L’effet Placebo chez les patients parkinsoniens
Publié le 16 janvier 2008 à 12:20Article paru dans LE PARKINSONIEN INDÉPENDANT N°31 – décembre 2007
Article original écrit par Johannes Kornacher, paru en septembre 2007 dans « Parkinson » la revue de Parkinson Suisse
Le responsable de l’association nous invite à nous pencher sur un effet très particulier de la maladie de Parkinson que nous avons tous ressenti : les conditions psychologiques de notre environnement ont une influence particulièrement sensible sur notre état physique. Il y a sûrement là une piste à explorer pour nous aider à prolonger voire améliorer les effets de nos traitements.
« Les « placebos » sont des pilules dépourvues de principe actif. Pourtant, elles produisent un effet certain. Ce que l’on appelle l’effet placebo est un phénomène qui touche aussi les personnes atteintes de Parkinson ; il arrive même que les médecins l’intègrent délibérément au traitement. Voici des histoires surprenantes sur l’effet placebo … »
La confiance, une arme contre Parkinson : des chercheurs canadiens ont administré des médicaments antiparkinsoniens à des personnes souffrant de la maladie. Certains patients ont reçu un véritable principe actif, tandis que d’autres ont absorbé des médicaments « vides », c’est-à-dire sans effet du point de vue de la substance chimique. Aucun des patients ne savait laquelle des pilules lui était administrée. Les résultats de l’expérience ont stupéfait les scientifiques : les pilules vides ont déclenché les mêmes processus dans le cerveau des patients que les vrais médicaments. Grâce à une technique d’imagerie moderne, la tomographie par émission de positrons (TEP), les chercheurs ont pu prouver l’effet placebo dans le cerveau de leurs patients, créant ainsi la sensation : jusqu’ici, on était toujours parti du principe que les placebos influaient sur le ressenti subjectif du patient, soit qu’ils avaient un effet purement psychologique. Or, en réalité, ils ont bel et bien un effet physiologique : le seul fait de s’attendre à une amélioration a stimulé la production de dopamine, un neurotransmetteur du cerveau.
Des scientifiques américains ont également observé un puissant effet placebo chez des patients parkinsoniens. A l’université de Denvers, les chercheurs ont traité trente patients volontaires. Ils leur ont expliqué qu’ils allaient leur injecter des cellules fœtales dans le cerveau afin de rajeunir l’organe. Les patients savaient que seuls certains d’entre eux seraient réellement opérés, tandis que d’autres subiraient une opération factice. Douze malades se sont vus implanter des neurones dopaminergiques issus de cellules souches embryonnaires. Les dix-huit autres participants ont été également emmenés au bloc opératoire et préparés, mais les médecins ont seulement fait semblant de les opérer, aucune transplantation de tissus n’étant réellement effectuée. Après quatre, huit et douze mois, les chercheurs ont évalué la qualité de vie ainsi que d’autres données médicales chez tous les participants à l’étude. Or, les résultats ont révélé une amélioration de la qualité de vie pour les deux groupes. La chercheuse Cynthia McRae a rapporté qu’une participante, qui avait cru à tort avoir été opérée, avait commencé à faire des randonnées et du patin à glace après le traitement. Même les médecins ignorant à quel groupe les patients appartenaient ont pu constater une amélioration de leur état.
Les recherches du neurologue italien Fabrizio Benedetti, de l’université de Turin, vont encore plus loin. Son équipe et lui ont pu constater l’effet placebo au niveau des cellules cérébrales pour la première fois. Ils ont donné à des patients parkinsoniens souffrant de tremblements une solution inoffensive à base de sel et leur ont assuré qu’il s’agissait d’un véritable médicament. En outre ils ont mentionné, l’air de rien, que la mobilité des malades s’améliorerait, ce qui s’est effectivement produit. « L’imagination humaine », a expliqué Benedetti dans le magazine d’actualité Der Spiegel, « a le pouvoir de déclencher dans le corps des mécanismes semblables à ceux qu’actionnent les médicaments. »
Pour Der Spiegel, les exemples le montrent : « L’effet placebo est une chimère bien réelle. » Il provoque une réponse biologique du système nerveux et mène à des modifications bien réelles à l’intérieur du corps. Dans le cas des parkinsoniens, il augmente même la production de dopamine. L’effet placebo connaît toutefois des limites. D’une part il ne permet pas de guérir un malade mais seulement d’améliorer son état. D’autre part, comme il prend naissance dans certaines régions du cerveau en particulier, telles que le thalamus, le potentiel d’autoguérison dans le cas de maladies qui détruisent ces circuits –par exemple Alzheimer– est réduit.
L’effet placebo, qui naît de l’espoir du patient qu’une amélioration, voire qu’une guérison se produise, est une chose extraordinaire en soi. Néanmoins, le médecin joue un rôle décisif dans ce processus. En effet, des études ont prouvé que les médecins qui sont à l’écoute de leurs patients et leur fournissent des informations précisent ont besoin de prescrire moins de médicaments. Ce phénomène s’applique aussi bien aux antidouleurs qu’aux antidépresseurs.
Dans le cas des maladies incurables telles que Parkinson, le potentiel de l’effet placebo est limité à long terme. Mais le médecin, par sa personnalité, son attitude, sa façon de communiquer, a incontestablement une influence positive sur l’évolution de la maladie de son patient. « Au début, les patients parkinsoniens ont peur de l’avenir », explique Fario Baronti, médecin chef et neurologue à Tschugg. « Pour leur redonner confiance, il suffit d’envisager ce qui est possible de manière positive, sans rien minimiser, et de proposer de petites solutions pour la vie de tous les jours. » A ces fins, le médecin doit savoir écouter et prendre le temps. Le dialogue comme remède, et non l’expédition en trois minutes chrono : voila ce qu’attendent les patients d’un médecin.
Pour les patients parkinsoniens, victimes chaque jour des mauvais tours et des petites misères de la maladie, il est particulièrement important de souligner les aspects positifs de la vie quotidienne. « En tant que médecin, je dois aider le patient à atteindre la meilleure qualité de vie possible, et non décréter qu’il a irrémédiablement perdu cette qualité de vie » explique Fabio Baronti. « Vous avez la maladie du Pape » sonne bien mieux aux oreilles d’un nouveau malade que « le ciel est en train de vous tomber sur la tête ». Pour le docteur Baronti, il est important que le médecin témoigne à son patient considération et empathie lorsqu’il lui communique des informations. « Chez les patients motivés qui entretiennent une attitude positive malgré leur maladie, l’empreinte de la douleur semble souvent moindre. »
Selon Brian Olshansky, cardiologue aux Etats-Unis, les médecins devraient réviser leurs conceptions. L’effet placebo rend les mesures thérapeutiques jusqu’à 40% plus efficaces. On devrait donc l’utiliser sciemment. « Un médecin insensible, indifférent et technocratique produira un « effet nocebo », affirme le docteur Olshansky. Le neurologue Fabio Baronti insiste également sur ce point : « Le patient se sent alors impuissant, ce qui accentue ses douleurs. » Les médecins sont de plus en plus nombreux à comprendre qu’ils influent sur la neurobiologie de leurs patients. Ils se rappellent un vieil adage : « Le dialogue est souvent le meilleur des remèdes. »
L’effet placebo agit dans le cerveau : ce dernier réagit aux mots du médecin, aux impressions, aux attentes, aux espoirs. Dans certaines zones, il fabrique des substances endogènes telles que la morphine ou la dopamine. Ces substances se lient aux neurones et modifient les symptômes du malade. On estime que le pouvoir thérapeutique de l’effet placebo peut aller jusqu’à 40%.
Article rédigé par Johannes KORNACHER
Il m’est apparu essentiel de vous faire part de cette lecture : elle ouvre de réelles perspectives d’amélioration de nos conditions de vie et pourquoi pas d’ « autoguérison ». Pour ma part, j’en suis convaincu ; et toutes mes démarches actuelles pour essayer d’analyser ma maladie de parkinson et « l’apprivoiser » pour mieux la combattre, semblent apporter la preuve de ce que décrit cet article.
A chacun de compléter l’apport des produits chimiques des traitements, par des démarches parallèles et tout particulièrement dans le domaine psychologique. Dans le même temps, il faut savoir se construire des conditions de vie familiale, sociétale, professionnelle …, respectant au mieux les exigences de notre corps qui se défend en développant cette fichue maladie.
Il ne s’agit pas de « miracle » ou de « croyances » naïves, immatures, mais de faits vérifiables et contrôlables : nous avons tous en nous un potentiel important de « guérison » qu’il nous faut mobiliser en nous en donnant les moyens. Notre statut de malade est parfois tellement fascinant (et même confortable !) qu’il nous empêche de prendre notre vie en main :
Soyons des « Parkinsoniens Indépendants » actifs et responsables de notre devenir !
Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr
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