Témoignage : Ballade en montagne…
Publié le 08 avril 2008 à 07:49Article paru dans Le Parkinsonien Independant N°32 – mars 2008
Chaque lundi, Alain me propose des randonnées en montagne avec un groupe d’amis. Parfois, il nous entraîne aux techniques de l’escalade avec baudrier et corde1. Il a toujours en esprit que je suis sujet au vertige depuis que je me soigne pour Parkinson.
Il me met en situation de vaincre cette phobie du vide et de fait, lorsque je suis harnaché et sécurisé par la corde de rappel, cette appréhension disparaît : je peux profiter pleinement du paysage.
Pourtant la semaine dernière, nous avons vécu une situation un peu exceptionnelle que je voudrais vous rapporter pour dire à quel point l’esprit peut dominer les réactions physiques.
Nous devions rejoindre le sommet de la Sainte Victoire, célèbre montagne qui domine Aix en Provence, par une voie un peu périlleuse mais sans grosse difficulté. Pourtant, il y a deux ans, au début de nos pérégrinations, j’avais callé dans cette voie à un passage un peu délicat : le pas de l’éléphant. Je le franchis sans m’en rendre compte malgré une petite appréhension imaginaire. Je suivais avec bonheur le rythme de mes compagnons et nous arrivâmes sur le plateau du sommet.
Pour redescendre, nous recherchâmes, alors, le passage connu d’Alain qui devait nous permettre de rejoindre aisément la voiture. Manque de chance, les repères avaient été supprimés ou nous les avions dépassés ; il décida alors de ne pas prolonger plus longtemps notre randonnée sur le plateau : il commençait à se faire un peu tard.
Il nous averti que nous allions prendre une voie raccourcie mais qui présentait des difficultés un peu particulières : il serait obligé de nous assurer et nous demandait de respecter fermement ses consignes. Il s’agissait du Grand Couloir.
Imaginez une entaille large d’à peine deux mètres dans une falaise de plus de 100 mètres d’à‑pic et d’où vous découvrez la plaine 700 mètres en dessous ! Et nous allions nous engager, accrochés à des chaînes sans voir où nous atterrissions…
Bonjour l’ambiance : je sentais l’angoisse monter. Elle risquait de me faire perdre tous mes moyens si je me laissais aller. Alain me demanda de le suivre de près et m’encorda pour m’assurer. Je me raisonnais alors ne voulant pas paraître renâcler devant l’obstacle ; et puis j’avais entièrement confiance dans mon guide.
Heureusement, parce que nous n’étions pas au bout de nos peines. Juste après deux chaînes d’une vingtaine de mètres, nous trouvions un câble fixé en garde-corps pour une traversée de la paroi en diagonale, les pieds trouvant tout juste la place de se glisser sur un léger redan dominant un à‑pic vertigineux de 60 mètres lisse comme un mur !
Rassuré par les consignes d’Alain, j’effectuais tranquillement cette traversée que je n’aurais jamais imaginée faire. Mais le passage le plus délicat, pour moi, fût la suite où les embûches pourtant n’étant pas aussi importantes. Nous progressions sur un étroit sentier tout en corniche pour rejoindre un épaulement rocheux d’où nous descendrions alors sans problème et je ressentais alors la montée du vertige.
Pourquoi cette appréhension ? J’y vois deux causes : tout d’abord le contrecoup de l’émotion causée par la technique particulière et les « peurs » rétrospectives plus ou moins imaginaires. Mais aussi et surtout, l’absence de points de réconfort (chaîne et câble) matérialisés.
Cela me permet d’affirmer quelle pression importante peut être exercée par notre cerveau sur notre corps et nos attitudes. Notre imaginaire a des pouvoirs que l’on ne conçoit pas toujours : il faut savoir le contrôler. D’ailleurs, dans la nuit qui suivit, je fis un rêve semi éveillé où je me voyais accroché à la paroi avec la peur de paniquer !
J’ai voulu raconter cette petite aventure non pas pour me vanter mais pour dire combien il nous est possible, en cas de coup dur, de réagir et dominer nos craintes et même nos difficultés physiques.
Ce n’est pas en fuyant nos problèmes que nous les résolvons, mais bien au contraire en s’y préparant et en les affrontant vigoureusement.
« La confiance dans le mouvement est égal à la compétence qu’on se reconnait plus le plaisir escompté moins le risque escompté »
(Didier Delignères)
Par Jean GRAVELEAU graveleau.jean2@wanadoo.fr
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