chaleureux…et début septembre 2004 j’y ais placé mon mari en lui disant que c’était « provisoire ». Personnel très compétent et toujours disponible. Je puis vous dire que depuis le 6 mai 2004, tous les jours je suis avec mon mari ! »
« Depuis un an, je prends un mardi après midi par mois pour retrouver des amis mais je vais voir mon mari le matin…Depuis six mois je me suis inscrite dans un club où je vais le vendredi de 14 à 17h30. Je vais voir mon mari le matin et parfois je retourne une heure le vendredi soir. J’ai 77 ans et la chance de conduire. J’ai toujours été active aussi je n’hésite pas à aider l’animatrice ; là-bas pour moi c’est comme une seconde famille. C’est ce qui me permet de tenir le coup. Quand je rentre à la maison, je décompresse… et c’est nécessaire. »
Certains me trouveront peut-être égoïste de l’avoir placé mais je crois qu’être au service d’un grand malade24h sur 24h, cela doit engendrer des conflits dus à la fatigue, au manque de communication vers l’extérieur… L’aidant doit pouvoir rester en bonne santé pour assumer et ne pas imposer cette charge aux enfants. Il y a un équilibre à trouver. »
« Moi qui n’était pas d’un tempérament patient, je suis devenue patiente et compréhensive sachant qu’aujourd’hui on peut être bien mais l’on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Certains amis sont devenus plus proches, d’autres se sont éloignés… c’est ce qui arrive également à la personne qui devient veuve… »
« Je crois que ça doit être très dur de quitter son logement pour partir en résidence : on a l’impression de mettre la personne dehors ; c’est pourtant plus facile de passer de la clinique ou de l’hôpital à la résidence… »
Elle conclut par ces mots : « Il faut toujours admettre qu’autour de soi il y a des personnes qui vivent des situations encore plus pénibles. Mon père disait quand on a fini d’élever ses enfants, qu’ils sont placés et heureux, tout ce que le Bon Dieu nous accorde c’est du sursis… »
Résumé par Jean GRAVELEAU
graveleau.jean2@wanadoo.fr
Pas encore de Commentaires Cliquer ici pour laisser un commentaire
Laisser un commentaire
Flux RSS des commentaires de cet article.
Propulsé par WordPress et le thème GimpStyle créé par Horacio Bella. Traduction (niss.fr).
Flux RSS des Articles et des commentaires.
Valide XHTML et CSS.